Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
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Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Contrainte du jour : palindromes.
(autre contrainte : fait en un temps ultra record, désolé si c'est limite illisible)
Lundi 21 mars, an de graisse 1562.
En pliant les feuilles de vélin que le père abbé m’a confiées pour rédiger mes aveux, et en attachant le tout avec un bout de la corde qui me sert de ceinture, je viens de constituer ce calepin miniature. C’est ici que j’ai décidé de noter mes meilleurs pets, ysopets et contrepets, ainsi que mes péripéties à venir. Je prie Dieu pour que ces histoires futures soient cocasses et non point dramatiques.
Me voici donc, bouclé à double tour dans ma cellule, gardée par deux frères convers de forte carrure. Le père, l’abbé Tumène, m’a fait enfermé ce matin, et compte bien me retenir prisonnier jusqu’à l’arrivée de maître Théodule de La Croupe, grand inquisiteur de la Curie romaine. J’ai oui dire que ce dernier avait fait halte à Moncuq hier soir, et il ne faut guère que trois jours pour grimper le col de Luteyrus et atteindre l’abbaye de Cliteaux. Deux jours même suffisent, si on enfourche une bonne croupe. En un mot, le temps presse : dès ce soir, j’emprunterai la petite trappe qu’il y a sous ma litière et je m’enfuirai. Personne ne connaît cette issue secrète, que j’ai moi-même faite aménager autrefois, afin de pouvoir aller et venir à ma guise pendant la nuit. Pauvre abbé ! Quelle déception demain matin en découvrant ma cellule vide, et en réalisant qu'en réalité j'étais un moine trappiste !
Je ne peux, hélas, faute de temps, rédiger un long préambule pour ce cahier. Je vais donc juste me contenter de relater en vitesse les raisons de mon emprisonnement. Voilà : dans la bibliothèque du monastère, se trouvait un parchemin que j’avais écrit sous le pseudonyme de « Sebita Cassius », et que j’avais intitulé « Roma LIV », qui portait, sous le titre, l’inscription suivante, en italique : « annus horribilis ». J’avais glissé le feuillet entre les pages d’un épais volume poussiéreux consacré à la chronologie de la République romaine, tout en haut d’une étagère, et que personne ne consultait jamais. Si quelqu’un d’aventure tombait sur ce manuscrit, il lui était en principe impossible de discerner autre chose que quelques notes écrites à la hâte, quasiment illisibles, qui traitaient d’événements sans intérêt survenus en l’an cinquante quatre avant JC.
Or, l’abbé, hier soir, a trouvé ce document. Et, fait extraordinaire, il est parvenu sans aucun mal à décrypter les différents palindromes, anacycliques, rébus et anagrammes qui permettaient de découvrir le sens caché du texte. Moi qui prenais l’abbé Tumène pour un âne bâté, je dois avouer qu’il m’a grandement surpris, le bougre ! Mais peut-être que, à l’instar du vieux précepteur de Gargantua, cet homme était si habitué à réciter le latin à l’envers, qu’il s’est mis à lire mon texte de gauche à droite, cela ne m’étonnerait guère, à vrai dire. Toujours est-il qu’il a parfaitement compris que « Roma LIV » signifiait en réalité « Vil amor », et qu’il s’agissait d’un traité prodiguant aux moines sodomites de sages conseils pour leur permettre de s’aimer à leur aise. Ainsi, « César élu c. ne tue Penno», première phrase du manuscrit, devait se lire « On ne peut enculer à sec », et non pas « César élu consul ». Une fois compris le système, le reste, il est vrai, était plus facile à saisir, comme par exemple la mention du tribut versé par César pour franchir le Rubicon et pénétrer à Rome : « sel, écus » (suce-les), ou encore, les références constantes à Saint Luc (S.Luc). En y réfléchissant bien, je crois que je n’aurais jamais dû utiliser ce pseudonyme, trop facile à décoder, « Sebita Cassius». Suis sac à bites, évidemment !
