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Message  Mano Ven 7 Nov 2008 - 8:17

Elle fait 1m72 pour 59 kilos, des mensurations que je connais bien pour vivre avec elle. Quand nous étions passés devant cette boutique de jouets sexuels de Queen Street et que nous avions poussé la porte par jeu et par défi, je n’aurais jamais imaginé que cela puisse se terminer ainsi.

Il y avait cette annonce au milieu des autres : Karr Avon – expérimentez la joie et le plaisir des liens. Elle avait horreur d’être entravée. Elle dormait la fenêtre ouverte, ne supportait pas que je lui tienne la main trop longtemps ou que je bloque l’un de ses membres lorsque nous faisions l’amour. Je ne sais pas pourquoi elle a noté le numéro indiqué.

Toujours est-il que nous nous sommes retrouvés quelques quinze jours plus tard devant un homme d’une cinquantaine d’années, le cheveux blanc et bien coupé, un col roulé noir, des doigts manucurés, qui nous a demandé ce que nous connaissions des liens. Rien à été notre réponse. Rien d’autre que les images de Japonaises ficelées et de Betty Page que tout le monde a déjà plus ou moins vues une fois dans sa vie.

Il nous a écoutés un peu à la manière d’un psy, en silence, les mains croisées devant lui, hochant la tête de temps en temps. Il nous a demandé ce que nous voulions. Nous n’en savions rien. Nous avions poussé la porte sans réfléchir vraiment à ce que nous voulions. Voir, sans doute.

Il l’a regardée, comme s’il la mesurait. J’ai vu qu’elle se troublait. Il nous a dit de revenir dans une heure. Il s’est levé et nous a laissés seuls dans la salle vide. Nous sommes allés dans le café-librairie qui faisait le coin avec Main Street. Ma gorge était nouée. Je voyais bien qu’elle aussi ne voulait pas parler. Nous avons bu un thé organique népalais en grignotant du bout des lèvres un cake aux carottes et au sésame.

Quand nous sommes revenus dans la salle il n’y avait personne. Nous avons encore attendu une demi heure. Le jour commençait à tomber. La lumière devenait plus faible. Nous serions peut-être partis si nous n’avions vu une ombre passer de temps en temps derrière le verre dépoli de la porte-fenêtre qui se trouvait derrière le bureau où il nous avait reçu.

La pièce était blanche avec un plancher de bois clair très propre. Le bureau avait une esthétique années 20. Pas de photos, pas de cadres, rien. Rien, si ce n’est ce nom gravé sur la plaque dorée sous la sonnette de la porte d’entrée : Karr Avon.

La porte s’est ouverte, en contre-jour il est apparu. Il nous a fait signe de le suivre. La pièce d’après était plus grande, avec toujours le même plancher sauf que les murs étaient d’un gris souris mat. Le plafond avait une hauteur d’au moins trois mètres, un ancien atelier sans doute, avec tout un système de poulies et de tringles qui faisait ressembler les lieux à une arrière-scène de théâtre.

Au centre de la pièce il y avait un bloc de pierre rectangulaire anthracite d’environ un mètre de large sur un mètre de hauteur et deux de longueur. A côté se trouvaient un perroquet et une chaise d’un bois plus foncé toujours dans le même style que le bureau. Au pied du porte-manteau était posée une grande valise à roulette en nylon noir. Je me suis demandé qu’est ce que cette valise venait faire là. Avait-il un train à prendre d’urgence après s’être occupé de nous ?

Il m’a fait signe de m’asseoir, lui a désigné le porte-manteau en lui demandant de se déshabiller – complètement. Il a dit – complètement – de telle manière qu’il n’y avait aucun doute sur ce qu’elle avait à faire, ni qu’elle allait le faire. Je ne l’avais jamais vue aussi soumise. Je ne l’imaginais même pas capable d’une telle soumission. J’étais un peu jaloux et en même temps très curieux de ce qui allait suivre.

Elle évitait mon regard. Elle était nue. J’avais habituellement le plus grand mal à la voir nue. Elle n’aimait pas que je la regarde. Il l’a aidée à monter sur la pierre, la faisant s’asseoir avec les genoux remontés le long du buste, les bras autour de ses tibias, les talons contre ses fesses. Il ne disait rien, utilisant ses mains pour placer son corps. Je n’avais jamais vu autant de contrôle chez quelqu’un.

Quand à un moment elle a posé son menton sur ses genoux comme pour se reposer un peu, il est revenu vers elle et l’a remontée en lui donnant un angle droit avec son cou. J’ai été surpris qu’elle suive. Tout dans ce petit mouvement sentait la contrainte. En relevant le menton de la sorte il était évident que l’abandon n’était plus possible.

Il a ouvert la valise dont il a tiré un rouleau d’une matière plastique bleutée vaguement transparente. Un peu comme un film alimentaire en plus large. Il s’est rapproché d’elle et a enveloppé ses bras l’un à l’autre au niveau des poignets puis, avec une adresse incroyable, dans un silence troublé seulement par les craquements du plastique qui se déroulait, il a enveloppé ses chevilles et liés chevilles et poignets.

Il faisait chaud dans la pièce, deux gros radiateurs de fonte que je n’avais d’abord pas remarqués semblaient fonctionner à plein. Il a ensuite commencé à envelopper ses jambes, ses bras et son torse. Rapidement seuls dépassaient encore ses pieds, son cou et sa tête. J’ai vu qu’elle fronçait les sourcils. J’imaginais ses muscles qui éprouvaient inconsciemment la résistance du film, son sexe à même la pierre.

