Voici la pluie

[andrea]

Voici la pluie
Dispersant ses éclats
Sur la dentelle nocturne

Ses pas font bruire mon sang

Voici la nuit
Lascive
D’être dévêtue

Son poids efface
Cet espace
Au-delà de mon regard

Plus loin
Éclôt un cri

Masque projeté
Dans une flaque d'eau

Dépeuplée une cour
Et si troublant
Le silence

Avec toujours la même voix
Qui parle sans parler

On la voit parfois
À contre jour
Filer
Avec le vent

[Loreena Ruin]

J'ai adoré ! La forme, le déroulement, les images... Bravo ! ;-)

[Sahkti]

Ses pas font bruire mon sang
Bizarre comme image...

Je suis partagée. Certains éléments me plaisent tels le masque, la flaque, le silence ou le cri, mais tout cela ne me paraît pas s'imbriquer de manière harmonieuse dans le poème. C'est comme si il manquait des morceaux, des liens, qui (me) permettraient de trouver un fil conducteur, assembleur de scènes et de fragments.

[Ba]

Insolite les " pas qui font bruire le sang " pluie acre? Déviée des gouttières je garde l'image.

[Invité]

J'aime bien la façon dont les images de ce poème bousculent le lecteur, en particulier au début et à la toute fin. Suis plus réservée sur la forme et le rythme qui semblent avoir été laissés de côté et ainsi ne pas tirer le meilleur parti des images évoquées.

[Hellian]

un sentiment contradictoire :

Des images intéressantes :

Voici la nuit
Lascive
D’être dévêtue

Masque projeté
Dans une flaque d'eau

D'autres qui me paraissent « ébréchées ou fictives» :

Son poids efface
Cet espace
Au-delà de mon regard


J'aime bien l'idée du poids de la nuit effaçant l'espace,même si c'est un peu évident. En revanche, je suis gêné par l'expression « au-delà de mon regard » que je trouve superflue car elle renforce l'évidence de l'image.

d'autres enfin peu cohérentes (même si la poésie n'appelle pas forcément la cohérence) :

Et si troublant
Le silence

Avec toujours la même voix
Qui parle sans parler

Si le silence est troublant, pourquoi cette voix qui parle sans parler ? la collision des deux évocations ruine un peu chacune d'elles.

La fin est élégante, mais induit une question sur l'ensemble du poème puisqu'il y est question de contre-jour. Or, vous évoquez au milieu de votre poème la nuit « lascive » à laquelle vous consacrez deux strophes. Il s'ensuit que l'on a l'impression que vous parlez de la pluie la nuit, impression renforcée par l'accent mis sur les sons. Et voici que vous revenez au contre-jour. Dès lors, que vient faire la nuit au milieu du texte ?

Je crois que le lecteur d'un poème a besoin sinon de cohérence, au moins d'une certaine convergence des images qui génèrent l'épanouissement d'une émotion. Certes, il est intéressant de jouer sur le contre-pied, mais on doit avoir l'impression que l'insolite est maîtrisé par l'auteur. Ce n'est pas tout à fait le cas ici où l'on a le sentiment que votre écriture suit spontanément votre inspiration de la seconde sans trop de recul.

Pour ma part, mais peut-être à tort, j'en conviens, j'estime que l'écriture poétique doit faire l'objet d'un ressassement. Je ne crois guère à sa pure spontanéité.

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