Après avoir trouvé ce manuscrit pour le moins compromettant, l’abbé Tumène fit fouiller les moindres recoins de la bibliothèque. Il dénicha bientôt mes autres manuscrits, que j’avais dissimulés sous une vieille planche branlante : mes sonnets (dont mon admirable « sonnez du cul »), deux rondelets, et aussi plusieurs satyres, blasons et autres tirades anatomiques. Des écrits à la fois érotiques et hérétiques, un merveilleux combustible pour allumer un bel autodafé.
Bien. Il est l’heure de délaisser mon carnet, je dois à présent préparer ma fuite. Demain, si je le peux, j’écrirais ici mon sonnez du cul, car je tiens à ce que cette œuvre passe à la postérité. En attendant, comme l’abbé voulait à tout prix lire mes confessions, je ne veux pas le décevoir. Je prends ma plume et j’écris avant de partir, en grandes lettres sur mon pupitre : « SENYOR INQUISIDOR : IO ME (a)CUSO ». Si Maître Théodule de la Croupe ne comprend pas le gascon, j’espère au moins qu’il saura lire, en français à l’envers : « Ô, Suce-moi »
(autre contrainte : fait en un temps ultra record, désolé si c'est limite illisible)
Lundi 21 mars, an de graisse 1562.
En pliant les feuilles de vélin que le père abbé m’a confiées pour rédiger mes aveux, et en attachant le tout avec un bout de la corde qui me sert de ceinture, je viens de constituer ce calepin miniature. C’est ici que j’ai décidé de noter mes meilleurs pets, ysopets et contrepets, ainsi que mes péripéties à venir. Je prie Dieu pour que ces histoires futures soient cocasses et non point dramatiques.
Me voici donc, bouclé à double tour dans ma cellule, gardée par deux frères convers de forte carrure. Le père, l’abbé Tumène, m’a fait enfermé ce matin, et compte bien me retenir prisonnier jusqu’à l’arrivée de maître Théodule de La Croupe, grand inquisiteur de la Curie romaine. J’ai oui dire que ce dernier avait fait halte à Moncuq hier soir, et il ne faut guère que trois jours pour grimper le col de Luteyrus et atteindre l’abbaye de Cliteaux. Deux jours même suffisent, si on enfourche une bonne croupe. En un mot, le temps presse : dès ce soir, j’emprunterai la petite trappe qu’il y a sous ma litière et je m’enfuirai. Personne ne connaît cette issue secrète, que j’ai moi-même faite aménager autrefois, afin de pouvoir aller et venir à ma guise pendant la nuit. Pauvre abbé ! Quelle déception demain matin en découvrant ma cellule vide, et en réalisant qu'en réalité j'étais un moine trappiste !
Je ne peux, hélas, faute de temps, rédiger un long préambule pour ce cahier. Je vais donc juste me contenter de relater en vitesse les raisons de mon emprisonnement. Voilà : dans la bibliothèque du monastère, se trouvait un parchemin que j’avais écrit sous le pseudonyme de « Sebita Cassius », et que j’avais intitulé « Roma LIV », qui portait, sous le titre, l’inscription suivante, en italique : « annus horribilis ». J’avais glissé le feuillet entre les pages d’un épais volume poussiéreux consacré à la chronologie de la République romaine, tout en haut d’une étagère, et que personne ne consultait jamais. Si quelqu’un d’aventure tombait sur ce manuscrit, il lui était en principe impossible de discerner autre chose que quelques notes écrites à la hâte, quasiment illisibles, qui traitaient d’événements sans intérêt survenus en l’an cinquante quatre avant JC.
