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Message  silene82 Lun 29 Juin 2009 - 11:07

PHENOMENOLOGIE D’UNE AMAZONE


On se perdrait en conjectures, quelle qu’elle soit. La conjoncture.
Pourquoi certaines se morfondent dans des emplois crasseux et sans gloire, sans joies, sans rêves ? Où la main du patron, grasse, comme sa peau luisante, y va franco, sans douceur, quand il les croise au détour de la cuisine, là, dans le couloir plein de recoins, éclairé d’un jour chiche - on est au sous-sol, le couloir part de la cuisine, la lumière provient d’en haut, d’un soupirail qui domine une paroi aveugle. Entre la paroi et le mur de soutènement, en bas, coule un ruisselet. Puant. Qui collecte les eaux grasses sorties de l’évier, de l’évier de la plonge, avec ses marmites, ses rondeaux, ses chinois, ses culs-de-poules. Toute cette putain de batterie interminable que le plongeur se fade deux fois par jour. Tu m’étonnes que les cuistots cuisinent tous sale, ils n’en ont rien à branler de la cohorte de sauteuses, d’écumoires, de passoires, de cocottes. Avec les fonds de sauce cuits et réchauffés, qui s’agglutinent sur les bords en croûtes noîratres. Les préparations à base de lait, pire encore : les aviateurs de 14, les nobliaux qui n’étaient pas dans la cavalerie, leurs biplans, d’où ils se tiraient d’un avion à l’autre à coups de revolver –fallait vraiment pas avoir grand chose à foutre-, ils tenaient avec quoi ? Avec de la colle de caséine, de la colle de lait et de fromage, que les bons moines de Maroilles connaissaient déjà au 12ème siècle, puisqu’il la préconisaient pour rendre les panneaux de porte indécollables. Bon plaisir, quand ça a cuit et recuit. Paille de fer. Huile de coude. T’es pas à plaindre. Nourri logé. Blanchi un peu. De toutes façons t’es un mal blanchi. C’est bien à Constantine que t’es né, non ? D’un petit employé de bureau métro qui s’est trissé et d’une moukère, non ? Toutes façons, ça se voit à ta gueule. Tu risques pas de le cacher.
La main du patron. Utilitaire. Il ne cherche même pas à t’enjôler. A te séduire. Qu’est-ce qu’il en a à foutre –au détour du couloir, s’il te croise, hop, la main au panier. Il t’a même pas guetté, il t’a même pas désiré. Non, il passe par là, tu passes par là, hop. Normal. Si t’es pas contente, t’as qu’à casser ton stage. T’étonnes pas si t’as des retours. L’examinateur pour les CAP, c’est un pote. Bon, un pote, il fait partie du Lion’s. Comme le patron. Un mot sur toi, ton CAP, tu peux t’asseoir dessus. Alors t’essaies d’être maligne, de faire la part des choses. Il va quand même pas te violer dans le couloir. Si madame passait par là. Il va pas t’imposer des rendez-vous extérieurs : il bouffe trop, il boit trop : pas bon pour la quéquette. Biroute en déroute. Il a pas la morphologie des queutards, des vrais. Secs comme bergers grecs. Ou kabyles. Eau fraîche et poignée d’olive. Et bite au garde-à-vous. Non, il exerce juste son droit patronal, intrusion dans l’intime : tu verras qu’un jour, ça sera classé agression sexuelle. Ou viol. Qu’on mettra des mecs en cabane pour ça. Putain çà craint la démagogie.
Fraîche. De la jolie chair du sud. Pied-noire, peut-être un peu juive, va savoir. Un brugnon. Joli teint. Grassouillette, un peu. De la pucelle fraîche, au jolis nichons qui se balancent. Sans sous-tif. On les voit par l’échancrure de la blouse sans manches, qui s’arrête à l’aplomb des aisselles. Aisselles touffues. Waoh ! enfin une qui s’épile pas. Dont on peut imaginer la toison, drue, sombre, couvrant bas l’entrée de la caverne aux mille senteurs. Il se branlera encore en y pensant cet après-midi, et ce soir, et cette nuit, le petit serveur. Quelle santé à cet âge, le réservoir à sperme inépuisable, le membre insatiable, en l’air au premier jupon qui passe. Bien sûr c’est l’été. Bien sûr l’alimentation est riche, saine. Bien sûr c’est là l’apanage de la jeunesse.
Elle sait glisser, maligne. Fine mouche. Evite les emboucanes, les plans foireux avec de petits boutonneux tous justes pubères. Genre ceux de sa classe. Il y aurait bien Fred, c’est sûr. Une tête de plus que ses potes. Des dents à craquer des os. Blanches, quand il sourit. Il sourit beaucoup, et bien. Sûr de son fait. Les amies de sa mère ont dû depuis longtemps lui expliquer combien elles le trouvent à leur goût. En évoquant leur âge, dans l’espoir qu’il se récriera, en laissant percer son attirance. Il connaît déjà ce genre de came, mais faut pas vexer. Il est manœuvrier. Pourquoi se griller, ou s’attirer des haines inextinguibles ? Il vaut mieux violenter une femme que la dédaigner ; il l’a intégré depuis longtemps. Tremper le biscuit, si l’on ne peut pas faire autrement. Mais plutôt les flatter, leur chatouiller l’ego. Leur expliquer la violence que ce serait. Avec une amie de maman ? Ca le perturbe. Il sait déjà louvoyer. Parler des conséquences ? Pour quoi faire : elles rêvent au grand frisson. Elles s’emmerdent. Elles sont mariées de toutes façons, pépère –bon, c’est pas un pépère, c’est un notable local, Chambre de Commerce, banquets, séminaires, copains friqués, berline- va pas péter un boulon pour ça. Si ça reste discretos. Déjà qu’il se gêne pas avec ses petites secrétaires. Pour ce qu’elles sont dégourdies, elles doivent passer souvent sous le bureau.
Fred. Un pote. On se renifle. Il fait fantasmer toutes les menstruées de la classe. Il paraît qu’il a piqué la Mercos de son daron un soir pour épater une - paraît-il- mannequin. A 17 ans ça promet. Dédaigneux avec les dindes gloussantes. Pas besoin de leur faire un dessin : rien qu’à son air lointain de grand seigneur pensif, elles se tiennent au large. En gloussant de plus belle. Avec elle, impec. Ils se comprennent à demi-mot. Gueule d’ange et jolie coquine. Elle n’est pas si belle ; mais plutôt mieux : piquante. Spirituelle. Quelque chose dans le regard qui pétille. Et surtout l’envie de sortir de cette petite ville étouffante. Son bord de mer. Ses troquets glauques. La grande ville voisine, là, c’est autre chose. Les prix aussi. Le bar d’un palace, ça a de la gueule. Mais c’est pas avec la gratification de stage qu’on risque d’y aller. Ou alors on aura pour un thé trois quart. Et encore, pas le Lapsang Souchong. Pour le champ’, c’est inatteignable.
Et finalement, tout bien réfléchi, le champ’, ça la branche plus que le pastaga. Celui que papa sort quand la famille débarque, tous les week-ends. Celui qu’il sort tous les jours, qu’on va chercher en Italie, avant de la récupérer à son bahut pourri, à côté de la frontière. Ils sont braves, touchants. Oppressants. Protecteurs. Déracinés, en plus. Elle est loin l’Algérie. On leur a pas déroulé le tapis rouge, au sortir du bateau. Vous pouviez pas rester là-bas, avec les bicots ? Ben non, vous voyez, ils ont brûlé la maison à côté de la nôtre, on est parti avant de se faire flinguer. Si vous croyez qu’on va vous entretenir à rien faire. Mais on n’a jamais demandé ça, monsieur. Là-bas j’avais un affaire. Ca marchait bien. Je peux recommencer.
Et ils avaient recommencé. En serrant les dents. En s’imposant par leur compétence et leur ardeur au boulot. Bien sûr ça facilite quand t’as tout perdu : t’as pas trop de raison de lever le pied. Rien ne tombe tout seul. On t’attendait pas, mon pote. Alors, les dépannages que personne ne veut, c’est pour ta gueule. Jusqu’à point d’heure. Les dimanches. C’est comme ça qu’on fait sa place, fiable, consciencieux, bosseur. Arrangeant. Compréhensif. Bien sûr que vous pouvez me donner la moitié en liquide, madame Soubeyrou. Avec ce qu’ils nous prennent…
Alors … comme maman, maman qui devait rire plus au pays, qui ici attache tant d’importance à l’apparence, qui exige qu’on soit irréprochable avant de sortir dans la rue ? Qui se sent étrangère dans ce qui est censé être son pays ? Qui n’ a plus d’amies de sa jeunesse, heureusement que tonton et tatie se sont installés dans le coin, sinon elle n’aurait pas supporté.
Puis quand même, papa a beau se bouger, on l’a pas attendu. Les bons coups, c’est pas lui qui les fait, les hôtels en rénovation, les villas des gens du coin. Ils font bosser les locaux. Heureusement qu’il y a la communauté des rapat’. Rapatriés, tu parles : avant 62, ils n’avaient jamais foutu les pieds en France. Drôle de patrie. La patrie, c’est la terre que t’as foulée, l’air que t’as respiré, l’odeur de la mer, le soir, quand le soleil se couche, et que toute la maturation de la journée s’exhale comme un soupir de femme comblée, odeur de poisson, entêtante, clapotis des vaguelettes dans la fin du jour, doux souffle qui balance les palmiers. Rien que d’y penser, une boule lui montait dans la gorge, un grand sanglot qui ne sortait pas. O moun païs, ô le front de mer et les brochettes sur la plage, ô les filles à peau de gazelle, dorées comme des pêches, aux grands yeux bistres de génisses.
Alors pas ça. Un petit extra par-ci par-là. Sans risques. On sait à peu près ce qu’on veut, et surtout ce qu’on veut pas. Pas d’un pied-noir ami de la famille et artisan lui aussi. Merci bien, on a eu tout le loisir d’observer le bel avenir à l’horizon. Grossesses, pas trop, c’est vrai, que les enfants ça coûte pour leur donner un avenir. Malthusianisme exilaire. Ah, au pays on en aurait fait plus. Mais ici….
La famille, c’est chaud, c’est bon. Mais tous les week-ends de toutes les semaines de tous les mois de tous les ans de toutes les vies, non, là elle peut pas. Wallou.
Alors elle guette. Amazone certes, mais d’Amazonie. Amazone amazonienne. L’arc court et la flèche à trident. Au curare. Il faudra insensibiliser la prise. Tout en le gardant conscient. Comme en entomologie, la mante qui sécrète l’anesthésiant qui lui permet d’aspirer la substance de son mâle. C’est plus subtil dans son cas, en tous cas moins décisif.
Peuplé de moments rigolos : il sonne
-qu’est-ce qué c’est ? Qué la madame elle est pas rentrée.
Elle s’est grimée en soubrette, la coiffe et tout. La jupe noire surtout. Le petit tablier. Le porte-jarretelles . Comment elle a senti que ça le rend fou ? Elle sait pas. Ca se sent.
-C’est que j’avais un message à lui laisser…
-Entrez, yé vais vous porter de quoi écrire. Mais qu’est-ce qué vous mé faites ? Enlévez votre main ? Yé vais appeler…
Il était producteur, auteur, co-auteur, scénariste. A tu et à toi avec le gratin. Un coup de bigo à Lang, et les obstacles s’évanouissent. Participations sur la 3, sur Canal, qui va se créer. Choper ce genre, passe encore. Un soir. Les petites suceuses de background, y en a partout. Surtout pour un rôle. Le retenir, qu’il t’exhibe avec lui, dans des soirées avec le chef des programmes de la BBC, des producteurs indépendants des States, un milliardaire argentin qui veut mettre de la thune dans une participation, c’est plus pareil. C’est comme les filles de madame Claude. L’argent rend exigeant. Que les filles soient belles, heureusement. Et quoi encore ? Spirituelles, un plus. Brillantes, encore mieux. Mais sachant la boucler. Elles sont là pour mettre en valeur, pas pour faire les malignes. Qu’elles parlent 4 langues, dont l’ossète, et soient diplômées de Berkeley ne change rien : leur intelligence, on s’en tape. Grave. C’est comme dans l’édition. Ce qu’il y a dans le texte, rien à cirer. On manque pas de nègres pour réécrire. S’il le faut on jette tout et on garde juste le titre. Dès fois même pas le titre.
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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 11:15

