Le Chat [Nouvelle]

[MoonD]

Le Chat

Un bond. Grand. Rapide. Brusque. Précis. Calculé. Parfait.
Un coup de crocs. Puissant. Dur. Sec. Ferme. Inévitable. Parfait.
La chasse est finie.

Ondulant entre les buissons, les haies et les arbres qui constituent les jardins de ce quartier résidentiel, un chat avance furtivement, un gros mulot coincé entre les mâchoires. C'était une très belle prise qui, bien qu'elle ne constituerai pas son déjeuner, ferait bonne impression. Pas auprès de sa famille, bien trop horrifiée par la vision de ces nuisibles qu'ils nomment "rongeurs" morts, mais auprès d'Elle.
Elle ? Eh bien... C'est Elle !
Non, ce n'est pas un autre petit fauve comme lui. Oui, c'est une humaine.
Non, il n'est pas fou. Oui, elle n'est pas comme les autres de son espèce.
D'ailleurs, s'il veut absolument amener le rongeur à Elle sans être en retard pour son arrivée à la maison. C'est toujours à la même heure, entre le milieu d'après-midi et le début du soir qu'elle rentre. Ce qu'elle fait de sa journée ? Il l'ignore, mais il s'en fiche bien. Ils ont des vies totalement différentes, et quand ils ne sont pas ensemble, ça ne lui sert pas à grand chose de savoir où elle ai.
Elle est humaine.
C'est normal pour les humains.
Même si elle n'est pas aussi humaine que les autres.

Pourquoi ? Il l'ignore.
Comment ? En étant aussi féline qu'humaine.
Il a toujours vécu avec elle, et à la maison, c'était elle la plus patiente avec lui. C'était aussi elle qui le comprenait le mieux. Elle arrivait en un instant à traduire ses mouvements, ses expressions, ses regards... Si bien qu'il avait l'impression qu'elle lui parlait parfois. C'était sans doute vrai. Surtout que, parfois, quand il est avec elle, des images surviennent dans son esprit, entremêlés de sons singuliers, semblables à ceux qui sortent du corps des humains, le seul moyen de communication qu'ils semblent avoir.
Mais les façons dont les humains se parlent ne l'intéresse pas grandement. Il n'est pas humain lui, il est chat.

Le chat continuait d'avancer jusqu'à la maison. Il grimpa sur la terrasse puis gratta à la porte-fenêtre qui donnait sur la cuisine, où Elle se trouvait, comme d'habitude. Elle lui ouvrit, un sourire chaleureux au visage, le caressait puis examina le mulot. Comment allait-elle le trouver ? Trop maigre ? Trop abîmé ? Trop... Il s'inquiétait pour rien, car elle réagit comme normalement. Elle déposa le cadavre sur le sol de pierre de la terrasse, le câlina brièvement avant de le faire rentrer.
Un autre membre de la maison aurait mal réagi, se serait mis à crier et aurait jeté au loin l'animal mort, mais avec Elle, c'était différant. Totalement différant.
C'était Elle.

Elle était un peu plus petite que les humains dans la norme. Sûrement parce qu'elle n'était encore qu'à l'équivalent humain du chaton dans le règne animal. Il est long, ce statut, chez cette espèce, mais elle restait de toute façon Elle. Cela ne changeait rien de le savoir. Son pelage fixe était brun et lâché sur son dos, ondulant paisiblement entre ses omoplates. Le pelage métamorphe lui, ce jour-là, était dans des teintes bleues. Pour désigner plus précisément ce pelage, il avait besoin d'un vocabulaire qu'il n'avait pas. Le vocabulaire humain. Déjà qu'il ne comprenait pas vraiment le principe de ce pelage qui changeait tout les jours, selon les humeurs et les saisons, contrairement au sien, toujours éternellement noir.
Mais comprendre cela ne changerai pas grand chose dans sa vie.
Elle restait Elle.