Or, l’abbé, hier soir, a trouvé ce document. Et, fait extraordinaire, il est parvenu sans aucun mal à décrypter les différents palindromes, anacycliques, rébus et anagrammes qui permettaient de découvrir le sens caché du texte. Moi qui prenais l’abbé Tumène pour un âne bâté, je dois avouer qu’il m’a grandement surpris, le bougre ! Mais peut-être que, à l’instar du vieux précepteur de Gargantua, cet homme était si habitué à réciter le latin à l’envers, qu’il s’est mis à lire mon texte de gauche à droite, cela ne m’étonnerait guère, à vrai dire. Toujours est-il qu’il a parfaitement compris que « Roma LIV » signifiait en réalité « Vil amor », et qu’il s’agissait d’un traité prodiguant aux moines sodomites de sages conseils pour leur permettre de s’aimer à leur aise. Ainsi, « César élu c. ne tue Penno», première phrase du manuscrit, devait se lire « On ne peut enculer à sec », et non pas « César élu consul ». Une fois compris le système, le reste, il est vrai, était plus facile à saisir, comme par exemple la mention du tribut versé par César pour franchir le Rubicon et pénétrer à Rome : « sel, écus » (suce-les), ou encore, les références constantes à Saint Luc (S.Luc). En y réfléchissant bien, je crois que je n’aurais jamais dû utiliser ce pseudonyme, trop facile à décoder, « Sebita Cassius». Suis sac à bites, évidemment !
Après avoir trouvé ce manuscrit pour le moins compromettant, l’abbé Tumène fit fouiller les moindres recoins de la bibliothèque. Il dénicha bientôt mes autres manuscrits, que j’avais dissimulés sous une vieille planche branlante : mes sonnets (dont mon admirable « sonnez du cul »), deux rondelets, et aussi plusieurs satyres, blasons et autres tirades anatomiques. Des écrits à la fois érotiques et hérétiques, un merveilleux combustible pour allumer un bel autodafé.
Bien. Il est l’heure de délaisser mon carnet, je dois à présent préparer ma fuite. Demain, si je le peux, j’écrirais ici mon sonnez du cul, car je tiens à ce que cette œuvre passe à la postérité. En attendant, comme l’abbé voulait à tout prix lire mes confessions, je ne veux pas le décevoir. Je prends ma plume et j’écris avant de partir, en grandes lettres sur mon pupitre : « SENYOR INQUISIDOR : IO ME (a)CUSO ». Si Maître Théodule de la Croupe ne comprend pas le gascon, j’espère au moins qu’il saura lire, en français à l’envers : « Ô, Suce-moi »
Invité- Invité
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Mardi 22 mars, an de graisse 1562.
Il est midi environ et je viens de m'accorder une pause entre deux mamelons velus. J'ai marché pendant toute la nuit et tout ce matin, en descendant le versant nord du col de Luteyrus, et à présent je suis fourbu, je ne sais si je parviendrai à avancer beaucoup plus. Mes pauvres sandales de corde ne sont pas adaptées à la marche, mes pieds sont meurtris, et, beaucoup plus grave encore, je suis affamé et n'ai rien à me mettre sous la dent.
Je profite de cette halte pour inscrire ici mon sonnez du cul, en espérant que ce soir, je pourrai écrire confortablement installé dans le lit d'une auberge.
Sonnez du cul
Heureux qui somme cul lisse à s’offrir en partage !
Moi l’homme, cestuy-là qui broutais les toisons
Et puis les retournais pour enfoirer les fions
Vibrer dans les relents le reste de l’outrage
Quand reverrai-je enfin, d'un petit cul volage
Fumer la cheminée, et en quel trouffion
Reverrai-je ce dos pour ma pauvre ration
Qui m’est parfois trop mince, pour beaucoup d’enculage ?
Plus me plait ces atours que foutais mon gros nœud
Que palais de Romaine, ou que cons audacieux
Car pour mon marbre dur me plait la taille fine
Pour mon foireux gaulois, les mignons arrière-trains
Pour mon petit ourlet, j’aime les monts baladins
Et pour mon noeud mutin, la douceur quand je pine.
