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LOISEAU - Vol au dessus d'un nid de cocus

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LOISEAU - Vol au dessus d'un nid de cocus Empty LOISEAU - Vol au dessus d'un nid de cocus

Message  Invité Mar 8 Avr 2008 - 5:04

Vol au dessus d'un Nid de Cocus
une autre aventure de Fred Loiseau




I Les hirondelles barrissent en automne


Quand les deux types en Smalto poussèrent la porte du “Trompe-l'oeil”, le mois de novembre était déjà avancé, et la surface vitrée comportait des traces de doigts visibles à contre-jour. Que faisaient les gens dès le matin pour avoir les mains sales et ne pas savoir que techniquement, une porte s'ouvre très bien en utilisant sa clenche, sans avoir à exercer une force additionnelle ailleurs, du pied, du coude de la paume ou de je ne sais-quoi encore ? C'est cela que Loiseau notait dans son carnet en regardant de l'autre son relevé de compte bancaire. Il allait finir par taper Wanda de quelques roubles à ce rythme là, surtout au vu du peu d'espoir que lui laissait le silence de son téléphone. Alors bien sûr, il y avait cette promesse tropicale de son client, quel était son nom déjà ? “Gore Manguy ?”. Les semaines passaient et le profilage d'un brin de rentabilité s'éloignait comme des feuilles d'automne dans le conteneur vert fluo de l'employé de mairie. Loiseau n'aimait pas les pseudos, les surnoms, les survêtements et les accents circonspects des deux types habillés de ray-ban qui s'avançaient vers lui. Il y avait dans l'air comme un parfum d'Hugo Boss, de cabine de Boeing, de brillantine, mélangé aux vapeurs de calva et à la fumée de Camel, qu'il avait décidé de rejeter par le nez “pour faire l'homme qui pense”. Ce parfum permit à Loiseau d'écarter toutes les hypothèses sauf trois : ces types étaient jumeaux, asiatiques et venaient le voir lui. Une irrémédiable envie de se casser pour aller donner à manger à Perfide le saisit quand son index se posa au hasard sur la ligne qui attestait le point culminant de son découvert bancaire : il allait les écouter, enfin essayer.

- Monsieur Fred Loiseau ? Agents Wang&Wang, agents des forces spéciales en mission spéciale, nous souhaiterions spécialement vous parler.
- Il me semble que vous avez déjà commencé.
- Monsieur Loiseau, je pense que la vue d'un chèque de deux millions d'Euros mettra un terme à cette pointe d'insolence qui caractérise votre propos :
- les bons arguments s'exhibent en premier.
- C'est une sage déclaration qui me permet de vous souhaiter la bienvenue, messieurs,
- Bien. Merci. Monsieur Loiseau, nous savons tout de vous, bien entendu, mais avons une question préalable à notre entretien : avez-vous vos papiers ?
- Oui, j'ai mon bloc-note sous le coude, ainsi qu'une facture de téléphone impayée. Ca ira ?
- Monsieur Loiseau, je pense que la vue d'une Mastercard plutonium à débit illimité mettra un point final à cette pointe de sarcasme qui caractérise votre réponse :
- les bonnes armes se dégainent en premier, pas les bonnes âmes.
- Je dois avoir mon passeport dans la poche revolver de mon 501.
- Monsieur Loiseau, vous êtes chanceux, notre pays vous a choisi et rémunère le mérite, pas les résultats.
- Il est à noter que je ne dispose d'aucune information à l'heure qu'il est.
- Allons ensemble marcher pour définir les termes de notre collaboration, monsieur Loiseau.
- Vous pourriez peut-être simplement m'appeler “Fred”
- Entendu, monsieur Loiseau.
- Vous m'offrez le Calva ?
- Cette maison de thé accepte-t-elle la mastercard ?
- ...

C'est clair, Fred avait là à faire avec deux drôles de pingouins. Il les imaginait déjà rôtis sur un croc barbouillé d'épices à laquer, dégoulinants de suffisance grassouillette, mafflue : celle que donne l'absence de poésie et la puissance financière. En poussant la porte du Trompe-l'œil dans l'autre sens vers le pavé liégeois, il nota une deuxième fois les empreintes digitales sur la vitre. Il imaginait des experts de la balistique venant pulvériser du révélateur dessus et répertorier leurs propriétaires respectifs. Les deux gus le suivaient de près, rasés de près. Il lui fallait accepter cette affaire. Il n'en connaissait rien mais la raison des millions était la bonne...


II Les Blues Brothers jouent de la flûte en bord de Meuse.


- Monsieur Loiseau, nous volerons demain ensemble vers Singapour où votre mission débutera.
- Cela m'étonnerait fort, il me faut trouver auparavant quelqu'un pour garder Perfide.
- Nous avons préparé tout cela, monsieur Loiseau. Nos sommes de grands professionnels.

Loiseau se demanda soudainement si le terme “grand “ était vraiment approprié pour qualifier ces deux rase-mottes, si le terme “avancer à l'aveugle” était significatif d'un risque ou d'une fantaisie. Il se taraudait de savoir si Wanda avait été mise dans la confidence des choses qu'il ne connaissait pas lui-même, s’il y avait des Camel sans filtre sur l'équateur mais surtout dans quel genre d'attrape-couillon il était en train de mettre les pieds. Il lui en fallait plus pour se faire une idée. Au pire, il sèmerait les lascars au dernier moment et se planquerait “à la montagne”. Personne n'irait le dénicher là-bas de toute façon. L'agent Wang prit la parole en premier :

- Monsieur Loiseau, la mission dont vous êtes partiellement chargé revêt une importance capitale, non pas pour notre pays, mais pour notre Premier Ministre. C'est en quelque sorte une mission confidentielle qui requerra une discrétion absolue, une identité dissimulée ainsi qu'une grande justesse dans vos faits et gestes. Vous écarteriez-vous à peine de cette ligne de conduite que vous goûteriez la saveur subtile d’une vie sous surveillance à perpétuité dans notre accueillant pays, un des plus charmants au monde, dit-on chez nous, mais aussi un de ceux d'où l'on ne se s'évade pas.

Une première volée d'étourneaux changea de direction au-dessus du crâne de Loiseau. Bien longtemps déjà qu'il n'avait lu un poème contenant le mot “Sycomore”. Il fallait s'accrocher. Écouter. La mettre en veilleuse. Tandis qu'un héron bouffait une brème visqueuse, c'est l'agent Wang qui continua le briefing :

- Monsieur Loiseau, vous connaissez vos capacités, vous connaissez bon nombre de pays, vous connaissez votre métier, vous connaissez l'homme avec un grand H, vous connaissez les femmes, inévitablement, vous connaissez les tourments et les dérives du cerveau, vous connaissez les mystères et vous connaissez votre affaire. Enchanté de faire votre connaissance.

C'est clair, ils lui faisaient le coup de l'interrogatoire binaire. Sur son bloc il griffonnait : que ceux que je connus se cognassent dans un cognassier en croisant une connasse et se méconnaissent ne me dérange pas outre-mesure, Il ne le ferait pas lire aux mecs-à-la-raie-du-milieu.

- Monsieur Loiseau, quand vous aurez fini de vous disperser dans une littérature qui, jusqu'à présent, n'a été jugée par personne d'une qualité suffisante pour être publiée, vous noterez qu'en plus de votre large rémunération, notre seul et unique éditeur “Straits press Holding” vous offre la possibilité d'une collaboration sur vos oeuvres futures, sous réserve bien entendu qu'elles n'offensent pas les lois et les usages en vigueur sur notre territoire. Rangez donc pour le moment stylos et carnets, je vous en remercie.

Au loin, un pigeon lâchait un guano qui s'écrasa sur l'eau verte en faisant un “ploc” imaginé, des cercles concentriques répétitifs. Loiseau aurait bien voulu être en mesure de diriger le tir, un peu plus a droite, non là, un peu plus à gauche, oui, là, en plein sur le col du mec qui lui demandait de s'amputer de son art. Cette histoire n'avait pas encore vu la merde, mais il commençait à en apercevoir les nuances désagréables.
Wang reprit :

- Vous disposerez d'un passeport français, d'une carte de presse, d'un appareil numérique “Espio” de Nikon (on a pensé que c'était de circonstance) et d'un portable 2 Gigahertz de marque Samsung, d'un téléphone portable Sony-Ericsson, d'un GPS de marque Motorola. Vous renverrez les cartes de garantie par la Poste à votre arrivée. Vous ne disposerez pas d'une voiture de marque BMW ni d'un chauffeur de marque Bengladesh mais vous vous déplacerez en bus de marque Toyota, taxi de marque Toyota , en métro de marque Alstom, et avec vos pieds, de marque Caterpillar. Vous savez, nous aimons les choses bien faites monsieur Loiseau.