Il l'aimait tant.
Pourquoi ? Il y a tant de raisons.
Elle ne le forçait jamais à faire ce qu'Elle voulait, contrairement à d'autres humains. Elle était toujours à son écoute, prête à subvenir à ses moindres besoins, à toute heure, même les plus dures de la nuit. Elle était aussi la seule personne qu'il connaissait qui avait compris que, contrairement au chien qui vit chez ses maîtres, c'était les maîtres du chat qui vivaient chez leur animal, idée que peu d'individus de cette espèce pseudo-supérieure acceptent.
Seul le félin a une vie réellement parfaite. L'humain travaille toute sa vie, se croyant meilleur que les autres races et les autres comme lui ainsi, et qui finit par en profiter ? Sa famille.
Or, les membres font exactement la même chose. Alors ceux qui en profitent réellement sont ceux qui, parmi eux, ne travaillent pas.
Le chat domestique étant le seul type d'êtres libre de ses actions profitant du confort assuré par les humains, il se hissait alors finalement à la place d'espèce supérieure, bien au dessus des humains.
Mais Elle, elle était un peu comme lui. Heureuse et libre.
Ils ne se ressemblent pas du tout, pourtant, ils sont si proches l'un de l'autre en fait.

[Invité]

Je trouve le début excellent, il éveille l'attention du lecteur, avec des phrases courtes, des questions. Dommage que cela ne se concrétise pas en quelque chose de précis. On attend et le texte s'effiloche avec une réflexion pas toujours très claire sur le statut de chat par rappport à celui de l'humain. En d'autre mots, le début est très bon mais les 2 derniers paragraphes (le tout dernier surtout) ne sont pas à la hauteur des attentes du lecteur. Peut-être ce dernier § n'est-il pas indispensable ?

Quelques grosses fautes, dont :

ça ne lui sert pas à grand chose de savoir où elle ai

et une impropriété (je pense):

Le pelage métamorphe

ça m'embête d'autant plus que cela fait partie d'un très joli passage :

Son pelage fixe était brun et lâché sur son dos, ondulant paisiblement entre ses omoplates. Le pelage métamorphe lui, ce jour-là, était dans des teintes bleues. Pour désigner plus précisément ce pelage, il avait besoin d'un vocabulaire qu'il n'avait pas. Le vocabulaire humain. Déjà qu'il ne comprenait pas vraiment le principe de ce pelage qui changeait tout les jours, selon les humeurs et les saisons, contrairement au sien, toujours éternellement noir.

[MoonD]

Merci beaucoup de tes conseils Island. Je vais essayer de retravailler la fin.
Pour le pelage métamorphe, le terme m'est venu lentement. Et c'est vrai qu'il n'est pas très approprié. J'avais pensé à mobile qui montrerai bien la différence avec ce qu'il appelle le pelage fixe, mais ça ne collait pas non plus vraiment étant donné que ce n'est pas quelque chose qui se promène un peu partout. Peut-être changeant pourrait faire l'affaire... J'y réfléchirai.

[bertrand-môgendre]

Je souligne juste ma remarque dans cet exemple, où je n'ai aucune proposition à te renvoyer

...Non, ce n'est pas un autre petit fauve comme lui. Oui, c'est une humaine.
Non, il n'est pas fou. Oui, elle n'est pas comme les autres de son espèce.
D'ailleurs, s'il veut absolument amener le rongeur à Elle sans être en retard pour son arrivée à la maison. C'est toujours à la même heure, entre le milieu d'après-midi et le début du soir qu'elle rentre. Ce qu'elle fait de sa journée ? Il l'ignore, mais il s'en fiche bien. Ils ont des vies totalement différentes, et quand ils ne sont pas ensemble, ça ne lui sert pas à grand chose de savoir où elle ai.
Elle est humaine.
C'est normal pour les humains.
Même si elle n'est pas aussi humaine que les autres.

Qu'en penses-tu ?

Une proposition pour ton début de texte. L'action menée par le chat, fort bien décrite, ne serait-elle pas plus vive si la trame du film se rythmait à l'aide de virgules ?

Un bond, grand, rapide, brusque, précis, calculé. Parfait.
Un coup de crocs, puissant, dur, sec, ferme, inévitable. Parfait.
La chasse est finie.

[Reginelle]

Bon conseil, pour les virgules. Les points scandent l'action alors que le saut d'un chat est d'un seul mouvement. Pour "parfait"... la répétition aurait plus de force, à mon avis, au début de la seconde ligne... et pas "un coup de crocs" mais "le coup de crocs..."

"Un bond. Grand, rapide, brusque, précis, calculé. Parfait.
Parfait, le coup de crocs. Puissant, dur, sec, ferme. Inévitable.

...un chat avance furtivement, un gros mulot coincé entre les mâchoires. C'était une très belle prise...

Ton texte est au présent de l'indicatif, tu n'as aucune raison de passer d'un coup à l'imparfait.

