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Les amoureux de Paris

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ptipimous
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Message  ptipimous Mar 22 Sep 2009 - 14:47

- Alors ? Elle est là ?
C’était un murmure, un bruissement dans les arbres. Ca courait sur le vent.
- Alors ? Alors ? Des moineaux allaient et venaient plus rapides mais moins nombreux que les pigeons bavards.
- Alors ? Alors ?
- Pas encore !
Dans le jardin des Tuileries, c’était l’effervescence. On savait, mais on ne voyait rien. On ne verrait jamais rien. Sauf pour les chanceux, perchés ou placés tout près des grilles, vers la place de la Concorde. Et tout le monde de s’énerver :
- Alors ? Alors ?
L’homme grommela dans sa barbe :
- Un peu de patience, que Diable !
Sa voisine la plus proche sourit discrètement :
- Avouez que vous êtes aussi impatient que les autres de la voir...
- Bof ! J’en ai vu d’autres !
- C’est toujours bien de voir de nouvelles têtes et puis... il y avait bien longtemps...
- Et tant mieux ! Parce que pour moi, bonjour le boulot !
- C’est un honneur, non ?
- Quoi ? De les voir pleurer et crier, et m’insulter aussi !
- Je sais mon ami. J’ai vu aussi tout cela.
Le vieil homme eut un éclair dans le regard.
- Je me souviens encore de votre arrivée, ma chère. Ah oui ! En ce temps-là, je ne dis pas...
Le front de la jeune fille sembla s’éclaircir.
- Mais c’est un des avantages : nous ne paraissons jamais notre âge... Alors ? Pourquoi cette nostalgie aujourd’hui ?
- Je ne sais pas. Cette jeune personne, là... et je n’ai plus le goût, voilà ! C’est comme si je rouillais en dedans.
- Mais c’est impossible.
- Je sais bien... Oh ! Va jouer plus loin, moineau ! Tu vois bien qu’il n’y a rien de plus qu’il y a trois minutes !
L’oiseau s’ébroua dans l’eau puis remonta sur le nez de l’homme, se gratta négligemment la queue et s’envola.
- Quelle génération ! Ces petits vauriens se croient tout permis ! Et où sont les parents ?
- Vous le savez ! Aujourd’hui, chacun travaille...
- Hier, sur mon oeil ! Vous entendez ? Sur mon oeil !
La jeune femme eut un rire
- Je sais, je vous ai entendu ronchonner tout l’après-midi !
Il y eut un grondement, une vibration sourde qu’un provincial n’aurait pas entendu et qu’un parisien aurait pris pour le passage du métro. Tous les yeux gris se tournèrent, roulèrent dans les orbites.
- Ça vient, elle ne va plus tarder, maintenant.
Une délégation égyptienne se mit en place le long de l’Obélisque. La jeune fille cligna des yeux :
- Ils veulent savoir... ce qui se passe !
- Et bien... expliquez leur ! Vous êtes la seule à pouvoir le faire !
D’imperceptibles mouvements de toge, de bras, de boucles de cheveux créèrent des ombres, des pleins et des creux, en forme de chat, de banquette, de bol et autres symboles. La délégation put lire : “c’est une nouvelle. Elle va être de l’autre côté, vers l’Assemblée Nationale.” Les hiéroglyphes se mirent à tourner dans le plus grand désordre autour du monolithe, puis se remirent en place comme si de rien n’était. Mais un fin observateur ne pouvait pas manquer le petit bonhomme de profil qui guettait sur une arrête du monument. Le grondement s’intensifia, la fontaine eut un hoquet. L’homme rajusta son vêtement d’un invisible mouvement de hanche.
- Et comment va-t-elle réagir, celle-là ? Ça va faire encore des cris et des grincements de dents... Non, vraiment, je n’ai plus l’âge de supporter cela !
- Allons, Neptune, un peu de courage ! Vous n’êtes pour rien dans ce qui lui arrive; bien au contraire, vous allez tout faire pour la rassurer. Je me souviens encore de toutes les jolies choses que vous m’avez dites, à moi.
- Oui, vous... Mais regardez la petite, près de la Marine. Elle pleure toujours ! Et ça, malgré quatre interventions.
- C’est dans sa nature ! Et puis ça plaît aux touristes.
Le grondement fut si fort que le petit bonhomme faillit choir de l’obélisque. Il se raccrocha à une fleur de lotus tandis qu’un signe du Nil se pencha pour lui faire un escalier.
- On voit la tête ! On voit la tête ! s’étrangla un pigeon halluciné.
- Allons, c’est le moment.
