Exo lettre d'insulte : Sibyllinerie

[silene82]

Pas fameux, mais je n'y investirai pas un neurone de plus. KoikidizéKoubertin? L'important, jeune homme - voix de stentor, moustache stalinienne, goûts hellénisants -, c'est de participer, de ne pas tourner le dos. Sauf après, bien sûr.

Arpenteuse deci delà,
- tu comprendras que je n'use pas du vocable cher à l'école socratique, depuis qu'excipant du « paillasson gonorrhéique », de la « souillon cacochyme de méphitique odeur » et de « l'adorée, non de la légende, mais du staphylocoque » que je t'avais décernés par écrit, et scripta manent, j'en acquitte encore les dommages -, je tiens à te dire tout le mal que je pense de toi.
Empruntant à l'école grecque, je pourrais t'écrire que tu m'évoques le chapeau du voyageur ionien ; mais connais-tu seulement le pétase ? Ou, plus vernaculairement, et avec révérence à l'anglois – ass -, que tu colles ton séant sur un siège d'appoint, fréquemment oriental, voire maghrébin. Je parle en rébus ? Tu m'y as contraint, ô volume évoquant le chapeau pointu des banquets gras. En forme de ? Tu vois que tu suis quand tu veux.
Tes attentions tarifées, ta vénalité gloutonne, tes déduits partageurs, rideau ! Anacoluthe ? Certes, pour te servir.
Comprends-moi à demi mot : si j'écris sentinelle, ce que tu m'évoques, je n'aurai pas dit dame-pipi : où tronçonné-je le mot, je te prie ?
Ai-je suggéré que tu boustrophédonnerais, tendant alternativement l'un ou l'autre pertuis, un coup d'un côté, un coup de l'autre, harri bourriquet, si j'ose dire ? Non pas.
Je ne dis point non plus que tu sois un déversoir à flux génésique, de vaste contenance, ni que tu t'adonnes en temps et hors de temps à des embouchages et succions de divers appendices, ni que les remugles que tu exhales à chaque expiration éteignent les chandelles : méfiance et langue de robin baîllonnent la basoche.
Chatte arrosée craint le Synthol, comme tu sais.
Comme je souhaite néanmoins que tu saisisses mon propos, sans doute tolèreras-tu que je contrepétasse : encore une fois, qu'y puis-je, ironie lexicographique, qui n'est point de mon fait, ô, butte payante que tu es, aussi, avis aux amateurs, méfiez vous des dons coûteux !

[Invité]

Pour une fois que je ne mets pas trois heures à comprendre la (les, ici) contrepèterie, je me congratule !
Eh bien dis-moi, quelle verve ! Arpenteuse, c'est joli. Arpenteuse de goudron, j'avais lu ça quelque part. Surprise que la péripatéticienne ne figure pas dans cette liste "inexhaustive" donc.

[silene82]

Mais c'était précisément pour ne pas utiliser péripatéticienne, que l'on peut difficilement ne pas connoter comme insultant, que j'ai mis arpenteuse, qui était censé fonctionner comme euphémisme. Donc décidément, c'est pas ça.
Dizouli.

[Invité]

Non Silène, c'est bien plutôt moi qui ai raté la cible. C'est normal ces jours. Bref.

[Jérémie]

Je parle en rébus ? Tu m'y as contraint, ô volume évoquant le chapeau pointu des banquets gras. En forme de ? Tu vois que tu suis quand tu veux.

p**** borgne...c'est à ce moment que je me suis senti aveugle de naissance, car il faut étaler de la médiocrité en contraste !
Merci

[ubikmagic]

Une fois de plus, tu as l'art du mot qui tue. Mais, curiosité inégalable, tu es comme la balle lente imaginée par K. W. Jeter, un poison qui agit insidieusement, avec l'air de ne pas y toucher. Il y a là un chatoiement, des irisations, qui égarent les sens, pour mieux tromper la proie. Le roi du camouflage en eaux profondes, du camouflet en chausse-trappes, c'est toi.

Bravo...

Ubik.

[Arielle]

Eh bien, gracieux fils de Pan te voilà caracolant sur d'antiques références où je peine à te rejoindre !
Plus gracieuse l'arpenteuse que la péri-machine, c'est certain !
Je suis comme Easter, très fière d'avoir saisi sans effort la contrepèterie annoncée mais, malgré toute ma bonne volonté à te suivre, je m'égare dans ce paragraphe :
Empruntant à l'école grecque, je pourrais t'écrire que tu m'évoques le chapeau du voyageur ionien ; mais connais-tu seulement le pétase ? Ou, plus vernaculairement, et avec révérence à l'anglois – ass -, que tu colles ton séant sur un siège d'appoint, fréquemment oriental, voire maghrébin. Je parle en rébus ? Tu m'y as contraint, ô volume évoquant le chapeau pointu des banquets gras. En forme de ? Tu vois que tu suis quand tu veux.
Je vois pas bien ce que le chapeau de Mercure vient faire dans cette galère sinon en tirant un peu par les cheveux un jeu de mots euh ... un peu vaseux
Une p'tite explication steuplait !