Tous les goûts dans ce texte ! Amer, acide, salé, un peu de sucré. Très fort, réussi. Juste le dernier paragraphe dont je ne vois pas trop l'intérêt... J'aurais peut-être vu la fin à "gratin", qui laisserait les perspectives ouvertes.

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Message  silene82 Lun 29 Juin 2009 - 11:21

Vous vous relâchez, sonia, 8 minutes pour lire et poster, qu'est-ce qui se passe?
Ca m'a échappé, pardon...
Ecoutez, j'ai peut-être envie de dévider, c'est pour çà. On verra. Elle a eu bien d'autres péripéties.
Merci pour vos commentaires, quelle que soit leur teneur: je sais ce que vous valez.
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Message  Lonely Lun 29 Juin 2009 - 12:18

Et bien... Le changement avec "Provinciale" est plutôt radical ! C'est bluffant, et impressionnant.

J'ai bien aimé ce ton "mitraillette", ça rend le monologue très vivant, on est dans l'instant de la réflexion. Du coup, on passe par tous les états d'âmes, témoin des pensées qui fusent et s'enchaînent sans arrêt, qu'elles soient acerbes ou cyniques, spontanément crues ou maturées. C'en est presque déboussolant. On perd parfois un fil, mais c'est pour en attraper dix après, au gré des images évoquées et de tous ce que ce maelström de mots peut nous renvoyer comme expériences ou réflexions personnelles.

Un bel exercice.


Je n'ai pas remarqué grand chose à redire, à part une question : on dit "Poignée d'olive" ou "poignée d'olives" ?
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Message  silene82 Lun 29 Juin 2009 - 13:08

Génial, le prodo. Suffisamment âgé pour être un mentor. Ayant vécu. Tempes grises, bronzage à l’année. Intelligent, drôle, et grand seigneur. Et bon coup, ce qui pour une post pucelle, qui s’était accordé quelques va-et-vient deci delà, avec quelques jeunes mâles présentables et pas chiants, mais guère plus, n’était pas inintéressant : comme le souligne avec beaucoup d’à-propos notre Brassens national, il importe de savoir qu’on ne tortille pas son popotin de la même manière pour un droguiste, un sacristain, un fonctionnaire. Non que la petite envisageât d’aller débiter ses charmes sur des trottoirs interlopes, à la merci de souteneurs insatiables, méprisants, et violents. Qu’à Dieu ne plaise. Mais elle subodorait que le point auquel elle aspirait d’arriver demanderait quelques correspondances en cours de route, et sa morale familiale l’avait imprégnée de la notion que tout travail demande de la conscience professionnelle, source de satisfaction pour le client, et gage de bonne réputation.
L’idylle dura longtemps : l’homme avait passé l’âge des fredaines hâtives, virait même un peu pot-au-feu : rien ne le réjouissait autant qu’une soirée avec sa mignonne et ses 20 printemps, dans son bel appartement du quai Voltaire, après un apéro sans s’attarder dans un endroit élégant des Champs-Elysées. La Porsche continuait à lui procurer un sentiment d’euphorie, tant par ses performances –ah, ce coup de pied au cul au démarrage, quand pour lui faire plaisir, il distançait tous les autres à l’arrêt, tirant la première à 120, en quelques secondes. Pas emmerdant, gentil, constatant qu’elle avait des attentions envers lui, pour son anniversaire, bien sûr, mais aussi, des petits cadeaux inattendus et hors de temps. Il ne la couvrait pas d’or, mais lui avait remis la carte et le chéquier d’un compte confortablement approvisionné. Il est certain qu’il observait ses manières, ayant passé l’âge d’imaginer qu’une jeune et jolie donzelle pût être avec lui pour sa beauté –il n’avait d’ailleurs jamais été beau, à proprement parler, mais le compensait aisément par son charme, son humour, son élégance nonchalante d’homme qui n’a plus rien à prouver. Et elle avait l’intelligence de se considérer comme tout à fait privilégiée, compagne d’un homme influent, reconnu dans son métier, tout à fait présentable, et d’une aisance assurée. Aussi ne tirait-elle pas sur la ficelle, considérant, d’une certaine façon, que leur relation fonctionnait sur la base d’un gentlemen’s agreement, et qu’il n’y avait donc aucune raison de barboter dans la caisse.
Quelques années entrecoupées de voyages, où elle put vérifier que l’argent, ou du moins ce qu’il induit, fait des miracles : les coiffeurs-stars, une garde-robe élégante, quelques bijoux de qualité, malgré leur discrétion, les regards des hommes , un peu partout, la soupesaient en connaisseurs, et lui signifiaient clairement que le jour où elle aurait envie de changer un peu de jockey, de nombreux prétendants la trouvaient tout à fait à leur goût.
Au bout de quelques temps d’ailleurs, elle voulut travailler un peu, et il l’employa dans une des succursales de l’une de ses sociétés. Où elle mit à profit son intelligence alerte et son goût du contact pour que ce ne soit en rien un emploi de complaisance, mais un boulot réel de communication et de relations publiques. Ils ne cachaient en rien leur liaison, il passait la prendre à la fermeture, mais elle n’était pas la poule du patron, qu’il saute sur un canapé à la fermeture. Ce qui lui permettait des contacts normalisés avec les autres salariés de la boîte, dont elle ne provoquait ni jalousie ni rancœur : compétente, sympa, et rigolote en sus, tout roulait pour le mieux.
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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 13:30

Holà ! Ne tournerait-elle pas à la bisournouserie, votre histoire ? Un peu gentillet ce peragraphe, manque de mordant pour moi. Franchement, je ne tiens pas plus que ça à faire travailler mes cônes et bâtonnets oculaires pour une success-story, même fort honorablement troussée sous votre plume...

Je pense à Brassens, moi aussi, Le père Noël et la petite fille (si c'est bien ça le titre :
"Tire la belle, tire le rideau (bis)
Sur tes misères de tantôt (bis)
Il peut neiger en avalanche,
Le mauvais temps n'est plus ton lot !

...Le joli temps des coudées franches...
On a mis les mains sur tes han-anches."

"les coiffeurs-stars, une garde-robe élégante, quelques bijoux de qualité, malgré leur discrétion, les regards des hommes , un peu partout, la soupesaient en connaisseurs, et lui signifiaient clairement que le jour où elle aurait envie de changer un peu de jockey, de nombreux prétendants la trouvaient tout à fait à leur goût." : attention, dans cette phrase, l'énumération des largesses du monsieur enchaîne trop brutalement à mon goût sur le sujet du verbe "soupesaient", sans séparateur spécial, et j'ai l'impression que l'ensemble s'en trouve déséquilibré.
"Au bout de quelque (et non "quelques", je pense) temps d’ailleurs, elle voulut travailler un peu"

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Message  silene82 Lun 29 Juin 2009 - 14:27