Je ne comprenais pas qu’elle ne dise toujours rien. Elle avait l’air ailleurs. A un moment il s’est retourné pour prendre quelque chose dans la valise. Elle a essayé de tourner la tête vers moi – enfin c’est ce que j’ai pensé car elle n’a pas terminé son mouvement, ne pouvant déjà plus bouger comme elle le voulait sous peine de perte de l’équilibre.

Il est revenu et a ouvert sa bouche pour la faire mordre dans un tuyau droit dont l’embouchure était du même type que celle des tubas pour faire de la plongée en apnée. Il a rapidement mis un sac de plastique transparent autour de sa tête en englobant le tube. Il a assuré l’étanchéité au niveau du cou par quelques tours de plastique supplémentaires.

J’ai failli me lever et intervenir mais j’étais trop fasciné par ce qui se passait. Le sac se collait contre ses cheveux et sa peau, elle essayait de bouger mais en était incapable. Au niveau du tuyau le sac faisait d’horribles bruits de succion. Après un temps qui m’a semblé long, très long, il a percé le sac au niveau du tuyau.

Tout de suite le bruit de son souffle a rempli l’espace. Elle aspirait l’air de tous ses poumons et le recrachait avec la même avidité. Une fois l’étanchéité faite au niveau du tuyau il a commencé à envelopper le cou et la tête. En une dizaine de tours on ne la reconnaissait déjà plus. A la fin, ne restait d’elle qu’une silhouette improbable de plastique brillant. Avec ce souffle qui s’était fait plus régulier mais qui ne ralentissait pas dans son avidité d’air.

Il l’a ensuite fait basculer sur le côté et son sexe et ses fesses se sont dévoilés derrière ses talons. Elle était humide. Une flaque de sueur s’était formée sur la pierre. Il a pris dans l’ouverture entre ses jambes le début du film plastique qu’il avait laissé en attente et l’a relié au reste du rouleau par un gros nœud rond de la taille d’un œuf qu’il a placé entre les lèvres de son sexe. Il a serré et le nœud s’est positionné plus profondément, le souffle s’est accéléré.

Il a fini de l’envelopper, complètement, jusqu’aux pieds qui ne formaient plus qu’une toute petite protubérance. Je ne voyais plus qu’une silhouette de plastique, comme un objet inanimé que l’on regarde sans y prendre garde. Elle était posée sur la côte. Il l’a redressée. J’ai vu un peu de sueur perler aux tempes de l’homme sous l’effort.

Il m’a regardé dans les yeux et a mis la paume de sa main à plat contre le trou. L’air n’arrivait plus. Il a souri doucement. Il a enlevé sa paume puis la remise puis l’a enlevée. Il a commencé à jouer avec le conduit. J’ai vu qu’il bandait. Je crois que moi aussi.

Il s’est arrêté aussi brusquement qu’il avait commencé, laissant l’air affluer, il m’a fait signe de me lever. Il a posé la valise à plat sur le sol, l’a ouverte en grand, une main a pris la nuque de ma femme, l’autre la base de ses fesses. A son regard j’ai compris qu’il fallait que je fasse de même et nous l’avons descendue dans la valise.

Elle y tenait toute entière. Les fesses du côté des roulettes. Il a zippé les deux battants, a donné un tour de clé à la serrure, m’a donné la clé, a relevé la valise, a plié les vêtements, les a glissés dans un sac en papier kraft, a sorti la poignée télescopique et m’a indiqué la sortie en me la mettant dans la main.

Je suis sur le trottoir. Il fait nuit. Je crois qu’il faut que je rentre à la maison.
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Message  Invité Ven 7 Nov 2008 - 8:39

C'est très prenant ! J'ai adoré cette ambiance érotique et inquiétante, la distance clinique perturbante de la narration, la chute à la limite du burlesque.

Une belle réussite je trouve.

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Message  Arielle Ven 7 Nov 2008 - 8:49

J'ai retenu mon souffle tout du long, le réglant sur celui de la dame...Haletant!
Je craignais pour la fin qui ne m'a pas déçue, bien au contraire! Mais j'aurais dû m'en douter puisque c'était signé Mano. Juste la pointe d'humour qu'il fallait à ce moment-là et le plaisir d'imaginer la suite...

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Message  Invité Ven 7 Nov 2008 - 9:03

On sent monter la tension, tout cela est décrit en termes simples, c'est très efficace. La chute m'a interpellée, je l'ai relue deux fois, clin d'oeil facétieux qui remet les pendules à l'heure.

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Message  Invité Ven 7 Nov 2008 - 9:14

Tout en moi HURLE à cette lecture !
Bravo !

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Message  pierre-henri Ven 7 Nov 2008 - 15:51

Non.
Sans vouloir te vexer,(ni jouer les pères la pudeur), je ne perçois pas d'intérêt autre qu'auto-masturbatoire à ce texte.
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Message  mentor Ven 7 Nov 2008 - 16:24

saisissant

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Message  pierre-henri Ven 7 Nov 2008 - 17:49

pierre-henri a écrit:Non.
Sans vouloir te vexer,(ni jouer les pères la pudeur), je ne perçois pas d'intérêt autre qu'auto-masturbatoire à ce texte.
Je reprends: je n'ai pas voulu dire que ton texte était "nul", mal écrit, mal mené, mal monté. Seulement que cette "histoire" me semblait (à moi) dénuée d'intérêt.
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Message  Loupbleu Ven 7 Nov 2008 - 18:29

J'ai pas mal de réserve sur ce texte :

Sur le style, je suis réservé sur une façon quand même un peu simple (notamment la structure de phrase, débutant presque toujours par "je, "il,"elle"). L'usage des temps me semble par moment un peu étrange (sans doute la volonté de ne pas utiliser le passé simple).