[silene82]

@Arielle
Evidemment que la référence à un chapeau est tirée par les cheveux, ça coule de source. En fait, l'exercice s'avère beaucoup plus difficile qu'il n'y paraîtrait au premier abord, car insulter sans mots malsonnants est toute une mécanique.
Donc le coup du chapeau, ben il me semble que pétase est suffisamment proche de pétasse pour qu'on ne puisse s'y tromper, surtout dans le riant sud-ouest où je vis, où la prononciation France profonde rendrait les deux mots identiques. Le suivant pouffiasse, est un rébus, plus ou moins, comme je le dis, puis vient le cône.
Il y a deux contrèteries, moyennes, je l'accorde, mais bon, c'est un exo... je n'ai même pas tenu la contrainte de longueur...
@Ubik
T'es vraiment mimi, tu sais, mais ne dithyrambe pas trop, que je vais prendre la cougourde, gari. Ma, faï de ben, beleou.
@Jeremie
Je suis le premier ennuyé que le texte ait presque besoin d'une notice : mais il n'est pas aisé de tourner autour des mots en essayant de ne faire que les suggérer. Merci du com en tout cas.
@Easter
Thanks a hundred times, Old Faithfull... Et ravi d'avoir produit du contrepet décryptable.

[Invité]

Ben... tu vois, Silène que j'aime (si si ! N'en doute pas !), la fille du Nord que je suis ne te suit pas. Quand je crois avoir saisi le sens de tes propos, une phrase, un mot viennent démentir.
Trop hermétique pour moi, j'arrive pas à avaler ! Pas de chance, pour une fois que c'était court...

[Arielle]

Voilà ! J'ai tout compris ... mille fois merci !
Avoue quand même qu'avé l'assent ou sans tu égares tes lecteurs à plaisir sur les pas de ton arpenteuse.
N'aurais-tu pas pris un peu trop à la lettre la contrainte imposant de déguiser ses injures ?

[silene82]

N'aurais-tu pas pris un peu trop à la lettre la contrainte imposant de déguiser ses injures ?

Evidemment, puisque j'en étais à l'origine : cela semble le moindre souci. Et surtout, je n'ai pas le talent du joli sextavon Ba, Reb', toi, Plotine volens, M_arjolaine si présente, socque si veut, pour expédier les contraintes d'un revers de mule. De soie. Et les dédaigner. Souveraines. Donc il faut bien que le pesant baudet ahane sur le chemin raboteux qu'il s'est construit lui-même. Sans doute croit-il gagner son absolution. Néanmoins conscient de la tendre sollicitude presque maternisante de quelques unes, qui se reconnaîtront. Et fort reconnaissant.

[Invité]

Silène, autant je me régale souvent avec tes réparties ,commentaires et autres textes de conversations , autant j'ai du mal avec ce que tu écris.
Alors, soit tu en fais trop quand tu te mets en mode "écrivain", soit je ne suis pas au niveau ... ce qui est possible, après tout =)
bon, sinon pour éviter de remonter inutilement mes vacances, concernant la musique manouche je baigne là-dedans depuis quelques années et là y'a comme un goût de trop et un besoin de respirer et de ne plus en parler, même si mon texte l'évoque, mais c'est à distance, et aussi peut-être comme pour une sorte de transition hommage merci à Django, je ne sais pas trop.
Egalement merci à Louis, intéressant commentaire, et à Réginelle.

[Ba]

De toute façon Coubertain était suspect...

[Rebecca]

Eh ben voilà !!!! Me manquait pouffiasse... !!!! J'ai tourné autour du pot plusieurs fois et impossible de comprendre celui là !!! Ca énerve ! Evidemment quand on a la réponse ...."mais c'est bien sur" !

Oui quand même , s'il fallait disjoindre les insultes de la lettre d'insulte, la notice n'était pas superfétatoire ! Morte de rire...Tu nous a bien fait tourner en bourriques ! Euh en tonneaux à vin dont la dégustation nous eut légèrement barré la possibilité d'être claires et net d'esprit...tu me suis ?