Passent les années, fifille commence à s’ennuyer. Fait des séjours chez papa-maman. Compliqué avec Charles : les parents l’ont vu une fois. Présenté comme un fiancé potentiel . Si papa savait que le précieux opercule attestant de la fraîcheur virginale de sa bambinette a été très peu expertement déchiré, un soir de beuverie de collégiens, dans le dortoir des grandes, dans la piaule qu’elle partageait avec sa copine Lilou, par un gars section cuisine, elle, elle était en service, à l’époque. Pas trop bien passé. Mais bon, c’est la vie : elle ne cherchait pas non plus le grand frisson. Heureusement d’ailleurs, elle aurait été déçue.
C’est un juif, ma fille, moi j’te le dis, avec les juifs ça va jamais aller. Tu la connais ta belle-mère ? Poï poï poï, la vie de ma mère, en plus tu la connais pas ? Mais tu es folle, tu sais pas comment ils sont les juifs ? Elle va venir te regarder dans la culotte pour savoir si t’es vierge, ma pauvre…En plus on n’est pas juifs, nous. Moi, j’avais que des copains juifs là-bas, c’est pas ça la question. Mais c’est qu’ils se marient entre eux d’habitude. Elle va te pourrir la vie, ma chérie, moi je te le dis.
Charles est toujours content, mais vieillit. La pitchoune sent que l’histoire touche à sa fin. Il a déjà des grands enfants. N’en veut pas d’autres. Tu penses, pour qu’on me demande l’âge de mon petit-fils quand j’irai le chercher à l’école ? Elle commence à en avoir envie, elle. Se met inconsciemment en capacité de rechercher le géniteur ad hoc. Prodige des millénaires de construction d’un savoir spécifiquement féminin, femelle. Aboutissement de l’évolution, après le néanderthalien chasseur, avec lequel on s’accouple car il est heureux à la chasse, et nourrit amplement les petits lycaons. Certes, les jeunes artistes du clan voisin, ceux qui cultivent des plantes curieuses, -comme des vieilles-, dont certaines font les yeux émerveillés, et qui se cousent des vêtements tellement beaux, avec leurs capes brodées de fils de couleur, qu’ils obtiennent en teignant des fibres de chardon, on aime à passer du temps en leur compagnie. On devine que l’intimité avec eux, ce doit être comme ces longs frôlements entre femmes, quand on se coiffe l’une l’autre, au sortir de la source d’eau chaude, en contrebas, et que la caresse du peigne, la voix de l’amie, et ses petits rires provoque des spasmes dans le ventre, intenses et délicieux. Les hommes, c’est sûr que ça peut être comme ça aussi, caressants, avec des voix douces, qui aiment arranger leur hutte, avec de jolies choses trouvées dans les bois, une souche évidée et polie pour mettre des fleurs. Ils ne sont pas bien vus du clan d’ici, ils ne chassent presque pas, ils font pousser des légumes, ils domestiquent des oiseaux auxquels ils apprennent à parler au lieu de les manger.
Cet œil automatique de femelle, qui suppute en un clin d’œil tous les paramètres du couillu, les analyse, rend son verdict. Fera de beaux bambins, costauds. Mais qu’il est braillard. Et con. Pas celui-là.
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Message  Gobu Lun 29 Juin 2009 - 14:34

Hé ben hé ben, voilà une histoire qui démarre sur les chapeaux de roues. J'ai particulièrement apprécié les considérations sur le sort des rapatriés d'Algérie, décrit avec suffisamment d'humour pour ne pas tomber dans le pathos, et avec un sens du détail juste qui semble témoigner d'une certaine familiarité avec la question. On retrouve aussi la grivoiserie ironique qui caractérisait déjà d'autres de tes textes, et bien entendu cette profusion textuelle et ces phrases à tiroirs qui obligent le lecteur à une attention profitable à la bonne compréhension de l'histoire. La suite semble en effet pour le moment évoluer vers la success-story, mais avec suffisamment d'observations pertinentes (je pense entre autres au passage sur la Porsche) pour qu'elle paraisse crédible. Et puis la Roche Tarpéienne n'est-elle pas à un jet de chique du Capitole ? On attend la suite des aventures de la mignonne.
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Message  Gobu Lun 29 Juin 2009 - 14:36

Enfer ! Tu postes plus vite que l'ombre de Lucky Luke ! Bien entendu mon commentaire ne concernait que les deux premières parties.
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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 14:43

J'en viens à penser en te lisant que je me moque du flacon, l'ivresse sera au rendez-vous. En d'autres mots, quel que soit le sujet c'est un plaisir de lire ce tourbillon de mots. Ce qui ne m'empêche pas de repérer certaines imperfections :

noirâtres
ça
Là-bas j’avais une affaire

sans parler des accords discutables avec "on".

Légère déception (passagère) avec le cocktail plutôt fade du dernier passage.

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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 14:45

Gobu a écrit:Enfer ! Tu postes plus vite que l'ombre de Lucky Luke ! Bien entendu mon commentaire ne concernait que les deux premières parties.

itou ! Je lis la suite (et le repassage attendra...)

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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 14:50

Le calme avant la tempête.

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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 20:59

J'adore ceci :
"Certes, les jeunes artistes du clan voisin, ceux qui cultivent des plantes curieuses, -comme des vieilles-, dont certaines font les yeux émerveillés, et qui se cousent des vêtements tellement beaux, avec leurs capes brodées de fils de couleur, qu’ils obtiennent en teignant des fibres de chardon, on aime à passer du temps en leur compagnie. On devine que l’intimité avec eux, ce doit être comme ces longs frôlements entre femmes, quand on se coiffe l’une l’autre, au sortir de la source d’eau chaude, en contrebas, et que la caresse du peigne, la voix de l’amie, et ses petits rires provoquent des spasmes dans le ventre, intenses et délicieux. Les hommes, c’est sûr que ça peut être comme ça aussi, caressants, avec des voix douces, qui aiment arranger leur hutte, avec de jolies choses trouvées dans les bois, une souche évidée et polie pour mettre des fleurs. Ils ne sont pas bien vus du clan d’ici, ils ne chassent presque pas, ils font pousser des légumes, ils domestiquent des oiseaux auxquels ils apprennent à parler au lieu de les manger."

Dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé la sensualité de ce passage, qui n'empêche en rien l'observation pertinente.

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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 21:17

Adoré la première partie, le rythme, la richesse, la justesse des notations.
Par contraste, la suivante parait plus fade, mais on renoue avec l'ironie, la vivacité dans la quête du géniteur, bref : un moment de grand plaisir !
J'ai particulièrement aimé que personnages ou situations soient décrits comme par ricochet, en petits éclats mosaïqués...

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Message  silene82 Mar 30 Juin 2009 - 9:52

Elle s'emmerde. Ferme. Commence des accrocs. Des ébauches. Des délitements. Un jour, en trois oeillades, elle circonvient un fraîchement marié. C'est dans une brasserie huppée. Elle rejoue une scène dont on lui a parlé, dans un film X. Mais attention, du bon. Fellation devant les pissotières. Pénétration arc-boutée au dessus de la cuvette des chiottes, porte non verrouillée: elle commence à prendre goût à l'insolite. Et pourquoi pas, le gaillard n'en croit pas son gland, sodomie dont elle prend l'initiative. Le benêt n'en revient pas. Elle sort, altière, sans un regard. Il trottine derrière elle, bite pendante
-On peut se revoir?
-Ca va pas non? Elle toise, méprisante. Qu'est-ce que tu t'es imaginé?
-Ben, ça t'a pas plu?
-Connard, ça m'a plu comme ça m'aurait plu avec n'importe qui. Casse-toi.
Charles se rend plus ou moins compte. Ca l'inquiète plus qu'autre chose. Il la paterne de plus en plus. Elle se jette en avant. Multiplie les plans. S'exhibe. De plus en plus. Aux terrasses. Coquine au début. Joueuse. Les mecs passent, absorbés. Leur cerveau décodent soudain l'image que leur nerf optique vient d'acheminer. La fille, là. Elle a pas de culotte. Petit tailleur sexy. La vache. J'ai dû rêver. Il rebrousse chemin. Remonte l'avenue, pour pouvoir repasser. Putain, c'est bien ça! Le barbu à l'air! L'air ailleurs. Elle décroise les jambes, les recroise. Bordel, j'ai vu sa fente. Il repart, frémissant. Même pas assez de burnes pour l'aborder. S'il savait ce connard. Qu'elle est partante pour un ramonage dans le parking souterrain, à deux pas. Ou ailleurs.
- Tu fais souvent des plans comme ça?
La voix est chaude, bien timbrée. Elle a toujours été sensible aux voix. La voix d'Elvis...Quand elle l'entendait crooner, dans sa baignoire, elle en avait des orgasmes. Sans se toucher. Alors quand en plus elle s'aidait.
Pas trop grand. Plutôt pas mal. Sourire conquérant. Il s'assoit d'autorité.
-J'ai repéré ton manège. Ca te plaît?
-Quelle raison aurais-je autrement?
-Je te trouve gonflée. Ca me plaît. Jusqu'où t'es capable d'aller?
-Tout dépend de l'imagination du metteur en scène. S'il est nul, je me casse. Si c'est réussi, j'ai pas de limites.
-Tu connais le Canapé à Trois Places?
-La boîte échangiste? Entendu parler...
-Accompagne-moi ce soir
Pas de précisions à Charles. Elle va voir une amie. Elle ne se change pas. Dans la boîte, des zones éclairées, des taches de lumière. Des hommes vieillissant embrassent leur épouse, allongée sur une table, pénétrée par un individu. Une queue derrière . Une file en fait. Le bonhomme répète d'un air égaré et inspiré en même temps
Ca te plaît, hein? Prends ce que je ne peux pas te donner. Ca te plaît, hein?
Mortifère. Ils n'ont l'air d'y croire ni l'un ni l'autre. Les servants liment, consciencieusement. Le porno a tout envahi, et influencé; partout des groupes orgiaques, 5 ou 6 hommes autour de la même pouliche, saillie par tous les orifices. Sade avec la jubilation et le délire en moins.
Tant qu'à y être, ils s'y mettent. Elle n'arrive pas à se passionner. Une partouzette à quatre, longuette, gonflante. C'est comme ça que tu penses trouver le mâle ad hoc?
Elle file un faux numéro. Fausse piste, pas de temps à perdre.
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Message  Invité Mar 30 Juin 2009 - 9:57

Je craignais que votre récit ne vînt à s'enliser dans du porno pour le porno, et me réjouis de constater qu'il ne s'agit là que d'une étape dans l'éducation sentimentale de l'amazone. Pourquoi pas ?

Je vous fais cadeau de ceci :
ÇÇÇÇÇÇÇÇÇ
pour que vous cessiez de mutiler le "ça" dont vous faites d'ailleurs ici un usage frôlant, du mauvais côté, l'immodéré.

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Message  Invité Mar 30 Juin 2009 - 10:23

La donzelle a les pieds bien sur terre et le Nord toujours en vue, enfin j'espère. Fin de la parenthèse.

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Message  Invité Mar 30 Juin 2009 - 10:31

Ce qui me bluffe c'est l'aisance de l'écriture, quel que soit le sujet, cette éloquence qui semble ne jamais tarir.

