Parenthèse

[Arielle]

S'asseoir
loger dans la cohue des gestes
cette absence
syncope de l'archet
soupir sur la portée de croches haletantes

Peser sur une chaise
du poids de sa vacance

Poser
sur ses genoux
ses mains et leur verbiage
marionnettes tombées
des fils du bateleur

Se taire
mettre entre parenthèses
un instant
son errance
cette quête futile
qui nous jette en pâture
au tourbillon des heures

Souffler
lisser un peu l'écorce de ses leurres
avec son dos
sentir monter la sève dans ses os
rêver racines
et puis …

Fermer la parenthèse
ranger la chaise
retrouver le tempo

[Invité]

Moins convaincue cette fois, Arielle... Toujours une grande maîtrise des mots, de l'impression qu'ils donnent, mais je ne m'y retrouve pas. (Ce "rêver racines", pour tout dire, je le trouve un poil maniéré.)

[Invité]

De façon générale, j'ai toujours beaucoup de mal avec la poésie déclinée à partir d'infinitifs. C'est encore le cas ici, même si j'aime assez l'idée de cette pause si finement décrite.
L'observatrice en moi, toujours fascinée par ce que l'on peut signifier au-delà même des mots, s'attache à ceci :

Poser
sur ses genoux
ses mains et leur verbiage
marionnettes tombées
des fils du bateleur

[Ba]

Et surtout demeurer entre deux nuages.
Me convient bien ce texte !

[Invité]

"Peser sur une chaise du poids de sa vacance" et par là-même, s'alléger un instant de ses obligations...
Ton texte me fait penser à une chanson,interprétée il y a fort longtemps par la comédienne Delphine Seyrig (qui hélas est décédée), qui disait en substance : "comme une fourmi...je fais ce que je dois !"
J'aime beaucoup : "poser sur ses genoux ses mains et leur verbiage".

[Céleste]

Bonjour Arielle.
J'aime vraiment, ça me parle ! Et ces mots par leur sens profond et par la forme choisie pour les (dés)articuler ont un effet physique immédiat : un battement, une pulsation singulière. Belle parenthése inattendue dans ma studieuse matinée...

[Claire d'Orée]

C'est assez beau.
Amicalement
Claire d'Orée

[Invité]

J'aime pas l'infinitif et son air directif quand il n'est pas encadré. Il me stresse tellement que je n'écouterai rien de ce qu'il est écrit.

[Égide]

Se taire
mettre entre parenthèses
[…]

Contrairement à Panda, je ressens l'infinitif comme une injonction à soi-même (mais cela exclu un peu le lecteur), ce qui relie bien la forme du poème à l'idée du poème.

[Sahkti]

Complètement tombée sous le charme de ce texte, Arielle !
Non seulement pour son propos dans lequel je me retrouve mais aussi pour sa manière de le dire, belle et lasse à la fois, hautement poétique tout en étant accessible dans ce que les mots peuvent avoir d'émotionnel.

J'ai particulièrement aimé:
Peser sur une chaise
du poids de sa vacance

Poser
sur ses genoux
ses mains et leur verbiage

lisser un peu l'écorce de ses leurres

et ces trois derniers vers, qui disent tant.

Un superbe texte à mes yeux Arielle, si sensible et si juste. bravo et merci à toi pour ces mots !

[Contenu sponsorisé]