[Invité]

Silene, je t'aime bien, mais je suis obligé de t'avouer que ce vocabulaire désuet, ces tournures de phrase démodées, cette ponctuation surannée cet emploi systématique de synonymes complexes où un joli petit mot tout simple ferait aussi bien l'affaire, cette emphase vieillotte qui te fais compliquer à plaisir les idées les plus quotidiennes, me font penser que si tu étais acteur je me dirais : "il en fait des tonnes".
Mais ce qui me gène le plus, c'est que souvent derrière la "complixafication" des termes je ne parviens pas à comprendre le fil de la pensée que je trouve toute "bouleversifiationnée", comme un joli meuble en chêne couvert de couleurs acyiliques criardes.
Moi aussi j'adore les mots : mais pourquoi "vocable" à la place de "mot"?, pourquoi "point" à la place de "pas" ? Etc.
Je vais être franc : je trouve que ça fait "luxe pas cher".
Je suis salaud hein !

[Invité]

Je ne suis toujours pas sorti de ce méli-mélo, l'occipute à la traine, ces temps-ci. à plus tard.

[silene82]

Silene, je t'aime bien,

tant mieux

Narbah a écrit :

mais je suis obligé de t'avouer que ce vocabulaire désuet, ces tournures de phrase démodées, cette ponctuation surannée cet emploi systématique de synonymes complexes où un joli petit mot tout simple ferait aussi bien l'affaire, cette emphase vieillotte qui te fais compliquer à plaisir les idées les plus quotidiennes, me font penser que si tu étais acteur je me dirais : "il en fait des tonnes".

Il s'agit d'un exo, babbhu ; on n'est pas dans un cadre "normal", mais dans des contraintes, donc le ton suranné me paraît approprié au propos

Narbah a écrit :

Mais ce qui me gène le plus, c'est que souvent derrière la "complixafication" des termes je ne parviens pas à comprendre le fil de la pensée que je trouve toute "bouleversifiationnée", comme un joli meuble en chêne couvert de couleurs acyiliques criardes.

Joli meuble en chêne... tu ne crois pas si bien dire, mais il se trouve que le chêne, précisément, je le décolore et le recolore car je n'aime pas sa teinte naturelle

Narbah a écrit :

Moi aussi j'adore les mots : mais pourquoi "vocable" à la place de "mot"?, pourquoi "point" à la place de "pas" ? Etc.

Pourquoi ? Mais parce que la richesse d'une langue, c'est l'abondance de son vocabulaire, outre son raffinement syntaxique. J'emploie les mots à dessein, même si dans un exo on cherche surtout à boucler l'exo, sans rechercher la cohérence maximale quant au signifiant. Mais dis-toi que l'oulipo sur quatramaran, c'est cent fois pire...

Narbah a écrit :

Je vais être franc : je trouve que ça fait "luxe pas cher".
Je suis salaud hein !

Si ça fait luxe pas cher, alors c'est du toc. Sur cet exercice, certes, puisque le seul enjeu est de rigoler un coup, si se peut. Maintenant, si tu l'appliques à l'ensemble de ce que j'écris, c'est autre chose, mais il faudra l'argumenter : on ne peut pas plaire à tout le monde, mais un certain quorum de personnes intelligentes et lectrices - c'est surtout ça qui m'importe - ont la bonté de trouver quelque charme à mes errances. Je n'écris pas moderne ? Ben non, je n'en ai pas envie. J'étire interminablement les phrases ? C'est pour voir si on suit...

[Invité]

Silene, je t'aime bien,

tant mieux

mais je suis obligé de t'avouer que ce vocabulaire désuet, ces tournures de phrase démodées, cette ponctuation surannée cet emploi systématique de synonymes complexes où un joli petit mot tout simple ferait aussi bien l'affaire, cette emphase vieillotte qui te fais compliquer à plaisir les idées les plus quotidiennes, me font penser que si tu étais acteur je me dirais : "il en fait des tonnes".

Il s'agit d'un exo, babbhu ; on n'est pas dans un cadre "normal", mais dans des contraintes, donc le ton suranné me paraît approprié au propos

Mais ce qui me gène le plus, c'est que souvent derrière la "complixafication" des termes je ne parviens pas à comprendre le fil de la pensée que je trouve toute "bouleversifiationnée", comme un joli meuble en chêne couvert de couleurs acyiliques criardes.

Joli meuble en chêne... tu ne crois pas si bien dire, mais il se trouve que le chêne, précisément, je le décolore et le recolore car je n'aime pas sa teinte naturelle

Moi aussi j'adore les mots : mais pourquoi "vocable" à la place de "mot"?, pourquoi "point" à la place de "pas" ? Etc.

Pourquoi ? Mais parce que la richesse d'une langue, c'est l'abondance de son vocabulaire, outre son raffinement syntaxique. J'emploie les mots à dessein, même si dans un exo on cherche surtout à boucler l'exo, sans rechercher la cohérence maximale quant au signifiant. Mais dis-toi que l'oulipo sur quatramaran, c'est cent fois pire...

Je vais être franc : je trouve que ça fait "luxe pas cher".
Je suis salaud hein !