Certains passages sont à mon avis réellement faibles ("des mensurations que je connais bien pour vivre avec elle", par exemple). L'absence de cohérence des personnages (je l'ai imaginée délibérée) m'a laissé froid.

J'aime bien la pointe d'humour distanciée de la fin. Je ne suis pas choqué, mais loin, loin d'être exhalté par l'univers et l'imagerie...

Je suis donc pas emballé (je dis pas ça que pour faire un bon mot), ni par la forme, ni par le fond...
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Message  Lucy Lun 10 Nov 2008 - 19:29

Ben, voyons ! Je ne regarderai plus jamais mon Saran de la même façon ! Gosh!
On peut dire que j’ai embarqué en me demandant jusqu’où ça allait aller.
La phrase de conclusion est tout simplement géniale.
Mano, merci pour ce moment de lecture que je qualifierais de jouissif !
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Message  Evanescent Lun 10 Nov 2008 - 21:40

J'ai eu très peur que tu ne te casses pas gueule à la fin... mais non. (ouf) Bravo !

Pas mal du tout les retours à la ligne constants pour l'ambiance. ca fait... haletant. re-bravo !
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Message  Invité Mar 11 Nov 2008 - 9:29

T'as eu peur qu'il ne se casse pas la gueule , Eva ? Et heureusement, il l'a fait ? J'ai très peur de pas être sûre de pas comprendre ta pensée, là ! ^^

Ce texte m'a dérangée beaucoup plus profondément que je ne l'imaginais en fin de première lecture.
Je remarque que seules des femmes ont réagi laudativement . Je me demande pourquoi (et vous en suis reconnaissante, messieurs !)
Je me demande pourquoi j'ai ainsi réagi moi-même, pourquoi j'ai dit bravo au malaise qu'il m'a communiqué. Pour surmonter ? Pour avoir l'air de reconnaitre de l'Art, puisqu'il est communément admis que l'Art doit déranger, et que ça m'avait dérangée ?
Je ne peux pas en rester là : qu'est-ce que c'est cette histoire où une femme est gommée , chosifiée, présentée sous blister comme un morceau de barbaque consentante , consommable et même pas consommée, bien plus maitrise , hein ? Qu'est-ce que c'est cette histoire où ce qui fait bander les mecs, c'est non pas l'autre mais leur propre pouvoir?
C'est quoi, comme relation? Et après ?
Mano, répond-moi, s'il te plait.

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Message  mitsouko Mar 11 Nov 2008 - 12:12

très belle ambiance , tu as su éviter les pièges érotico sadomaso classiques
cette distance vis à vis des corps, ce silence derrière chaque mot
la chute est délectable
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Message  Evanescent Mar 11 Nov 2008 - 21:53

T'as eu peur qu'il ne se casse pas la gueule , Eva ? Et heureusement, il l'a fait ? J'ai très peur de pas être sûre de pas comprendre ta pensée, là ! ^^
J'ai mis un "pas" en trop ; sans doute parce que je voulais dire l'un et l'autre, mais pas un truc entre les deux. (logique, je sais)

je peux te répondre moi aussi ?

Je remarque que seules des femmes ont réagi laudativement . Je me demande pourquoi (et vous en suis reconnaissante, messieurs !)
Qu'est-ce que ça veut dire, laudativement ?^^
Le sujet de se texte a déjà été vu et revu, et dans bon nombre de bouquin une scène du genre est présente. Et les neuf dixièmes du temps je ne réagit même pas au sens tellement c'est mal fait, mal écrit. Pour que ça dérange, il faut que ça soit bien écrit. C'est ce que j'ai apprécié ici. Le style.

Extasy, de murakami, est ma référence (et celle de beaucoup de gens) dans le genre. Et murakami m'émerveille à chaque mot, bien que le sens de certaines scènes soit insoutenable.

Je ne peux pas en rester là : qu'est-ce que c'est cette histoire où une femme est gommée , chosifiée, présentée sous blister comme un morceau de barbaque consentante , consommable et même pas consommée, bien plus maitrise , hein ? Qu'est-ce que c'est cette histoire où ce qui fait bander les mecs, c'est non pas l'autre mais leur propre pouvoir?
C'est quoi, comme relation? Et après ?
Il me semble que régir négativement à ce texte, c'est réagir positivement à l'inverse. Et l'inverse et tellement évident qu'on ne se pose même pas la question. Au moins, là, on aura eu l'occasion de le faire.
Moi, j'aime bien qu'on me rappelle ce que peuvent être les gens. Y'en a plein des mecs comme celui là, que la domination fait bander plus que la femme. Y'a des femmes aussi. Ainsi que l'inverse. C'est pas 1% de la population, les SM. Et y'a tellement pire.
Alors je ne vois pas pourquoi on ne pourrais pas le dire ; puisque c'est un fait. Y'a des gens que ça dérange et j'en fait partie, y'en a d'autre que ça ne dérange pas du tout.

