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Message  Evanescent Jeu 27 Nov 2008 - 12:50

Un texte que j'ai écrit l'année dernière pour un cours de français.
Le sujet : Un personnage à la Balzac.
Je me demande si je peux en faire quelque chose. enfin, je vous demande ^^


   L’homme errait dans une maison aux murs craquelés composée de deux pièces seulement. Ses cheveux étaient blancs sur les tempes et les rides dessinaient un passé accablant sur son visage fatigué. De ce passé, on savait peu. Fils d’un rentier ayant fini sa vie écrasé de dettes et d’une femme depuis longtemps enfermée dans un asile et dans sa folie, l’homme, poète dans ses rêves, il avait été jusqu’à ses trente ans professeur de philologie, métier qui lui permettait de vivre simplement. Mais des souffrances que lui seul savait avaient rompu cette existence déjà fragile. Et le diagnostic des médecins était d’autant plus inquiétant qu’ils utilisaient un mot savant et inconnu de la plupart des gens : schizophrenia. Un mot qui faisait trembler de peur tous ceux qui ne pouvaient imaginer les souffrances invisibles de l’homme. Rejeté par les autres, exclu par ce simple mot, et sans espoir de retour vers le monde, seul dans la pièce poussiéreuse qui lui servait d’Univers, il attendait un miracle, rêvait aux derniers souvenirs du passé qui éclairaient de plus en plus rarement sa mémoire, se débattait contre les complots de ses hallucinations, survivait dans la peur et la douleur, attendait sans fin, en vain, la fin. Sa vie fuyait. Même la mort se refusait à lui.

   Il était vêtu pauvrement d’un pantalon de velours passé et d’une chemise sans doute blanche en un temps reculé tout comme l’avaient peut-être été les rideaux en lambeaux tachés et grisâtres pendants à ses fenêtres opaques de poussière grasse.

   Derrière une porte épaisse, une autre pièce, petite et claire, attend. L’homme savait avoir été sympathique et affable, généreux et doux, avoir été un enfant aux cheveux blonds et au visage rayonnant de vie, à l’image de ce petit salon inaccessible, de ses fauteuils d’un vert chaud qui invitaient au repos tranquille, de la douce lumière répandue sur les tableaux d’une beauté certaine par le feu qui crépitait doucement dans l’âtre. Mais comme lui-même avait disparu, s’était fait son propre geôlier, laissant place à cette parodie d’être humain, vide et froide, cette petite pièce avait été retranchée derrière une porte de fer dont les gonds soudés de rouille, ternes dans la lumière froide des vitres sales, refusait le passage. Ils interdisaient même de songer à quitter cette pièce poussiéreuse, une pièce dont il était impossible de définir avec certitude ce qu’elle était ou avait été — buanderie ou remise ? Fumoir ou bibliothèque ? — Sur la table de bois brut, une grande fracture sombre — résultat d’une lutte de l’homme contre ses hallucinations, ses démons, contre lui-même ? —, rappelait le corps de l’homme, marqué d’une cicatrice blanchâtre, vestige de souffrances courait de sa joue à son torse, lui interdisant l’oubli, lui interdisant de renaître ou seulement d’être à nouveau. Elle dessinait, ineffaçable, la personnalité fracturée, tordue, brisée de l’homme qui serait la sienne jusqu’à la fin de sa vie, qui enterait son âme et hanterait ses nuits (pour peu qu’il put dormir), et ses jours, si tant est que l’aube pâle de tristesse, de souffrance et d’inexistence voilant ses yeux puisse être qualifié de jour.

   Son nom même lui échappait, tout comme personne ne savait ce que signifiaient les lettres effacées sur le mur extérieur de la maison et qui devait donner en un temps lointain son nom aux voyageurs passant devant ses murs autrefois accueillants. Il n’avait plus de nom, lui, l’ancien connaisseur des mots, ami des étymologies, spécialiste des figures de style. Savant désormais silencieux de la parole, des mots qui ouvrent au partage entre les humains, il ne murmurait même plus. Non, ces liens vers l’extérieur avaient craqué et disparu dans le gouffre de l’oubli. L’homme et la pièce avaient été effacés, repoussant de leurs souffrances communes ceux qui auraient encore osé s’approcher.

   Seuls restaient la petite pièce claire, dont tout le monde ignorait l’existence, inaccessible derrière cette porte dont l’homme même ne possédait plus la clef, et son reflet dans le sourire enfantin sur son visage exténué.

   Et en lui une certitude : Il avait été…
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Message  Invité Jeu 27 Nov 2008 - 13:10

Un beau texte je trouve, qui se tient bien, et dont effectivement le style rappelle le dix-neuvième siècle. J'ai aimé le mystère de cette deuxième pièce inaccessible...

Il y a deux soucis de construction, je crois :
"Fils d’un rentier ayant fini sa vie écrasé de dettes et d’une femme depuis longtemps enfermée dans un asile et dans sa folie, l’homme, poète dans ses rêves, il avait été jusqu’à ses trente ans professeur de philologie, métier qui lui permettait de vivre simplement. Mais des souffrances que lui seul savait avaient rompu cette existence déjà fragile." (le "il" me paraît de trop)
"une grande fracture sombre — résultat d’une lutte de l’homme contre ses hallucinations, ses démons, contre lui-même ? —, rappelait le corps de l’homme, marqué d’une cicatrice blanchâtre, vestige de souffrances courait de sa joue à son torse, lui interdisant l’oubli, lui interdisant de renaître ou seulement d’être à nouveau" (l'incise de la "cicatrice blanchâtre" se transforme en une principale ; je pense qu'en ajoutant un "qui" après "souffrances", on s'y retrouve)

Et un d'orthographe :
"une porte de fer dont les gonds soudés de rouille, ternes dans la lumière froide des vitres sales, refusaient le passage"

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Message  Evanescent Jeu 27 Nov 2008 - 13:35

Merci socque. Vos avez raison pour ces trois phrases, je vais corriger.
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Message  Invité Jeu 27 Nov 2008 - 14:00

J'ai buté sur cette phrase :
Un mot qui faisait trembler de peur tous ceux qui ne pouvaient imaginer les souffrances invisibles de l’homme.
que je trouve équivoque. Comment ce qu'ils ignorent peut-il les faire trembler de peur ? Je comprends bien ce que tu veux dire mais il faudrait peut-être le reformuler plus clairement.
Dans l'ensemble, je trouve le texte bien écrit, même si pesant par moments, ce qui est normal vu la précision que tu apportes en préambule.