Et dans le soleil couchant, au-milieu de la circulation, des phares de voitures piquetant cette lumière crépusculaire si particulière, alors que le disque rouge passait derrière la Tour, un geyser d’eau jaillit de la fontaine près de l’Assemblée Nationale, et, en son milieu, coiffée de lauriers et recouverte d’une robe, la nouvelle statue surgit du sol, droite et ruisselante d’eau et de lumière.
Aussitôt, les hirondelles la rasèrent en trissant alors que les moineaux et les pigeons n’osaient encore s’approcher.
Un de ses bras d’une ligne parfaitement pure se leva pour brandir un objet. Dans un hoquet, on entendit :
- Mais ?... Où j’suis, là ? Qu’est-ce qui m’arrive ?
Neptune soupira et s’éclaircit la gorge.
Il allait parler, mais une voix, venue de nulle part, enfla, rebondit sur le sol, enveloppa toute chose, fit vibrer l’atmosphère toute entière :
- Mademoiselle Alicia Guigniard, vous avez été jugée...
- Allons bon ! C’est vrai ! Je l’avais oublié celui-là ! ronchonna le vieux.
Tous rentrèrent la tête dans les épaules, les oiseaux se posèrent sur le sol, le bec sous une aile.
- ... graves dégradations, détériorations, destructions...
- Gnagnagna ! fit la barbe de Neptune.
- ... Capitale. En conséquence, vous êtes condamnée à être changée en statue ornementale, en réparation des préjudices subits et cela, pour l’éternité, si le temps et les hommes veulent bien vous préserver.
Un chuintement assez strident retentit, comme si le génie de la lampe retournait dans ses quartiers, et tout redevint normal.
- Hein ? fit la nouvelle venue.
- Neptune ? Je crois que c’est à vous !
- Ha ! Oui ! Pardon !... Madem...
- Qui t’es toi ? Tu m’parles pas, ok ? Pute Vierge ! J’ai mal au dos !
- C’est normal.
- Quoi ?
- Je dis : c’est normal. Ca va passer dans quelques jours.
- Bon. Moi, j’m’arrache...
- Ca m’étonnerait !
- Eh ! Le vieux là ! Tu vas pas m’dire c’que j’dois faire...
- Je m’en garderais bien ! Faites donc !
- Eh ! Tu r’commences ! J’t’ai dis que je fais c’que j’veux, t’as capté ?
L’ombre de Neptune se détourna.
- Quelle engeance ! Ca touche vraiment tout le monde, cet irrespect des anciens.
On aurait pu entendre un bruit furieux. Il n’y eut rien que des ahanements, des soupirs, de tout petits grincements.
- Oh ! C’est quoi, ça ? J’peux plus bouger... mais ?... hé ! hé ? Le vioc ! hé...
HÉ !
- Allons Neptune, répondez lui.
- Certainement pas !
- Allons...
- Non !
- Hé ! Le vieux là, pourquoi tu parles plus ?
- Monsieur ! s’exclama Neptune.
- Hein ? Quoi ? Ouais, bon... bah... monsieur... c’est quoi ce cirque ?
- Vous n’aviez qu’à écouter.
- Allez ! Fais pas ta p...
- Mademoiselle ! Si nous devons nous parler, il va falloir faire un effort de langage.
L’obélisque semblait avoir la danse de saint Gui. Les hiéroglyphes couraient de haut en bas, faisant et défaisant des phrases en posant mille questions. La jeune fille s’efforçait d’y répondre de son mieux, en traduisant ce qu’elle entendait. Cela posait bien des problèmes car certaines expressions imagées n’avaient pas d’équivalence en égyptien ancien.
- Hé ! Bâtard ! Tu crois que j’ vais t’ supplier longtemps ?
- Oh non, non ! Moi, je renonce ! Cette fois-ci, j’abandonne !
La jeune fille près de Neptune finissait sa traduction. Elle calma le vieil homme de son regard doux, puis examina la nouvelle arrivée.
- Vous êtes fort jolie...
- Oh ! Oh ! Remballe ! Sans t’offenser, j’aime que les mecs...
- Ce n’est pas ce que je voulais dire ! Allons, taisez vous un peu si vous voulez que je vous explique ce qui se passe. Mais avant tout, puis-je vous poser une question ?
- Vas-y toujours.
- Que faisiez vous juste avant d’être là ? Vous souvenez...
- Hé ! J’te d’mande si ta grand mère fait du vélo ?
- S’il vous plaît, répondez moi. Ce n’est pas par indiscrétion, mais cela nous permettrait sans doute de mieux comprendre.
- Bon. Et ben... j’avais une histoire avec un mec. Une chouette histoire, tu vois ? On était “fall in love” en quelque sorte.
- Et alors ?
- Et alors ? Bah, on faisait ce que tout le monde fait dans ce cas là. On s’balladait, on discutait, on a fait des trucs dingues. Comme des amoureux, quoi !
La jeune fille la regardait, patiente. L’autre soupira