Je maintiens que j'aime bien ce texte. Je ne crois pas avoir besoin d'agréer un texte pour l'aimer.
Mano, ta réponse m'interesse.
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Message  Invité Mar 11 Nov 2008 - 22:48

Je pense que ça soulève tellement de questions qu'il serait préférable d'aller discuter sur un autre fil, Eva, je continuerais bien sur débats

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Message  Invité Mar 11 Nov 2008 - 23:19

Heu finalement...je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée !
Pas envie de rentrer dans des querelles qui ne me concernent pas et qui n'apportent rien à personne.
En revanche, j'ai bien envie de poursuivre la discussion sur les rapports entre l'art et l'insoutenable ( et faire entrer dans cette discussion les neurones -miroirs) mais j'aimerais avoir le point de vue de Mano avant d'en discuter...
Y'a des phrases pas très claires, Eva dans ce que tu me dis! ^^
Il me semble que régir négativement à ce texte, c'est réagir positivement à l'inverse. Et l'inverse et tellement évident qu'on ne se pose même pas la question. c'est quoi, l'inverse ?
Y'a des femmes aussi. Ainsi que l'inverse. ...c'est quoi l'inverse ? je fais pas exprès, hein, je ne comprends vraiment pas !^^
Je suis d'accord avec toi au moins sur un point : c'est très bien écrit. Mais justement.

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Message  LPP Mer 12 Nov 2008 - 0:26

moi j'ai adoré ce texte, provoquer le malaise sans tomber dans le trash ,tout en supposé,c'est bien joué, le style est clair, les mots bien choisis,la formulation est(volontairement?)simple et ca joue en la faveur du rythme
(Juste un truc pour moi, le gars quand il ouvre la valise sa nana elle est clamsée.)
franchement....bien
bien amicalement
LpP

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Message  Mano Mer 12 Nov 2008 - 15:18

Répondre...

Avant tout il s'agit de faire une fiction, une fiction qui fonctionne, de préférence. Sur des sources qui m'ont interpellé ; en l'occurence une photo d'une dame en plastique avec un embout dans la bouche et une petite annonce vue au Canada qui proposait des cours de bondage pour les couples. Je me suis demandé qu'est-ce que je fais de ça ?

Comme tout le monde, je me débrouille avec. Ne comptez pas sur moi pour prendre position.

Intérêt, pas intérêt ? Chacun voit midi à sa porte. Je ne vais pas me battre.

Je suis d'accord avec Loup bleu sur un point, je ne sais absolument pas utiliser la concordance des temps. Je suis obligé de compenser en permanence. D'un autre côté cela m'oblige à une économie de moyens pour que tout tienne.

Pour moi, il y a une autre histoire qui commence après la dernière phrase et celle-là chacun doit pouvoir se l'écrire : morte ou pas morte pour reprendre LPP (ce qui est sûr c'est que dans l'expérience de physique du chat et du carton, on ne peut pas être sûr de la mort du chat tant qu'on a pas ouvert le carton et que c'est peut-être même le fait d'ouvrir le carton qui a tué le chat...) ou plus sérieusement, comment la faire sortir de sa gangue, dans quel état le narrateur va-t-il la retrouver... quel âge ont-ils, qu'est-ce qui a bien pu les pousser à... vont-ils faire l'amour comme des... veut-elle prendre un bain... vont-ils divorcer...

Je pense que ce texte fonctionne plutôt bien car il ouvre un champ assez large de possibles et d'interrogations. A condition évidement qu'on le juge crédible... à ce propos il manque à mon avis un passage de signature d'une décharge... (surtout dans un pays anglo-saxon...). Signature d'une décharge...

Si je me rappelle bien Coline Dé, la théorie du neurone miroir est la suivante :

la vision d'un geste actionne la même zone du cerveau que le geste lui-même

ou encore :

la zone du cerveau activée lorsqu’on est acteur d’une scène est la même
que celle activée lorsqu’on en est le lecteur ou le spectateur.

D'où l'importance des représentations et du fantasme... ce qui est sûr est que le passage à l'acte est autre chose. Quand à la symbolique ? Prendre du plaisir à être attaché ou a attacher, réellement, implique-t-il forcément une vision du monde ? Je ne sais pas.

Ce que je crois comprendre c'est qu'il ne faut pas confondre pouvoir et puissance et que cette confusion est assez masculine. Maintenant, pour ce qui est d'être de la barbaque, je suis persuadé que ce n'est pas une caractéristique exclusivement féminine...
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Message  Invité Mer 12 Nov 2008 - 21:28

Merci de m'avoir répondu, Mano. Ta nouvelle est très bien, très efficace; je pense que ma réaction concerne surtout le profond malaise qu'elle a suscité chez moi ( des vieux restes de féminisme que je croyais morts depuis bien longtemps ^^) et au delà une question que je me pose de plus en plus souvent : dans quelle mesure, montrant ( écrits, films...) des choses horribles contribuons-nous à les rendre banales, et favorisons donc ainsi des passages à l'acte ? Si la théorie des neurones-miroirs est exacte, cela signifie que chaque individu qui aura vu une action X (!) aura été stimulé de la même façon, dans les mêmes zones, que s'il avait lui-même accompli cette action, et le premier pas étant en quelque sorte franchi, la probabilité qu'il l'accomplisse réellement en est sensiblement augmentée. Ce qui expliquerait la croissance de la violence, de la pornographie etc... Et, à la limite, plus c'est bien fait, efficace, plus ce serait nocif ...
Bon, je sens que je vais être obligée de me reconvertir dans le conte pour enfants, après ce beau discours !
Et je ne voudrais pas que tu croies que je te fais un procès, Mano, c'est juste tombé sur toi parce que, plus que d'autres, ton texte m'a tellement bousculée ! Mais si tu es capable de faire la différence entre puissance et pouvoir, tu peux sûrement aussi la faire entre questionnement et procès.
Ce que tu écris m'intéresse.

