Rémi Flanteau : Discutons avec moi

[Kash Prex]

Deuxième texte de mon personnage Rémi Flanteau, dont vous pouvez lire le premier ici : https://vosecrits.1fr1.net/viewtopic.forum?t=1625

Je préviens que ce texte reste une présentation du personnage, certes plus concrète que la première, mais tout ça reste "à suivre"...

Rémi Flanteau : Discutons avec moi

On a tous quelque chose qui nous révolte. Vous savez, cette petite chose qui fait que votre Monde ne pourra jamais être parfait ; cette petite chose que, pour la plupart d’entre vous, vous vous évertuez à insulter, à profondément détester… Mais que vous ne combattez pas. L’Homme est comme ça, maintenant, il prononce des discours dithyrambiques pour compenser son inertie. Et bien moi, c’est ça, le petit quelque chose qui me révolte.

Mais où est passée la simplicité humaine ? Que sont ces grossiers principes qui la remplacent, et rendent l’Homme dépendant de l’inutile ? Je voudrais voir l’humanité juger ses désirs avant de les réaliser, combattre son excès de sentimentalisme, peser ses actes… Qu’elle réfléchisse ! Se serve de son bon sens, de sa beauté… Ah, sa beauté… Oubliée, enfermée. Tout ça n’a pas pu mourir.

*****

« Vous avez 2 chances. Pourquoi voulez-vous un enfant ?
- Pardon ?
- Ne me faites pas répéter, ça m’énerve.
- Vous êtes vachement agréable vous, dîtes donc… Bonne journée quand même.
- Ne partez pas, ou je vous tue.
- … Mais ça va pas non ? Faut vous faire soigner hein…
- Pourquoi voulez-vous un enfant ?
- Laissez-moi tranquille… Il faut que je rentre.
- Dépêchez-vous de me répondre !
- Je… Je sais pas… Pour l’élever… Pour avoir un fils…
- Bon, deuxième chance. Pourquoi voulez-vous un enfant ?
- Mais je sais pas je vous dis… Vous me faites peur là…
- Ben réfléchissez.
- …
- …
- Parce que j’ai besoin de donner la vie tant que je le peux, c’est normal, je sais pas… Par amour pour mon mari, avoir un peu de nous deux dans ce petit être… Et puis laisser une trace sur Terre, une suite… C’est humain quoi…
- Ca n’a rien d’humain, non, l’humanité est bien plus belle que ça. Votre bébé il est inutile, il est de mon devoir d’empêcher sa naissance. Vous avez donc 2 solutions. Soit je vous tue, soit je vous ouvre le ventre. Mais avant, vous devez me rémunérer, au nom de l’humanité.
- Ecoutez Monsieur, j’ai pas le temps avec ça, en plus vous me faites peur, je m’en vais. Au revoir. »

Elle était comme toutes, une insulte à l’humanité, soit ce qui m’énerve le plus au Monde. Aucun respect pour la nature humaine, ni pour son défenseur, ni pour rien d’autre que ses principes incompréhensibles. Prétendre que vouloir un enfant est humain… Je lui ai donc saisi le bras, et j’ai sorti mon couteau.
« Soyez raisonnable, vous ne pouvez pas haïr l’humanité au point d’ignorer que vous l’insultez, tout de même. Donnez-moi votre carte bleue, et puis notez-moi le code sur le bout de papier dans votre sac là. »
Elle a fait ce que je lui ai dit de faire en quelques secondes ; mais le code était totalement illisible. Esclave de ses propres sentiments, elle tremblait d’une peur totalement insignifiante. Décadence de l’Homme.
« Vous pouvez pas écrire correctement ? C’est quoi votre code ?
- 2408.
- Bon ben je le retiendrai. Merci. Maintenant, faites votre choix : je vous tue, ou je vous ouvre le ventre.
- Vous avez tout mon argent, laissez-moi partir je vous en prie. »

C’était bien ce que je pensais. Jamais aucune de ces créatures ne parvient à faire ce choix. Ahurissant. La voilà qui se mettait à pleurnicher sur un sort déjà scellé, la voilà blessée par la Justice même, violentée par le bon sens, effondrée par la défense de l’humanité… Comprendrai-je un jour ? Elle venait de payer mes services, mais n’en voulait pas… Un peu comme si je n’étais qu’un vulgaire délinquant venu lui voler son argent.
« Bon ben je vais vous tuer, je préfère. Et puis ça fera une insulte en moins pour l’humanité. Au revoir. »
Et j’ai fait mon travail.

*****

J’aime tellement ce travail. Parcourir tous ces petits villages, à la recherche de l’être de trop, et rétablir l’harmonie, redonner un peu de voix à l’humanité. Je dois dire aussi que ça paie bien. En moyenne, j’en tue à peu près une par jour, ou un peu moins, et huit fois sur dix elles me donnent leur carte avec le bon code. Après, j’ai plus qu’à me servir. Mais bon, dans l’ensemble, j’ai pas besoin de beaucoup pour vivre. Juste les hôtels, la nuit, un repas par-ci par-là, et ma voiture. Mon besoin essentiel, ça reste de défendre l’humanité !