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Message  silene82 Mar 30 Juin 2009 - 18:29

En visite chez les parents. Une vieille copine l'invite un soir à un dîner chez elle, avec quelques amis. Un quasi trentenaire, timide, est là, bien élevé. Parlant peu. Drôle assez quand il dit quelque chose. Un peu petit, mais joli garçon, de la finesse, un visage entre Italie et Maghreb, délicat avec de longs cils de femme. Très belle voix, avec des inflexions superbes dans les graves. Un peu celle de Richard Berri, qui la rend à moitié folle si elle l'écoute yeux mi- clos. Alors imaginer celui-là qui lui sussurerait
- que tu es belle...j'ai envie de toi
sans même parler, pour peu qu'il ait l'âme badine, de
- l'ombilic de tes fesses est parfait comme une orbe
et je souhaiterais m'y noyer à jamais
nager plongeur furtif et jamais rassasié,
caresseur compulsif de tes doux poils d'euphorbe
- mes poils d'euphorbe? C'est quoi?
- c'est une plante médicinale, qui guérit les plaies
- n'importe quoi! Je ne guéris pas, j'envoûte.
Elle rêvasse, ailleurs, un peu grise. Il ne lui a que peu parlé, avec timidité. Une inflexion, à un moment.
- Vous êtes rapatrié?
- Pas trop moi, je suis né un mois avant le départ. En Alger, c'est vrai. C'est mes parents qui l'ont vécu .
Terrain d'entente, au-delà des goûts immédiats. Semi puceau sans doute, il a bien dû trempoter le poireau une fois ou l'autre, plus dans l'ambiance d'une fête de carabins -oui, il est toubib- où les copines ne sont pas emmerdantes, même pour des jeunots rougissants. A croire même que ça les amusent. Elle va prendre en main les cours de rattrapage. Il n'est pas très difficile à convaincre, pour se revoir. Inhibé. Emprunté. Secret. Incernable. Une espèce d'absence, qui lui donne du charme et la pique au vif. Décision prise rapidement, par elle. Il y a manifestement une histoire compliquée avec les parents. Elle va sauver Willy, et faire coup double: il collaborera pour son polichinelle.
Le brave Charles lui rappelle que si elle a besoin de lui, qu'elle ne s'inquiète pas: il a passé l'âge de faire le jaloux.
Elle s'installe très vite avec lui. Pas mécontente de se la jouer coup de tête et fofolle. Ca change un peu. Il bosse pour un labo pharmaceutique étranger. Voyage pas mal. Accepte des missions à l'étranger. Ca elle aime. Milan. Les italiens charmeurs, Oeil de velours, attentions permanentes, qui savent si bien honorer la femme qu'ils convoitent, comme une reine, comment leur résister? Qui profitent des files à la Poste pour faire des déclarations d'amour éternelles. D'une visite à la Sixtine pour vous détailler en connaisseur, et vous proposer un week-end câlin. De l'entracte à la Scala pour jurer qu'ils vont se jeter dans l'Olona, si vous les dédaignez. Quel bel univers pour les femmes, par comparaison avec les mâles franchouillards, préparant la bedaine dès la puberté, si peu charmeurs et légers. La vie est trop courte et tragique pour que l'on n'en fasse pas une belle représentation permanente: la certitude vraie, absolue, infrangible, c'est qu'au bout il y a le tombeau, le Styx, et l'Hadès. Bien sûr, la dorure millénaire du christianisme a décoré de couleurs plus attrayantes ce royaume sombre et inquiétant, dont le jovial italien devine bien qu'on n'y rigole qu'avec précaution, et sur permission: une fois entré, il est malaisé d'en sortir. Et la félicité catholique, les cortèges célestes en robes blanches, avec couronnes et lyres, ça ne remplace pas une belle femme à caresser et étreindre, avant le grand sommeil, au bord du Léthé, par qui tout disparaît, et jusqu'au goût de la chair des femmes, et leur odeur de champ mûr. Alors on boit la vie. On admire la beauté des femmes, et la joie des enfants. On se réjouit d'être encore un jour, hic et nunc, qui e adesso, sous la treille à partager le lambrusco jeune et acide avec ses amis, dans les éclaboussures du soleil.
Madrid. Pues otra cosa. Grands seigneurs. Amicaux et splendides -esplendidos, d'une largesse inconnue ailleurs. Des inconnus avec qui ils ont sympathisé à une terrasse les invitent chez eux, dans un penthouse splendide qui domine El Retiro. Bobos ++. Adorables. Quand ils veulent passer quelques jours, une chambre est à leur disposition- une chambre, tu parles, d'habitude on dit suite-, l'appart' est gigantesque, plein de recoins et de beaux éléments d'architecture, pilastres, voûtes, colonnes, terrasse ombragée et enjardinée. Autre vision du monde. L'italien déclamait son enthousiasme devant sa beauté, et en prenait à témoin tout le quartier, avec une impudeur expansive; le madrilène des beaux quartiers, - car ils ne frayent pas avec les classes plus populaires, et d'ailleurs qui à Madrid peut encore habiter sans revenus élevés- est tout de retenue aristocratique, dans l'understatement, surprenante parenté avec l'Angleterre, mais compréhensible par la situation si particulière de Madrid, ville d'ascètes hallucinés, brûlés d'un soleil implacable, anéantis par des souffles boréals.
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Message  Invité Mar 30 Juin 2009 - 19:08

Trop philosophique à mon goût cette partie. Enfin, philosophique, je suis gentille, ça fait un peu propos de comptoir pour moi. Des considérations sans grand intérêt, qui fleurent le cliché... toujours bien écrites cela dit, slave a de soi.

"celui-là qui lui susurrerait"
"A croire même que ça les amuse (et non "amusent")"
"Ça change un peu."
"Les Italiens charmeurs, œil de velours"
"le jovial Italien"
"L'Italien"

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Message  silene82 Mar 30 Juin 2009 - 19:24

socque a écrit:Trop philosophique à mon goût cette partie. Enfin, philosophique, je suis gentille, ça fait un peu propos de comptoir pour moi. Des considérations sans grand intérêt, qui fleurent le cliché... toujours bien écrites cela dit, slave a de soi.

"celui-là qui lui susurrerait"
"A croire même que ça les amuse (et non "amusent")"
"Ça change un peu."
"Les Italiens charmeurs, œil de velours"
"le jovial Italien"
"L'Italien"

Ma foi! il faut bien endormir par moment.
Comment fait-on le ç majuscule? Moi aussi ça m'agace et me tire l'oeil. Et l'e dans l'o, comment? Je suis nul à ces fantaisies.
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Message  Invité Mar 30 Juin 2009 - 19:32

Si vous disposez de Word, vous avez les raccourcis claviers suivants :
-<,>, puis pour "Ç"
-<&>, puis pour "œ"
-<&>, puis pour "Œ"
Ensuite, copier-coller.

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Message  Invité Mar 30 Juin 2009 - 19:33

Zut ! En tête de chaque ligne, lisez : "la touche Ctrl" (l'éditeur du site a interprété ce que j'avais tapé pour représenter la touche contrôle, tout en bas à gauche du clavier).

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Message  Invité Mar 30 Juin 2009 - 19:36

Bon, je récris, sinon c'est imbitable.
Appuyez sur la touche "Ctrl" en même temps que sur ",", puis sur "C" pour obtenir "Ç"
Appuyez sur la touche "Ctrl" en même temps que sur "&", puis sur "o" pour obtenir "œ"
Appuyez sur la touche "Ctrl" en même temps que sur "&", puis sur "O" pour obtenir "Œ"

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Message  Peter Pan Mar 30 Juin 2009 - 20:12

Au cas où vous auriez un mac.

alt+ç pour Ç
alt+o pour œ
alt+o+Maj pour Œ
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Message  silene82 Mer 1 Juil 2009 - 18:15

