Que vous ferez encore demain
+9
lol47
Zou
claire
outretemps
Sahkti
apoutsiak
Reginelle
à tchaoum
Mano
13 participants
Page 1 sur 1
Que vous ferez encore demain
Que vous ferez encore demain
Sous un certain soleil de la fin de l’été, quand le poisson rouge devient ombre projetée, le salon se remplit d’un silence aéré de ceux qui permettent de s’entendre respirer. Les enfants sont ailleurs à courir dans leur vie. Sur le canapé une page tourne d’un livre que vous lirez , la cuillère fait fondre le miel dans le thé, dans un bruit de céramique et de métal heurtés.
Viennent à vous les questions qui viennent se poser et cette envie aux larmes d’abondance couler. Cette aptitude à voir les choses bouger sans trop savoir comment se les approprier et votre femme dit de lui passer sa tasse et dans votre suspension vous êtes dérangé. Assis insipide à attendre que ça passe. Elle ne vous supporte plus.
La transformation sans cesse de l’action en contrainte. Ce désir disparu ou que vous n’avez jamais pu font de vous un poids noir à porter sans le moindre contentement. Le vent vous apporte les pleurs d’un enfant. L’ombre du poisson accélère brusquement. Votre femme vous demande ce que vous attendez, ses petits cheveux bouclent dans l’air agité.
Votre fille est tombée et vous vous asseyez, la prenant dans vos bras ses joues toutes mouillées. Ses doigts maladroits palpent votre dos, loin dans l’herbe votre fils pilote un vaisseau. Vont venir l’heure des bains et celle du repas, celles des cris et des affrontements. Non pas les cheveux, je ne veux pas manger ça et vous savez que votre femme attend.
Les ombres sont longues comme les journées. L’autoroute fait du bruit c’est l’heure des rentrées et vous êtes là assis à pleurer dans le cou de celle là même que vous deviez consoler. Qui est cet homme que vous n’avez jamais vu ? Qui devait-être vous mais qui s’effrite à mesure que vous tendez les mains, que vous avancez.
L’ombre a disparu. Restent le bocal et son poisson et toutes ces choses du quotidien que vous ferez encore demain.
Sous un certain soleil de la fin de l’été, quand le poisson rouge devient ombre projetée, le salon se remplit d’un silence aéré de ceux qui permettent de s’entendre respirer. Les enfants sont ailleurs à courir dans leur vie. Sur le canapé une page tourne d’un livre que vous lirez , la cuillère fait fondre le miel dans le thé, dans un bruit de céramique et de métal heurtés.
Viennent à vous les questions qui viennent se poser et cette envie aux larmes d’abondance couler. Cette aptitude à voir les choses bouger sans trop savoir comment se les approprier et votre femme dit de lui passer sa tasse et dans votre suspension vous êtes dérangé. Assis insipide à attendre que ça passe. Elle ne vous supporte plus.
La transformation sans cesse de l’action en contrainte. Ce désir disparu ou que vous n’avez jamais pu font de vous un poids noir à porter sans le moindre contentement. Le vent vous apporte les pleurs d’un enfant. L’ombre du poisson accélère brusquement. Votre femme vous demande ce que vous attendez, ses petits cheveux bouclent dans l’air agité.
Votre fille est tombée et vous vous asseyez, la prenant dans vos bras ses joues toutes mouillées. Ses doigts maladroits palpent votre dos, loin dans l’herbe votre fils pilote un vaisseau. Vont venir l’heure des bains et celle du repas, celles des cris et des affrontements. Non pas les cheveux, je ne veux pas manger ça et vous savez que votre femme attend.
Les ombres sont longues comme les journées. L’autoroute fait du bruit c’est l’heure des rentrées et vous êtes là assis à pleurer dans le cou de celle là même que vous deviez consoler. Qui est cet homme que vous n’avez jamais vu ? Qui devait-être vous mais qui s’effrite à mesure que vous tendez les mains, que vous avancez.
L’ombre a disparu. Restent le bocal et son poisson et toutes ces choses du quotidien que vous ferez encore demain.