"C'est une très belle prise qui, bien qu'elle ne constituera pas son déjeuner, fera bonne impression....

D'ailleurs, s'il veut absolument amener le rongeur à Elle sans être en retard pour son arrivée à la maison.

Cette phrase est "incomplète"... D'ailleurs... quoi ? et que doit faire le chat s'il ne veut pas être en retard ??

ça ne lui sert pas à grand chose de savoir où elle ai.
Elle est humaine.
C'est normal pour les humains.
Même si elle n'est pas aussi humaine que les autres.

le "ou elle ai" a déjà été signalé...
"c'est normal pour les humains" ne sert à rien, ici... cette phrase peut être supprimée, elle n'apporte rien. C'est une évidence "qu'être humain" c'est normal pour des humains.
"Elle est humaine... même si elle n'est pas aussi humaine que les autres (humains)" ça suffit, je pense.

Il a toujours... c'était elle ... C'était aussi elle qui le comprenait le mieux. Elle arrivait ... qu'ils semblent avoir.

Ici aussi... passage du présent de l'indicatif à l'imparfait et ensuite retour au présent. Tout ce que le chat dit de sa maîtresse, elle l'a été mais elle l'est toujours.

Il a toujours vécu...>>>... c'est Elle, la plus patiente, avec lui. Elle, qui le comprend le mieux. (ce qui te permet d'éviter l'auxiliaire être)... >>>...Elle arrive en un instant à... >>>... qu'il a l'impression qu'elle lui parle parfois. C'est sans doute vrai. Surtout que, parfois (répétition à éviter : quelquefois ?)... attention aussi à la majuscule de "Elle"... si tu commences, il faut le faire jusqu'au bout.

Le chat continuait... Il s'inquiétait pour rien, car elle réagit comme normalement.

Toujours le temps... l'action se déroule dans le présent :

Le chat avance (essayer d'éviter l'accumulation de verbes) ...>>>... il grimpe...>>>... terrasse, gratte à ...>>>... qui donne sur...>>>... où Elle se trouve...<<<... Elle lui ouvre...>>>... le caresse puis examine le...>>>... Comment le trouve-t-elle ? ...>>>... Il s'inquiète pour...>>>... car elle réagit normalement (le "comme" est de trop ici)

différant : << différent

et etc. jusqu'à la fin : pour ce qui est des temps de conjugaison, les reprendre au présent.

Métamorphe a été signalé aussi...

Sinon, c'est un très joli texte.. qui, si tu le travaillais un peu, n'en serait que bien meilleur !

Tu t'en sors vraiment pas mal du tout, l'idée est là, et elle passe bien.

Alors fonce...

[apoutsiak]

Je trouve aussi que ton texte démarre bien (j'aime beaucoup le premier paragraphe, très alerte) mais au total, je pense que tu l'as posté un peu vite, avec beaucoup de fautes, beaucoup de choses à améliorer dont les autres commentaires ont parlé. Par ailleurs, je trouve aussi qu'il manque un peu de sel, comme un plat agréable mais sans surprise.

[Sahkti]

Je ne sais pas si cette mise en page sert vraiment le texte, ça lui donne une allure poétique qu'il n'a pas vraiment.

Il me semble que tu dilues pas mal. Le début est convenu, certes, mais accrocheur, grâce à ces phrases courtes et cette brève description. Ensuite, tu tires sur le fil et j'ai eu le sentiment que ça commençait à s'essouffler, sans trop savoir où aller, ce qui est dommage parce que l'idée était intéressante.

Je ne parlerai pas des fautes, les précédents ont tout dit :-)

[Krystelle]

J'aime bien le début avec cette succession d'adjectifs. J'aime aussi certaines idées qui sont évoquées dans ton texte, celle des maîtres qui vivent chez leur chat, par exemple, ce n'est pas loin d'être vrai je crois. Les reprises ("c'est elle" etc...) sont bien vues également.
Bref, je trouve ce texte prometteur et si tu prenais le temps de le corriger, de remettre un peu les choses en ordre et de travailler une fin, ça pourrait donner quelque chose de vraiment bien je crois.

[mentor]

j'aime bien ton texte
je ne reviendrai pas sur les remarques de forme, mes collègues ont pratiquement tout dit
j'aime bien ton texte d'une part parce que j'aime bien les chats, d'autre part à cause du point de vue utilisé et des bonnes réflexions qui en sortent depuis ce bout là de la lorgnette
oui, du bon travail

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