- Et pis on s’faisait des cadeaux. Il est dingue de croix, alors je lui en fauchais partout ! Dans toutes les églises que je pouvais croiser. Et y’en a quequ’ zunes à Paris ! On s’est marré avec le curé du Sacré Coeur ! Un sacré con ou un con sacré, comme on veut ! On l’a pendu par les pieds sous la coupole ! Y’est p’têt’ encore ! Mon Jules, c’est un artiste, il en a fait un tableau vivant avec ses foutues bougies ! C’est à cause de ça qu’on l’a pendu. On voulait juste rallumer toutes les bougies éteintes pour les p’tites lumières, ça nous rendait poètes. Mon mec, y gueulait des trucs dans l’église et y courait les bras écartés. Sans dec’, ça me remuait tout dedans. Et l’autre a ramené son museau, soit disant qu’on pouvait pas rallumer les bougies. Alors il nous a pris un coup de sang et on l’a suspendu puis on l’a recouvert de bougies allumées. Chouette, le résultat !
C’est comme le soir où mon Chéri avait décidé de me faire une surprise. Il a passé la nuit à tagger partout not’ code d’amour. Sur tous les murs, dans toute la ville. Sur les métros, les bus, les immeubles, les caisses et les monuments, même la Tour cif ! Et y m’a fait un tableau, j’voudrais qu’tu l’vois... mais... j’parle de lui, là... mais où il est ? Et qu’est-ce que j’fous là, moi ?
- Et bien, voyez vous, il existe un sortilège très ancien qui a été jeté par un magicien, il y a fort longtemps. Cet homme était né à Paris et en était amoureux. Avant de mourir, il a voulu faire quelque chose qui permette d’embellir sa ville tout en la protégeant. C’est pourquoi toute personne qui agit mal envers la Capitale, qui la souille ou la dégrade fortement, est passée en jugement et transformée en statue. C’est ce qui vous arrive.
- Moi ? Une statue ?
- Voilà pourquoi vous ne pouvez plus bouger ou presque...
- Mais... c’est n’importe quoi ! Comment j’vais faire maintenant ?
- Pour quoi faire ?
- Bah ! Pour bouffer, dormir, bosser... la vie quoi !
- Il n’y a plus rien de tout cela vous concernant. Vous êtes une statue dans une fontaine. C’est tout ! Mais rassurez vous, vous ne souffrirez ni de la faim, ni de la soif. Tout cela vous a été retiré, et...
- Et Benji ? Où qu’il est maintenant ?
- Je ne sais pas ! Peut-être une statue, lui aussi.
- Mais ??... Non ! C’est pas juste... Merde ! Oh, faut qu’ça change, ça ! Hé ! Tu m’entends là-haut ?
- Il ne sert à rien de crier madem...
- Oh ! Machin ! Bon Dieu, faut qu’je sorte de là !
La jeune fille lui sourit gentiment.
- Vous ne pouvez pas, je vous l’assure. Il faut vous rendre à l’évidence...
- L’évidence ? L’EVIDENCE ??? Tu trouves ça évident, toi ? Et... Et qu’est-ce que c’est qu’ces frusques que j’ai là, moi ? Non mais c’est quoi ce look ? Qui m’a tiré mon Levis et mon Bombers ?
La jeune fille s’était lancé dans une rapide traduction pour les anciens égyptiens.
- Qui peut m’aider ? Qui va m’aider ?
- Personne ! Personne ne vous aidera pour la bonne raison qu’on ne le p...
- Quoi ? Tu vas voir si tu vas pas m’aider, Monsieur le vioc ! Je vais vous pourrir la vie jusqu’à ce qu’y en a un...
- Mais comment ? Comment vous aider ? Nous sommes aussi des statues, comme vous ! Que voulez-vous que l’on fasse ?
- Mais... mais...
Et soudain, sans que personne n’ait pu imaginer cela possible, la nouvelle venue éclata en sanglots. Un chagrin d’enfant, désespéré qui mit tout le monde dans la tristesse. Au début, il n’y avait que des pleurs et des cris et puis on comprit quelques mots, que la jeune fille traduisait vers l’Obélisque.
- Elle dit que jusque là, elle avait une vie de misère. Elle a dû travailler dur pour avoir un toit et trouver un travail sans avoir fait d’étude, ça n’a pas été facile non plus. Elle est seule au monde. Il n’y a plus que sa... ? Ah ! Mamie et son Benji et encore Benji... et Benji. Oh ! C’est si triste !
- Allons, allons ! Cette petite...
- Est amoureuse, Monsieur Neptune. Et cela, c’est la chose la plus respectable qui soit.
- Oui, mais toutes ces sottises...
- Sont des erreurs de jeunesse et de personnes amoureuses. Vous n’avez jamais aimé, vous ?
- ... hum... mais si... la barbe grommelait.
- Alors vous pouvez comprendre
- Mais on ne peut rien pour elle, vous le savez.
- Vous êtes le seul qui pouvez dialoguer avec la voix.
- Les fautes sont trop lourdes. Je n’ai rien pu faire pour l’autre petite qui nous inonde de ses larmes, pourtant... et elle en avait beaucoup moins fait que ces deux là...