Mano- Nombre de messages : 233
Age : 54
Localisation : hyères
Date d'inscription : 17/01/2008
Re: Que vous ferez encore demain
J'aime le rythme, qui traduit si bien la routine, comme une machine bien huilée que même les petits obstacles n'arrêtent pas. On avance on avance. Pas bien gai tout ça ! Mais très chouette !
Invité- Invité
Re: Que vous ferez encore demain
Brrr ! On s'y croirait.
Un peu gêné au début par l'allitération en é, puis ça passe...
Bien rendu ce tic-tac ou ce ron-ron endormant qui mène à un réveil désolant. Fuir ou se rendormir ?
On se met dans des drôles de sacs à vouloir trop vite être grand... Ou endosser des rôles convenus, modélisants...
Mais cette fois ton "vous" ne laisse pas de choix...
Un peu gêné au début par l'allitération en é, puis ça passe...
Là j'ai besoin de quelque chose de plus clair. Jamais eu ? Jamais pu mériterait un développement... Jamais cru ?Mano a écrit:Ce désir disparu ou que vous n’avez jamais pu
Bien rendu ce tic-tac ou ce ron-ron endormant qui mène à un réveil désolant. Fuir ou se rendormir ?
On se met dans des drôles de sacs à vouloir trop vite être grand... Ou endosser des rôles convenus, modélisants...
Mais cette fois ton "vous" ne laisse pas de choix...
à tchaoum- Nombre de messages : 612
Age : 74
Date d'inscription : 06/05/2007
Re: Que vous ferez encore demain
Ce désir disparu ou que vous n’avez jamais pu... ??? ... font de vous un poids noir à porter sans le moindre contentement
Je crois qu'il manque un mot, ici. Satisfaire ?
La routine d'un quotidien et l'ennui qu'elle instaure. Mais j'y sens aussi le mal-être d'un couple. Un couple qui s'effrite. Et l'impression que cet affût de l'autre, ces "affrontements" évoqués, ne seraient qu'un moyen inconscient de distraire l'ennui dans lequel il s'enlise jour après jour.
Très bien rendu. Même les répétitions et les "rimes" soulignent cette monotonie. (été... projetée - aéré... respirée - thé ... heurtés - etc.)
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 73
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: Que vous ferez encore demain
Quand il n'y a rien d'autre à dire que je crois avoir vu ce que j'ai lu, là, par ma fenêtre, entendu, dans la pièce à côté, senti, parce que ça se conjugue...
je l'ai vécu
tu l'as vécu
il ou elle l'a vécu
nous l'avons vécu
vous l'avez vécu
ils l'ont vécu.
je l'ai vécu
tu l'as vécu
il ou elle l'a vécu
nous l'avons vécu
vous l'avez vécu
ils l'ont vécu.
Re: Que vous ferez encore demain
Y a un resto à Genève qui s'appelle "N'oublie pas les poissons rouges". Un nom qui me fait sourire et me plaît bien. Et voilà, tu causes de poissons et ça me vient à l'esprit, il ne faut pas grand-chose pour faire naître des images évocatrices et suggérer, encore et encore. Comme tu le fais.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Que vous ferez encore demain
Ben c'est la grande forme Mano. Sur un plan littéraire j'entend! Pour ce qui est du reste comme dit apoutsiak, on l'a tous vécu. Mais à lire, ça me monte la bile, tellement ça me rappelle bien les rares fois que j'ai vécu ça,
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Que vous ferez encore demain
Mano a écrit:Que vous ferez encore demain
Cette aptitude à voir les choses bouger sans trop savoir comment se les approprier
votre femme attend.
Qui est cet homme que vous n’avez jamais vu ? Qui devait-être vous mais qui s’effrite à mesure que
L’ombre a disparu.
Pas facile d'intervenir sur, plutôt dans ou encore plutôt à la lisière d'un texte comme celui-ci - des indéterminés, et des en-suspens, de l'effacement; et des questionnements sans cesse dans l'espace, par l'espace. de la question de séquences qu'on ne peut "s'approprier" , ni "posséder" (cf. Montanien); tentative de saisir ce qui passe en blanc; il y aurait ici une part fixe, "votre femme attend"; j'essaie d'éviter de saisir, j'essaie de dire/lire, ça s'échappe sans marquer, pourtant, c'est de l'image, des images. j'oublie qc., sorry, ya qc. qui s'oublie, ya qc. de l'oubli; superposition d'images et absence devenant évidente.
