Vitrines de Noël....

[loic]

Destins

L’odeur du tabac froid dans les coursives crème
Cette pluie imbécile qui joue du tambourin
Un parking éperdu aux confins d’une usine
Une sorte de paradis, royaume des noctiluques

Le faisceau des voitures sous l’éclat des averses
Le chuintement des roues à l’étrave des flaques
Au large de ces villes avalant la rumeur
Où des nantis s’en viennent au ventre des boeings

Vils destins de termites bornés de théories
Prédestinés d’ennui, existences bâclées
Démenées comme ces billes au ventre d’un flipper
Ils retournent sans cesse aux flashes d’un "play again"

Et j’arpente tout cela, cœur d’entomologiste
Toutes ces petites gens qui glissent aux parois
Des vitrines de noël, éblouis par le froid

[Maryse]

Beaucoup, beaucoup aimé

[zenobi]

De belles choses, la deuxième strophe, notamment ! Et qui roulent en bouche (sauf ici ou là)...
La troisième strophe m'a semblé plus faible.


Une sorte de paradis, royaume des noctiluques (un' sort')
Quant à noctiluque, TLF dixit : "II. Subst. fém. Protozoaire vivant dans la mer et se présentant sous la forme d'une petite sphère molle.", je comprends mal.


Et j’arpente tout cela, cœur d’entomologiste Ce "et" qui rallonge -inutilement!- le vers est-il bien nécessaire ?
Toutes ces petites gens qui glissent aux parois (Tout' ?)
Des vitrines de noël, éblouis par le froid ( des vitrin' ?)

[Jano]

Un regard qui dissèque au scalpel l'homo consumens. Bien vu.

[Invité]

ah oui, bien foutu, ce texte. Ça m'évoque "Bergère ô tour Eiffel, le troupeau des pont bêle ce matin"... Apollinaire, ce n'est pas rien ! Et bien, il y a de ça : de l'ultra-moderne, une pincée de surréalisme, une pincée d'ironie, des mots qui coulent tout seul, un petit coup de truculence, et une lampée de critique sociale acide sur le tout.

[Invité]

Un thème qui t'est cher, Loïc ; ça commence comme un tableau et ça finit militant et donc désenchanté.
Même si je te suis dans cette veine, je dois avouer que poétiquement/artistiquement parlant je préfère les deux premières strophes.
Impression d'une composition rapide (répétition nom + adjectif).

[Soliflore]

Destins

L’odeur du tabac froid dans les coursives crème
Cette pluie imbécile qui joue du tambourin
Un parking éperdu aux confins d’une usine
Une sorte de paradis, royaume des noctiluques

Le faisceau des voitures sous l’éclat des averses
Le chuintement des roues à l’étrave des flaques
Au large de ces villes avalant la rumeur
Où des nantis s’en viennent au ventre des boeings

Vils destins de termites bornés de théories
Prédestinés d’ennui, existences bâclées
Démenées comme ces billes au ventre d’un flipper
Ils retournent sans cesse aux flashes d’un "play again"

Et j’arpente tout cela, cœur d’entomologiste
Toutes ces petites gens qui glissent aux parois
Des vitrines de noël, éblouis par le froid




Pas facile à commenter : le mot Noêl m'a surprise tant le décor planté en est à mille lieux, à moins que ce regard que tu portes soit l'expression d'une volonté de voir le côté misérable que ne parvient pas à masquer les lumières des vitrines.

Je vais te raconter succintement ce que j'ai vécu comme un merveilleux Noël en espérant te réconcilier un tout petit peu avec ce genre de festivités:

Mon père fabriquait des petites lampes en fer forgé et, le soir, dans la cuisine, après le dîner,on le regardait coiffer d'abat-jour à fines lamelles en plastique blanc et visser les ampoules qui ressemblaient à des bougies dégoulinantes de cire: pour mes yeux, c'était beau, surtout quand il les allumait dans la vitrine donnant sur l'angle d'une rue, ce qui permettait de bien la voir briller d'autant qu'à cette époque les rues étaient mal éclairées.

