Vert

[Ento]

Totem Vert

J’ai passé ma vie à t’attendre
Les pieds dans l’eau, assis sur le quai bétonné ;
C’est un littoral étrange que les vagues
Ont peur de venir caresser.
Aujourd’hui
A pareille heure qu’hier
Quand ton père à l’agonie
A disparu entier au-delà de la ligne,
J’ai désiré en vain
Te contempler
Lon-
-gue-
-ment
Te voir,
Quelques
secondes

T’entrevoir,
Une seconde

Capter ton flash.




Qu’importe.
Te voir.


Qu’es-tu et qui es-tu?
Je ne connais pas la couleur de ton œil.
Je n’ai de toi qu’une idée vague,
Pêchée hier dans l’eau du large
Et j’y perds pied
Et je perds pied depuis
Dans le phantasme.

Je ne désespère pas
Ne désespère pas
Je ne désespère pas.
Ma croyance est intacte
Même secouée
Secouée par le temps
Par le temps
Secouée,
Et pourtant
Entamée, érodée
Par les déceptions
Qui n’ont fait que flasher sur l’écran
De me yeux pour lesquels
Elles ne sont que
Des impressions
Rétiniennes
Imperceptibles et isochrones
A l’éclat
Du dernier des rayons de chacun de ces jours
Solaires…


Mais je sais
Je sais que tu existes…
Existe !
Existes-tu ?
Dis-moi : « J’existe! »
Fais-moi un signe
Es-tu histoire, es-tu légende ?
Es-tu légende ?
Dis-moi « J’existe » !
Eclaire-moi,
Tue mes questions.

Je sais que tu n’es pas légende
Mais je désespère…


Aujourd’hui
Comme hier
Comme demain
Ce soleil est stérile.
En observant le ciel
Peu au-dessus de l’horizon
Sombre et lourd de poussières
J’ai compris que
Toutes ces saloperies dans l’air
T’étouffaient.
Jamais tu n’a repris ton souffle.
Jamais je n’ai repris espoir.
Je n’appellerai plus ton nom,
A l’avenir.

Rayon vert.

[Invité]

Franchement je ne sais pas quoi dire.
Sinon que j'aime bien cette ambiance étrange, cette espèce de fantasmagorie qui ne se laisse pas volontiers appréhender. Et que je n'ai d'ailleurs pas chercher à appréhender, trop peur d'être déçue et de réaliser que l'histoire que les mots mont inspirée est finalement bien plus simple que je n'ai aimé l'imaginer.
Ah, et puis le rythme haché me va bien, va bien au poème, pour traduire l'attente haletante.

[Invité]

cela fait 3 fois que ce "rayon vert" surgit cette annee.
De quoi s'agit-il ? Je peux bien plaisanter sur la cryptonite, je n'ai toujours pas compris a ce jour. Oui c'est une ecriture plaisante.

[Sahkti]

Capter ton flash me paraît quelque peu étrange, presqu'incongru, au milieu du reste qui s'écoule comme un appel lancinant vers un ailleurs qui ne sera jamais atteint.

La répétition de désespère me paraît trop visible, trop présente. Inutile, à mes yeux, d'accentuer cette notion qui transparaît déjà suffisamment dans tes mots, cela atténue leur subtilité.

Dans l'ensemble d'ailleurs, je trouve que certains termes répétés se remarquent trop. Effet sans doute volontaire, auquel j'adhère moyennement parce que je trouve que ça nuit à l'équilibre et crée une surdose d'émotion, presque des fioritures superficielles, voire artificielles.

[mentor]

cela fait 3 fois que ce "rayon vert" surgit cette annee.
De quoi s'agit-il ? Je peux bien plaisanter sur la cryptonite, je n'ai toujours pas compris a ce jour.

souvent le soir, je reste en bord de plage pour essayer de le pièger
depuis tout petit
depuis que ma mère m'en a parlé
c'est, parait-il, un rayon style laser, qui se manifeste à l'instant même où le soleil disparait totalement derrière l'horizon
j'y crois encore comme je ne crois plus au père Noël
fumisterie ?
;-)

[Loreena Ruin]

J'ai lu ton texte, me suis laissée embarquée par son rythme... J'en ai même oublié de quoi il était question : à la fin de la lecture, juste l'impression agréable d'avoir un peu voyagé...

Bienvenu sur VE !

[jerome p]

Dans l'ensemble j'aime bien ce poème. J'apprécie beaucoup la forme que tu lui donne pour accentuer parfois des impressions :

J’ai désiré en vain
Te contempler
Lon-
-gue-
-ment
Te voir,
Quelques
secondes

T’entrevoir,
Une seconde

Capter ton flash.

Pour moi, c'est un beau travail.

[boc21fr]

cela fait 3 fois que ce "rayon vert" surgit cette annee.
De quoi s'agit-il ? Je peux bien plaisanter sur la cryptonite, je n'ai toujours pas compris a ce jour.

souvent le soir, je reste en bord de plage pour essayer de le pièger
depuis tout petit
depuis que ma mère m'en a parlé
c'est, parait-il, un rayon style laser, qui se manifeste à l'instant même où le soleil disparait totalement derrière l'horizon
j'y crois encore comme je ne crois plus au père Noël
fumisterie ?
;-)

Non, je sais que c'est une réalité physique, mon ancien prof d'astro en a déjà pris un en photo...moi même je crois l'avoir vu une fois...mais c'est si bref...
sinon, en plus d'astygmate, tu nous avais pas dit que tu étais myope...

[mentor]

sinon, en plus d'astygmate, tu nous avais pas dit que tu étais myope...

et presbyte
et strabique divergent, comme Loiseau
mais j'ai de la chance, tout ça sur un seul oeil
vu que je suis borgne

[Halicante]

J’avais lu dans le fil sur les « commentaires » ce dont il s’agissait dans ce texte, donc ma lecture a été autre que ce qu’elle aurait été si je n’avais pas su… J’aurais pensé qu’il s’agissait d’une femme, probablement, et je ne sais pas quelle impression cela m’aurait fait. En tout cas je n’aurais pas compris sans avoir lu les commentaires.

Pour avoir attendu en vain toute une nuit une aurore boréale en Islande (les conditions étaient idéales cette nuit-là), j’aime cet élan, cette attente, cette espérance que tu transmets, et j’adhère tout à fait, sur le fond comme sur la forme.

Ceci dit j’ai trouvé quelques longueurs (certaines répétitions m’ont semblé alourdir un peu le texte) et des passages un peu trop terre à terre (les impressions « isochrones » et les « saloperies » notamment.) Le début du texte me semble plus aéré.

[milo]

oui, c'est un chouette texte !
il y a sans doute quelques répétitions de trop, mais c'est un détail, hein ?
(de toute façon, je suis profédément attaché à ce qui n'est pas parfait. alors je redis: oui, c'est un chouette texte. )

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