Inoubliables étés

[loic]

Inoubliables étés


Un gros camion pansu passe égayant la rue
Des gamins caracolent.

Et madame Gardan
Épicière avenante, qui tient l’économique
Sourit aux hirondelles.

................Elles zézayent le ciel
................D’inoubliables étés

La rivière ronronne passant dans les turbines
Du grand moulin d’ici, qui construit la farine.

Empilée dans des sacs.

Petits hommes en béret, mégot vissé au bec
Les roulent en jurant, sur des diables grinçants

................Ils grésillent l’enfer
................D’inoubliables étés

A l’horizon de la rue, les rubans d’une scie
Cicatrisent les planches.
S’y entassent les boîtes qu’on fait aux indigents
Abrités à l’hospice, vivants comme des enfants

................Ils bégayent amers
................Inoubliables étés
.

[Invité]

Très, très beau. Une petite musique qui vous prend peu à peu, poignante.

Chapeau notamment pour
"Elles zézayent le ciel"
"les rubans d’une scie
Cicatrisent les planches"

[loic]

merci socque

[Kilis]

D'une pure beauté, oui.
Un ton juste, une émotion subtile, ou est-ce le contraire ?

[Invité]

Oui, je trouve que le poème prend du corps (jeu de mots involontaire) au fur et à mesure de la lecture.
Un joli moment de nostalgie. Une pointe d'amertume.

[Hellian]

Très beau, oui, vraiment, avec cette simplicité délicieuse (mais élaborée, mine de rien) ¨propre à Loïc. Un poème qui vous embarque sans qu'on s'en aperçoive pour vous laisser du vague l'âme.

[Peter Pan]

Bonjour loic,

en ce qui me concerne, belle réussite que votre poème.
Je suis tout de suite entré dedans, j'ai eu comme l'impression que j'avais pour une fois bien travaillé à l'école et que la maîtresse me récompensait en me distribuant toutes les belles images réservées pour l'année scolaire en une seule fois...

[Rebecca]

J'adore ...tout
C'est comme si je connaissais déjà chacune des images que ce poème recèle alors que je n'ai aucun souvenir de madame gardan, jamais vécu dans un village où les camions pansus créent l'évènement, jamais couru dans les rues avec d 'autres mioches, jamais vu de la farine roulée et jamais connu d'hospices pour indigents.
Un texte étrange, étranger qui me parle intimement.

[Sahkti]

Le découpage est efficace, il donne beaucoup de force au poème, déjà très bon de par la beauté qu'il contient.
Beaucoup aimé, Loïc.

[mitsouko]

j'aime bien cette évolution dans tes écrits

cette simplicité désarmante et si belle
la nostalgie juste ce qu'il faut et ces descriptions précises, comme des personnages croqués d'un coup de crayon rapide mais dont tu as su saisir l'essence
et puis cette émotion palpable sans larmoyance raccoleuse

sur d'autres textes tu finissais par de faire piéger par des manies stylistiques (je sais de quoi je parle, j'y tombe souvent en ce moment) et là un autre style sans renier pour autant ton sens des images

amitiés
tu te doutes j'ai bien aimé ce texte

[isa]

Au risque de répéter ce qui a déjà été dit c'est un poème vraiment magnifique, merci.

Pourquoi a-t-il produit en moi cette impression?
Peut-être à cause de sa présentation qui est vraiment bien choisie: la répétition de "(...)/ d'inoubliables été" ne produit cependant pas un effet monotone comme le poème n'est pas rigoureusement symétrique par ailleurs.
La répétition de cette strophe modifiée peu à peu nous fait (selon moi) passer d'un paysage presque "paradisiaque" à quelque chose d'un peu plus obscur, sans qu'on s'en rende vraiment compte...

Enfin, c'est toujours difficile d'expliquer pourquoi un poèm nous plait, c'est plus une sensation que quelque chose que l'on peut expliquer rationellement...

[loic]

peur être ce tetxe trouve t'il sa force car il correspond à une description exacte de la rue de mon enfeance : le moulin Logeais sur la vilaineet les camions rouges qui venaient livrer, l'épicerie l'économique de mme gardan, la scierie de Monsieur Piette qui fournissait des cercueils à l'hpital et à l'hospice

cette rue c'est la Rue Pasteur à Vitré 35 dans les années 65/68


merci en tous cas de vos commentaires

loic

[Invité]

Comment pourrait-on dénigrer un poème où les souvenirs d'enfance sont si finement peints, avec concision, des mots précis, évocateurs, qui vous laissent un léger goût doux-amer...
Simplicité, justesse, sentiments sous-jascents, tout ce que j'aime. Bravo et merci pour cette sincérité que tu nous fais partager.

[Invité]

tout ça c'est de haut vol , oui : tout.
je ne sais pas quoi dire , sinon que j'ai particulièrement aimé :

Elles zézayent le ciel, parce que c'est pongien, c'est vialattien, drôle mais pas.

On devrait te lire sur papier aussi, mais j'en ai marre de ce sujet en ce moment.

Comme Mitsouko, je note ton écriture s'aère, prend de nouvelles inclinaisons, qui fonctionnent très bien. C'est bien.

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