(T'as vu Mano, "viennent" se répète au 2è prgphe? tu gardes les 2?)
claire- Nombre de messages : 590
Age : 56
Date d'inscription : 07/05/2007
Re: Que vous ferez encore demain
Ta plume se ballade ici entre émotion et réserve, froideur même. Tout est tellement visuel, voir designé que le silence est palpable et rejoint les images, les recouvre même. Très ambiancé comme texte à l'ombre métronomique du poisson rouge. Et le personnage masculin fend le coeur.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Que vous ferez encore demain
Que vous ferez encore demain
Sous un certain soleil de la fin de l’été, quand le poisson rouge devient ombre projetée, le salon se remplit d’un silence aéré de ceux qui permettent de s’entendre respirer. Les enfants sont ailleurs à courir dans leur vie. Sur le canapé une page tourne d’un livre que vous lirez, la cuillère fait fondre le miel dans le thé, dans un bruit de céramique et de métal heurtés.
Viennent à vous les questions qui viennent se poser et cette envie aux larmes d’abondance couler. Cette aptitude à voir les choses bouger sans trop savoir comment se les approprier et votre femme dit de lui passer sa tasse et dans votre suspension vous êtes dérangé. Assis insipide à attendre que ça passe. Elle ne vous supporte plus.
La transformation sans cesse de l’action en contrainte. Ce désir disparu ou que vous n’avez jamais vraiment pu font de vous un poids noir à porter sans pourtant. Le vent vous apporte les pleurs d’un enfant. L’ombre du poisson accélère brusquement. Votre femme vous demande ce que vous attendez, ses petits cheveux bouclent dans l’air agité.
Votre fille est tombée et vous vous asseyez, la prenant dans vos bras ses joues toutes mouillées. Ses doigts maladroits palpent votre dos, loin dans l’herbe votre fils pilote un vaisseau. Vont venir l’heure des bains et celle du repas, celles des cris et des affrontements. Non pas les cheveux, je ne veux pas manger ça et vous savez que votre femme attend.
Les ombres sont longues comme les journées. L’autoroute fait du bruit c’est l’heure des rentrées et vous êtes là assis à pleurer dans le cou de celle là même que vous deviez consoler. Qui est cet homme que vous n’avez jamais vu ? Qui devait-être vous mais qui s'efface à mesure que vous tendez les mains, que vous avancez.
L’ombre a disparu. Restent le bocal et son poisson et toutes ces choses du quotidien que vous ferez encore demain.
°°°
Merci de vos passages sur ce texte qui me tient particulièrement à coeur.
J'ai essayé une petite ré-écriture.
Je crois qu'il est bien que l'on bute au troisième paragraphe, que tout ne soit pas donné. Il est même possible que cet homme n'en sâche rien vraiment lui même...
Sinon Claire, je garde ma répétitions car lorsque viennent à nous les questions qui viennent se poser c'est un moment qui est venu. Un moment important qui se fait à mon sens dans la répétition et l'inéductable.
Sous un certain soleil de la fin de l’été, quand le poisson rouge devient ombre projetée, le salon se remplit d’un silence aéré de ceux qui permettent de s’entendre respirer. Les enfants sont ailleurs à courir dans leur vie. Sur le canapé une page tourne d’un livre que vous lirez, la cuillère fait fondre le miel dans le thé, dans un bruit de céramique et de métal heurtés.
Viennent à vous les questions qui viennent se poser et cette envie aux larmes d’abondance couler. Cette aptitude à voir les choses bouger sans trop savoir comment se les approprier et votre femme dit de lui passer sa tasse et dans votre suspension vous êtes dérangé. Assis insipide à attendre que ça passe. Elle ne vous supporte plus.
La transformation sans cesse de l’action en contrainte. Ce désir disparu ou que vous n’avez jamais vraiment pu font de vous un poids noir à porter sans pourtant. Le vent vous apporte les pleurs d’un enfant. L’ombre du poisson accélère brusquement. Votre femme vous demande ce que vous attendez, ses petits cheveux bouclent dans l’air agité.