Mariage. Mariage hétéroclite. Les juges aux affaires matrimoniales, connaisseurs approfondis des mouvements profonds de l'âme humaine, avec les notaires et quelques autres, savent que ce ne sont pas les gens qui divorcent, ce sont les familles.
On peut aller plus loin, peut-être: dans tout mariage, pour l'observateur, il y a le germe du divorce.
Beau mariage. Pieds-noirs friqués d'un côté -médecin, mais pas des familles. Spécialiste-. Dents longues, appétit de condottière et soif d'exilé. Bateau pris avec bambino dans les bras. Toubib, c'est peut-être plus facile pour repartir? Voire. Pour soigner les bicots, là-bas, fallait les mêmes diplômes? De la méthode. De l'entregent. De la ruse. De la rage aussi. Invisible. Sous-jacente. Morgue et mépris en sus.
Pieds-noirs pieds-noirs de l'autre: le folklore. La famille Hernandez. Les tapes sur l'épaule, et sur le ventre. Les rires à gorge déployée. Les blagues épaisses, téléphonées. L'esprit de ghetto: là-bas, c'était...Quoi là-bas? Maintenant, on est ici. On n'y retournera jamais là-bas, vous n'avez pas compris, insortable beau-père de mon fils? Ca vous amuse, votre accent qui fait se retourner les gens à la Poste? Moi je l'ai gommé. J'ai mis tout ce qui a trait à là-bas dans un coffre blindé, dont j'ai jeté la clé.
Réception dans un bon hôtel. Il a fallu faire des compromis des deux côtés. Pied-noir honteux peut-être, mais qui n'a pas oublié que si on prend son honneur à un autre couillu, ça peut faire vilain: impossible de lui imposer le grand tralala. Un hôtel milieu de gamme, dans un parc, avec traiteur. Correct, voire classe. Mais pas le top du top. La preuve, pied-noir aristo s'est bien gardé d'inviter certaines personnes, qu'il ne voudrait pas voir témoins de cette mésalliance. Le grand patron de la grande clinique où il consulte: il s'est débrouillé pour que la réception ait lieu le jour où il le savait en congrès aux US. Ouf! Au moins pas ce ridicule.
Les tourtereaux -tu parles, bambino pris au lasso et culbuté par les cornes, comme une vachette- voyagent de noces et lunent de miel. Pas trop long le voyage, ils l'écourtent, se rendant compte qu'ils se font chier l'un et l'autre. Nouvelle affectation. Nord. Les régions pour parricides et matricides. Où ne poussent que patates et betteraves sous un ciel glaiseux. Les pieds dans la gadoue. Le boulot, tu choisis pas trop, dans ces branches. Faut savoir ce que tu veux. Cadre supérieur dans un endroit de merde ou chômeur au soleil.
Cahin caha on s'acclimate. Il y a un peu de culturel. Théatre. Cinoche. Bambino junior est amorcé. Un têtard glaireux hydrocéphale. Sur l'écho. Putain d'héritier, ya pas, on s'y projette. Elle a les jambes coupées. Il l'épuise. Elle se traîne, s'allonge souvent. Laisse courir. Quand il rentre, il se démerde. Plutôt mal. Le boulot génère du stress: gros enjeux, stratégies, concurrents, marchés pointus. Beaucoup d'investissement perso. Rentrer crevé, la trouver crevée. Crevée de quoi? T'étais allongée toute la journée, non?
8 mois de ce régime. 2 amorces de fausses-couches en cours de route. La délivrance. Atroce. Interminable. 72 heures. Epuisée depuis la première journée de contractions. Ca n'en finit pas. Poussez. Tu parles, poussez. Péridurale, évidemment. Ca ralentit, évidemment: la poussée n'accompagne pas les contractions. Une boucherie. Pour finir, césarienne: la cerise sur l'abdo. Et une belle balafre, en prime. Un vrai artiste, il a voulu signer, c'est sûr. Enculé.
Montées de lait douloureuses. Très. L'avorton veut pas téter: il détourne la tête, même quand le jet sort tout seul du sein comprimé à éclater, et lui arrose le museau. La ronde des biberons, des nuits entre-deux, comateuses, oeil toujours semi-ouvert. Qu'est-ce qui m'a pris? Et c'est parti pour long.
Labodoc continue les voyages d'affaires. Rentre, trouve la bella donna allongée. Pour changer. Piaule pas propre. Vaisselle pas faite. Bouffe non plus, bien sûr. Onomatopées pour répondre. Bambino grandit. Achat d'un appart', quartier chic. Appart surpayé, elle tenait au quartier.
Les années roulent. Moroses. On descend en vacances sur la côte, chez les pieds-noirs. Chacun chez ses pieds-noirs. Papi-mami poï poï, gâteux, comme de juste. Cadeaux. Donne toi la peine de t'asseoir à table, ma chérie. Laisse moi faire. Repose toi.
Pendant ce temps il joue au petit matelot sur le bateau de papa. 18 mètres. Equipé pour barrer en solitaire. Ce qu'il fait. Elle, bateau, pas trop. Les week-end chez beau-papa belle-maman avec bambino. Mais pas plus. Guindé quand même. Le vin par demi-verre, Grand cru. L'obligation de se surveiller. Conversations polies. Elle pense à Obaldia:
on parle littérature,
comme quand on est marié,
de la Comtesse de Ségur,
née Rostopchine, morte yéyé.
Bambino se bonifie. Une beauté excessive, qui retient. Perfection de la peau, des dents. Eclat des yeux. Cheveux drus à reflets blonds. Beau comme une fille. Pied-noir honteux monte le ton. Les week-ends seulement? C'est aussi son petit-fils, non? Il laisse planer l'éventualité d'une restriction de la circulation des bâtiments gréés. Labodoc appuie; perdre son joujou? Transactions, compromis. Re-exigences de papidoc. Ce coup-là elle voit rouge. Niet et reniet. Qu'à cela ne tienne. Papidoc est dans la toute-puissance. Saisine d'un juge pour obtenir des droits. Instruction en cours.
Lassé de trouver l'appart' en vrac, labodoc. De trouver maman effondrée, épuisée -bien sûr-. Ca commence à durer juste un tout petit peu. Il rentre un peu plus tard. Boit des pots after work. Devient cachottier. Elle ne réagit pas. Pouponne vaguement. Pas tant que ça. Il n'y a d'ailleurs plus beaucoup motif à pouponner, il est en grande section de maternelle. A peine rentré de l'école, goûter. Toile cirée. Pas de miettes. Bain. Tous les jours. Dodo le plus tôt possible. Interdiction de bouger ses jouets. De courir. De sauter, de chanter, de crier. De vivre?
Papidoc a obtenu un référé qui établit des droits pendant les vacances. Bambino y passe des jours seul avec papi-mami pieds-noirs aristos. Elle chez papi-mami poï poï. Lui sur l'unité navigante.
Retour au taf. Des choses suspectes. Odeurs inhabituelles imprégnées dans la veste. Qu'est-ce que les mecs sont nuls pour mentir. Ils devraient prendre des cours avec des filles. Mais c'est assez logique. Ils n'ont jamais trop eu à se protéger, ces gros cons. A essayer de vivre autre chose que ce qu'on leur traçait. Sans se faire couper la tête. Ou boucler. Ou lapider. Qu'il vive sa vie. Depuis longtemps déjà elle s'allonge de mauvaise grâce. Plus pour ne plus voir sa tronche d'aspirateur quand il rentre de voyage, excité comme un pou, sautant dans tous les coins, alors qu'elle est dans une espèce de brume légère, où les jours succèdent aux jours. Prédépressive, je te dis, fais gaffe. C'est une des dernières fidèles qui le lui a dit, une vieille copine d'avant. Du temps des mains baladeuses du patron. La cuisine. Le couloir. Putain de vie.
Un soir il le lui lâche. Assez péteux. Ayant respiré un grand coup. J'ai une relation. Elle a encore les derniers vestiges d'un humour moribond. Elle lui répond en chantonnant:
- il a une relation, mondaine, il a une relation.
Peine perdue, il ne connaît pas Trénet. Elle rit amèrement de cette incommunicabilité. Insoluble. Et qu'importe. Nitchevo. Fatiguée. Il faut bien feindre un semblant d'intérêt.
- Je la connais?
- Oui. C'est N.
- Du boulot?
- Beh...oui
Tu m'étonnes. Sacré chasseur, le gaillard. La petite responsable communication de sa boîte, l'étage en dessous, qui est venue une fois pour un pot. Un peu inodore. En tout cas, en apparence.
S'il savait comme elle s'en tape. Qu'il la saute, bon vent, bon plaisir, adieu Berthe.
vous voyez les choses comment,
- ben...on va vivre ensemble
- démarre la procédure. N'oublie pas que tu as un gosse.
- évidemment.
Elle entend presque son soupir de soulagement. Qu'il contient, quand même. De toute façon , tout la fait chier, la ville, l'endroit, les gens, lui, son ex, que déjà elle commence à regarder en ennemi, pas vraiment en ennemi en fait, en élément distinct, étranger. Dire qu'ils ont été une seule chair, comme l'annonçait le curaillon du mariage. Mes ovaires, oui, une seule chair. Sa bite à lui, chaque fois qu'il était à tourner et retourner comme un caniche, là, à vouloir faire pan-pan. Ou crac-crac. Alors qu'elle était dans son demi-sommeil éveillé, peuplé de belles choses, de dames bien habillées, avec de beaux cheveux, qui se préoccupent de leur apparence, qui ont de beaux vêtements, longs, soyeux. Heureusement, son berlingot a été mis au format par ses galipettes antérieures: elle ne le sent presque pas. Et peut exciper de son irrespect à son endroit pour lui monter un plan sanglant, le lendemain. Quand elle se sent d'humeur belliqueuse. Ce qui lui arrive de plus en plus rarement. Gérer le quotidien. Il lui semble que c'est toujours le même recommencement. Bambino. Qu'il faut lever. Habiller. A qui faire prendre le petit-déjeuner. Accompagner à l'école. Récupérer. Refaire manger. Il pourrait pas se contenter de gélules, merde? Raccompagner à l'école. Retourner chercher. Faire goûter. Mettre au bain. Faire dîner. Coucher. Répétitif. Insupportable.
Le divorce s'est remarquablement bien passé: c'est l'avis de l'avocat commun. Elle n'a pas la eu la gnaque pour en prendre un. Elle accepte. Prestation compensatoire. Pension pour bambino. Bah! Qu'importe. L'appart'. Elle pourrait le garder. Ce que lui conseille la copine: place ta prestation là-dedans. Bosse à côté. Elle n'a pas de ressort pour bosser. Elle quitte l'appart', en prend un autre, dans le même quartier, pas loin. Cher et moins bien. Les jours s 'établissent au long cours, entre bleu et gris.
Retour de vacances de bambino. Rituel ordinaire, goûter. Bain. Dans le bain
- maman, les papis, c'est vrai qu'ils sont plus que les papas?
- mais non. C'est papi qui t'a dit ça?
- oui; et même qu'il commandait parce qu'il était le papa de papa
- et à quel moment il t'a dit ça?
- quand je voulais pas qu'il recommence
- qu'il recommence quoi?
- à mettre son zizi dans mes fesses. C'est vrai que les papis y z'ont le droit de faire çà?
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Message  Invité Mer 1 Juil 2009 - 18:18

silene82, je repensais à votre histoire, et me suis rendu compte, à la réflexion, que vous aviez complètement changé de technique narrative entre le premier morceau proposé à notre dégustation et les autres : vous êtes passé de celle, puissante et complexe, donnant le point de vue interne de plusieurs protagonistes (méthode employée, entre autres certainement, par Virginia Woolf et Philip K. Dick), à celle beaucoup plus classique où un narrateur omniscient raconte ce qu'il se passe en restant centré sur l'héroïne.
Je me demande si le fait d'ovoir recouru à un mode de narration somme toute banal, après un début en fanfare, ne contribue pas à affadir votre texte, à lui donner cette allure de succes story qui tend à m'agacer par moments... Voilà, je soumets cette remarque à votre réflexion.

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Message  Invité Mer 1 Juil 2009 - 18:27

Je n'avais pas lu le dernier fragment avant de commenter. A mon avis, le style est trop saccadé pour exprimer l'infinie lassitude de l'héroïne.
J'ai aimé la dernière phrase en forme de coup de théâtre ! Ne serait-on pas en train de "raccorder" sur un de vos textes précédents (j'ai oublié le titre), où on évoquait les poursuites judiciaires à l'encontre du papy violeur ?

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Message  Invité Mer 1 Juil 2009 - 19:08

L'héroïne a jeté sa gourme et file le banal coton de Mme tout le monde, plus ou moins. Silène, m'en voudras--tu si je te dis que je m'ennuie un peu dans cet épisode qui me semble bien en-deçà de tes possibilités - ne serait-ce encore, en filigrane, le plaisir de cette écriture nerveuse et renseignée. Et quand je vois poindre avec la fin du dernier paragraphe un élément essentiel d'un de tes récents textes, je ne demande qu'à croire en ta capacité à innover, à surprendre....

