Dans les bras des filles

[mitsouko]

Vos corps qui se penchaient aux balcons de la ville
Comme une invitation à attendre le jour
Ô diable la beauté de ces anges futiles
Qui riaient aux éclats quand nous parlions d’amour

Et quand la nuit venue la Seine s’endormait
C’est dans les bras des filles que nos âmes pleuraient

Marine nous donnait sa douceur angevine
Et ses fausses pudeurs qu’il faut qu’on déshabille
Juliette l’effrontée voulait que l’on devine
La blancheur de sa peau sous la lune qui brille

Et quand la nuit venue la Seine s’endormait
C’est dans les bras des filles que nos âmes pleuraient

Amandine chantait de sa voix cristalline
Arpentant le trottoir de cuissardes bottée
Brigitte flamboyant de ses rousseurs félines
Quand le souffle divin découvrait sa beauté

Et quand la nuit venue la Seine s’endormait
C’est dans les bras des filles que nos âmes pleuraient

Manon qui nous offrait la candeur de ses poses
Photos en noir et blanc comme seul testament
La rebelle Thaïs et ses métamorphoses
Qui donnait à ses chats le nom de ses amants

Ma jeunesse s’enfuit au creux de nos ciels bleus
Seras tu celle la qui fermera mes yeux

[Invité]

Un petit parfum d'Apollinaire, j'ai trouvé... J'ai beaucoup, beaucoup aimé ces vers amples, tendres et nostalgiques. La première strophe, notamment, est à tomber !

Un bémol sur le vers
C’est-dans-les-bras-des-fi-lles-que-nos-â-mes-pleu-raient (13 syllabes en prosodie classique ; c'est un détail, mais qui m'a frappée dans la beauté formelle de l'ensemble),
et sur "rousseurs félines" que je trouve un peu facile.

[Peter Pan]

Bonjour mitsouko, j'ai apprécié mais sans plus...

Je signale deux ou trois choses auxquelles j'ai pensé...

Comme une invitation à attendre le jour

un hiatus ne me gêne pas tant que ça en temps normal mais ce que je qualifierais de double-hiatus me semble excessif point de vue de l'harmonie orale : "Ion À A..."

Amandine chantait de sa voix cristalline
Arpentant le trottoir de cuissardes bottée

J'ai trouvé le "DE sa/ DE cuissardes" trop rapproché, cette répétition ne me semble pas utile, une autre formule aurait pu être choisie je pense...
Quoiqu'il en soit, je n'ai pas apprécié cette strophe :

Amandine chantait de sa voix cristalline
Arpentant le trottoir de cuissardes bottée
Brigitte flamboyant de ses rousseurs félines
Quand le souffle divin découvrait sa beauté

Manon qui nous offrait la candeur de ses poses
Photos en noir et blanc comme seul testament
La rebelle Thaïs et ses métamorphoses
Qui donnait à ses chats le nom de ses amants

Par contre j'ai beaucoup aimé ce passage, j'ai pensé à Villon (sûrement le testament et Thaïs)

Bon, dans l'ensemble j'aime bien mais je trouve que votre poème manque un peu de travail, peut-être un peu trop facile à mon goût...

[Hellian]

j'aime beaucoup, sauf les 2 derniers vers que je ne trouve pas utiles.

[Chako Noir]

Je propose un nouveau projet VE: on trouve une guitare, on prend un piano, des violons éventuellement et quelques percus, on compose la musique, on sort un single, et on met enfin de la belle musique à texte dans les oreilles de notre jeunesse!
C'est du beau, mitsouko.

[Invité]

Chako Noir a raison. Beaucoup de poèmes de Mitsouko pourraient être mis en musique.
Celui-ci encore me ravit. Et toujours nostalgie, nostalgie...mais je ne m'en lasse pas quand la beauté et la tendresse sont au rendez-vous. Merci Mitsouko pour ce plaisir que tu nous fais partager.

[mitsouko]

j'ai écrit cela aprè avoir écouté en boucle "chambres communes" de Jean Ferrat.............;cela devrait te parler
amitiés

[Lyra will]

Je n'ai pas trop aimé, peut-être un peu trop "tendre et nostalgique" à mon goût justement (comme quoi, suivant les lecteurs, c'est à double tranchant :0)
Voilà, un peu trop de bons et beaux sentiments pour moi, là-dedans, c'est rond, mais presque trop, lisse, et ça manque de ces images si fortes que j'ai pu lire de toi ailleurs, du coup je reste à côté...

[opaline]

J'ai beaucoup aimé l'ensemble de ce poème, mais au lieu des deux derniers vers, j'aurais repris le refrain. Et cela aurait fait une jolie chanson.

[lillith]

Que rajouter aux critiques qui ont été faites, sinon que j'aime beaucoup moi aussi la musique de ces mots qui chantent, il est vrai, un air assez Apollinairien....

[Invité]

Comme Peter Pan, j'ai trouvé à ce poème une certaine facilité, mais contrairement à lui ça m'a plu, cette fausse légèreté de ton, cette volonté de détachement qu'imprime le rythme de la ritournelle, elles passent et reviennent, toujours la même mais autre chaque fois.
J'aime beaucoup les deux vers finaux pour ponctuer cette balade nostalgique. Et si je te préfère dans ta version très sombre Mitsouko, cela me fait plaisir de te voir sous un autre jour.

[Tristan]

Socque y a trouvé un parfum d'Apollinaire, moi j'y ai trouvé un écho d'Aragon. J'ai beaucoup aimé, aussi bien la maîtrise du rythme et la musicalité du poème, que le fond

[Rebecca]

Je propose un nouveau projet VE: on trouve une guitare, on prend un piano, des violons éventuellement et quelques percus, on compose la musique, on sort un single, et on met enfin de la belle musique à texte dans les oreilles de notre jeunesse!
C'est du beau, mitsouko.

Tout à fait d'accord.
Sans déconner Mitsouko, ça ne t'es jamais venu à l'esprit de proposer certains de tes textes à des chanteurs ?
Mais qui chanterait ce genre de textes aujourd'hui?

Oui déjà trouver à les mettre en musique...

[Mélusine]

Les premiers strophes me ronronnent doucement à l'oreille

jusqu'aux deux dernières qui m'ont vraiment scotchés

j'ai adoré !

(désolée pour ces appréciations minimalistes, mais je galère

toujours pour les commentaires)

encore bravo Mitsouko pour ce texte qui penche plus, cette fois, vers le côté clair de la force !!!!

[Sahkti]

J'aurais personnellement préféré que les personnages restent désincarnés et qu'aucun prénom n'apparaisse, car cela crée un manque, une absence.

J'aime la ritournelle créée par la répétition de :
Et quand la nuit venue la Seine s’endormait
C’est dans les bras des filles que nos âmes pleuraient

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