Je suis conscient de la chance que j’ai, d’avoir un travail si passionnant. Je vis parfois des scènes exquises… Tenez, une fois, j’ai aperçu sur le bord de la route, en face de moi, une femme au ventre un peu arrondi. Une insulte potentielle. Je me suis garé un peu plus loin et je l’ai rejointe. Savez-vous ce qu’elle m’a répondu lorsque je lui ai demandé pourquoi elle voulait un enfant ? « Pour donner un peu d’intelligence à ce Monde de crétins ». Alors j’ai ri. C’est rare. Et on a discuté. Je lui ai raconté mon métier, mon engagement, je lui ai expliqué qu’elle était la première à me donner une si jolie réponse. Elle, elle m’expliquait que selon elle, tous les criminels devaient aller en prison à vie, et que certains malades comme moi méritaient même la peine de mort. J’ai beaucoup ri avec cette femme, j’en garde vraiment un souvenir agréable. Elle avait un humour fin, pinçant, le regard sombre et intelligent. Chacun de ses mots délivrait avec lui une pensée, un message, quelque chose à percevoir au-delà du sens. Pour la première fois, j’attachais de l’importance à l’image qu’une femme pouvait se faire de moi, je me construisais une grandeur à ses yeux. Alors, compte tenu de son mérite, de son intelligence, j’ai décidé de ne pas la tuer. Je lui ai donc ouvert le ventre. Mais elle est morte quand même.

Et puis il y a les moments moins agréables. Par exemple, il m’est arrivé une fois qu’une femme se mette à crier… Pourtant, ça n’arrive jamais. J’ai trouvé ça pas très sympathique. Moi je viens pour rendre service, je visite chaque petit village de notre belle France des heures durant dans l’unique but de purifier l’humanité, et voilà comment je suis accueilli. J’ai déjà du mal à comprendre la peur, mais que dire du hurlement ? Conséquence, je n’ai pas eu le temps de réclamer mon salaire, et je l’ai tuée tout de suite. Il faut savoir prendre sur soi, j’ai travaillé gratuitement cette fois-là. Heureusement, nous étions en début de mois, période où les comptes en banque rayonnent, et j’ai pu rapidement compenser cette perte par la carte bleue d’une jeune bourgeoise imbécile. Mais tout de même…

[Reginelle]

il est horrible ton Flanteau... brrrrrrrrr

J'ai lu également l'autre texte. Très bon rendu du côté obsessionnel et bonne argumentation pour illustrer le froid cynisme de cette folie...

fascinant personnage, aussi froid que déterminé... des plus dangereux : il manie aussi l'humour... Je crois que ceux-là (de dingues assassins) sont les pires ! (sourire)

[Lucy]

Comment dire ?
J'aime énormément la progression dans la "présentation" de ton personnage.
J'ai lu les deux textes et, cette partie est profondément dérangeante.
La logique du fou me laisse pantoise. Le cynisme affleure tout au long du texte ( première et deuxième partie ) et ton personnage réussit à me mettre assez mal à l'aise, je l'avoue.
J'attends de lire la suite et, surtout, je m'attends au pire.

[Invité]

Je valide l'ensemble, le projet, son écriture.
Tout cela à l'odeur d'un roman en devenir, un cocktail détonnant.
Peut-être vais-je revenir sur ton texte plus tard, pour une moulinette grille fine. Au fait, KP, un petit éxo en live, ça ne te dis pas avec un thé ?
Jeudi 21 heures, mettons.

[Kash Prex]

Demain 21h oui d'accord, je serai là =)
Je suis content que ce personnage vous plaise, parce que je m'applique dans la création d'une personnalité, d'une cohérence sur le plan psychologique, et ça a l'air de fonctionner. Merci pour vos lectures =)

[Zou]

Je suis plus partagée Kash. Pour moi ce personnage n'a pas encore d'épaisseur. Tu ne dis rien de lui en réalité. Il nous est présenté au travers de la mission qu'il s'est imparti. Point. On ne sait qui il est, ni d'où il vient. Et je trouve son discours un peu redondant. L'idée est assez originale mais ça reste en surface et ça tourne un peu en rond, trouve je ;-)

[à tchaoum]

Et moi je trouve ça bien écrit, bien mené, bien ficelé et certainement très riche à développer. Ma réserve est d'une autre nature : je crois que je n'ai purement et simplement pas envie de suivre les aventures criminelles de ce cavalier de l'apocalypse égaré...
Aucune envie d'entrer dans sa logique en spirale infernale.
Les films d'épouvante ont leur public, je n'en suis pas.

[Kash Prex]

Et bien... Justement, le but est de ne pas passer par l'épouvante pour rendre ce texte intéressant. Je suis comme toi, je ne supporte pas ce genre d'histoire (je suis d'ailleurs traumatisé par le récent film MR73, horrible...). Tu remarqueras que je ne donne aucun détail sur les scènes de meurtres, je passe dessus en une phrase. Ce texte doit être intéressant sur la psychologie du personnage, sa cohérence, notamment, pas sur l'épouvante ou la peur ; c'est ce que je recherche...

[Sahkti]

Une belle écriture, une fois de plus Kash!
On entre un peu plus dans la psychologie de Flanteau sans pour autant encore totalement cerner le personnage; tu nous y amènes en douceur et nous permets de nous imprégner petit à petit du bonhomme. Il me semble avoir un peu plus de consistance que dans le premier texte, ceci dit et je ressens moins cette impression d'idée diluée pour faire bourrage de crâne. On a avancé d'un cran. A lire la suite, donc!

[mentor]

c'est tellement poussé et caricatural que ce second degré me fait rire au premier degré :-)))
j'ai hâte de lire une suite

[ninananere]

J'attends...

[Chako Noir]

mon dieu qu'il est affreux ce bonhomme! j'adore la façon dont il décrit ses idéaux comme s'ils étaient l'évidence même, c'est diablement bien ficelé! ce type est un véritable monstre à nos yeux, il voit en lui un justicier. a quand la suite?

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