Ces deux types étaient décidément marqués d'une connerie inédite. Loiseau pensait que tout ça finalement était surmontable en raison de la “Branded new life” que cette affaire lui permettrait.Il se demandait tout de même si l'un des deux allait se décider à lui en dire plus.
Ce fut Wang :

- Il se trouve monsieur Loiseau, qu'en quelque sorte vous n'ayez que le choix de nous suivre. Votre amie Wanda est déjà sur place. Nous avons pris la liberté de la conduire dans un lieu qui vous est inconnu car il l'est par-ailleurs de nous-mêmes. Rassurez-vous, elle est entre de bonnes mains et dispose de tout le luxe nécessaire. Vous quitterez notre territoire en sa compagnie au terme de votre enquête. Vous agirez seul monsieur Loiseau, vous m'entendez bien monsieur Loiseau ? Seul. Sans notre appui. Et, permettez-moi cet écart inhabituel de langage : vous vous démerderez. Vous lirez le dossier assis sur dans un fauteuil d'airbus A380 que votre pays semble avoir au passage rencontré quelques difficultés à produire en temps et en heure. Comme on dit en Asie : Ne pète pas plus haut que ton cul sans avoir un parachute sous la main. N'est-ce pas hilarant, monsieur Loiseau ? N'est-ce-pas en quelque sorte “littéraire”, monsieur Loiseau ?

Il était baisé. Baisé par une police secrète du diable-Vauvert aux arguments policés et à l'action plus efficace que les mots.

- C'est bon les gars, je marche, vous faites l'embarquement des bagages ou je dois me pointer deux heures à l'avance et faire la queue avec une bande de ploucs qui me dévisagent de leur bagages-cabine remplis de Bordeaux dégueulasse en Duty-Free ? Ah non, pardon, le hors-taxe, c'est après la douane.
- Merci monsieur Loiseau, pour votre participation enthousiaste, fit Wang.
- Merci monsieur Loiseau, pour votre enthousiasme participatif, fit Wang .

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Message  Invité Mar 8 Avr 2008 - 5:28

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III La lune dans le Canigou


Les sièges de premières c'était quand même chouette à vrai dire. De plus, leur disposition moderniste lui permettait de ne pas avoir Ducon et Ducon directement en vis-à-vis. Loiseau regardait au hublot le vol d'un cumulus. C’était beau. C’était très beau même. Aussi beau que les lettres dorées sur le cuir sombre de la serviette qui contenait le dossier auquel il devait s'attaquer sans tarder : la disparition du rejeton de la dynastie Lee. Pour rappel : la famille qui gouverna, gouverne et gouvernera pour des siècles et des siècles le micro-état. Fred Loiseau en lettres d'or, ça faisait son effet quand même. La disparition d'un gamin, c'est toujours moche, en revanche. Loiseau regarda au hublot et croisa un gamin mort aux cheveux dorés, la peau mordorée, qui chevauchait un cumulus. C'était beau, très beau même. Le Ruinard à haute dose, c'est puissant. Derrière lui, deux dirigeants d'une multinationale faisaient de l'esprit et s'essayaient à l'humour :

- On raconte qu'en Asie, la moitié des enfants ont le Sida, et l'autre la tuberculose.
- Information enregistrée, nous ne choisirons que ceux qui toussent.

A ces mots, Loiseau avait fait un bond pour se lever et les tuer mais s'était rassis aussitôt. Parce que sa ceinture était attachée et que la main de l'agent Wang avait exercé une pression légère sur son épaule. Parce que sa tablette était rabaissée. Parce que l'hôtesse avait de beaux yeux. Parce qu'on ne tue pas dans un avion sur un coup de sang. Parce qu'on ne tue pas des tyrans en expédition vers leurs délires : on leur sert du Ruinard dans des coupes de cristal.

- Monsieur Loiseau gardez votre énergie pour l'étude de votre dossier, je vous prie, fit un des Wang pris au hasard.
- Gardez vos conseils pour l'étude de votre chemise, vous avez une tache de café, fit Loiseau.

C'est que huit heures de vol en face de cette montagne d'infos couchée noir sur blanc promettaient d'être ennuyeuses. L'intro contenait des références à son talent pour les évènements supranaturels et paranormaux : il y avait gourage sur la personne. Néanmoins, il rencontrait quelquefois des situations bizarres, par exemple quand perfide lui dessinait un mouton, lui glissait un “ta gueule” ou se réchauffait une boîte de Wiskas au micro-ondes. Il y avait eu les clins-d'oeil de Modestine aussi. Que de l'animalier du troisième type en somme. Mais la spécialiste, la cartomancienne, la géomancienne, l'astrologue, ce n'était pas lui, en premier lieu parce que ces dénominations ne seraient alors pas au féminin et en second lieu parce qu’il n'avait qu'une confiance limitée dans les sciences occultes. La représentante du coté sombre de la force c'était Wanda. Une Wanda qui, à l'heure qu’il était, devait se la couler douce quelque part à rêver de lui poser une question admirable : Que fais-je ici, merde ? Sa libération interviendra au terme de son investigation. La scène sera sans nul doute épique.

Mais trêve de palabres unidirectionnelles, il fallait se rendre à l'évidence, le dossier était touffu, épaissi d'une couche de mystère qui relevait certainement de la superstition à deux balles. Il relisait le tout avec cette pointe d'inquiétude du gars qui vient de marcher dans un étron de molosse : comment nettoyer ?

Le 7 avril 2005 le fils du Premier Ministre se barre de la garden party organisée par le vieux despote, performance en tous points remarquable quand on connaît la géographie du lieu choisi : L'Istana Park, gardé de deux cents Gurkhas népalais, de deux cents flics à l'arme lourde et deux cents couillons de la Cisco Police qui ont raté leurs études et ont rejoint un métier accessible, honorable et qui permet d'avoir un pantalon propre à se mettre sur le dos chaque jour. Le tout complété par deux cents caméras de surveillance, deux mètres de hauteur de fer forgé terminé par des pointes où l'on lirait volontiers “le travail rend libre”. Son pote Victor, qui avait fait une escale impromptue dans cet étrange lieu, lui avait dit un jour qu'en collant son oreille à la grille on peut entendre le bruit des bottes et l'écho du ressac des baïonnettes. Le gamin s'était fait la belle. Envolé. Et pourtant, Dieu qu'il était laid. Naître albinos ne donnait pas un avantage dans les graduations de l'esthétique moderne, être petit non plus, quoique, dans les milieux de la mode, il se disait que les petits teigneux sont les meilleurs amants, surtout quand ils détiennent une once de pouvoir. Ce que Loiseau se demandait, c'était l'invisibilité du gamin qui avait suivi sa fuite. Un gnome albinos, cela ne se promène pas dans les centres commerciaux, surtout quand c'est progéniture de chef d'état.

Sur son bloc, Loiseau ouvrit une ligne “philo” : si tous les hommes souffraient d'albinisme, le racisme n'existerait plus, et si tous les hommes faisaient de l'alpinisme, les étendues glacées des cimes du monde devraient s'équiper de chiottes automatiques. Sinon, personne n'a jamais vu le fiston de visu, de près ou de loin, de facto, ni même avec les yeux. Le champagne frais coulait dans les veines de Loiseau et son raisonnement commençait à se disperser. Il était payé pour bosser, pas pour prendre des notes sur sa déraison littéraire. Il entoura de rouge l'information principale et s'autorisa une sieste récupératrice.
Dans son sommeil troublé de rêves tragi-comiques il entendit comme une voix qui lui disait :
- Dormez monsieur Loiseau, le repos est le meilleur ami de l'homme qui n'en a pas beaucoup


IV Le Loiseau se cache pour rire mou


- Thé ou café monsieur Loiseau ? fit une hôtesse aux yeux clos de Loiseau.
- Un verre d'hydromel s'il vous plaît, avec trois gouttes d'essence de bergamote, un clou de girofle et un rubik's cube de glace, merci ! fit entendre Loiseau de ses yeux clos.