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Message  Mano Ven 14 Nov 2008 - 8:18

On peut aussi imaginer Coline Dé que justement, parce que la zone activée par la fiction se fait en miroir de celle de la réalité de l'acte, qu'elle active les mêmes zones (du plaisir par exemple), alors la fiction peut différer et minimiser les chances du passage à l'acte ? Un peu comme une catharsis ?

Pour ma part je crois qu'il s'agit plutôt d'une question d'apprentissage de soi. Avec quel côté du miroir on perçoit la réalité des choses.

Pour ma part j'ai le très net sentiment qu'en matière de désir, les mots et les images sont premiers par rapport aux sensations et aux émotions. J'ai bien dis pour ma part, je ne généralise pas.

Ce qui ne veux pas dire que les sensations et les émotions n'existent pas du tout, cela veut dire que pour les appréhender j'ai besoin de les représenter. Cela complique un peu, c'est vrai.
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Message  bertrand-môgendre Ven 14 Nov 2008 - 19:34

Avec une économie de moyens pompeux, tu arrives à décrire cette scène particulièrement horrible. Pas de chichi. Que du texte genre reportage journalistique.
Voilà ! Je crois qu'il manque les sentiments de ce couple.
La dernière phrase donne une note finale comme la remise en action d'une réflexion encore endormie, hypnotisée.
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Message  Krystelle Ven 14 Nov 2008 - 20:30

Il y a toujours quelque chose de captivant dans l'horreur, dans l'obscène ou dans le sordide et c'est vrai que, en cela, ton texte capte le lecteur.
Mais après ?
Je veux dire, tu décris, nous imaginons, et puis quoi ?
La scène est dépeinte, geste après geste, pour que nous nous la représentions, c'est ce que nous faisons et ce qui provoque chez nous des réactions.
C'est bien de faire réagir ses lecteurs.
Mais que fais-tu de ça ?
Où est là littérature dans tout cela ?
Bref, de mon point de vue (et je peux comprendre qu'il ne soit pas partagé), ça ne suffit pas, vraiment pas.

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Message  Marie D Dim 16 Nov 2008 - 21:21

Etant légèrement asthmatique et ayant déjà manqué d'air, je dois dire que ton texte m'a littéralement fait paniquer. Moi aussi j'ai retenu mon souffle, mais bien malgré moi, ayant l'impression que c'était moi, enroulée dans ce plastique.
Un moment donc déroutant et effrayant pour moi, et bizarrement j'ai été incapable de détacher mes yeux de ton histoire, comme si, m'ayant enlevé l'oxygène, elle seule pouvait me le redonner.
Ca a été le cas bien sûr, sinon je ne pourrais pas te laisser ce message^^
Donc, je suis intriguée, fascinée, déroutée, choquée, impressionnée, bref j'ai ressenti beaucoup de choses, beaucoup d'émotions, et c'est en cela que je salue ton texte.
Sinon il m'a rendue clostro... (mais j'ai bien aimé quand même, quel paradoxe!)
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Message  Mano Lun 17 Nov 2008 - 8:40

Mano a écrit:Elle fait 1m72 pour 59 kilos, des mensurations que je connais bien pour vivre avec elle. Quand nous étions passés devant cette boutique de jouets sexuels de Queen Street et que nous avions poussé la porte par jeu et par défi, je n’aurais jamais imaginé que cela puisse se terminer ainsi.

Il y avait cette annonce au milieu des autres : Karr Avon – expérimentez la joie et le plaisir des liens. Elle avait horreur d’être entravée. Elle dormait la fenêtre ouverte, ne supportait pas que je lui tienne la main trop longtemps ou que je bloque l’un de ses membres lorsque nous faisions l’amour. Je ne sais pas pourquoi elle a noté le numéro indiqué.

Toujours est-il que nous nous sommes retrouvés quelques quinze jours plus tard devant un homme d’une cinquantaine d’années, le cheveux blanc et bien coupé, un col roulé noir, des doigts manucurés, qui nous a demandé ce que nous connaissions des liens. Rien à été notre réponse. Rien d’autre que les images de Japonaises ficelées et de Betty Page que tout le monde a déjà plus ou moins vues une fois dans sa vie.

Il nous a écoutés un peu à la manière d’un psy, en silence, les mains croisées devant lui, hochant la tête de temps en temps. Il nous a demandé ce que nous voulions. Nous n’en savions rien. Nous avions poussé la porte sans réfléchir vraiment à ce que nous voulions. Voir, sans doute.

Il l’a regardée, comme s’il la mesurait. J’ai vu qu’elle se troublait. Il nous a dit de revenir dans une heure. Il s’est levé et nous a laissés seuls dans la salle vide. Nous sommes allés dans le café-librairie qui faisait le coin avec Main Street. Ma gorge était nouée. Je voyais bien qu’elle aussi ne voulait pas parler. Nous avons bu un thé organique népalais en grignotant du bout des lèvres un cake aux carottes et au sésame.

Quand nous sommes revenus dans la salle il n’y avait personne. Nous avons encore attendu une demi heure. Le jour commençait à tomber. La lumière devenait plus faible. Nous serions peut-être partis si nous n’avions vu une ombre passer de temps en temps derrière le verre dépoli de la porte-fenêtre qui se trouvait derrière le bureau où il nous avait reçu.