Bon Noêl, Loïc!

[mir0ir0bscur]

J'ai un peu de mal avec la dernière strophe. Surtout avec la prononciation d'entomologiste. Mot un peu long à mon goût, même s'il s'insère bien au niveau sens.
L'image des insectes s'agglutinant derrière une vitre éclairée est bien rendue. J'avoue que je partage cette vision des gens qui font leurs courses de Noël, pourtant d'un point de vue poétique, je ne suis pas emballée.

[Celeron02]

très chouette poème !

ai découvert "noctiluques"
fait un peu Nautilus

oui, magnifique, j'ai adoré le 'play again'
bien placé...

[mitsouko]

la troisième strophe j'ai pas tilté

elle me semble décalée, presque dérangeante avec le reste du texte et sa parfaite unité

je pense aussi très difficile dans ton style d'écriture de faire swinguer des mots anglais comme "flipper" ou "play again", il faut un autre rythme de la phrase, Gainsbourg fut un maître dans ce style

comme quoi nous ne sommes pas d'accord avec Celeron.........sourire

[Celeron02]

M. tu ne me fais point sourire.

si tu étais quelqu'un de vertueux, puisque tu sembles me "connaître" [tu ne me connais pas, en fait],
tu échangerais autrement à propos des textes.
(je n'y vois rien d'autre, dans ce type de comportement, que le signe patent de la perversion - hélas !)

quel beau réveillon, n'est-ce pas ?
(amuse-toi bien - qu'on te pardonne, cependant, puisque tu ne sais pas ce que tu fais - oui, je suis trop gentil)

[loic]

Celeron, tu as dû te tromper de destinataire

[mitsouko]

M. tu ne me fais point sourire.

si tu étais quelqu'un de vertueux, puisque tu sembles me "connaître" [tu ne me connais pas, en fait],
tu échangerais autrement à propos des textes.
(je n'y vois rien d'autre, dans ce type de comportement, que le signe patent de la perversion - hélas !)

quel beau réveillon, n'est-ce pas ?
(amuse-toi bien - qu'on te pardonne, cependant, puisque tu ne sais pas ce que tu fais - oui, je suis trop gentil)

j'ai cru comprendre que ces propos s'adressaient à moi...........je suis assez surpris de cette saillie verbale et cette invocation de la vertu et même de la perversion

je pense qu'il faut raison garder, et savoir lire les commentaires avant d'écrire n'importe quoi

j'ai juste expliqué, que les mots anglais de la troisième strophe me gênaient, à l'inverse cela correspond au passage qui t'a séduit.........comme quoi les avis peuvent diverger et c'est très bien, sans aucun jugement de valeur

rien de plus.......alors par pitié épargne moi ces accents de morale outragée

mais peut être ces propos ne s'adressaient pas à moi.............et moi non plus je ne sais pas décrypter les commentaires
dans ce cas incident clos
que le trêve apaise votre courroux........mauvaise bile est néfaste

sans rancune

[Celeron02]

...alors, sans rancune anymore

[Annie]

Loïc persévère et il a raison, j'aime qu'on ait des convictions et qu'on les défende.

J'ai l'impression de les voir, ces gens qui font les courses de noël, comme des poissons (ou des insectes) dans un aquarium (ou un vivarium).

Même si je partage votre point de vue au sujet dezangars, je ne crois pas nécessaire de parler de
"Vils destins de termites bornés de théories"
vils me semble trop gros de mépris: ils sont plutôt tristes, lamentables
théories me semble inapproprié: il n'y a là aucune théorie mais un suivisme tout instinctif.

Enfin un "oeil d’entomologiste" serait plus à sa place qu'un "cœur d’entomologiste"

Bilan: j'aime bien, même si je chipote.

[Poussetontraino]

très sympa le style Loïc où chaque ligne pourrait se suffire à elle même , et où le tout se rejoint en impressionnant impressionnisme

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