Le réveil s'annonçait non-violent avec la lecture du deuxième volet. Autant alimenter la migraine tout de suite pour qu'elle disparaisse au plus tôt. Wang et Wang dormaient toujours à poings fermés, vestige du Maoïsme période “la sieste permet à l'homme d'être plus productif ensuite”, théorie qui à elle seule avait déclenché la rupture sino-soviétique : au goulag, ou à l'usine, qui ne diffère du premier que parce que les barbelés sont peints en rose autour du jardin, monsieur, on ne sieste pas on stakhanovise. Loiseau se fit la remontrance de s'égarer en propos amalgames, chose dont il devait s'abstenir pour éviter de se retrouver au fond d'un canal avec une pierre au cou du coté nord de la Cité du Lion. Justement, la Cité, c'était son problème majeur. Il n'en avait que quelques bribes de connaissance. Travailler seul dans l'inconnu, mon cul ! s'autorisa Loiseau. Il attendit l'ouverture définitive de ses paupières pour s'atteler aux feuillets estampillés de lettres rouges

« Fred Loiseau » : direction des recherches assignées.

Il se dit comme ça pour rire qu'il n'avait rien signé, qu'il y avait une probabilité pour que cette histoire entière fût une foutaise sans nom. Il le nota soigneusement alors que la descente s'amorçait. Ce qui suivait était drôle et inquiétant :

Ministère de la sécurité Publique : rapport sur les apparitions au lieu dit Alkaff Mansion :Historique et développements:


C'est en 1856 que la famille Alkaff, au plus haut de son influence commerciale sur la route des épices, acquiert une bonne partie du lieu-dit “Butik Jagho”. Il y construit une splendide demeure sur le dessus d'une colline, en pleine forêt, à l'endroit que l'on nomme désormais “Telok Benglah heighs”. Les réceptions y sont somptueuses, le thé tiré y coule à flot versé de becs des meilleurs étains et des meilleurs cuivres. Les clochettes d'or aux pieds des femmes ravissent tout ce que le sud-est asiatique comporte de riche, puissant et influent. La fête sera ininterrompue pendant un demi-siècle.
Sans rien qui ne le laisse présager, en 1949 la famille abandonne le domaine et ses dix-neuf hectares de jardins luxuriants, laissant le Palais en l'état, jusqu'aux moutons qui cuisent sur les broches. Nulle explication ne sera donnée par le Prince Syed Abdul Rahman Alkaff. Un contrat de vente sera signé à l'expéditive avec une obscure société immobilière, la Senett Realty Company. Le Yéménite emportera son secret dans la tombe. Parmi la population, la rumeur enfle en prenant une ampleur considérable. Le lieu serait maudit, habité de choses que nul ne souhaite découvrir. Les urbanistes s'inquiètent. On ne loge plus aux alentours du site que les ouvriers bengalais. La déchéance du lieu s'accélère. Dans la communauté chinoise, on interdit formellement aux enfants de s'aventurer sur ces collines. Personne n'y cueille les fruits. La demeure reste inviolée et échappe même au pillage. Les syndicats du crime ne récupèrent pas le lieu non plus. Le Ministère de l'Environnement s'en désintéresse également. Les témoignages d'apparitions se multiplient. Les Chinois baptisent le lieu “Tian fo san” la maison des 1000 bouddhas et prétendent que le lieu était sacré avant son acquisition par l'illustre famille. La querelle culturelle n'intéresse les gens que dans la mesure où elle justifie le bannissement du lieu. Jusqu'en 1986. Le Ministère du Tourisme surpasse la rumeur publique et les guerres de clochers en se portant acquéreur du domaine. La bâtisse et ses jardins sont rénovés. En 1987, le complexe hôtelier est un des plus aboutis de l'île. Les soirées y sont chargées d'histoire et de luxe. L'ouverture au public est d'un faste sans précédent. Les stars de la jet-set mondiale y font halte. Les rois et les décideurs s'y reposent. Cependant, parmi les employés, l'inquiétude est palpable. Certains se plaignent de la disparition de matériel, d'apparitions diverses, mais surtout de phénomènes de téléportation d'objets. Chacun s'équipe d'amulettes de jade, de grigris, de cahiers de prière. On édifie des temples aux quatre coins des jardins où l'encens brûle sans discontinuer. Les démissions se succèdent sur un intervalle de 16 ans. Les dépositions se multiplient. On décrit souvent un enfant entouré d'un halo blanc et les récits de l'effet “Poltergeist” sont innombrables. Malgré le succès commercial, le ministère public jette l'éponge en 2003, faute d'employés. Un fait sans précédent dans l'histoire du pays. La bâtisse est clôturée définitivement, bardée de signaux préventifs. Un vieux sorcier Sikh est nommé gardien des lieux. Il l'est toujours à ce jour. C'est lui qui alerte les autorités de la reprise des apparitions du “Bai kwee jiou”, le fantôme au halo blanc”, dans le courant du mois d'avril 2005.

Alors que l'Airbus prenait un angle significatif, Loiseau était partagé entre se fendre d'un rire aux éclats ou verser une larme de dépit : Il n'avait pas besoin de lire la suite, On l'avait engagé pour établir un lien entre la disparition du gamin et la recrudescence des hallucinations dans ce trou-du-cul du monde qui se situe déjà, à la base, dans le trou-du-cul d'un continent. Au regard du salaire proposé, la balance était correcte. Il choisit un sourire mou, celui qu'il avait remarqué chez d'autres quand ils regardent un billet de banque. Il sursauta quand cet abruti de Wang afficha ses lunettes au-dessus de son appuie-tête.

- Avez-vous fait bonne lecture monsieur Loiseau ?
- Vous m'avez fichu une de ces trouilles !
- Je suis un peu là pour ça, voyez-vous monsieur Loiseau
- En d'autres circonstances, je vous aurais tordu une couille, voyez-vous monsieur Wang.
- L'heure n'est pas aux jeux érotiques, monsieur Loiseau.
- J'aimerais au moins que vous me fassiez l’amabilité de me laisser le libre usage de mes membres pour me diriger vers les toilettes où sans nul doute, après 7 heures de vol, mon urètre désire déverser un flot brûlant contre le polyvinyle blanc.
- Je vous accompagne.
- Si tel est votre désir...

Wang numéro deux ajouta en un parfait dialecte :

- Surveille-moi bien cette espèce d'enculé, je ne veux pas de catastrophe -.de dernière seconde.
- Ok Wang !
- De rien Wang!

Les yeux dans l'urinoir, Loiseau se demandait si l'angle de tir était modifié par l'inclinaison de l'avion et si la légende de l'urine qui gèle en vol au Groenland était prouvée. Il n'avait pas besoin d'une réponse immédiate. Après sont triple pontage, il reconnaissait un certain crédit à la science. Il n'aurait pas voulu crever avant d'être mort (Voris Bian XXème siècle). Il avait une pensée pour Wanda en observant les dernières gouttes se précipiter en cascade.
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Message  Invité Mar 8 Avr 2008 - 5:41

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V Le pont de la rivière caille


- Monsieur Loiseau, notre route se sépare ici, un officier des douanes va vous prendre en charge et vous fournir votre package de haute technologie. Ce fut une grande joie de vous connaître.
- Je ne vous cache pas ma satisfaction non plus, messieurs Wang et Wang.
- Que la courtoisie soit le point final de notre rencontre et le point de départ du travail colossal qui vous attend !

En rêve, Loiseau aurait bien mis son poing dans les côtes de l'un, et arraché la moitié de l'oreille de l'autre comme dans le combat qui opposa jadis MacTyson à Evander Holyfield.

L'inspecteur des douanes était charmant, un uniforme impeccable, une coupe courte, le sourcil épais, le biceps apparent sous l'étoffe avait été travaillé par la fonte. Il y avait juste cette odeur légère de Marennes-Oléron fines de claires qui détonnait dans ce bureau aseptisé.