La pièce était blanche avec un plancher de bois clair très propre. Le bureau avait une esthétique années 20. Pas de photos, pas de cadres, rien. Rien, si ce n’est ce nom gravé sur la plaque dorée sous la sonnette de la porte d’entrée : Karr Avon.

La porte s’est ouverte, en contre-jour il est apparu. Il nous a fait signe de le suivre. La pièce d’après était plus grande, avec toujours le même plancher sauf que les murs étaient d’un gris souris mat. Le plafond avait une hauteur d’au moins trois mètres, un ancien atelier sans doute, avec tout un système de poulies et de tringles qui faisait ressembler les lieux à une arrière-scène de théâtre.

Au centre de la pièce il y avait un bloc de pierre rectangulaire anthracite d’environ un mètre de large sur un mètre de hauteur et deux de longueur. A côté se trouvaient un perroquet et une chaise d’un bois plus foncé toujours dans le même style que le bureau. Au pied du porte-manteau était posée une grande valise à roulette en nylon noir. Je me suis demandé qu’est ce que cette valise venait faire là. Avait-il un train à prendre d’urgence après s’être occupé de nous ?

Il m’a fait signe de m’asseoir, lui a désigné le porte-manteau en lui demandant de se déshabiller – complètement. Il a dit – complètement – de telle manière qu’il n’y avait aucun doute sur ce qu’elle avait à faire, ni qu’elle allait le faire. Je ne l’avais jamais vue aussi soumise. Je ne l’imaginais même pas capable d’une telle soumission. J’étais un peu jaloux et en même temps très curieux de ce qui allait suivre.

Elle évitait mon regard. Elle était nue. J’avais habituellement le plus grand mal à la voir nue. Elle n’aimait pas que je la regarde. Il l’a aidée à monter sur la pierre, la faisant s’asseoir avec les genoux remontés le long du buste, les bras autour de ses tibias, les talons contre ses fesses. Il ne disait rien, utilisant ses mains pour placer son corps. Je n’avais jamais vu autant de contrôle chez quelqu’un.

Quand à un moment elle a posé son menton sur ses genoux comme pour se reposer un peu, il est revenu vers elle et l’a remontée en lui donnant un angle droit avec son cou. J’ai été surpris qu’elle suive. Tout dans ce petit mouvement sentait la contrainte. En relevant le menton de la sorte il était évident que l’abandon n’était plus possible.

Il a ouvert la valise dont il a tiré un rouleau d’une matière plastique bleutée vaguement transparente. Un peu comme un film alimentaire en plus large. Il s’est rapproché d’elle et a enveloppé ses bras l’un à l’autre au niveau des poignets puis, avec une adresse incroyable, dans un silence troublé seulement par les craquements du plastique qui se déroulait, il a enveloppé ses chevilles et liés chevilles et poignets.

Il faisait chaud dans la pièce, deux gros radiateurs de fonte que je n’avais d’abord pas remarqués semblaient fonctionner à plein. Il a ensuite commencé à envelopper ses jambes, ses bras et son torse. Rapidement seuls dépassaient encore ses pieds, son cou et sa tête. J’ai vu qu’elle fronçait les sourcils. J’imaginais ses muscles qui éprouvaient inconsciemment la résistance du film, son sexe à même la pierre.

Je ne comprenais pas qu’elle ne dise toujours rien. Elle avait l’air ailleurs. A un moment il s’est retourné pour prendre quelque chose dans la valise. Elle a essayé de tourner la tête vers moi – enfin c’est ce que j’ai pensé car elle n’a pas terminé son mouvement, ne pouvant déjà plus bouger comme elle le voulait sous peine de perte de l’équilibre.

Il est revenu et a ouvert sa bouche pour la faire mordre dans un tuyau droit dont l’embouchure était du même type que celle des tubas pour faire de la plongée en apnée. Il a rapidement mis un sac de plastique transparent autour de sa tête en englobant le tube. Il a assuré l’étanchéité au niveau du cou par quelques tours de plastique supplémentaires.

J’ai failli me lever et intervenir mais j’étais trop fasciné par ce qui se passait. Le sac se collait contre ses cheveux et sa peau, elle essayait de bouger mais en était incapable. Au niveau du tuyau le sac faisait d’horribles bruits de succion. Après un temps qui m’a semblé long, très long, il a percé le sac au niveau du tuyau.

Tout de suite le bruit de son souffle a rempli l’espace. Elle aspirait l’air de tous ses poumons et le recrachait avec la même avidité. Une fois l’étanchéité faite au niveau du tuyau il a commencé à envelopper le cou et la tête. En une dizaine de tours on ne la reconnaissait déjà plus. A la fin, ne restait d’elle qu’une silhouette improbable de plastique brillant. Avec ce souffle qui s’était fait plus régulier mais qui ne ralentissait pas dans son avidité d’air.

Il l’a ensuite fait basculer sur le côté et son sexe et ses fesses se sont dévoilés derrière ses talons. Elle était humide. Une flaque de sueur s’était formée sur la pierre. Il a pris dans l’ouverture entre ses jambes le début du film plastique qu’il avait laissé en attente et l’a relié au reste du rouleau par un gros nœud rond de la taille d’un œuf qu’il a placé entre les lèvres de son sexe. Il a serré et le nœud s’est positionné plus profondément, le souffle s’est accéléré.