Il est midi environ et je viens de m'accorder une pause entre deux mamelons velus. J'ai marché pendant toute la nuit et tout ce matin, en descendant le versant nord du col de Luteyrus, et à présent je suis fourbu, je ne sais si je parviendrai à avancer beaucoup plus. Mes pauvres sandales de corde ne sont pas adaptées à la marche, mes pieds sont meurtris, et, beaucoup plus grave encore, je suis affamé et n'ai rien à me mettre sous la dent.
Je profite de cette halte pour inscrire ici mon sonnez du cul, en espérant que ce soir, je pourrai écrire confortablement installé dans le lit d'une auberge.
Sonnez du cul
Heureux qui somme cul lisse à s’offrir en partage !
Moi l’homme, cestuy-là qui broutais les toisons
Et puis les retournais pour enfoirer les fions
Vibrer dans les relents le reste de l’outrage
Quand reverrai-je enfin, d'un petit cul volage
Fumer la cheminée, et en quel trouffion
Reverrai-je ce dos pour ma pauvre ration
Qui m’est parfois trop mince, pour beaucoup d’enculage ?
Plus me plait ces atours que foutais mon gros nœud
Que palais de Romaine, ou que cons audacieux
Car pour mon marbre dur me plait la taille fine
Pour mon foireux gaulois, les mignons arrière-trains
Pour mon petit ourlet, j’aime les monts baladins
Et pour mon noeud mutin, la douceur quand je pine.
Invité- Invité
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Trop cul lent !
Heu excusez mon orthographe, j'suis pas en âge d'avoir appris !
C'était truie cul lent ? Ou trou cul lent ?
Enfin, débrouillez-vous mon frère, vous m'avez compris !
Et c'est bien d'avoir mis les contraintes en début de texte !
Heu excusez mon orthographe, j'suis pas en âge d'avoir appris !
C'était truie cul lent ? Ou trou cul lent ?
Enfin, débrouillez-vous mon frère, vous m'avez compris !
Et c'est bien d'avoir mis les contraintes en début de texte !
Invité- Invité
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Ah Vincent, un adepte du culte Rebeccassien ! Enchantée par ce début prometteur en jeux de mots et joyeuses contrepéteries. Bravo pour le Sonnet - posté à l'avance et qui va bien m'aider (j'espère...grrrr)
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
amusant l'abbé dans ses ébats, mais quand ça coule à foison : no soif
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
ok c'est limite nul...
mais à aucun moment il ne moque mon com
mais à aucun moment il ne moque mon com
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Ca démarre fort et le ton trucule à souhait. Je vois pas bien le personnage choisi, mais il me semble aller son petit bonhomme de chemin dans un XVIème siècle diablement gaillard, qui ressemble plus encore à celui du seigneur de la Mancha qu'à celui du père de Grandgousier. C'est limite parodie, mais c'est le propre de la veine picaresque.
A propos : satire et pas satyre, s'il s'agit d'un texte.
A propos : satire et pas satyre, s'il s'agit d'un texte.
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Gobu a écrit:
A propos : satire et pas satyre, s'il s'agit d'un texte.
C'étoyt faict expréssement messyre Gobu
Invité- Invité
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
vincent M. a écrit:Gobu a écrit:
A propos : satire et pas satyre, s'il s'agit d'un texte.
C'étoyt faict expréssement messyre Gobu
En ce cas, vous êtes pardonné, mon fils. Seulement 100 pater et 100 ave Maria et votre conscience aura retrouvé la blancheur Persil.
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Ca manque un peu de feuille de rose par ici... Ah, quoi que...
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Très marrants ton moine et le sonnet assorti. Avec de belles contraintes de style, c’est pas mal dis-donc quand tu écris à la va-vite !
Juste un poil de trop pour moi, je préfère les assaisonnements plus légers même si j’admire la facilité à jongler avec les mots.