On entendait toujours dans la pluie des jets d’eaux de la fontaine, les hoquets de la nouvelle. Son Benjamin avait prit la tête de ses pleurs. Et elle était si effrayée de ne jamais le revoir que la loubarde avait fait place à une petite fille. Seule et au désespoir.
Les hiéroglyphes s’étaient mis en boucle pour dire à l’infini : “mais où est Benjamin ?” qu’ils traduisaient par “l’homme au coeur pris.”
La jeune fille planta ses yeux de bronze dans les prunelles du vieil homme :
- Vous pouvez demander... s’il vous plaît, faites-le.
- Quoi... quoi ?
- Neptune, au nom de notre amitié... mon ami, je suis près de vous, moi... imaginez qu’on me déplace ? Imaginez-le, quelques secondes...
- Bon, bah... je vais voir ce que je peux faire.
La jeune fille sembla s’affaisser un peu.
- Merci mon cher.
- Mais... c’est parce que sinon, elle va nous casser les oreilles... on ne s’en débarrassera jamais...
La jeune fille eut un sourire qui glissa vers la nouvelle.
- Calmez vous un peu. Nous allons essayer de voir si peut-être, on peut apprendre des choses.
- ... quelles choses ?
- Où est votre ami par exemple.
- Oh ! Vous pouvez faire ça ?
- On peut au moins essayer.
L’eau s’arrêta sur la fontaine de Neptune. La statue sécha tout de suite, tant l’énergie déployée était intense. Quelques lampes des réverbères proches explosèrent.
- Il est... derrière le Louvre ! On en a fait un soldat ! Belle revanche !
La demoiselle éplorée repartit de plus belle :
- Oh ! Je veux qu’il vienne, qu’il vienne avec moi ici...
Neptune râla :
- C’est impossible, impossible.
- Demandez mon cher, demandez ! Pendant ce temps, je traduis.
Les hiéroglyphes s’agitaient, questionnaient. Quelques-uns tentaient de consoler l’inconsolable, laquelle de toute façon ne comprenait pas leurs messages.
- C’est bien ce que je disais, rien à faire.
La nouvelle poussa un cri déchirant et la jeune fille, pour la première fois, se mit en colère.
- Impossible ? Impossible ! Neptune, mon ami, insistez !
- Je ne puis, ma mie. Vous me prêtez un pouvoir que je n’ai pas.
- Mais je vous en prie.
- Écoutez-moi très chère, vous voir ainsi m’afflige au plus haut point, je ferais n’importe quoi pour vous, vous le savez. Mais là-haut... une tête de mule !
- Alors nous allons faire quelque chose... quelque chose de terrible !
- Quoi ?
La jeune fille eut un soupir navré et dit doucement :
- Je ne sais pas... oui ! oui ! Je vous traduis, une seconde, voyons !
La traduction prit longtemps, devint discussion. Neptune voyait sa voisine s’agiter, l’ombre changer sur elle si vite qu’on avait l’impression d’un ciel d’orage. Et à sa stupéfaction, il vit l’intégral des signes et symboles de l’obélisque s’effondrer en tas au bas de la colonne de granit.
- Mais ? Que font-ils ?
- Ils se révoltent. Les égyptiens étaient de grands poètes, amoureux et respectueux de leurs femmes. Savez-vous que les femmes égyptiennes avaient autant de droit et de pouvoir que les hommes et cela il y a 5000 ans ?
- Ma chère, l’heure n’est pas au cours d’histoire.
- Oui, mais elle est à la révolution ! Ils ne bougeront plus de là, tant que son amoureux ne sera pas là.
- Mais ?... vous n’y pensez pas ?... les touristes ?... et les...
- Dites le là-haut, mon cher !
Cette fois, toutes les lampes des réverbères de la Concorde sautèrent, la plongeant dans le noir. Une vibration intense fit trembler la place, le socle de l’obélisque lui-même eut un frémissement. Mais rien n’y fit. Les petites figurines formaient un gros mikado inerte. Les fontaines se déréglèrent, envoyaient des jets violents qui parvenaient à surprendre les rares voitures qui passaient encore.
Les chevaux de Marly, à l’entrée des Champs-Elysées, dans un effort surchevalin inversèrent leur position et, du beau cabré d’origine passèrent à une ruade sauvage tandis que les garçons à leur tête furent éjectés. Il y eut un craquement effroyable, une explosion formidable et une pluie diluvienne s’abattit sur Paris. Un déluge à la Noé qui fit déborder la Seine, et se noyer quelques voitures acharnées à passer tout de même par les voies sur berge. Tout le monde s’endormit pour laisser passer l’orage. La colère d’en-haut était incroyable. Mais les égyptiens ne bougeaient toujours pas. La foudre tomba tout près du monolithe. De mémoire de parisien, on n’avait jamais vu cela.