Votre fille est tombée et vous vous asseyez, la prenant dans vos bras ses joues toutes mouillées. Ses doigts maladroits palpent votre dos, loin dans l’herbe votre fils pilote un vaisseau. Vont venir l’heure des bains et celle du repas, celles des cris et des affrontements. Non pas les cheveux, je ne veux pas manger ça et vous savez que votre femme attend.
Les ombres sont longues comme les journées. L’autoroute fait du bruit c’est l’heure des rentrées et vous êtes là assis à pleurer dans le cou de celle là même que vous deviez consoler. Qui est cet homme que vous n’avez jamais vu ? Qui devait-être vous mais qui s'efface à mesure que vous tendez les mains, que vous avancez.
L’ombre a disparu. Restent le bocal et son poisson et toutes ces choses du quotidien que vous ferez encore demain.
°°°
Merci de vos passages sur ce texte qui me tient particulièrement à coeur.
J'ai essayé une petite ré-écriture.
Je crois qu'il est bien que l'on bute au troisième paragraphe, que tout ne soit pas donné. Il est même possible que cet homme n'en sâche rien vraiment lui même...
Sinon Claire, je garde ma répétitions car lorsque viennent à nous les questions qui viennent se poser c'est un moment qui est venu. Un moment important qui se fait à mon sens dans la répétition et l'inéductable.
Mano- Nombre de messages : 233
Age : 54
Localisation : hyères
Date d'inscription : 17/01/2008
Re: Que vous ferez encore demain
Je relis et c'est un rythme très régulier en "é" qui scande l'écriture, voilà, j'avais pas bien remarqué aux premières lectures, là ça m'a sauté à l'oreille.
claire- Nombre de messages : 590
Age : 56
Date d'inscription : 07/05/2007
Re: Que vous ferez encore demain
Avec de la tendresse
Tout simplement merci. Bravo !
Tout simplement merci. Bravo !
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 48
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: Que vous ferez encore demain
première lecture sans accroche, je tourne avec ton poisson.
Seconde lecture, révélation. Qu'il est beau cet homme à thé, pour qui ça ne tourne pas aussi rond que dans un bocal limpide.
Rien à corriger, c'est privé.
Seconde lecture, révélation. Qu'il est beau cet homme à thé, pour qui ça ne tourne pas aussi rond que dans un bocal limpide.
Rien à corriger, c'est privé.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Que vous ferez encore demain
J'ai vraiment aimé ton texte. Très visuel, beau, profond ...
je comprends pourquoi tu as gardé les 2 "viennent" mais je crois que ce serait meilleur sans la répétition. peut être quelques virgules à ajouter pour renforcer la lenteur de la lecture, le découpage des phrases pour le lecteur.
et un détail :
"Ce désir disparu ou que vous n’avez jamais vraiment pu font de vous un poids noir à porter sans pourtant. " suis pas sûr de comprendre ou alors ce serait plutôt "fait de vous" ?
voilà, quelques pistes éventuelles pour peut être encore améliorer ... à toi de voir mais je le répète : joli texte et une ambiance très réussie.
je comprends pourquoi tu as gardé les 2 "viennent" mais je crois que ce serait meilleur sans la répétition. peut être quelques virgules à ajouter pour renforcer la lenteur de la lecture, le découpage des phrases pour le lecteur.
et un détail :
"Ce désir disparu ou que vous n’avez jamais vraiment pu font de vous un poids noir à porter sans pourtant. " suis pas sûr de comprendre ou alors ce serait plutôt "fait de vous" ?
voilà, quelques pistes éventuelles pour peut être encore améliorer ... à toi de voir mais je le répète : joli texte et une ambiance très réussie.
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 48
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Que vous ferez encore demain
J'aime beaucoup. Un texte comme un court métrage. Il y a dans ton écriture une grande capacité d'évocation. Beaucoup de choses passent, surtout celles qui ne sont pas dites. Et l'ombre projetée du poisson rouge imprègne tout le texte. Vraiment chapeau !
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|