Juste un poil de trop pour moi, je préfère les assaisonnements plus légers même si j’admire la facilité à jongler avec les mots.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Mardi 22 mars. Soir.
Pendant toute l’après-midi, j’ai suivi le cours d’un petit ruisseau mousseux, convaincu qu’il s’agissait de la Noise, un sous-affluent de la Garonne, ce qui m’aurait permis d’atteindre le bourg d’Ovaire-sur-Noise, tout au bout du col de Luteyrus, en fin d’après-midi. Hélas, j’ai fait fausse route, et me suis bientôt retrouvé embourbé dans une gorge profonde, complètement perdu. J’ai bien failli éclater en sanglots, lorsque tout à coup, j’ai entendu des grognements derrière moi. Dans la pénombre, j’ai distingué la silhouette d’une créature rose, nue et ventrue. Elle s’ébaudissait dans l’herbe, la queue dressée dans le vent, et couinait de plaisir en suçotant des glands. Etonné de trouver un cochon si loin de mon monastère, je me suis approché de l’animal. C’est alors que j’ai vu d’autres verrats et un homme, assis au pied d’un chêne, qui gardait le troupeau. Ce porcher avait belle allure, avec sa gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec et ses cheveux au quatre vents. Il a aussitôt deviné, à mon regard concupiscent, que je n’avais pas fait bonne chère* depuis longtemps, et m’a laissé de bonne grâce goûter à ses jambons, que j’ai dévorés avec avidité. Puis, en voyant que j’avais aussi très faim, il m’a invité à partager sa maigre pitance.
En discutant avec cet homme, je constatais qu’il savait fort bien manier la langue, -je veux dire la langue française-. Ce n’était manifestement pas un rustre. Fort intrigué, je lui ai demandé pourquoi un instruit comme lui est devenu porcher dans ces montagnes oubliées de la main de Dieu. Il m’a répondu qu’avant, il était étudiant à la Sorbonne, mais qu’il a abandonné le quartier latin pour rejoindre une communauté, qui se trouve tout près de là, dans une maison bleue, en haut de la colline. Il s’agit d’une communauté mixte, constituée surtout de moines défroqués et de nonnes qui ne supportaient plus la règle douloureuse de leur couvent. Ils vivent d’élevage, d’amour et d’eau fraîche, d’un peu de chasse et de pêche, comme les oiseaux, et aussi d’objets artisanaux en chanvre tressé qu’ils vendent sur le marché d’Ovaire-sur-Noise. En opposition aux moines et leurs tonsures, ils portent les cheveux longs, et s’appellent eux-mêmes les cénobites-nique, parce qu’ils préconisent l’amour libre, ou encore les « trop coule », car pour eux l’habit monastique, la coule, est superflue, et qu’ils préférent vivre tout nus comme les anachorètes.
J’étais stupéfait. J’ignorais totalement que ce genre de communauté existait, c’était une vraie révélation pour moi. Fray Hugo Icéo Sancti Ahano (c’est le nom du porcher) m’a expliqué qu’il s’agit d’un phénomène tout à fait récent, né au nouveau monde, en Californie au sein d’une mission franciscaine, mais qui très certainement, dans les années 70, connaîtra un véritable engouement dans le vieux continent. Il m’a invité à venir connaître cette maison bleue, baptisée « Tel aime », et dont la devise est « fesse qui tu voudras ». Evidemment, j’ai accepté aussitôt, enthousiaste, d’autant que Hugo Fray m’a dit que tous les soirs ces cénobites-nique s’adonnent à des bacchanales et se mettent à danser en tenue d’Eve et d’Adam au clair de lune, au son du luth, du rebec et du tambourin. Oui, j’ai une folle envie d’assister à ces ébats nocturnes. Je crois qu’après toutes mes péripéties, j’ai amplement mérité de prendre une damnée sabbatique.
