Je crise

[Roz-gingembre]

Je subis de plein fouet la croissance négative. Chaque mot qui s’écrit efface progressivement l’idée qui tentait d’apparaitre. C’est Eve qui redevient côte et Enkidu qui retourne paître avec les gazelles. Je me dissous et dix sous c’est pas cher. Tiens voilà le problème. Le petit fil dans le fond de mon ventre qui se tend quand j’achète et qui tire sur la pompe à plaisir. Le siècle naissant à introduit sous ma peau, là , juste au-dessus de mon sein (le gauche, c’est celui que je préfère) un petit système complexe qui stimule ma con-sommation tout en anesthésiant la moindre tentative de rébellion ; un buy-maker qui diffuse du miel sur toutes mes fleurs et pour tous les papillons qui s’y attardent en me faisant croire que c’est ça le plaisir et que ce plaisir là fait avancer le monde. Feu le temps où je jouissais de mes idées couchées collées serrées sur le papier. Mes idées et moi au chaud dans la moiteur de l’avenir à venir. Allez zou ! On efface tout c’est la crise. Et ne me plaigniez pas trop, vous avez tous le même. Mais si! Regardez-bien, ouvrez vos paupières alourdies par vos euros perdus; la voilà la petite pompe à fric.
Deux paires de bottes pour le prix d’une, c’est sûre que j’avancerais plus vite, de toute façon je n’ai nulle part où aller. Au moins si les chapeaux avaient tenu le haut du pavé, j’aurai acheté un chapeau. Peut-être que mes idées seraient restées un peu plus au chaud. Elles ont du geler. Un cristal d’idée, ça doit être beau. M’enfin, je ne crois pas que ça puisse inventer le fil à couper le beurre. C’est comme ça avec la croissance négative. C’est la crise, plus rien à dire dans les manifs, on veut acheter ! Qui a bouffé mes tunes que je le démolisse ? On s’en balance de tes mots perdus, si tu les avais un peu mieux élevés, ils ne se seraient pas fait la malle dans le maelstrom des idées avortées.
Alors j’erre, j’erre dans mes pelures de gomme et je cris à l’aide : help ! Y’a-t-il un philosophe dans la crise ?

[Invité]

C'est bien vrai ma bonne dame ! J'ai trouvé le texte plaisant, mais un peu court dans le genre "pensée" ; un peu café du commerce, quoi.

[Invité]

Au contraire, c'est la brièveté du texte qui me plaît. Possible qu'une démonstration plus étayée aurait lassé les moins philosophes d'entre nous ... J'ai bien aimé ta façon de présenter les choses, et j'ai un faible pour le "buy maker" (dans le texte du moins).

de toute façon je n’ai nulle part où aller

Faux :-)

[mentor]

Je me dissous et dix sous c’est pas cher. ?

du Bourvil dans le texte ;-)

et puis... si t'as plus d'argent, t'as qu'à aller en acheter

c'est quoi ça comme figure de style ?


bref mais plaisant, dérisoirement plaisant

[Evanescent]

Sympathique, agréable.
Mais pas grand chose de plus, dommage.
Un 'tit texte, un bon moment. Y'aurait peut-être à développer...

[Romane]

J'ai bien aimé. Tout ça comme ça, ni plus, ni moins. Comme la pensée qui traverse l'esprit, prise en sandwich entre mille autres.

[lol47]

De circonstance mais j'ai pas vraiment accroché. Je te préfère plus " poétique "....

[Invité]

Je me dissous et dix sous c’est pas cher.

Tu partage avec Lyrette ce goût pour le bon mot. J'aime à les lire, mais celui-ci m'a sauté au yeux un peu trop. Comme écrit plus gros.

[Invité]

Difficile de faire top dans ce genre de récit. Je m'y brise les dents souvent et il faudrait vraiment t'arracher pour souffler un vent plus littéraire là-dedans et pas seulement agrémenter, assaisonner le fond avec du mot.
Pas simple, je te le concède.

[Sahkti]

Il y a des mots que j'aime beaucoup, tels C’est Eve qui redevient côte et Enkidu qui retourne paître avec les gazelles. Je me dissous et dix sous c’est pas cher ou Deux paires de bottes pour le prix d’une, c’est sûre que j’avancerais plus vite, de toute façon je n’ai nulle part où aller.

Apprécié ton texte Eddy, en particulier le fait que ta démonstration ne soit pas laborieuse mais au contraire plaisante, amusante et grave à la fois. Cela crée une proximité attachante avec le lecteur qui y retrouve un peu de lui, voire beaucoup.

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