Quand la jeune fille ouvrit les yeux au matin, elle vit Neptune au-dessus d’elle, souriant.
- Une excellente journée, Madame. Oui, excellente.
La place luisait de propre, la pluie avait nettoyé les murs et les sols. Les oiseaux pépiaient dans leur bain. Elle regarda l’obélisque et constata le retour à la normale du monument. La petite, près de la marine pleurnichait; rien que de très normal. Et là-bas, près de l’assemblée, elle vit la nouvelle, son bras en l’air et sa robe au pli impeccable, son visage rayonnait sous sa couronne de laurier. A ses pieds, un jeune garçon passablement dénudé levait un bras vers elle dans une supplique, toute sa face tournée et concentrée vers elle.
- On va rester finalement ! Eh ! M’sieur... merci.
Neptune bougonna :
- J’en n’ai jamais douté qu’elle resterait ! Cette jeunesse...
- Allons mon cher, profitons de cette belle journée, voulez-vous ?
L’eau jaillit de tous les orifices de la fontaine, masquant les deux anciens derrière une brume de gouttelettes irisées. Dans la lumière du matin, l’eau semblait rose et on aurait pu croire qu’il se passait des choses derrière le rideau mouvant.
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Message  Invité Mar 22 Sep 2009 - 15:02

Une jolie histoire ! J'ai bien aimé. Peut-être gagnerait-elle à être un peu resserrée.