*chère -> j'avoue que l'homonyme avec le mot chair m'a beaucoup servi dans cette affaire
Pendant toute l’après-midi, j’ai suivi le cours d’un petit ruisseau mousseux, convaincu qu’il s’agissait de la Noise, un sous-affluent de la Garonne, ce qui m’aurait permis d’atteindre le bourg d’Ovaire-sur-Noise, tout au bout du col de Luteyrus, en fin d’après-midi. Hélas, j’ai fait fausse route, et me suis bientôt retrouvé embourbé dans une gorge profonde, complètement perdu. J’ai bien failli éclater en sanglots, lorsque tout à coup, j’ai entendu des grognements derrière moi. Dans la pénombre, j’ai distingué la silhouette d’une créature rose, nue et ventrue. Elle s’ébaudissait dans l’herbe, la queue dressée dans le vent, et couinait de plaisir en suçotant des glands. Etonné de trouver un cochon si loin de mon monastère, je me suis approché de l’animal. C’est alors que j’ai vu d’autres verrats et un homme, assis au pied d’un chêne, qui gardait le troupeau. Ce porcher avait belle allure, avec sa gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec et ses cheveux au quatre vents. Il a aussitôt deviné, à mon regard concupiscent, que je n’avais pas fait bonne chère* depuis longtemps, et m’a laissé de bonne grâce goûter à ses jambons, que j’ai dévorés avec avidité. Puis, en voyant que j’avais aussi très faim, il m’a invité à partager sa maigre pitance.
En discutant avec cet homme, je constatais qu’il savait fort bien manier la langue, -je veux dire la langue française-. Ce n’était manifestement pas un rustre. Fort intrigué, je lui ai demandé pourquoi un instruit comme lui est devenu porcher dans ces montagnes oubliées de la main de Dieu. Il m’a répondu qu’avant, il était étudiant à la Sorbonne, mais qu’il a abandonné le quartier latin pour rejoindre une communauté, qui se trouve tout près de là, dans une maison bleue, en haut de la colline. Il s’agit d’une communauté mixte, constituée surtout de moines défroqués et de nonnes qui ne supportaient plus la règle douloureuse de leur couvent. Ils vivent d’élevage, d’amour et d’eau fraîche, d’un peu de chasse et de pêche, comme les oiseaux, et aussi d’objets artisanaux en chanvre tressé qu’ils vendent sur le marché d’Ovaire-sur-Noise. En opposition aux moines et leurs tonsures, ils portent les cheveux longs, et s’appellent eux-mêmes les cénobites-nique, parce qu’ils préconisent l’amour libre, ou encore les « trop coule », car pour eux l’habit monastique, la coule, est superflue, et qu’ils préférent vivre tout nus comme les anachorètes.
J’étais stupéfait. J’ignorais totalement que ce genre de communauté existait, c’était une vraie révélation pour moi. Fray Hugo Icéo Sancti Ahano (c’est le nom du porcher) m’a expliqué qu’il s’agit d’un phénomène tout à fait récent, né au nouveau monde, en Californie au sein d’une mission franciscaine, mais qui très certainement, dans les années 70, connaîtra un véritable engouement dans le vieux continent. Il m’a invité à venir connaître cette maison bleue, baptisée « Tel aime », et dont la devise est « fesse qui tu voudras ». Evidemment, j’ai accepté aussitôt, enthousiaste, d’autant que Hugo Fray m’a dit que tous les soirs ces cénobites-nique s’adonnent à des bacchanales et se mettent à danser en tenue d’Eve et d’Adam au clair de lune, au son du luth, du rebec et du tambourin. Oui, j’ai une folle envie d’assister à ces ébats nocturnes. Je crois qu’après toutes mes péripéties, j’ai amplement mérité de prendre une damnée sabbatique.
*chère -> j'avoue que l'homonyme avec le mot chair m'a beaucoup servi dans cette affaire
Invité- Invité
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
J'aime bien ce genre de surprise :
Mais en revanche, tu t'laisses aller, tu t'laisses aller dans le emprunts à des chansons .