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Message  silene82 Mer 1 Juil 2009 - 21:19

Merci socque et Easter de vos commentaires toujours bienvenus, pertinents et chaleureux. Effectivement, j'ai passablement merdouillé mon truc, je n'aurais pas dû lâcher l'élan de la première partie, c'était le bon rythme. Je vais essayer de reprendre, sans grande conviction: c'est parti en sucette, pour rester poli, vers le milieu, et je ne sais pas trop ce que je vais pouvoir rafistoler. De fait, l'histoire se regreffe sur une autre, je n'allais aucunement vers une success story. Il va falloir que ça décante. De toutes façons, je vais arrêter d'envoyer des textes insuffisamment travaillés, c'est trop frustrant quand on les merdouille.
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Message  Invité Jeu 2 Juil 2009 - 8:00

Vrai que c'est longuet, le passage "vie de madame Toulmonde", mais une vie comme ça, c'est longuet aussi, non ? donc adéquation parfaite entre fond et forme.
Et puis, ce n'est que par comparaison avec la fulgurance du début ! Et enfin, je supporterais bien de ne m'ennuyer pas plus dans tout ce que je lis !!!
Enfin, c'est vrai que le côté haché du texte va un peu à la facilité.
Et que Socque ( quelle correctrice !!! on devrait vous louer à chaque heure, Socque ! car vous n'êtes sans doute pas achetable...! ) a raison en parlant du changement de point de vue narratif qui affaiblit le texte.
Mais j'en redemande !

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Message  silene82 Jeu 2 Juil 2009 - 9:14

J'ai reprisé le costard; si l'oeil de socque et d'Easter avait la charité de s'y pencher, je leur en serais presque éternellement reconnaissant

En visite chez les parents. Une vieille copine l'invite un soir à un dîner chez elle, avec quelques amis. Un quasi trentenaire, timide, est là, bien élevé. Parlant peu. Drôle assez quand il dit quelque chose. Un peu petit, mais joli garçon, de la finesse, un visage entre l'Italie et le Maghreb, délicat avec de longs cils de femme. Très belle voix, avec des inflexions superbes dans les graves. Un peu celle de Richard Berri, qui la rend à moitié folle si elle l'écoute yeux mis clos. Alors imaginer celui-là qui qui lui susurrerait
que tu es belle...j'ai envie de toi
sans même parler, pour peu qu'il ait l'âme badine, de
l'ombilic de tes fesses est parfait comme une orbe
et je souhaiterais m'y noyer à jamais
nager plongeur furtif et jamais rassasié,
caresseur compulsif de tes doux poils d'euphorbe

- mes poils d'euphorbe? C'est quoi?
- c'est une plante médicinale, qui guérit les plaies
- n'importe quoi! Je ne guéris pas, j'envoûte.

Elle rêvasse, ailleurs, un peu grise. Il ne lui a que peu parlé, avec timidité. Une inflexion, à un moment.
- Vous êtes rapatrié?
- Pas trop moi, je suis né un mois avant le départ. En Alger, c'est vrai. C'est mes parents qui l'ont vécu .
Jolie fille. Vive. Je m'en accommoderais volontiers. Elle a pas l'air compliquée. Elle me fait comprendre qu'elle est sensible, au moins, à mes titres. Dire que je me suis tapé 9 ans en comptant les fausses pistes pour un truc qui ne mintéresse pas. Pas beaucoup. Bon c'est vrai qu'il donne un statut. Docteur. Monsieur le docteur. En Italie, ils sont tous dottore. Dottore des Petits Chiens à Mémère. Dottore des Ramassages de Poubelles. C'est vrai que ça m'a donné accès à un boulot intéressant. Et lucratif. Le vieux a bien fait de me faire chier. J'aurais tout planté autrement.
Terrain d'entente, au-delà des goûts immédiats. Semi puceau sans doute, il a bien dû trempoter le poireau une fois ou l'autre, plus dans l'ambiance d'une fête de carabin -oui, il est toubib, elle me l'avait dit avant la soirée- où les copines ne sont pas emmerdantes, même pour des jeunots rougissants comme lui. A croire même que ça les amusent. Moi il ne me déplait pas. Ce côté féminin. Ce beau visage expressif. En fait il me plaît. Elle va prendre en main les cours de rattrapage. Il n'est pas très difficile à convaincre, pour se revoir. Inhibé. Emprunté. Secret. Incernable. Une espèce d'absence, qui lui donne du charme et la pique au vif. Tu vas accoucher, dis, enculé? T'as quoi dans le buffet? C'est quoi cet air d'étranger pas encore acculturé? T'as toujours vécu ici, non? Qu'est ce que tu nous embrouille avec là-bas? Qu'est-ce tu connais de là-bas?Décision prise rapidement, par elle. Il y a manifestement une histoire compliquée avec les parents. Elle va sauver Willy, et faire coup double: il collaborera pour son polichinelle.
Le brave Charles lui rappelle que si elle a besoin de lui, qu'elle ne s'inquiète pas: il a passé l'âge de faire le jaloux. Elle s'installe très vite avec lui. Pas mécontente de se la jouer coup de tête et fofolle. Ca change un peu. Il bosse pour un labo pharmaceutique étranger. Voyage pas mal. Accepte des missions à l'étranger. a elle aime. Milan. Les italiens charmeurs, oeil de velours, attentions permanentes, qui savent si bien honorer la femme qu'ils convoitent, comme une reine, comment leur résister? Il yen a un hier, à la Poste qui me faisait des déclarations d'amour éternelles. Un peu hâtif peut-être, mais agréable. En plus il était beau: belle gueule de petite frappe ritale, dur, un profil de médaille. Bon, les rayban en couronne dans les cheveux, limite. Pas gênés, quand même, quand on était à la Sixtine, l'autre week-end, le groupe de mecs qui me détaillaient en connaisseurs, et le petit qui s'est débrouillé pour me proposer un week-end câlin. Sous le nez de monsieur. Qui a quand même bien une gueule de rital, un peu, faut pas déconner. Ils doivent sentir qu'il est inhibé. C'est çà. Avec un petit taureau comme eux, ils s'amuseraient pas.
Elle a du succès madame. Qu'est-ce qu'ils croient, tous, que je suis aveugle? Que je ne vois pas les clins d'oeil? A l'entracte à la Scala, vendredi, j'en entendais un du coin de l'oreille qui jurait qu'il allait se jeter dans l'Olona, par sa faute. Tu parles. Si par extraordinaire il sautait dans autre chose que sa baignoire, il aurait convoqué Croix Rouge et carabinieri avant, et il en ferait un scoop: prêt à se suicider par amour. Escroc. Même s'il ne décrochait pas la mienne, avec la pub qu'il en aurait, toutes les femmes de Milan en seraient folles.
Quel bel univers pour les femmes, par comparaison avec les mâles franchouillards, préparant la bedaine dès la puberté, si peu charmeurs et légers. La vie est trop courte et tragique pour que l'on n'en fasse pas une belle représentation permanente: la certitude vraie, absolue, infrangible, c'est qu'au bout il y a le tombeau, le Styx, et l'Hadès. Bien sûr, la dorure millénaire du christianisme a décoré de couleurs plus attrayantes ce royaume sombre et inquiétant, dont le jovial italien devine bien qu'on n'y rigole qu'avec précaution, et sur permission: une fois entré, il est malaisé d'en sortir. Et la félicité catholique, les cortèges célestes en robes blanches, avec couronnes et lyres, ça ne remplace pas une belle femme à caresser et étreindre, avant le grand sommeil, au bord du Léthé, par qui tout disparaît, et jusqu'au goût de la chair des femmes, et leur odeur de champ mûr. Alors on boit la vie. On admire la beauté des femmes, et la joie des enfants. On se réjouit d'être encore un jour, hic et nunc, qui e adesso, sous la treille à partager le lambrusco jeune et acide avec ses amis, dans les éclaboussures du soleil.
Madrid. Pues otra cosa. Grands seigneurs. Amicaux et splendides -esplendidos, d'une largesse inconnue ailleurs. Des inconnus avec qui ils ont sympathisé à une terrasse les invitent chez eux, dans un penthouse splendide qui domine El Retiro. Bobos ++. Adorables. Quand ils veulent passer quelques jours, une chambre est à leur disposition- une chambre, tu parles, d'habitude on dit suite-, l'appart' est gigantesque, plein de recoins et de beaux éléments d'architecture, pilastres, voûtes, colonnes, terrasse ombragée et enjardinée. Autre vision du monde. L'italien déclamait son enthousiasme devant sa beauté, et en prenait à témoin tout le quartier, avec une impudeur expansive; le madrilène des beaux quartiers, - car ils ne frayent pas avec les classes plus populaires, et d'ailleurs qui à Madrid peut encore habiter sans revenus élevés- est tout de retenue aristocratique, dans l'understatement, surprenante parenté avec l'Angleterre, mais compréhensible par la situation si particulière de Madrid, ville d'ascètes hallucinés, brûlés d'un soleil implacable, anéantis par des souffles boréals.
On est ensemble depuis quelques mois. On a bougé. On ne se déplait pas. Moi il m'irait bien pour faire un marmot. Je veux garder la main. Ca serait quand même mieux si on était mariés.
Ma fille elle va pas nous faire la honte. Heureusement qu'ils étaient toujours en voyage. A quoi ça ressemble ces trucs de maintenant? Nous on sait comment il faut faire les choses: on fréquente la fille. On rencontre la famille. On regarde si c'est possible, s'il n'y a pas de contre-indication. Si le garçon il est trop pressé, il va au bobinard. Ah c'est vrai, ici c'est interdit. Eh ben, il va avec les filles qui font le trottoir. Mais sa fiancée, il la respecte. Parce que sinon il met à la honte à tout le monde. C'est vite fait de mettre une fille enceinte, il faut pas grand chose. Ma fille elle sait ça. Moi je veux pas savoir comment elle faisait à Paris avec son fiancé. C'était Paris, moi, je connais personne à Paris. Si, le fils Mekchiche, mais celui-là je veux même pas en entendre parler.
Mariage. Mariage dans l'air. Mariage hétéroclite. Les juges aux affaires matrimoniales, connaisseurs approfondis des mouvements profonds de l'âme humaine, avec les notaires et quelques autres, savent que ce ne sont pas les gens qui divorcent, ce sont les familles.
On pourrait aller plus loin, peut-être: dans tout mariage, pour l'observateur, il y a le germe potentiel du divorce, hors mariage arrangé.
Ils croient qu'ils savent tout. Nous on connait. Ma cousine Brigitte elle a fait pareil. Et je te rencontre un avocat. Et je te sors avec. Et ci. Et ça. Elle était jolie, note bien, comme tatie Cécile, tu sais, la peau très blanche, des grands yeux noirs, des dents superbes: c'est pas compliqué elle a été miss Bab el Mander deux ans de suite, c'est dire. Nous on lui disait ça va pas tenir Brigitte, qu'est-ce tu veux que ça marche avec la famille, c'est tous des juges et compagnie, ils ont la moitié de Constantine, tu crois ton diplôme de dactylo il va faire le poids? Résultat des courses elle lui a monté le bourrichon, il se sont mariés en Espagne, elle de penalty. Quand le petit est né, ça a tenu comme-ci comme çà 2 ou 3 ans, lui il allait voir sa famille en cachette. A la fin, ça a pas loupé, il l'a plaqué, il est retourné dans sa famille, et il s'est remarié avec la fille des Constructions Modernes, tu sais, ceux qui ont fait tous les nouveaux quartiers. Oui, évidemment il avait divorcé avant. Tu parles, avec les sous. Et elle, elle vivote comme elle peut. Heureusement qu'il y a la famille. Bien sûr c'est pas comme si qu'elle serait fille-mère. Mais c'est quand même pas formidable.
Beau mariage. Pieds-noirs friqués d'un côté -médecin, mais pas des familles. Spécialiste-. Dents longues, appétit de condottière et soif d'exilé. Bateau pris avec bambino dans les bras. Toubib, c'est peut-être plus facile pour repartir? Voire. On nous attendait pas, figurez-vous. Et les milieux de toubibs, c'est fermé. On m'en sortait de bonnes au début. Vous devez être forts en obstétrique, les pieds-noirs, non? Avec les moukères qui pondent comme des lapins. Pour soigner les bicots, là-bas, fallait les mêmes diplômes? Vous aviez pas un cycle d'études raccourci?Il a fallu s'imposer. Avec le sourire. De la méthode. De l'entregent. De la ruse. De la rage aussi. Invisible. Sous-jacente. Morgue et mépris en sus.
Pieds-noirs pieds-noirs de l'autre: le folklore. Qu'est-ce qui lui a pris? Elle lui a mis le grappin dessus. On dirait la belle-famille de la soeur de ma femme. La famille Hernandez. Les tapes sur l'épaule, et sur le ventre. Les rires à gorge déployée. Les blagues épaisses, téléphonées. L'esprit de ghetto: là-bas, c'était...Quoi là-bas? Maintenant, on est ici. On n'y retournera jamais là-bas, vous n'avez pas compris ? Ca vous amuse, votre accent qui fait se retourner les gens à la Poste? Moi je l'ai gommé. J'ai mis tout ce qui a trait à là-bas dans un coffre blindé, dont j'ai jeté la clé.
Qu'est-ce qui lui a pris à la petite. Sa mère elle lui en a parlé, elle dit que c'est le coup de foudre. Coup de foudre, coup de foudre, quand il y a autant de différence dans les familles, le coup de foudre, il amène l'orage. Moi je trouve que ça sent pas bon pour elle: ils peuvent pas faire autrement, leur fils il est majeur, hein, il est docteur. Mais on voit que ça leur plaît pas, c'est pas des gens comme nous. Je leur parle de Mlek Habtou, ils font comme si qu'y connaîtraient pas. Tout le monde il connaissait Mlek Habtou, c'était les meilleures brochettes d'Alger. Mais eux, bientôt ils vont dire qu'ils sont nés ici. N'empêche que des fois quand ils s'énervent un peu l'accent ils l'ont pareil que nous. Ils se croient qu'on peut peindre le chameau et le faire passer pour une girafe. Macache.
Réception dans un bon hôtel. Il a fallu faire des compromis des deux côtés. Pied-noir honteux peut-être, mais qui n'a pas oublié que si on prend son honneur à un autre couillu, ça peut faire vilain: impossible de lui imposer le grand tralala. Un hôtel milieu de gamme, dans un parc, avec traiteur. Correct, voire classe. Mais pas le top du top. La preuve, pied-noir aristo s'est bien gardé d'inviter certaines personnes, qu'il ne voudrait pas voir témoins de cette mésalliance. Le grand patron de la grande clinique où il consulte: il s'est débrouillé pour que la réception ait lieu le jour où il le savait en congrès aux US. Ouf! Au moins pas ce ridicule. J'ai imposé le champagne à l'apéritif. Ils voulaient mettre de la sangria. Et pourquoi pas les merguez, aussi? Et la chakchouka? Nous, de temps en temps, on va dans un restaurant tenu par des pieds-noirs. Mais pas dans le coin.
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Message  silene82 Jeu 2 Juil 2009 - 9:14