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Message  Invité Mar 22 Sep 2009 - 17:00

Une bonne idée pour une histoire toute mignonne qui mérite d'être lue jusqu'à la fin, même si honnêtement j'ai failli décrocher avant à une ou deux reprises, les dialogues s'étirent parfois un peu trop.

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Message  mentor Mar 22 Sep 2009 - 17:32

très original ce dialogue de statues entourées d'oiseaux mutins et cet obélisque en machine à traduire
un peu de mal bien sûr au début à comprendre de quoi il retourne, mais après ça coule tout seul et c'est bien agréable
une très belle idée

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Message  Sahkti Jeu 8 Oct 2009 - 12:09

Ptipimous, je me suis régalée !
Le texte présente bien quelques faiblesses, notamment des longueurs et un déséquilibre dans les dialogues ou une idée par moments trop étirée, mais j'ai vraiment passé un bon moment en compagnie de ces personnages éternels qui se moquent bien les uns des autres, du monde aussi, et qui font la loi dans leur coin.
L'idée de doter de vie des statues ou objets n'est certes pas nouvelles mais je reste fan du procédé.

Il y a de ci de là des petites phrases toutes simples qui donnent du tonus au récit. Par exemple: - On voit la tête ! On voit la tête ! s’étrangla un pigeon halluciné.

Ou encore ce passage que j'aime bien:
- Allons Neptune, répondez lui.
- Certainement pas !
- Allons...
- Non !
- Hé ! Le vieux là, pourquoi tu parles plus ?
- Monsieur ! s’exclama Neptune.
- Hein ? Quoi ? Ouais, bon... bah... monsieur... c’est quoi ce cirque ?
- Vous n’aviez qu’à écouter.
- Allez ! Fais pas ta p...
- Mademoiselle ! Si nous devons nous parler, il va falloir faire un effort de langage.


J'ai apprécié ta façon de tout emmêler dans une histoire rocambolesque, quitte à insuffler un peu de confusion dans les échanges mais leur donnant en parallèle pas mal de vivacité.

Coup de coeur aussi pour la réaction primaire de la fille (bouffer, dormir, bosser...), qui paraît très naturelle et bien amenée.
Idem pour l'effondrement des hiéroglyphes.

Un bon moment et plein de sourires, merci !
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Message  ptipimous Jeu 8 Oct 2009 - 12:21

cool ! Merci
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Message  Invité Jeu 8 Oct 2009 - 20:33

Moi ausi j'aime cette histoire qui fait vivre des statues et j'aime que les histoires d'amour les émeuvent.
Un petit écrémage rendrait ce très joli texte encore meilleur. J'y ai vu plein d'éclats de mica comme il y en a ( avait ?) sur les marches du métro ...

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Message  Rebecca Ven 9 Oct 2009 - 5:55

J'adore!!!!

Plus jamais je ne regarderai la place de la Concorde de la même manière si un jour je retourne à Paris, plus jamais les statues sur les places publiques ne m'indifféreront passablement!
Vu que la fiction m'importe bien plus que la réalité, j'ai adoré ce voyage onirique et immobile et halluciné dans un endroit que je connais bien.
Et ces hiéroglyphes en mouvement perpétuel puis en effondrement, quelle trouvaille!
Décidément, j'adore me ballader dans le cerveau , dans le regard, dans les rêves des autres...
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Les amoureux de Paris Empty Re: Les amoureux de Paris

Message  conselia Ven 9 Oct 2009 - 10:26

Merci pour ce moment de poésie.
Autant j'ai aimé
une voix, venue de nulle part, enfla, rebondit sur le sol, enveloppa toute chose, fit vibrer l’atmosphère toute entière
Autant je trouve un peu faible
toute personne qui agit mal envers la Capitale
et plus généralement l'argument de fond. J'aurais préféré que toute cette imagerie fût au service d'un propos moins moral.
De même, si le mélange de niveaux de langue est bien maîtrisé, je ne suis pas convaincu qu'il apporte au récit.
Mais ce qui l'emporte est le plaisir de vous lire et, après tout, cela me suffit amplement.
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Les amoureux de Paris Empty Re: Les amoureux de Paris

Message  bertrand-môgendre Mar 20 Oct 2009 - 18:54

Le propos est plaisant. Les dialogues bien menés.
Rien à dire de plus que les commentateurs précédents.
bertrand-môgendre
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