Noire

[Embruns]

Un soir d'orage,
trop grand pour moi,
j'ai mis les voiles.
Toutes.

Puis j'ai marché,
des lunes.

J'avais,
dans ma poche,
un cheveux d'ange,
entre mes mains,
serrées,
tes yeux mourants.

Le Monde,
s'est effondré,
pas après pas,
et mes poings,
noyés,
n'y ont rien pu faire.

Désormais,
Dyonisos est à terre.
Tes yeux éteints,
et ma nuit,
noire.

[Jonjon]

Le Monde s'effondre trop souvent à mon goût... et les orages viennent trop souvent le soir... et les cheveux d'ange... et le pas après pas...
Trop d'expressions "figées" dans ce texte... me plait beaucoup moins que ton texte précédent...!

[Invité]

Un peu d'accord avec Jonjon. Ecrire sur le désespoir ne prend sa force qu'avec "quelque chose d'autre" qui l'entoure, qui l'amène, le berce. Mais pas les images classiques, lunes, anges. En opposition à la description du sentiment, il faut te jeter toi-même dans tes textes, vraiment. Et cela, c'est une autre paire de manches, pour tout le monde. Aucun des grand poètes de notre histoire n'ont eu peur se mettre à nu dans leur textes. Aucun. Pas un ne s'est permis le luxe de rester "à l'écart". Voilà ma réflexion sur ton texte.

[à tchaoum]

Un soir d'orage,
trop grand pour moi,
j'ai mis les voiles.
Toutes.

Puis j'ai marché,
des lunes.

Que celui qui n'a pas marché récemment sur son ombre sous le regard glacé de la lune te jette la première pierre... de lune ou de l'autre.
Mais vrai, il semble que nous traversions une zone de dépression, il règne ici ces temps ci comme un micro-climat morose.
Résistance !

[Invité]

Non, moi j'aime ; le fait que les mêmes expressions reviennent fait une "petite musique", je trouve.

En revanche, quelque chose nuit à la fluidité du poème : la surabondance de virgules qui cassent complètement le rythme, rendent saccadé quelque chose de nocturne, de fluide, me semble-t-il. Exemple :
"J'avais,
dans ma poche,
un cheveux d'ange,
entre mes mains,
serrées,
tes yeux mourants." où la seule virgule nécessaire est celle après "ange".

(Et puis si vous avez "un cheveu d'ange", c'est sans d'"x".)

[Sahkti]

J'aime la forme de ce poème, sa structure, son rythme.
Cependant, en raison des idées quelque peu convenues qu'il évoque, je me demande si il n'y aurait pas gagné en force, en qualité, avec un langage plus épuré, plus brut, qui aurait harmonieusement constrasté avec ces idées mélancoliques qu'il soulève. La rondeur du sens confrontée à l'aridité des mots, ça pourrait donner quelque chose de pas mal, il me semble. A voir!

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