Si ça fait luxe pas cher, alors c'est du toc. Sur cet exercice, certes, puisque le seul enjeu est de rigoler un coup, si se peut. Maintenant, si tu l'appliques à l'ensemble de ce que j'écris, c'est autre chose, mais il faudra l'argumenter : on ne peut pas plaire à tout le monde, mais un certain quorum de personnes intelligentes et lectrices - c'est surtout ça qui m'importe - ont la bonté de trouver quelque charme à mes errances. Je n'écris pas moderne ? Ben non, je n'en ai pas envie. J'étire interminablement les phrases ? C'est pour voir si on suit...

Non, je me suis mal exprimé : ce que je voudrai, c'est discuter le fond. Je me rends compte que je m'y prends mal.
Je comprends ton truc, évidemment.
Tu fais comme tu sens, évidemment.
C'est juste pour moi l'occasion d'ouvrir un débat sur quelque chose comme "la querelle des sectateurs de la langue fantôme survivant dans les dictionnaires/cimetières (que tu représenterais) et les tenants d'un modernisme optimiste résolument tourné vers des lendemains qui chantent en argo (dont je serai le jeune héros révolutionnaire, triomphant, évidemment!).
Mais je suis en train d'écrire un texte là dessus. J'aimerai bien le proposer comme un fil à part où ça serait rien que nous deux qu'on s' engueulerais entre gentlemen. Tu vois le genre : classe !
Faudra peut-être verser un pot de vin à la milice…chut !
Pour finir, je cite Nietzshe de tête (c'est tout moi ça !) :
"il est difficlle de savoir jouer avec le sérieux des enfants".
C'est pas la phrase exacte, mais c'est l'idée.
Et puis c'est mal traduit de l' Allemand de toutes façons.

[silene82]

C'est juste pour moi l'occasion d'ouvrir un débat sur quelque chose comme "la querelle des sectateurs de la langue fantôme survivant dans les dictionnaires/cimetières (que tu représenterais) et les tenants d'un modernisme optimiste résolument tourné vers des lendemains qui chantent en argo (dont je serai le jeune héros révolutionnaire, triomphant, évidemment!).
Mais je suis en train d'écrire un texte là dessus. J'aimerai bien le proposer comme un fil à part où ça serait rien que nous deux qu'on s' engueulerais entre gentlemen. Tu vois le genre : classe !
Faudra peut-être verser un pot de vin à la milice…chut !
Pour finir, je cite Nietzshe de tête (c'est tout moi ça !) :
"il est difficlle de savoir jouer avec le sérieux des enfants".
C'est pas la phrase exacte, mais c'est l'idée.
Et puis c'est mal traduit de l' Allemand de toutes façons.

Quand Ferré nous parle des draps d'aube fine, ou Brassens de callipygie, tu trouves que c'est de la langue de cimetière, toi ? L'argot est un des affluents, d'ailleurs, de ce fleuve impétueux qu'est la langue, et je ne crois aucunement à une langue qui serait moderne avec optimisme, comme tu dis, et qui me fait penser à un rabotage réductif, et un refus de prendre en compte le magnifique édifice qui s'est sédimenté au cours de siècles d'usage.
Le fil dont tu parles m'intéresse, ouvre-le, de toutes façons il ne restera pas privé longtemps... rien que nous deux, mazette...

[Halicante]

Ardu, ton texte, Silene, mais que de jouissives tournures ! "Chatte arrosée craint le Synthol" (Ah bon ?!), "sans doute tolèreras-tu que je contrepétasse"... Je dois dire que j'avais lu quelques commentaires avant de lire le texte, donc je n'ai pas eu à me prêter au jeu de deviner à qui la lettre est destinée, et je ne peux pas dire si j'aurais deviné... Tes textes sont toujours si denses qu'il me faut plusieurs lectures, plusieurs dictionnaires et quelques verres de vodka pour mieux y voir, mais je m'accroche, car chaque fois je sais que ça vaut le coup !

[Invité]

Le fil dont tu parles m'intéresse, ouvre-le, de toutes façons il ne restera pas privé longtemps... rien que nous deux, mazette...

Ça y est je l'ai ouvert. Attention : en conversation. Celui que j'ai ouvert en prose est une connerie : il n'a rien à faire là !

[mentor]

bon, j'ai décroché à la première trop longue phrase
je veux bien apprendre un, voire deux mots nouveaux par jour
mais là c'est trop

[Sahkti]

Un peu laborieux par moments mais quelques belles trouvailles et une vivacité dans le récit qui le rend bien plaisant. Sans compter qu'on y lit aussi, ce que l'on veut sur qui on veut et (c'est le principe de l'exo), ça modifie tout de même pas mal la donne à chaque lecture.

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