- Madame Wong, Brigade Spéciale des douanes. Au nom de notre pays, dont on dit qu'il est le seul a montrer une croissance à deux chiffres, je vous souhaite la bienvenue.
- Enchanté de faire votre connaissance, monsieur.
- Cessez de me flatter et écoutez-moi avec attention : vous êtes désormais Jules Romain, journaliste français travaillant pour un journal d'une qualité éditoriale qui lui vaut l'honneur de joncher les porte-revues des cabinets de chirurgiens-dentistes (Le Rigaro). Vous avez été engagé par “Strait press holding” pour être “l'oeil et les oreilles” de l'Europe dans notre pays. Cette compagnie vous a fourni un statut de résident permanent et une carte de presse qui vous ouvre bien des portes. Vous habitez dans un trois-pièces modeste au coeur de Chinatown : vous n'aimez pas le luxe des zones urbaines ni les cités dortoirs des zones urbaines aussi. Votre cœur bat pour la ville, la vraie, celle où un vieux boit une bière et se tape une pute, pendant que mamie s'éclate aux échecs locaux, le Majong. Votre domaine, c'est l'investigation de proximité, vous vous déplacez sur l'ile sans voiture. Vous avez un traceur GPS implanté sous l'un de vos ongles, le champagne est un anesthésiant puissant quand il est combiné au bœuf sauté à la codéine : la gastronomie aéroportuaire est en progrès certains. Vous avez le déclencheur facile et la panoplie de Philéas Frog assortie. Vous ne fumez pas, vous ne buvez pas, vous ne baisez pas, votre seul vice est un penchant pour le jeu, que vous assouvissez en vous rendant à l'un de nos nombreux points de vente d'opium du peuple. Vous supportez l'Olympique de Marseille quand ils gagnent, c'est-à-dire que vous aimez l'équipe de Liverpool. Vous avez rendez-vous dans quinze minutes avec le Premier Ministre en personne.

Là, l'aiguille de la seringue lui fit un picotement à la nuque. Elle lui évita une réaction épidermique qui se serait traduite par un “allez vous faire foutre” immédiat. Le seul souvenir du trajet fut la vision d'un pont qu'enjambe la rivière, comme dans la chanson d'Yves Duteil, mais en béton armé. Il avait senti l'eau saumâtre, entendu le froissement des sacs poubelle qui voguent et pris la senteur du jasmin en plein vent. Il se faisait du souci pour son sang, qui devait charrier plus de molécules chimiques que de globules blanc à cette heure, puis ce fut le noir total, le grand bleu, le grand blanc, les petits hommes verts et les éléphants roses.




VI
Quand passent les cigognes, les canettes ont les pieds palmés.


Quand Loiseau refit surface, c'était sur la plus grotesque mise en scène qu'il lui avait été donné de voir de sa vie entière : douze personnes habillées de combinaisons de plongée, de masques et de Ipod en coques étanches. Un coup d'oeil sous la table aurait permis de découvrir les palmes grands-fonds et aussi la qualité du tapis persan, mais se baisser lorsque l'on est maintenu par deux géants déguisés en Commandant Cousteau n'est pas simple. Le truc de trop, c'était définitivement le brin de goémon sous la sangle du masque : hilarant, pas simple de rire avec la bouche maintenue remplie par deux morceaux de cotons roulés en boule.
Un des Nicolas Hulot de Carnaval prit la parole :

- Monsieur Loiseau, des quatorze personnes présentes dans cette pièce et autour de cette table, une est notre Premier Ministre. Par souci de protection contre la menace de terrorisme aux armes de destruction massive, nous avons choisi la forme de la réunion anonyme. Veuillez clairement vous rappeler les informations que vous nous communiquons : cette enquête relèvera du Secret Défense absolu. Aucune transcription sur support ne sera effectuée. Vous êtes au service du chef de l'état et de lui seul, vous n'avez pas d'autre interlocuteur que monsieur Wing, que vous rencontrerez tous les jours à cinq heures trente précises du matin dans un endroit qu'il vous indiquera à chaque rencontre. Le point de départ est ici même. Cette affaire, embarrassante pour nos services, ne souffrira d'aucune publicité. La disparition du petit ne ferait qu'ajouter au trouble engendré jadis par le suicide de sa mère. La stabilité sociale, monsieur Loiseau, est notre bien le plus précieux, elle n'a pas besoin d'être remuée par des trivialités et aventures étatiques. Ici, monsieur Loiseau, les personnages influents ne marient pas les ex-top models comme par chez-vous, et s'il le font, ne l'étalent pas en “une” des journaux. Votre responsabilité est engagée sur l'enquête elle-même mais aussi son caractère privé. Qu'une fuite et une seule nous parvienne et nous exécuterons votre amie. Il n'y a pas de demi-mesure, voyez-vous monsieur Loiseau. Hormis ce détail crucial, vous êtes un homme libre et heureux, monsieur Loiseau. Et bientôt auréolé d'une stabilité financière remarquable pour le genre d'activité que vous exercez. Vous rencontrerez monsieur Wing demain en face du Hong Lim Building, à deux pas de votre nouvelle maison, Diao yu mao jie, bloc 69. Comme je n'ai rien à vous répondre je ne vous demanderai donc pas si vous avez des questions, d'autant plus que vous ne pouvez parler et c'est comme cela que nous concevons un dialogue harmonieux. Je vous remercie, monsieur Loiseau, pour votre attention, pondérée par l'effet des drogues il est vrai, mais de votre attention tout de même.

Un à un, les hommes-grenouilles sortirent de la pièce et Loiseau bascula une nouvelle fois dans un abîme sans fond. Dans un coin de son cerveau les “monsieur Loiseau” dansaient une farandole à en perdre la boule. Ce que Perfide n'avait jamais réussi se profilait à l'horizon, verdi de substances plus toxiques les unes que les autres. Il ne devait pas craquer.



VII Un canaris, ça picore énormément.


- Vous devriez vous réveiller, Sir.

Au son de cette voix si douce, Loiseau manqua de se réveiller de peu mais retourna dans la tiédeur de son oreiller.

-Vous devriez vous réveiller, Sir !

- Au son cette voix si féminine, Loiseau manqua de se casser la gueule du lit mais il y renonça : lui et le matin n'avaient jamais trouvé un terrain d'entente sur le sujet de l'amitié, de l'amour, et encore moins de l'action.

- Vous devriez vous réveiller, Sir ! !
- Et à qui ferais-je cet honneur ?
- Je me nomme Rina, Sir, je suis votre aide-ménagère
- Enchanté de faire votre connaissance, voulez-vous m'aider ?
- Oui, Sir, à votre service, Sir.
- Foutez-moi la paix.
- A votre service, Sir

Dans son éveil progressif, il notait que sa mission devait se dérouler en solitaire, normalement, mais qu'il était en permanence entouré de une à quinze personnes, en déguisements atypiques ou pas, pour l'empêcher de se concentrer ne fut-ce qu'une demi-seconde. La chose positive était le fumet d'un café qui venait lui chatouiller les narines. Un robusta sans aucun doute. Avec une Camel en route pour la crémation, il pourrait s'imaginer au troquet, s’il y mettait un peu de bon vouloir, mais les draps de coton étaient immaculés, preuve qu'il était loin, très loin, et que Perfide n'avait pas décidé de faire le renouvellement de sa toison, comme chaque année, en pleine nuit, dans la chaleur confortable de son animal domestique qu'il avait surnommé affectueusement “Fred”.

Rina déposa le plateau contenant le café brassé à gauche de l'oreiller, puis saisit le membre de Loiseau dans sa bouche dans une synchro qui tenait de la haute voltige. L'aorte de Loiseau battait à plus de 180 pulsations à la minute quand il lut, avec peine, d'une main restée libre, la petite carte où un texte était griffonné avec soin :

Monsieur, Loiseau, nous ne saurions accepter que votre travail soit dissipé par les frustrations, les envies et les tentations que proposent notre pays à l'homme moderne. Vous avez à votre service l'une des plus délicieuses assistantes-ménagères, qui se chargera également de votre bien-être hormonal. Ne vous en offusquez pas, c'est ainsi que les choses fonctionnent chez nous, et n'appellent pas de commentaires additionnels. Prenez-en soin tout de même. Bien à vous. W.”

