Le funambule ne tombe pas quand il regarde au loin

[mitsouko]

J’ai marché si souvent sur des rives lointaines
La course de mes pas effaçant ma mémoire
Je n’ai jamais eu peur de vos croquemitaines
Et des secrets enfouis au fond de vos grimoires

J’ai aimé tant de fois que ma peau s’en souvient
Refusant d’acquitter la rançon du bonheur
Petites vies fanée qui espèrent en vain
L’embrasement du ciel pour conjurer nos peurs

J’ai essuyé les larmes de ces femmes oubliées
Qui enfantent la mort comme un rêve maudit
J’ai pansé les blessures de ces soldats liés
Par le sort de nos guerres, nos sombres tragédies

J’ai porté dans mes bras vos enfants décharnés
Abouchés à vos seins dont le lait a tari
J’ai creusé de mes mains quand le sort s’acharnait
Les tombes de vos fils, vos frères et maris

J’ai croisé le regard de ces vieux grabataires
Croupissant au mouroir où vos cœurs desséchés
Croient conjurer la mort de leur vie solitaire
Refermant le tombeau sur des larmes séchées

Bientôt je partirai vers d’autres destinées
Le regard droit fixé sur ligne d’horizon
Et puis je reviendrai plein de sage raison
Conter toutes mes vies à ceux qui m’ont aimé

Le funambule ne tombe pas quand il regarde au loin

[Invité]

Le titre et dernier vers m'intrigue, Mitsouko ; s'agit-il d'une référence quelconque ?

Petites vies fanées

[mitsouko]

aucune référence particulière, une phrase inventée
à trop se concentrer sur ses propres malheurs on finit par se perdre

[Invité]

Merci Mitsouko. Je me méfie de mes lacunes.

[Peter Pan]

Bonsoir mitsouko,

j'ai beaucoup aimé l'ensemble à la première lecture, mais ai noté quelques "couacs" à la deuxième...

J’ai aimé tant de fois que ma peau s’en souvient

Hiatus "J'ai ai" assez désagréable je trouve... et puis j'ai trouvé que ça sonnait un peu "Il était une fois" ce passage : "Je l'ai rêvée si fort que les draps s'en souviennent..."

J’ai essuyé les larmes de ces femmes oubliées

Je compte personnellement quatorze pieds dans ce vers, mais pourquoi pas...

J’ai pansé les blessures de ces soldats liés

J'en compte treize ici (désolé, je compte à l'ancienne ;-))

Par le sort de nos guerres, nos sombres tragédies

Itou...

Abouchés à vos seins dont le lait a tari

Ici, ou ça fait "le lai tata rit" ou "le lai a tari", dans les deux cas je n'aime pas trop...

Petites vies fanée qui espèrent en vain

Conter toutes mes vies à ceux qui m’ont aimé

Ça fait deux fois "vies", je ne suis pas sûr que cette répétition soit utile...

Sinon, j'ai aimé le fond mitsouko, je vous fait juste quelques remarques sur la forme...

[lol47]

C'est classique.

Et pourtant.
Pourtant très bon.

[Invité]

Un drôle de texte. Une parabole ?
Peut-être que la forme prime sur le fond, qu'elle l'écrase, peut-être que ça m'empêche de trouver de l'émotion là où j'en aurais normalement trouvé.
Sauf dans ce dernier vers, à la simplicité toute nue, et percutante.

[Sahkti]

Petit bémol sur J’ai aimé tant de fois que ma peau s’en souvient (cela me fait penser à une chanson du groupe Il était une fois, désolée)

L'ensemble a belle allure mais je lui trouve un côté quelque peu mécanique, voire répétitif dans le rythme. La gravité du thème, du ton, renforce cette impression.

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