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Message  Evanescent Jeu 27 Nov 2008 - 14:06

Je ne sais pas comment rendre cette phrase plus claire. Je voudrais qu'elle reste courte mais je n'arrive pas à être claire en moins de 5 lignes.
Si tu as une proposition...

(oulà, excusez moi, j'ai l'impression que j'écris pas une phrase qui soit française aujourd'hui. Malade, je comate à moitié. Mettez ça sur le compte de la fièvre ^^)
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Message  Invité Jeu 27 Nov 2008 - 14:53

Soigne-toi bien , Eva !

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Message  Evanescent Jeu 27 Nov 2008 - 14:59

Salut coline :-)
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Message  Loreena Ruin Jeu 27 Nov 2008 - 16:02

Hey Evanescent, comme toujours c'est un plaisir de lire tes textes qui témoignent d'une bonne maîtrise de la langue (et ici, du sujet qui t'était posé). Je ne vais pas décortiquer le texte car je n'ai pas relevé de truc vraiment accablants^^, à part quelques défauts, surtout au début (même si je sais que le but était d'écrire à la Balzac, il fallait pas en faire trop non plus):

L’homme errait dans une maison aux murs craquelés composée de deux pièces seulement.
Cette phrase rend l'entrée dans le texte un peu difficile, le "composée" me paraît vraiment bizarre, tu pourrais entrer dans le détail, je trouve que le "deux pièces" tombe vraiment à plat. J'avoue que (effet de la fatigue) j'avais au départ compris que c'était les murs qui étaient composés de deux pièces...(je sais c'est pas possible,d'autant que la phrase est correcte grammaticalement mais voilà, moi et mes dérives...) peut-être qu'il faudrait revoir la ponctuation.
Ses cheveux étaient blancs sur les tempes et les rides dessinaient un passé accablant sur son visage fatigué.
Ok pour Balzac, mais là ça tombe dans la caricature XD.
Fils d’un rentier ayant fini sa vie écrasé de dettes et d’une femme depuis longtemps enfermée dans un asile et dans sa folie, l’homme, poète dans ses rêves, il avait été jusqu’à ses trente ans professeur de philologie, métier qui lui permettait de vivre simplement.
Même remarque que Socque.

Paradoxalement, tout le reste m'a paru bien, agréable à lire. Dommage pour le début.

A bientôt,

Ruin.
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Message  Invité Ven 28 Nov 2008 - 10:18

Evanescent a écrit:Je ne sais pas comment rendre cette phrase plus claire. Je voudrais qu'elle reste courte mais je n'arrive pas à être claire en moins de 5 lignes.
Si tu as une proposition...

(oulà, excusez moi, j'ai l'impression que j'écris pas une phrase qui soit française aujourd'hui. Malade, je comate à moitié. Mettez ça sur le compte de la fièvre ^^)
Non, tu as raison, difficile de faire court sur cette phrase. Tout ce que j'ai essayé a produit du lourd, du long, de l'encombrant, de l'approximatif aussi (du style : " Un mot impressionnant, qui aurait (à juste titre) fait frémir ceux qui ne s'imaginaient pas les souffrances que l'homme gardait secrètes/ les souffrances subies par l'homme." ). Si c'est important, il faudrait peut-être reprendre ce qui précède, expliciter avant pour moins dire après.
J'espère que tu vas mieux .

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Message  Evanescent Ven 28 Nov 2008 - 11:51

J'aimerais éviter le "à juste titre".
Je voudrais le dire comme une évidence. Ca fait flipper les gens qui savent pas (sous entendu s'il savaient ils auraient pas peur ils seraient juste mal pour lui)
A partir du moment où j'insiste dessus ça fait plus du tout évidence.
(même en essayant d'écrire à la balzac c'est un sujet qui me tiens à coeur - d'autant plus avec les imbéciles de réformes que sarko veut faire passer sur la psychiatrie)

Mes phrase sont toujours pas françaises et tout sauf claires.
Fièvre à la c**.
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Message  Invité Ven 28 Nov 2008 - 15:49

"Un mot qu'ils avaient tort de redouter/ qu'ils redoutaient à tort, l'homme .." ça coince sur la suite par manque d'explications, et je ne suis même pas sûre du début

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Message  Sahkti Mer 17 Déc 2008 - 8:48

Le personnage présente effectivement des accents balzaciens sur lesquels tu pourrais davantage insister dans certains passages, histoire d'équilibrer l'introspection et la narration de faits concrets.
Le rythme est le bon, cette langueur qui finit par s'installer avec de temps en temps un appel du pied pour se recentrer sur tel ou tel élément, c'est bien vu.
Attention toutefois à ne pas tomber dans l'inspiration à tout prix, à vouloir faire "comme" au point d'alourdir certaines phrases. L'exercice n'est pas simple j'en conviens, Balzac n'est pas des plus légers.
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