Loiseau, offusqué, se dégagea avec soin de la situation de manière à ne blesser personne et renvoya Rina à la cuisine. Elle disparut dans l'instant. Il devait dans l'ordre, se réveiller complètement, identifier où il se trouvait, localiser les toilettes, y uriner, se regarder dans une glace et se passer de l'eau sur le visage, puis sur le corps, se sécher, boire son kawa et un verre d'eau, si toutefois il pouvait faire des choses absolument anodines, ce qui n'était pas arrivé depuis 48 heures. Il se gratta le testicule gauche. Oui, cela avait l'air de fonctionner, n'était pas apparu un démon à tête de cornac pour cimetière des éléphants. Son coeur se rétablissait de son accélération. Ce dont il aurait bien eu besoin, c'est d'une blague vaseuse “à la Hassan”. Mais bon, elle n'arrivera pas là, juste pour lui faire plaisir. Le décalage horaire lui minait les tempes en un bourdonnement persistant, Aux murs de la chambre étaient accrochés trois tableaux : une calligraphie musulmane, une copie d'un Picasso et une aquarelle Tang. On avait décoré cet appart à la va-vite, rien que pour lui. Il devait rester les étiquettes avec le prix derrière, il en était sûr. Les maîtres du Feng-shui s'étaient faits Jean-Foutre pour l'occasion. Les fenêtres en grillagé étaient relativement petites, signe qu'ici on craint les rayons du soleil. Une crainte parmi tant d'autres. Que le soleil ne se lève plus, que les tsunamis passent plus au nord, que les typhons s'égarent et que les embruns rouillent le chrome des poignées de porte. Entre autres. En sortie de la chambre, la cuisine était dans le prolongement du living room, avec au fond, la salle de bains. A gauche, la porte de la bonne était fermée. Loiseau pouvait entendre des petits sanglots s'en échapper mais il avait un boulot à commencer qui justement ne se verrait jamais s’il tombait dans la procrastination romantique. Il cria à travers la paroi : “Ne pleurez plus Rina, je vous aime” et détala sous la douche pour échapper au “C'est bien vrai, Sir ?” qui n'allait pas tarder à pointer son nez. Dehors, le ciel était bas, il ne pouvait le voir de dessous le jet, les yeux plissés.
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Message  Invité Mar 8 Avr 2008 - 5:49

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VIII L'elle ou la cuisse

Sur l'immense table basse vitrée reposaient les gadgets promis par les Johnny and Walker des services spéciaux. Des manuels partout, des enveloppes timbrées, les journaux du matin écrits la veille au matin et une cartouche de Camel sans filtre. Un plan de la ville. Des papiers, passeport, carte de transport en commun. L'inventaire était soigné. Il prit le téléphone portable et fonça de ses doigts malhabiles dans le répertoire : quatre noms étaient répertoriés : Wing, Wang, Wong et Wanda !

Il pressa la touche appel sur la ligne Wanda et prépara son speech :

- Allô Wanda ?
- Dans quelle mouise m'as-tu fourrée espèce de looser ?
- Je ne t'ai fourrée nulle part de mon plein gré, pardon !
- Ah oui, tu as la mémoire bien courte en ce qui nous concerne, irresponsable con !
- Ecoute, Wanda, je peux tout t'expliquer si tu m'en donnes au moins l'occasion !
- Fred, écoute-moi bien, fais-moi sortir de ce putain d'hôtel dans l'heure qui suit.
- Ce n'est pas possible du tout, ma chère.
- Connard ! Fumier ! Enleveur d'innocent ! Crétin !

Toute cette préparation servit très peu pour parler à la voix numérique qui lui déclara d'une douceur de braise : ce téléphone n'est pas en mesure d'effectuer des appels. Loiseau nota sur son calepin retrouvé : les blagues les plus courtes sont les moins longues. Il lui fallait prendre l'air, respirer, échapper au souffle glacé de l'air conditionné. Dégager au plus vite. Séquence oxygène...




IX Le coté obscur du dindon de la farce

La chaleur l'avait pris à la gorge, ainsi que l'absence de soleil. Le truc qu'il s'était imaginé, carte postale, cocotiers, lagon bleu, dragons rouges, c'était sans compter la mousson d'hiver. Un ciel plombé, parsemé d'éclaircies timides et d'orages qui crachaient la flotte comme le pommeau de douche. Il ne manquerait plus qu'un inconnu vienne lui parler en proverbes. Le temps lui, se foutait de la météo, des dragons et des timides. Il filait droit, et Loiseau savait bien qu'il était précieux. Après tous ces voyages, il était blindé d'indifférence devant tant de différence. L'homme était le même sale type même vu sous des angles différents. En remplaçant l'angle par des kilomètres on résolvait toujours l'équation. Justement, après toutes ces tergiversations, il était temps d'enclencher “la machine Loiseau” pour justifier la montagne de fric qui lui avait été promise. Une exploration des deux sites s'imposait d'emblée, Un parc en ville et une maison hantée, un gamin disparu, des brèves de clochards. Au final simple, mystique, oui, mais simple. Loiseau ne comprenait toujours pas cette présentation théâtrale des évènements : tous ces types devaient trop regarder la télévision. A moins qu'ils soient tous tarés d'origine, ce qui n'était pas à exclure mais pas prouvé non plus. Il devait se fourrer dans la peau du mioche à tout prix, et avant tout. Il repensa à la doc.




X Le vilain petit Signor Carnardo

Fermer les yeux et penser :

"Je suis un fils de Président, enfin Premier Ministre, ce qui m'importe peu, ma mère est morte. Retirez Marie aux chrétiens et ils prieront le sablé du vide. Père me cache aux yeux du monde, je suis une anomalie diplomatique. De ma prison je ne sors jamais. Elle fait de moi ce poussah blanchâtre auquel la connaissance donne le seul charme, à défaut de liberté. Je croule sous les avantages de celui qui est bien né, mais mal formé. Mon éducation est parfaite, je suis un instruit : je n'ai que cela à fiche de mes journées, j'aurais vous l'écrire “foutre” mais je me dois de conserver une expression sans tâches. Je mange à ma faim, je mange à ma fin, je mange dans la main même de la facilité, mais je me meurs. J'ai onze ans mais je ne suis jamais vraiment né.
Je ne serai jamais adulte, on ne me montrera jamais, bête de foire, érudit du village. Encagé je ne souffre pas mais je m'éteins de toute cette ombre. Je joue à loisir sans jamais vraiment jouir de rien.
Je suis un androgyne de harem, je regarde la vie à travers les ouvertures des regards, sans qu'elle n'ait aucune chance de m'apercevoir. On organise jeux et distractions en mon honneur. J'ai le regret de ne pas les apprécier. J'aimerais prendre le métro une fois dans ma vie, marcher seul, des choses comme ça. Approcher une fille de mon âge, lui dire un gros mot, lui tirer les cheveux. Dire une absurdité mais je n'y suis pas autorisé. Les garden-parties de Père m'illuminent de leur faste et m'inspirent de leurs relâchements. C'est lors de l'une d'elles que je m'évaderai, fugitif, pour disparaître à jamais dans un coin obscur d'un territoire dont je n'ai que rarement parcouru les chemins. J'ai dors et déjà choisit la date à laquelle je fuirai
."

Conneries mondaines, pensa Loiseau. 11 ans...
Plisser les yeux et réfléchir :

"J'm'appelle Lee et j'ai onze ans, j'habite dans l'Istana parc et j'ai jamais l'droit d'en sortir. J'ai tout c'qui m'faut et tout c'que j'demande, c'est pour ça que j'suis différent et qu'mon paternel veut pas inviter de copains à la maison. J'ai une maladie mais elle n'engage que moi car de toute façon les gouvernantes disent que je suis mignon quand même. J'ai les yeux rouges mais je les regarde jamais car on a retiré toutes les glaces et les miroirs du bâtiment. Mes bonnes me coiffent, alors je m'regarde des fois dans la télévision. Ou dans l'inox de mon couteau quand y a steak au menu.
J'suis moche, P'a dit que ça se soigne pas, les hasards de la génétique, J'fais tous ce que j'veux sauf un truc, me balader libre et seul. M'en fiche, un jour je ferai une fugue et je reviendrai plus jamais."


Enfantillages, enfantillages. 11 ans... Loiseau avait le sentiment comme il arrive parfois qu'une goutte de flotte allait s'écraser, échappée d'une gouttière, juste pile sur la pierre de son Zippo. Il fallait visiter le site, au minimum en faire le tour. S'identifier au gamin c'était une perte de temps mondaine. Trop loin, dans l'inaccessible : culture, ressenti, famille. Les confins. Il est des choses comme ça que Loiseau peut voler mais pas faire.