Les tourtereaux -tu parles, bambino pris au lasso et culbuté par les cornes, comme une vachette- voyagent de noces et lunent de miel. Pas trop long le voyage, ils l'écourtent, se rendant compte qu'ils se font chier l'un et l'autre. Nouvelle affectation. Nord. Les régions pour parricides et matricides. Où ne poussent que patates et betteraves sous un ciel glaiseux. Les pieds dans la gadoue. Le boulot, tu choisis pas trop, dans ces branches. Faut savoir ce que tu veux. Cadre supérieur dans un endroit de merde ou chômeur au soleil.
Cahin caha on s'acclimate. Il y a un peu de culturel. Théatre. Cinoche. Bambino junior est amorcé. Un têtard glaireux hydrocéphale. Sur l'écho. Putain d'héritier, ya pas, on s'y projette. Elle a les jambes coupées. Il l'épuise. Elle se traîne, s'allonge souvent. Laisse courir. Quand il rentre, il se démerde. Plutôt mal. Le boulot génère du stress: gros enjeux, stratégies, concurrents, marchés pointus. Beaucoup d'investissement perso. Rentrer crevé, la trouver crevée. Crevée de quoi? T'étais allongée toute la journée, non?
8 mois de ce régime. 2 amorces de fausses-couches en cours de route. La délivrance. Atroce. Interminable. 72 heures. Epuisée depuis la première journée de contractions. Ca n'en finit pas. Poussez. Tu parles, poussez. Je voudrais bien les y voir. J'en peux plus, j'ai pas dormi, je suis ensuquée. Péridurale, évidemment. Ca ralentit, évidemment: la poussée n'accompagne pas les contractions. Une boucherie. Pour finir, césarienne: la cerise sur l'abdo. Et une belle balafre, en prime. Un vrai artiste, il a voulu signer, c'est sûr. Enculé. En plus il paraît qu'après ça reste fragile. En tous cas c'est pas beau.
Montées de lait douloureuses. Très. L'avorton veut pas téter: il détourne la tête, même quand le jet sort tout seul du sein comprimé à éclater, et lui arrose le museau. La ronde des biberons, des nuits entre-deux, comateuses, oeil toujours semi-ouvert. Qu'est-ce qui m'a pris? Et c'est parti pour long.
Labodoc continue les voyages d'affaires. Rentre, trouve la bella donna allongée. Pour changer. Piaule pas propre. Vaisselle pas faite. Bouffe non plus, bien sûr. Onomatopées pour répondre. Bambino grandit. Achat d'un appart', quartier chic. Appart surpayé, elle tenait au quartier.
Les années roulent. Moroses. On descend en vacances sur la côte, chez les pieds-noirs. Chacun chez ses pieds-noirs. Papi-mami poï poï, gâteux, comme de juste. Cadeaux. Donne toi la peine de t'asseoir à table, ma chérie. Laisse moi faire. Repose toi. Au moins t'as un bon niveau de vie. C'est toujours ça.
Pendant ce temps il joue au petit matelot sur le bateau de papa. 18 mètres. Equipé pour barrer en solitaire. C'est ça que j'aime vraiment. C'est même ça que j'aurais dû faire. Navigateur. Comme Moitessier. Partir. Découvrir des îles. Des archipels. Des noms d'ailleurs. Rien que le nom, c'est déjà un ailleurs: Ventotene. En Méditerranée. On dirait une île du bout du monde, à la sonorité. Genre Terre de Feu. Alboran. Pas mal aussi, Alboran; On dirait un nom d'étoile. Elle, bateau, pas trop. Les week-end chez beau-papa belle-maman avec bambino. Mais pas plus. Guindé quand même. Le vin par demi-verre, Grand cru. L'obligation de se surveiller. Conversations polies. Putain, ça me fait penser à Obaldia:
on parle littérature,
comme quand on est marié,
de la Comtesse de Ségur,
née Rostopchine, morte yéyé.
Ils craignent bordel. Et si je montais sur la chaise en disant beau-papa, c'est le rinçage d'oeil gratuit vous allez voir ma foufoune. Je me demande ce qu'il dirait. La belle-doche c'est autre chose. Avec son museau pincé. Rongeur obstiné et entasseur. Celle là elle crèvera la dernière. Et encore en faisant la gueule.
Bambino se bonifie. Une beauté excessive, qui retient. Perfection de la peau, des dents. Eclat des yeux. Cheveux drus à reflets blonds. Beau comme une fille. Pied-noir honteux monte le ton. Les week-ends seulement? C'est aussi son petit-fils, non. Il laisse planer l'éventualité d'une restriction de la circulation des bâtiments gréés. Labodoc appuie; perdre son joujou? Transactions, compromis. Re-exigences de papidoc. Ce coup-là elle voit rouge. Niet et reniet. Qu'à cela ne tienne. Papidoc est dans la toute-puissance. Saisine d'un juge pour obtenir des droits. Instruction en cours.
Lassé de trouver l'appart' en vrac, labodoc. De trouver maman effondrée, épuisée -bien sûr-. Quand elle est pas crevée, elle est chez ses copines. Ca commence à durer juste un tout petit peu. Il rentre un peu plus tard. Boit des pots after work. Devient cachottier. Déjà que je me fais chier chez moi, si en plus je ne peux pas aller rigoler un coup. En plus, que je sache, c'est moi qui pourvoit à la tambouille. S'il fallait compter sur madame. Féministe comme elles sont toutes. Envoie l'oseille et boucle-là. Tu auras une petite branlette quand je voudrais bien. Si tu me fais pas trop chier. Ben moi, je commence à en avoir ma claque. En plus elle tire la tronche. On dirait un zombi. Putain, elle se plaint de quoi? Elle ferait mieux d'aller voir au dehors si elle est pas privilégiée.
Elle ne réagit pas. Pouponne vaguement. Pas tant que ça. Il n'y a d'ailleurs plus beaucoup motif à pouponner, il est en grande section de maternelle. A peine rentré de l'école, goûter. Toile cirée. Pas de miettes. Bain. Tous les jours. Dodo le plus tôt possible. Interdiction de bouger ses jouets. De courir. De sauter, de chanter, de crier. De vivre? Il faudra encore se lever demain. Et après-demain. Et après-après. C'est long. Je m'imaginais pas ça comme ça. Je suis fatiguée, je m'allonge, je dors, je me réveille, je suis toujours autant fatiguée, je me rallonge. Il faut aller chercher le petit. Ca me pèse, ça me semble un monde.
Papidoc a obtenu un référé qui établit des droits pendant les vacances. Bambino y passe des jours seul avec papi-mami pieds-noirs aristos. Elle chez papi-mami poï poï. Lui sur l'unité navigante.
Retour au taf. Des choses suspectes. Odeurs inhabituelles imprégnées dans la veste. Qu'est-ce que les mecs sont nuls pour mentir. Il croit que j'ai rien vu? Ils devraient prendre des cours avec des filles. Mais c'est assez logique. Ils n'ont jamais trop eu à se protéger, ces gros cons. A essayer de vivre autre chose que ce qu'on leur traçait. Sans se faire couper la tête. Ou boucler. Ou lapider. Qu'il vive sa vie. Depuis longtemps déjà elle s'allonge de mauvaise grâce. Plus pour ne plus voir sa tronche d'aspirateur quand il rentre de voyage, excité comme un pou, sautant dans tous les coins, alors qu'elle est dans une espèce de brume légère, où les jours succèdent aux jours. Allez, lime, connard.
Vous êtes bons qu'à ça, enculés. Tu prendrais le temps de me caresser en me parlant, avec ta putain de voix que tu mérites pas, fils de pute, j'aurais sûrement un orgasme. Pas la représentation que vous en avez, les gros barbares. Nos orgasmes à nous. Très subtils. Longs. En petites vagues qui viennent mourir et réalimenter la suivante. Des vagues, c'est vraiment ça. La mer. Le clapotis. Etre bien.
Prédépressive, je te dis, fais gaffe. C'est une des dernières fidèles qui le lui a dit, une vieille copine d'avant. Du temps des mains baladeuses du patron. La cuisine. Le couloir. Putain de vie.
Un soir il le lui lâche. Assez péteux. Ayant respiré un grand coup. J'ai une relation. Elle a encore les derniers vestiges d'un humour moribond. Elle lui répond en chantonnant:
- il a une relation, mondaine, il a une relation.
Peine perdue, il ne connaît pas Trénet. Elle rit amèrement de cette incommunicabilité. Insoluble. Et qu'importe. Nitchevo. Fatiguée. Il faut bien feindre un semblant d'intérêt.
- Je la connais?
- Oui. C'est N.
- Du boulot?
- Beh...oui
Tu m'étonnes. Sacré chasseur, le gaillard. Monsieur est un redoutable pisteur. En Amazonie, il ferait merveille: la fille de la cabane à côté ou rien. Quand on pense que les chats, pour une femelle, trotte une nuit entière, te font 50 bornes sans débander. Ca vaudrait le coup d'avoir un chat pour amant. Gore et violent, ça c'est sûr. Mais du ronron aussi. Alors c'est elle, l'orchidée. Tu parles. Parce qu'elle était là. La petite responsable communication de sa boîte, l'étage en dessous, qui est venue une fois pour un pot. Un peu inodore. En tout cas, en apparence.
S'il savait comme elle s'en tape. Qu'il la saute, bon vent, bon plaisir, adieu Berthe.
- vous voyez les choses comment,
- ben...on va vivre ensemble
- démarre la procédure. N'oublie pas que tu as un gosse.
- évidemment.
Elle entend presque son soupir de soulagement. Qu'il contient, quand même. De toute façon , tout la fait chier, la ville, l'endroit, les gens, lui, son ex, que déjà elle commence à regarder en ennemi, pas vraiment en ennemi en fait, en élément distinct, étranger. Dire qu'ils ont été une seule chair, comme l'annonçait le curaillon du mariage. Mes ovaires, oui, une seule chair. Sa bite à lui, chaque fois qu'il était à tourner et retourner comme un caniche, là, à vouloir faire pan-pan. Ou crac-crac. Alors qu'elle était dans son demi-sommeil éveillé, peuplé de belles choses, de parcs, de dames bien habillées, avec de beaux cheveux, qui se préoccupent de leur apparence, qui ont de beaux vêtements, longs, élégants. Heureusement, son berlingot a été mis au format par ses galipettes antérieures: elle ne le sent presque pas. Et peut exciper de son irrespect pour lui monter un plan sanglant. Quand elle se sent d'humeur belliqueuse. T'es nécrophile? Dommage. Quand j'aurai crevé, t'aurais pu en profiter. Il paraît que c'est un régal de fin gourmet. T'aurais pu profiter de tous les trous, en plus. Ce qui lui arrive de plus en plus rarement. Faire de l'humour. Avoir de la repartie. Gérer le quotidien. Il lui semble que c'est toujours le même recommencement. Bambino. Qu'il faut lever. Habiller. A qui faire prendre le petit-déjeuner. Accompagner à l'école. Récupérer. Refaire manger. Il pourrait pas se contenter de gélules, merde? Raccompagner à l'école. Retourner chercher. Faire goûter. Mettre au bain. Faire dîner. Coucher. Répétitif. Insupportable.
Le divorce s'est remarquablement bien passé: c'est l'avis de l'avocat commun. Elle n'a pas la eu la gnaque pour en prendre un pour elle. Elle accepte. Prestation compensatoire. Pension pour bambino. Bah! Qu'importe. L'appart'. Elle pourrait le garder. Ce que lui conseille la copine: place ta prestation la-dedans. Bosse à côté. Elle n'a pas de ressort pour bosser. Elle quitte l'appart', en prend un autre, dans le même quartier, pas loin. Cher et moins bien. Les jours s'établissent au long cours, entre bleu et gris.
Retour de vacances de bambino. Rituel ordinaire, goûter. Bain. Dans le bain
- maman, les papis, c'est vrai qu'ils sont plus que les papas?
- mais non. C'est papi qui t'a dit ça?
- oui. Il a dit que c'est lui qui commande parce qu'il est le papa de papa
- et à quel moment il t'a dit ça?
- quand je voulais pas qu'il recommence
- qu'il recommence quoi?
- à mettre son zizi dans mes fesses. C'est vrai que les papis y z'ont le droit de faire
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Message  Invité Jeu 2 Juil 2009 - 10:54