Il a fini de l’envelopper, complètement, jusqu’aux pieds qui ne formaient plus qu’une toute petite protubérance. Je ne voyais plus qu’une silhouette de plastique, comme un objet inanimé que l’on regarde sans y prendre garde. Elle était posée sur la côte. Il l’a redressée. J’ai vu un peu de sueur perler aux tempes de l’homme sous l’effort.

Il m’a regardé dans les yeux et a mis la paume de sa main à plat contre le trou. L’air n’arrivait plus. Il a souri doucement. Il a enlevé sa paume puis la remise puis l’a enlevée. Il a commencé à jouer avec le conduit. J’ai vu qu’il bandait. Je crois que moi aussi.

Il s’est arrêté aussi brusquement qu’il avait commencé, laissant l’air affluer, il m’a fait signe de me lever. Il a posé la valise à plat sur le sol, l’a ouverte en grand, une main a pris la nuque de ma femme, l’autre la base de ses fesses. A son regard j’ai compris qu’il fallait que je fasse de même et nous l’avons descendue dans la valise.

Elle y tenait toute entière. Les fesses du côté des roulettes. Il a zippé les deux battants, a donné un tour de clé à la serrure, m’a donné la clé, a relevé la valise, a plié les vêtements, les a glissés dans un sac en papier kraft, a sorti la poignée télescopique et m’a indiqué la sortie en me la mettant dans la main.

Je suis sur le trottoir. Il fait nuit. Je crois qu’il faut que je rentre à la maison.

Voilà. Je crois que ce texte est une histoire de couple. Il y a une complicité entre les deux, avec des non-dits. Il y a besoin d'échange mais les protagonistes sont obligés de passer par un tiers pour aller vers les zones les plus reculées (sombres mais dans le sens obscurité pas moral) de leurs cerveaux.

L'élément moteur dans l'histoire est la femme jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus rien faire. Mais même complètement immobilisée, c'est bien son souffle à elle qu'on entend. Pas seulement le plaisir ou l'excitation des deux hommes. Il est possible qu'elle éprouve du plaisir à la situation, en se laissant aller, faire, comme jamais avant. Ce qui n'est pas forcément le cas dans une relation de de corps avec son partenaire de couple parce que le quotidien est là (en tout cas pas forcément jusque là...).

Il y a mise en scène, suspension (c'est encore plus vrai dans d'autres types de bondage). Là, un tiers intervient, ce qui évite les conflits de pouvoirs entre les deux parties.

Le paragraphe en rouge est celui qui à mon avis est le plus trouble, deux hommes en érection face à face au son du souffle de la femme. Que vont-ils faire ? Qui la possède ? Rien, personne, en l'occurence, la distance reste là-même.

Je n'ai pas de réponses. Pour ceux qui se demande où est la littérature. Sans avoir la prétention d'en faire de la "grande", j'ai au moins l'impression d'avoir réussi à poser quelques questions, dans une situation de fiction suffisamment crédible pour que l'on s'identifie. On pourrait imaginer une autre scéance avec l'homme attaché... les questions seraient presque les mêmes mais pas tout à fait.

Pour ceux qui y voit beaucoup d'horreur, j'y vois aussi beaucoup de confiance. Et une petite dose de naïveté, peut-être aussi.

Bref. Je ne répondrai plus pour laisser de la place à d'autres textes. Merci du partage.
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Message  Invité Lun 17 Nov 2008 - 9:42

Ce que j'aime en tout cas chez toi, c'est que tu ne fais pas du sensationnel pour frimer, mais bien avec des interrogations, et pour ma part, je considère que ça, c'est littéraire. Après, la question de style ... la simplicité est efficace, et sert le propos. La construction avec beaucoup de pronom personnels en début de phrase me semble assez judicieuse, en ce sens qu'elle centre bien l'attention sur les personnages.
Et j'aime aussi beaucoup l'absence de jugement de valeur.

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Message  Invité Lun 17 Nov 2008 - 9:46

Je viens juste de penser à une pratique thérapeutique, utilisée en hopital psychiâtrique, qu'on appelle un "pack" et qui consiste en enveloppements dans des draps mouillés. Je n'ai jamas assisté, mais j'imagine assez des convergences possibles ...

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Message  Loupbleu Lun 17 Nov 2008 - 15:11

Je me permets de reprendre plus en détail ce qu'il m'a semblé poser question concernant le "style" du texte :

"des mensurations que je connais bien pour vivre avec elle" : la relation vivre avec quelqu'un / connaître ses mensurations n'a rien de direct ! Le lien "logique" pour me semble maladroit.

"boutique de jouets sexuels" : Pourquoi pas sex-shop ? Le texte se déroule, de plus, dans un pays anglo-saxon...

Elle avait horreur d’être entravée. Elle dormait la fenêtre ouverte (...) : ne correspond pas au fait d'être "entravé" (peut-être que le mot est mal choisi par rapport aux exemples ou le contaire.

"elle a noté" : il me semble que "elle avait noté" est plus correct.

"toujours est-il" : toujours était-il me semble plus cohérent avec le temps du récit.

Rien à été notre réponse : il faudrait sans doute des guillemets sur "rien"
ou un tiret, sinon la phrase n'est pas correcte.

"ce que nous voulions" est répété.

Voilà pour les trois premier paragraphes. Je ne continue pas, mais je me permets de soumettre à ta réflexion le fait qu'il y a sans doute des éléments stylistiques à améliorer, et je crois que ce n'est qu'à ce prix qu'un texte peut "tenir le coup".