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Message  Invité Mar 8 Avr 2008 - 6:01

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XI A la poursuite du gazon vert


Il était devant ses yeux, le fameux parc, des hectares de gazon anglais à 50% de nitrates, et un palais invisible, Bien gardé en effet. Une citadelle dans la ville. A moins d'avoir croisé un tunnel ou le Père-Noël sur son traineau, le gamin, réellement, n'avait pas pu prendre la poudre d'escampette de la forteresse. Loiseau n'apprit rien de son voyage autour des matons du pouvoir. Tiens, les flamboyants étaient en fleurs et les orchidées déjà refermées. La même chose qu'à Interflora Liège Outremeuse. Le ras-le-bol n'en finissait pas d'éclore en bouquets. Une Camel se consumait sans que cela change quoi que ce soit à la moiteur ambiante, sauf qu'un flicaillon lui jeta un regard désapprobateur. C'était ahurissant de quoi le vide était meublé. Direction le sud et cette fumeuse villa des fantômes. Loiseau y avait un tour gratuit.

Au stand des taxis, le débat faisait rage entre deux logos Jean-Jacques Decaux. Le premier Cabby de la ligne qui refusa la course fut GX4582D. Son chauffeur écouta Loiseau prononcer “Mont Faber, The Mansion” de l'air verdâtre du mec qui dit non avec le cou et pas avec la langue.
HY658T, lui, montra un intéressement appuyé sur le cas F.L. Très appuyé même.

- Normalement je ne vais pas par là, vous êtes d'où ?
- Je suis norvégien, d'Helsinki plus exactement, il y fait froid.
- Ah oui ! J'ai entendu dire que la vie y est moins chère qu'ici !
- Exactement, les nouilles à l'aigre-douce y sont au prix public de 1 euro.
- Vous en avez de la chance ! Vous travaillez ici ou vous êtes en voyage ?
- Je fais une recherche sur la migration des saumons fumés dans le Détroit de Mallaca.
- Ah oui ! J'ai entendu dire que... mais dites-moi, vous voulez y faire quoi, sur la butte ?
- De son sommet on peut étudier le littoral sud et le cartographier.
- Je vous y emmène... mais au fait, aimez-vous notre pays ?
- Ouiii c'est génial ! Tous ces centres commerciaux... Vous êtes les meilleurs du monde !
- Bienvenue alors ! Mais je vous dépose sur l'avenue adjacente, vous savez, on n'aime pas trop là-haut par chez nous, question de principe. Votre famille vous accompagne ?
- Faites comme bon vous semble mon bon monsieur. Ma famille est descendue à l'Hôtel du Nord.
- Remarquez, je trouve l'atmosphère lourde aujourd'hui.
- Puis-je vous faire une suggestion monsieur Toyota ?
- Oui, bien sûr !
- Bouclez-la et conduisez-moi où je veux me rendre , merci.
- A votre service, Sir !




XII Le furet d'émeraude


Passée la deuxième salve de questions du chauffeur, Loiseau se retrouva sur le tarmac au bas de la colline, Telok Benglah Heighs, c'est ce qui était marqué sur le panneau, celui que regardait celui qui, lui, était tombé dans le panneau de cette enquête à la mords-moi-le-nœud.
(NDE : on ne saura jamais vraiment si l'auteur, là, signifie par cette phrase Post-Tchernobyl, le ras-le-bol de Loiseau, son personnage, ou sa parfaite envie de ne jamais terminer la rédaction de son polar.)
Ce dont on lui avait parlé semblait vrai, pas un chat ne traînait dans les parages, les gens comme cloîtrés chez eux derrière les croisillons des barreaux aux fenêtres. Les immeubles avaient tous des numéros à trois chiffres : bloc 666, bloc 999, bloc 007, facile pour trouver son chemin vers le haut, en étudiant rapidement le plan de daube que Loiseau tenait d'une main déjà dégoulinante de moiteur. Un bock de 1664, ça aurait été le panard, mais il n'était pas venu ici pour être peinard.
En montant vers le sommet, il entendit un groupe de percussionnistes jouer, là quelque part caché dans la végétation qui se faisait plus dense, à peine pouvait-il discerner quelques capotes usagées abandonnées ça-et-là. Pour un peu de cul, l'homme parfois renonce à ses superstitions : étonnement.

Après une dizaine de minutes de crapahutage sous la chaleur imbuvable, et avoir croisé un fou nu sous la douche imaginaire d'un aloe vera, Loiseau toucha au but, et se gratta 5 des 8 piqûres de moustiques qui avaient constellé ses avant-bras en silence. Manquerait plus qu'une sale maladie, malaria ou autre, pour achever le foutoir. Le foutoir de se retrouver face à une barricade infranchissable qui entourait les bâtiments objets de son expédition. On n'avait pas fait les choses à moitié pour le coup, devait y avoir du sérieux là-dedans quand même, c'est tout juste si l'endroit n'était pas doté de miradors et du bruit des bottes. Mais en l'occurrence il n'y avait personne là qu'un balai en feuille de palme posé à l'envers contre la bicoque du gardien, qui devait être en congé, en ce jour merveilleux en rebondissements mous.
Loiseau aperçut quelques fantômes blancs au sol, sacs Carrefour abandonnés, vestige d'une humanité qui compte sur Al Gore pour sauver la planète. Autant demander à Wanda de révolutionner la gastronomie belge. L'homme est comme ça, il a de bonnes intentions mais peine à les déléguer sérieusement (voir la pénible affaire Karl Marx). La concentration de Loiseau commençait à fuir par tous les trous, le cul posé sur la fontaine inactivée qui se trouvait en plein milieu de ce qui devait avoir été une terrasse de promenade. La végétation reprenait ses droits de partout jusque dans les barbelés au-dessus de la tôle ondulée. Il fallait jouer le tout pour le tout, s'introduire là-dedans ou monter une histoire pas possible à raconter à Wang. Le truc qui revenait le plus souvent dans la caboche de Loiseau, c'est que cette histoire était une manipulation pour couvrir le suicide de la mère du petit Lee. Autant jouer le tout pour le tout et se barrer au plus vite. Basta.
La descente vers la ville fut consacrée à la mise au point d'un embrouillamini d'excuses et de créations diverses, il allait servir le tout avec des baguettes aux services secrets.





XIII On achève bien les poulets


De la collection de trucs qui n'avaient pas de sens depuis son arrivée, ce qui le frappa en cette fin d'après-midi, c'était la parfaite inactivité de la ville. Dans son intégralité. Les drapeaux bicolores avaient soudainement fleuri aux balcons, que pas un souffle de vent ne venait balayer. Le trafic était devenu inexistant. La ronde des bus s'était interrompue et le ballet des taxis aussi. Invraisemblable. Le Samsung N73 vibra dans le sac de Loiseau. La sonnerie numérique, c'était “vive le vent d'hiver”, la chanson bien connue des morpions en culottes courtes qui attendent que leur père se déguise en communiste pour répartir les richesses équitablement entre une femme devenue complètement conne et une descendance complètement conne dès les origines. Bref, Loiseau appuya vigoureusement sur la touche téléphone vert, ce qui afficha un éléphant vert sur l'écran 365*365 à cristaux liquides sans pour autant accepter la communication. Loiseau et les nouvelles technologies, c'était un amour platonique pas tonique pour deux ronds.
Le mobile sonna une deuxième fois et Loiseau le regarda droit dans les yeux, et enfonça la touche siglée du téléphone rouge. Une voix qu'il connaissait bien lui parvint aux tympans :

- Ici agent spécial Wang, Moscou, Washington, Singapour. Loiseau, ramenez-vous d'urgence, il y a du nouveau et de la friture sur la ligne.
- Et je me ramène où ? Devine où j'suis ?
- Nous vous suivons par GPS monsieur Loiseau, ne jouez pas au con, c'est urgent.
- Vous n'avez pas répondu à mon interrogation, mon canard.
- Rendez-vous au centre commercial le plus proche de vous, Vivo City, toilettes du deuxième étage, le personnel d'entretien à été neutralisé. J'ai pensé que le chiotte numéro 2 est le plus adapté à notre entretien, vous avez 20 minutes pour me rejoindre.
- J'arrive, marque pas ton numéro de téléphone à côté du rouleau de papier-toilette, les vicelards les notent vraiment. Et appellent.
- Ne racontez pas de conneries, monsieur Loiseau, je suis en service.