Impressions : première partie (de ce passage) plus dynamique. C'est bon comme là-bas, dis !! ça j'aime.
Deuxième partie : raccourcie, nerveuse, moins pleignarde. Mais il me semble qu'on n'a pas encore atteint l'expression lapidaire et percutante du tout début. Quant on mari, j'ai l'impression qu'il a pris de l'étoffe.

Problème de syntaxe et ponctuation ici : "Accepte des missions à l'étranger. a elle aime."

ça : sans accent
et puis la faute corrigée par socque hier, je ne me souviens plus de laquelle, bref, j'ai noté qu'elle était réapparue.

Bon, on continue ?

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Message  silene82 Jeu 2 Juil 2009 - 11:22

Easter(Island) a écrit:. Mais il me semble qu'on n'a pas encore atteint l'expression lapidaire et percutante du tout début. Quant on mari, j'ai l'impression qu'il a pris de l'étoffe.

et puis la faute corrigée par socque hier, je ne me souviens plus de laquelle, bref, j'ai noté qu'elle était réapparue.

Bon, on continue ?
On continue quoi? Moi, je commence à être assez content; je reprendrai dans quelques jours, après décantation et filtrage.
Cela dit, merci, chère Easter: je tiens compte de chacun de vos avis. Maintenant, la qualité intrinsèque du récit est une chose, la charge émotionnelle qu'il véhicule pour moi en est une autre, et explique une certaine difficulté pour moi à retoucher le texte.
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Message  Invité Ven 3 Juil 2009 - 11:22

Désolée Silène, je faisais l'oublieuse gourmande. Disons que entraînée par mon élan, j'avais, le temps du commentaire, zappé le raccordement à l'autre texte. On recommence alors ? ;-)

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Message  silene82 Ven 3 Juil 2009 - 13:15

Easter(Island) a écrit:Désolée Silène, je faisais l'oublieuse gourmande. Disons que entraînée par mon élan, j'avais, le temps du commentaire, zappé le raccordement à l'autre texte. On recommence alors ? ;-)
Moi pa ni kwonpwend. He acabado con este puto texto trad: sans contester que des améliorations substantielles pourraient être apportées à ce tapuscrit, je considère, pour ma part, que la messe est dite.
Recommencer quoi? Un autre texte? Celui-là, rien di to. Choum davar. Wallou.
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Message  Invité Ven 3 Juil 2009 - 18:53

C'est ça : un autre. Capito ?

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Message  Sahkti Jeu 30 Juil 2009 - 13:49

Dans la mesure où je lis très tard et passe après tout le monde pour le commentaire, je risque de répéter des choses déjà dites et je n'irai pas non plus dans le détail technique (grammaire et orthographe) parce que je vois que ça a été fait. Simplement un ressenti général donc.

Tout d'abord, chapeau pour le travail d'écriture parce que c'est un fameux texte que celui-ci, empli de vie, d'émotion, d'amertume, d'amour aussi. Et puis tous ces détails qui lui donnent du corps et qui sont habilement maîtrisés, sachant quand il convient d'apporter une précision, quand il convient de ne pas trop en dire... cela pose le rythme et donne au texte une allure presque orale, sans compter cette qualité de vaste fresque humaine qui s'étale au fil des lignes.

J'ai un coup de coeur personnel pour le ton employé, partagé entre désillusion et résignation; tout cela m'a paru bien dosé, sans effet de pathos, ce qui n'est pas toujours très simple à maîtriser quand on aborde la misère humaine.

Tout comme ce contraste entre des illusions de jeunesse, des moments de folie et puis la vie qui s'installe, la routine, la maison, les mômes, le divorce et tout ce qui va avec. L'utopie fiche le camp et c'est évoquer sans pudeur mais avec une sobriété qui sied bien à l'ensemble. Alternance à nouveau entre les sentiments, correctement équilibrés.

Bravo donc, c'est riche, documenté et plaisant à lire. Un beau travail Silène !
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Message  Sahkti Jeu 30 Juil 2009 - 13:50

Pour le Ç, un raccourci:
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