Concernant le thème, il a déjà en effet été utilisé (par exemple : histoire d'O, même thème, même volonté de "détachement"). A la différence que tu ne places pas le texte du point de vue de la femme mais du voyeur. A ce propos, je t'invite à t'interroger dans ce texte à la place que tu accordes au regard (qui regarde quoi), au visible et à l'invisible. C'est à mon sens (à mon goût) ce pourquoi je n'ai pas aimé le texte, et même si je lui reconnais des qualités, qu'au fond je le trouve faible.
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Message  Luna Mer 19 Nov 2008 - 11:13

Pour ma part, le point fort de ce texte est qu'il fait ressentir des émotions diverses, il est étrange, attrayant et effrayant en même temps. Il y a une ambiance vraiment particulière. J'ai eu l'impression amusante de lire quelque chose de secret, d'interdit. Bien vu sur le fait que les "clichés" ont été subtilement évités...
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Message  Sahkti Ven 5 Déc 2008 - 14:14

Ce texte me paraît assez inégal dans le traitement que tu lui donnes. Il y a des considérations assez plates, superflues et puis d'autres moments plus intenses, qui laissent percevoir un côté érotico-mystérieux, plutôt intéressant bien qu'à mes yeux, tu t'appuies trop dessus et axes tout sur ce schéma.
Sur le fond, un truc me dérange: dans le bondage par exemple, homme et femme y trouvent du plaisir. Ici, est-ce le cas? Elle se fait emballer, tu laisses sous-entendre que ça pourrait l'exciter vu l'aspect mouillé de la pierre sous son sexe, mais n'est-ce pas plutôt de la peur? Peur et plaisir ne sont pas incompatibles, c'est certain mais cette femme n'a aucune réaction durant tout le texte. C'est dérangeant. Certes, tu insistes sur son côté esclave soumise mais tout de même, on dirait un mannequin de cire, elle n'a pas d'âme.
Question style, tu réussis à insuffler une tension palpable dans ton texte, c'est oppressant et sur ce point, c'est bien vu.
Au final, je reste partagée, non pas que ce soit inabouti par écrit mais il me manque un truc dans l'intention de l'homme. Ça ne mène à rien ou presque, exposé comme cela.
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Message  Sahkti Ven 5 Déc 2008 - 14:15

Et pour ce qui est du rapport de l'art au corps, à la cruauté et compagnie, je ne peux que recommander la lecture de "Clara et la pénombre" de Somoza (pas la première fois que je le fais ici)
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Message  Mano Ven 5 Déc 2008 - 16:42

Peut-être que tout simplement le couple est dépassé par les évènements... peut-être qu'ils ne savaient pas à quoi s'attendre et qu'ils subissent. Peut-être que ce n'est pas l'homme qui a voulu y aller comme certains d'entre vous le suppose. C'est une décision commune, ou une réponse muette de la femme, par l'action, à un désir par forcément avoué. Ce ne sont pas eux qui maîtrise. L'un devient objet, l'autre devient voyeur. Le point de vue est celui de l'homme, on pourrait imaginer des points de vues croisés. C'est vrai. Mais j'ai choisi le côté voyeur. Avec cette question finale, qu'est-ce qu'on fait du corps dans le fantasme... dans la réalité, la valise est pleine, que va-t-il faire ? Comment va-t-il faire... celui qui bande dans l'histoire c'est le "professeur". L'homme, voudrait bien mais ne sait pas forcément comment faire... la femme, elle, est emballée... quand à la tache d'humidité cela peut tout simplement être de la sueur. Entourez vous le bras de plastique et vous verrez à quelle vitesse le corps suinte...

Bref, ce qui m'intéresse c'est l'irruption de l'absolument étrange dans le quotidien d'un couple qui est passé à lacte sans savoir quel acte...

Pour moi le sujet n'est pas dans un classique maitre/esclave. Il y a deux adultes égaux qui décident de faire, de tenter, que se passe-t-il ?


Pour ce qui est de la boutique de jouets sexuels, c'est très tendance comme formulation Loup Bleu, comme le cake aux carottes et au sésame.

Pour ce qui est de connaître les mensurations de l'autre parce qu'on vit avec, cela ne me parait pas abusif.

Mais je ne suis pas là pour chipoter, je pense qu'effectivement je peux retravailler tout cela. Merci donc pour les remarques.
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Message  lemon a Sam 6 Déc 2008 - 23:17

Je n'ai pas lu tous les commentaires.

J'ai plutot bien aimé. Notamment la trame et la chute. Disons que la curiosité maintient la lecture, on a envie de savoir ce qui va se passer de connaitre la suite.

Sur le style, j'ai trouvé le début parfait, fluide, simple, lisible, impeccable. L'écriture devient plus "borderline" par la suite, c'est à dire qu'on sent un exces de neutralité / simplicité nuisant au plaisir de la lecture. Ca m'a fait pensé au Pinguin d'un auteur russe dont je ne me souviens plus le nom, tout est simple, explicatif, on ouvre les portes avant de franchir les seuils et on appuie sur la poignée avant d'ouvrir une porte.... il n'y a pas de changement de perspective, c'est pauvre, desinvesti. J'aurai aimé que l'ensemble soit moins linéaire, moins "je met un pied devant l'autre pour marcher". Pauvreté également au niveau de la psychologie des personnages qui reste froide et sans enjeu... on dirait des robots ou des poupées, leurs reactions sont assez stéréotypique en même temps que l'écriture est complétement depassionnée. Curieux mélange.

Bon j'ai bien aimé donc, mais je trouve l'écriture un peu limite. Un peu trop blanche.
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