XIV
la politique de l'autre ruche


- Loiseau vous voilà enfin ! Qu'est-ce que vous foutiez ? Je vous attends depuis 21 minutes et 04 secondes, ce qui est prouvé par ma Seiko à quartz!
- J'ai fait un haïku cristallin sur le chemin, il m'a retardé depuis l'adolescence.
- Fred, les données du problème ont changé, Le Père de la nation, sénior Lee est décédé d'une embolie pulmonaire cet après-midi, à 86 ans : le pays tout entier est en deuil pour 90 jours, votre mission est annulée en regard du fait que je la termine. A franchement parler, le dossier est classé sans suite. Notre Premier Ministre n'a plus de comptes à rendre à personne en l'absence du vieux Grigou. Pas même de la disparition de son fils. Célébrations et recueillement sont les mots d'ordre pour les mois à venir. Pas les bas-fonds des histoires familiales ou les trains-fantômes.
- De vous à moi, je m'en réjouis, Wang,
- Vous risquez l'emprisonnement à vie, Fred, pour de tel propos.
- Non, je voulais dire, je me réjouis de la fin de ma mission. Et pour le fric ?
- Le ministère a considéré que vous aviez montré une certaine bonne volonté dans la conduite des affaires dont vous étiez en charge, ainsi l'annulation de notre contrat n'empêchera pas votre dédommagement. Une somme rondelette qui, après restitution de votre package Espio VIP, vous sera versée par virement bancaire.
- Et Wanda ? Ou se trouve-t-elle en ce moment ?
- Déjà en route pour Bruxelles, Fred, nous avons pensé que pour la sécurité de votre visage, vous organisiez vous-même vos retrouvailles, en terrain neutre. Nous ne voulons pas être à l'origine de problèmes en cette période de deuil, comprenez-vous ?
- Je comprends surtout que c'est l'heure de retrouver un air plus sain, loin de vos frasques intra-nationales dont le monde se contrefiche, soit dit en passant.
- Vous avez raison sur le fond, Fred, et un beau petit cul aussi, m'enverrez vous une carte postale ? Vous aller me manquer vous savez.

Loiseau manqua de peu de lui envoyer son genou droit dans les parties, mais se ravisa, jugeant prioritaire de se tirer à tout jamais de cette ile aux enfants consanguins et aux adultes policés.





Épilogue :


Au “Trompe-l'oeil” les traces de doigts n'avaient pas eu le temps de disparaitre, le bouton du distributeur de cahouètes était toujours à l'horizontale, et le laiton cuivré. Cette petite semaine sur l'équateur lui avait fait du bien. Il avait pris rendez-vous avez Perfide et acheté des croquettes pour Wanda, Le basique quoi, mais il voulait savourer d'abord la mine dans le jet-lag, les fantômes gris et mouvants que dessinaient les volutes de fumée de sa clope. Peut-être y discernerait-il un gamin, un mouton, ou l'esquisse d'une nouvelle enquête.



FIN

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Message  Invité Mar 8 Avr 2008 - 6:03

Merci à Mentor pour le coup de main !

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Message  à tchaoum Mar 8 Avr 2008 - 6:22

Salut Panda, je viens de tout copier coller dans un fichier texte (14 pages tout d'même, 49822 cataractères :-)
On en recause plus tard...
En survol déjà, j'aime bien tes titres de chapitres.
à tchaoum
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Message  à tchaoum Mar 8 Avr 2008 - 7:50

Lu !
Il y a un arc en ciel dans mon coeur, comme dirait Tchang...
Je m'ai bien rigolé la djeule plein d'fois, mais la fin est une queue de poisson qui me semble confirmer l'aparté de la page 12 :
(NDE : on ne saura jamais vraiment si l'auteur, là, signifie par cette phrase Post-Tchernobyl, le ras-le-bol de Loiseau, son personnage, ou sa parfaite envie de ne jamais terminer la rédaction de son polar.)
Page 13 (le chapitre du même métal) je me disais "brdldmrd", il reste pas beaucoup d'place pour la rencontre avec le drôle fantôma(zia)tique...
J'te crois, oui !
Tu retires la chaise et je me retrouve le cul par terre en même temps que Loiseau à la case départ.
Me d'mande si la mort du premier ministre est plus coup de chance pour l'auteur ou pour son personnage.
M'enfin, c'est le premier Loiseau que je lisais, et ce fut bien agréable.
Deux trois remarques ? Je dirais plutôt :
un pantalon propre à se mettre sur les fesses chaque jour
parce qu'un pantalon sur le dos...
Sans que rien ne le laisse présager, en 1949...
peut-être plus convenu mais plus fluide,
Il l'est encore à ce jour.
parce que toujours...jour, mais là, je pinaille.
Merci, en tout cas.
Il sont où, les autres Loiseau ?
à tchaoum
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Message  Gobu Mar 8 Avr 2008 - 12:49

Salut Chef

Lu et digéré ton Loiseau des Iles. Tes Dupont et Dupond asiatiques valent leur pesant de nouilles sautées, et l'histoire délire entre folklore exotique et World Company, comme sans doute tout le sud-est asiatique. C'est bourré de digressions vachardes (entre autres le passage avec les deux tyrans pédophiles) et rédigé dans ce style à l'emporte-pièce fusant tous azimuts que j'apprécie chez toi.

Bref un Loiseau à déguster avec des baguettes, quoi, en faisant gaffe à ne pas tacher sa chemise avec la sauce piquante...
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Message  Gobu Mar 8 Avr 2008 - 13:02

P.S. : tes titres intermédiaires valent le déplacement à eux seuls, en particulier le redoutable "Quand passent les cigognes, les canettes ont les pieds palmés" !

J'aime aussi "Le Loiseau se cache pour rire mou", mais celui-là me rappelle un graffiti de plusieurs mètres de long qui ornait depuis 68 un mur de Nanterre, le long de la voie du RER. Ca disait : "Rire mou z'veux pas, nan !" Textuel...
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Message  Charles Mar 8 Avr 2008 - 13:12

Un petit manque de crédibilité de l'histoire (pourquoi viendraient ils chercher Loiseau pour cette enquête ? ... ) mais qui colle bien avec le côté surréaliste un peu barré de l'ensemble.

Pas toujours convaincu par certains actes de Loiseau :
- il stoppe son hotesse. pas sûr que ça cadre vraiment avec son caractère un peu coureur esquissé dans d'autres épisodes, même pas sûr d'ailleurs que ça cadre vraiment avec ses chromosomes XY :-))
- il n'explore pas la "maison" et repart vers la ville. Je l'aurais bien vu plus curieux ...
mais bon, chacun interprète le personnage à sa manière, c'est aussi le jeu. Ici, Loiseau se teinte d'OSS117 et d'Austin Powers ...

si j'ai bien suivi, le petit gars disparait en 2005 mais on a quelques réflexions sur le Sarko cuvée 2008 ... peut être là, quelque chose à revoir ?

La narration est bien tenue sur la longueur, ne s'égare pas dans des délires ou dans trop d'images pandaworkiennes :-)) et le tout reste bien construit tout en proposant une dose savoureuse de délires (dont quelques uns déchiffrables après relecture :-). J'adore particulièrement la réunion palmée, très visuelle.)

A coup sûr, une des réussites de la série, un beau boulot et un grand plaisir de lecture en tous cas ! Bravo Panda et merci !

