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Le repas

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Le repas Empty Le repas

Message  Calvin Jeu 6 Jan 2011 - 5:30

J'avais tant voulu manger
la nuit, l'avaler jusqu'à ce qu'elle gonfle et gonfle et qu'elle
se confonde avec
une tumeur, comme
les parfums surannés que l'automne
pose de deux doigts sur le contour de tes
lèvres. Et sentir à l'aube,
les cheveux longs des parfums qui la
traversent.
J'avais tant voulu manger la nuit, tant voulu ne plus être
qu'une ombre, un doigt,
le mouvement qui unifie
le ciel au sol, tant voulu voir la
pénombre s'élargir sous la paupière, tant voler, tant mentir,
tant me dessiner deux voiles et ne pas
choisir, entre le cancer qui vit et la
tombe de froid, tant manger, tant en jouir,
pour ne plus être qu'une ombre, soumise par les soleils,
dont la danse n'appartient qu'aux ombres, et dont le secret immobile ne se prononce, pas.
J'avais tant voulu manger la nuit,
tant prié, tant pleuré, tant blasphémé les saints, tant couché avec son cadavre et tant volé, tant supplié le reste des
peurs, tant vu, tant dit, que mes yeux usés par les vents devinrent
manteaux de ces vents, et les couvrirent dans un silence que je ne vis
pas.
Alors je suis allé, j'ai éteint, j'ai foulé les corps dont le jour n'attends plus rien, et je me suis attablé entre des candélabres de bois jeune et les couverts de boue de lune, j'ai attendu, que les croissants se montrent, et qu'ils se mangent, et qu'ainsi ils fassent pencher la balance, jusqu'à ce qu'elle comme le roseau se couche, mais ne se brise, pas. Alors j'irais, je ramasserai, je collerais sur ma peau les éclats, comme des mensonges, comme des souvenirs, en attendant un jour qui ne se lève, et dont l'attente est ma brulure.
J'attendrais.
Quoi que le ciel me montre, je le prendrai.
Et j'attends chaque nuit, de pouvoir garnir mes aquarelle de couleurs, d'odeurs, d'impressions et de saveurs, pour un festin sans convives, pour que seule l'attente inerte, parmi les rires, et les incendies, la pourriture et les éboulis, se meuve, et éclate en saveurs quand la tige de la première rose sera fendue du premier bruit.

Et nos jours alors, nos jours seront complets.

Calvin

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Message  Calvin Jeu 6 Jan 2011 - 6:08

Version en prose avec quelques modifications supplémentaires


J'avais tant voulu manger la nuit, l'avaler jusqu'à ce qu'elle gonfle et gonfle et qu'elle se confonde avec une tumeur, comme les parfums surannés que l'automne, pose de deux doigts sur le contour de tes lèvres. Et sentir à l'aube, les cheveux longs des parfums qui la traversent.
J'avais tant voulu manger la nuit, tant voulu ne plus être qu'une ombre, un doigt, le mouvement qui unifie le sol aux ciels, tant voulu voir la pénombre s'élargir sous la paupière, tant voler, et tant mentir, pour ne plus être qu'une ombre, soumise par les soleils, dont la danse n'appartient qu'aux ombres, et dont la lumière immobile ne se prononce, pas.
J'avais tant voulu manger la nuit, tant prié, tant pleuré, tant blasphémé les saints et tant marché, tant supplié le reste des peurs, tant vu, tant dit,
que mes yeux usés par les vents devinrent
manteaux de ces vents, et les couvrirent dans un silence que je ne vis, pas.

Alors je suis allé, j'ai éteint, j'ai foulé les corps dont le jour n'attends plus rien, et je me suis attablé entre les candélabres de bois jeune et les couverts de boue de lune. J'ai attendu, que les croissants se montrent, et qu'ils se mangent, et qu'ainsi ils fassent pencher la balance, jusqu'à ce qu'elle comme le roseau se couche, mais ne se brise, pas. Alors j'irais, je ramasserai, je collerais sur ma peau les éclats, comme des mensonges, comme des souvenirs, en attendant un jour qui ne se lève, et dont l'attente est ma brulure.
J'attendrais.
Quoi que le ciel me montre, je le prendrai.
Et j'attends chaque nuit, de pouvoir garnir mes aquarelles de couleurs, d'odeurs, d'impressions et de d'incendies, pour un festin sans convives, pour que seule l'attente inerte, parmi les rires, la pourriture et les éboulis, se meuve, et éclate en saveurs quand la tige de la première rose sera fendue du premier bruit.
J'irais alors, si tu le permet, chercher des onguent, des baumes, couvrir ton corps de fumées et de fantômes, et des écailles qui font l'or, pour qu'il ne soit plus que poussière et que cette poussière fasse mon repas.

Calvin

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Message  Calvin Jeu 6 Jan 2011 - 6:10


J'avais tant voulu manger la nuit, l'avaler jusqu'à ce qu'elle gonfle et gonfle et qu'elle se confonde avec une tumeur, comme, les parfums surannés que l'automne, pose de deux doigts sur le contours de tes lèvres. *


(je suis un perfectionniste distrait)

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Message  Calvin Sam 8 Jan 2011 - 7:14

Je poste ce truc parce que je l'aime bien pour d'obscures raisons et je ne sais qu'en faire :

ma voix est un chant qui bleui au bas des villes
mon nom est une ville sous le ciel des métamorphoses
et ma ville a pris la forme des ces ciels inquiets
qu'écoutent les guêpes aux mains de tisseuses

Calvin

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Message  Cythéria Sam 8 Jan 2011 - 16:05

Bonjour Louis,
J'ai une question. Manque-t-il un mot après "qu'elle" dans cette phrase : "jusqu'à ce qu'elle comme le roseau se couche" ?

Cythéria

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Message  Carmen P. Sam 8 Jan 2011 - 18:47

Lu une fois, et je relirai ce texte. Une gourmandise cosmologique.
Je n'aime pas trop l'allusion à la tumeur - une répugnace personnelle à utiliser la maladie en image -.
Conj : ...si tu le permets
....à part ces détails je ne peux citer tous les passages que j'apprécie.
"...quand la tige de la première rose sera fendue du premier bruit", j'aime... et la répétition de première ne me gêne même pas !
Carmen P.
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Message  Calvin Sam 8 Jan 2011 - 21:07

Cythéria, cette phrase est une volontaire déformation syntaxique (car je suis un rebelle de la langue française) de ce qu'on aurait pu écrire : "jusqu'à ce qu'elle se couche mais ne se brise pas, comme le roseau" (nous connaissons tous La Fontaine). C'est moins musical comme ça alors, hop, je fais une distorsion, les mots tombent dans les précipices des espaces, les virgules hennissent, les points crépitent comme la mitraille, un peuple de voyelles s'exaspère, passez moi la pierre de rosette de la ponctuation, etc. Il est tard.

Calvin

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Message  Calvin Sam 8 Jan 2011 - 21:14

Attendez... j'ai un gros doute. C'est La Fontaine, ou peut-être Descartes, ou Pascal ? Ou alors cette Divine est inscrite dans les anales de l'image poétique ou : illumination (couloured plates) de notre sacro-sainte langue française, olé.


Calvin

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