Au suivant ?
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Message  Charles Mar 8 Avr 2008 - 13:32

Si certains en profitent pour découvrir quelques épisodes précédents, qu'ils n'hésitent pas à laisser un petit avis. La plupart des participants sont encore parmi nous ... ;-)
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Message  mentor Mar 8 Avr 2008 - 16:43

Gobu a écrit:Lu et digéré ton Loiseau des Iles.
ha non !! celui-là il est copyright Mentor ! :-))))

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Message  Gobu Mar 8 Avr 2008 - 16:47

mentor a écrit:
Gobu a écrit:Lu et digéré ton Loiseau des Iles.
ha non !! celui-là il est copyright Mentor ! :-))))

Wooops ! Ô taon pour moi...
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Message  mentor Mar 8 Avr 2008 - 16:49

Gobu a écrit:
mentor a écrit:
Gobu a écrit:Lu et digéré ton Loiseau des Iles.
ha non !! celui-là il est copyright Mentor ! :-))))
Wooops ! Ô taon pour moi...
"Autan", c'est marrant, c'est la marque la plus utilisée chez nous d'anti-moustiques (ou anti-taons !) en spray :-)))

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Message  Reginelle Mar 8 Avr 2008 - 17:25

Ben moi... je me suis régalée... et puis je me suis endormie sur le clavier...

mais non... c'est pas la faute à Loiseau... hé hé hé... c'est juste pour taquiner...

D'ailleurs, que je me sois endormie après la lecture et non pendant, prouve bien que ce Loiseau est assez fort pour me tenir éveillée tout du long malgré la fatigue d'une nuit blanche... c'est donc un vrai compliment !

Bravo !
Reginelle
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Message  Charles Mer 9 Avr 2008 - 10:24

Hop, je le remonte pour ne pas qu'il s'enfonce trop vite dans les limbes du forum !
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Message  Yali Mer 9 Avr 2008 - 17:31

Lu.
Un bon épisode bien que par moment confus dans la narration. Le personnage de l'Oiseau change quelque peu de caractère lorsque tu t'en occupes Panda, on le sent plus fébrile qu'à l'ordinaire et Wanda plus impolie et plus direct dans ses rapports avec lui, mais pourquoi pas…
Ce qui me donne envie, de me refaire un épisode :-)

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Message  apoutsiak Mer 9 Avr 2008 - 20:10

.

Beaucoup de très bonnes choses, en particulier les dialogues, savoureux, l'humour de situation, les déplacements de sens surréalistes, les titres. On peut regretter (sans bouder son plaisir) que toutes ces qualités ne soient pas illuminées par un scénario de haute tenue : fausse enquête, faux dénouement, documents un peu longuets (la famille Alkaff, les lettres des vilains canardos) en regard de l'inanité de l'enquête. Ceci dit, le plaisir est là est bien là, on se poile avec Wangd et Wangt, avec les grenouilles pas hommes du tout, et l'humour est servi tout le temps avec des baguettes, avec un raffinement tout oriental.
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Message  Lucy Ven 11 Avr 2008 - 2:48

Fini !
Première enquête de Loiseau et pas déçue ! J'irai découvrir les autres dès que possible. Mes yeux sont fatigués mais je retiens les titres des chapitres, vraiment terribles.
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Message  Sahkti Mar 15 Avr 2008 - 12:55

Par moments, je trouve ça un peu chargé, presque lyrique, avec des phrases longues et alambiquées; ça casse le rythme trépidant que tu donnes pourtant au récit dans certains passages.
Et puis je ressens une gêne par rapport à ces deux personnages qui embarquent Loiseau, hop! dans l'avion, je trouve qu'ils en font trop. De manière générale, je trouve également que ça sent trop l'exercice de style, la recherche du bon mot ou de la tournure qui pourrait faire sourire, sauf qu'en ce qui me concerne, c'est très perso, mais je prends les enquêtes de Loiseau tellement au sérieux que j'ai beaucoup de mal à entrer dans les jeux de mots et autres sens de la répartie.
Bref, je reconnais l'ampleur du travail fourni, c'est un gros morceau mais, désolée, il ne m'a pas séduite. Ce serait presque trop "folklorique" pour moi mais bon, comme je l'ai dit, c'est perso et subjectif tout cela. Peut-être si ça n'avait pas été une enquête de Loiseau mais un texte tout à fait indépendant aurais-je apprécié différemment ce côté surréaliste. Sûrement même...
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Message  Krystelle Jeu 17 Avr 2008 - 19:20

Je l'aime bien cet épisode. L'écriture est efficace, souvent teintée d'un humour cynique qui me plait. J'aime ce que tu as fait de Loiseau; il est un peu différent, c'est vrai, mais personnellement, je l'ai trouvé différent dans chaque épisode...
Concernant l'intrigue, elle me semble n'être qu'un prétexte pour camper des personnages dont la caricature et les réparties prêtent à sourire, prétexte aussi pour esquisser des situations insolites. Pas étonnant, dans ce contexte, qu'elle s'achève par une pirouette certes un peu facile mais qu'importe, l'essentiel n'est pas là.
Bref un bon texte, qui tient principalement, de mon point de vue, au caractère de la plume et à son humour acerbe.
(Et puis, j'ai trouvé ça sympa tous ces clins d'œil aux autres épisodes.)

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Message  Loupbleu Mar 29 Avr 2008 - 21:36

Je suis vraiment content que tu te sois lancé dans un Loiseau, que tu sois arrivé au bout. Et j'ai pris un vrai grand plaisir à te lire !

Pour le personnage, je trouve que tu l'as merveilleusement apprivoisé, suivi les contraintes et mis à ta sauce, et l'ensemble est très réussi.

Je ne peux pas passer sous silence les purs joyaux de ce texte (ah, les titres de chapitres, les bons mots, les tournures qui font mouche...). Ta liberté de ton m'a procuré du plaisir.

Si j'avais un reproche, c'est lié à ce que je disais au-dessus : il y en a peut-être un peu trop, trop de bonnes choses trop rapprochées. Parfois tu es un peu trop en train de commenter l'action (brillamment), mais ça nous éloigne un peu du narratif.

Bon, je chipote, j'ai vraiment beaucoup aimé ! Je sens qu'il y a probablement beaucoup de boulot (au bon sens du terme) derrière. Même, je t'en ai voulu de trouver des trucs comme "Le Loiseau se cache pour rire mou" (et j'en passe).

En conclusion : bienvenue dans la confrérie des auteurs de Loiseau ! (le club est toujours ouvert à ceux qui ont envie de s'y lancer !)
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Message  arthis Mar 17 Nov 2009 - 2:48

Excellentissime !

Je continue a en pisser de rire...

Et la maniere dont tu decris Singapour et certains de ses caracteres est... fameuse !

Dis-moi, as-tu vecu sur l'ile ? Ou quelqu'un t'a rencarde ? Explique, s'il te plait...

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Message  Invité Mar 17 Nov 2009 - 4:16

Oui j'ai passé ma trentaine majoritairement là-bas. Passe vite , 10 ans , quand on y pense. Ma femme et mon compte en banque s'y trouvent toujours du reste.
C'est pour cela que ton texte, sans être abouti au niveau du style, à ma sympathie, sa documentation est juste et cela me fait plaisir. "la responsabilité d'auteur" version allégée me parrait importante, les gens qui écrivent n'importe-quoi me plongent dans des colères fumantes.

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Message  arthis Mar 17 Nov 2009 - 6:25

OK, je comprends mieux, maintenant.

Je suis d'accord avec toi en ce qui concerne la justesse de l'information delivree, meme dans une nouvelle ou un roman. D'ou ma surprise lorsque je lis une critique dont son auteur ne comprend pas comment un pays "de l'Asie du sud-est" peut avoir une police aussi rapide et efficace dans ses interventions alors qu'elle devrait etre gangrenee par la corruption puisque... faisant partie de ce coin du monde.... Sans compter que c'est affirme avec force et sarcasme... Mon Dieu... Enfin...

Encore bravo pour cette histoire de Loiseau !

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Message  Ba Mar 17 Nov 2009 - 15:53

J'ai lu le premier.
Je me disais, pendant que mes yeux bigleux suivaient les lignes noires, que panda devait bien rire à écrire ses textes.
Planqué dans un coin.
Clope ou pas au bec du stéréotype représentatif du type à l'humour huilé contemporain.
Verre ou non de bière, de vin, d'eau, de sirop.
Café ?
Œil dans les limbes, un hangar à rêves, un grenier à mots, enfin un lieu quoi.
Il fouille dans les lexiques au fond d'un sac.
Puise, épuise les syntaxes, vocabulaires, déictiques boutonneux, impersonnels à parapluie, adjectifs frileux et articles indéterminés.
Sème sur la feuille, l'écran, le bout de ficelle, sa récolte.
Sourire sur dents.
Dents dans le stylo.
Stylo plume au vent.
Volage bien sûr.
Et les toréadors prennent garde...
Ba
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