Bien aimé aussi les cenobiteniques !
On sent que tu trucules à plaisir !
deviné, à mon regard concupiscent, que je n’avais pas fait bonne chère* depuis longtemps, et m’a laissé de bonne grâce goûter à ses jambons, que j’ai dévorés avec avidité. Puis, en voyant que j’avais aussi très faim, il m’a invité à partager sa maigre pitance.
Mais en revanche, tu t'laisses aller, tu t'laisses aller dans le emprunts à des chansons .
Bien aimé aussi les cenobiteniques !
On sent que tu trucules à plaisir !
Invité- Invité
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Jouissance émerveillée parce que je sens ton plaisir dans l'écriture. Je suis contente.
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Je voudrai bien connaitre le son du rebec, moi. Mon alter echo ?
Bon on s'amuse on se régale et on fes(se)toie. Que demande le peuple ? Des fleurs? J'arrive. Même si le temps, bourrin, ne pourra jamais me ramener à l'époque où je m'entrainais au bac anal. Le new age, je l'ai traversé baba cool, puis babouchka cool chaque année le 17 mars, alors tu penses que je connais ce mouvement qui gagnera le vieux continent , puis un jour la vieille incontinente !
Un jour tu verras on inventera une langue portative , la pomme ne sera plus le symbole du péché et apparaitra cette équation qui résumera le nouveau monde et ton histoire : 1 (A.B.BABA) = 1 ( A.B.B.A)
La B attitude, cette félicité !
Félicitations, en attendant la suite.
Bon on s'amuse on se régale et on fes(se)toie. Que demande le peuple ? Des fleurs? J'arrive. Même si le temps, bourrin, ne pourra jamais me ramener à l'époque où je m'entrainais au bac anal. Le new age, je l'ai traversé baba cool, puis babouchka cool chaque année le 17 mars, alors tu penses que je connais ce mouvement qui gagnera le vieux continent , puis un jour la vieille incontinente !
Un jour tu verras on inventera une langue portative , la pomme ne sera plus le symbole du péché et apparaitra cette équation qui résumera le nouveau monde et ton histoire : 1 (A.B.BABA) = 1 ( A.B.B.A)
La B attitude, cette félicité !
Félicitations, en attendant la suite.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
J’adore ici comme tu joues avec les idées mal placées des lecteurs, et ça marche en plus ! Je sens que tu te marres et je me marre avec… merci pour ce bon moment, tout est bon dans ton cochon.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Mercredi 23 mars. Vers midi.
J’aurais aimé pouvoir relater des faits hilarants, truculents ou filous au sujet de ma première nuit passée chez les cénobites-nique trop coule, malheureusement, j’ai bien peur de n’avoir grand-chose à raconter. En effet, à peine entré dans la maison bleue, hier soir, un des hôtes, débraillé et hirsute, m’a dit, un grand sourire aux lèvres :
« Pax et amor, mon frère ! Une petite pipe ou un gros bâton capiteux ?
-Les deux ! » me suis-je empressé de répondre à la fois ravi et surpris par cette complète absence de préliminaires. A mon grand dam, l’homme, aussi sec (pas de jeu de mots, ici), m’a collé dans la bouche un calumet fumant et un cigare verdâtre. Comme je n’avais jamais goûté au tabac, j’étais à mille lieues d’imaginer que le produit dont j’inhalais la fumée provenait des Indes orientales et non occidentales, et qu’il s’agissait en réalité d’une plante nommée « cannabacea sativa », ou plus communément « herbe qui rend nigaud ». Bientôt, je me suis mis à rire comme un bossu avant de m’endormir. Entre deux, je ne me souviens de rien. Il paraîtrait que j’aurais, à plusieurs reprises, dégorgé mon fiel dans le pot de Fleur à l’entrée de la maison, mais je viens de demander à Fleur si c’était vrai, et elle ne se rappelle pas non plus.
Voilà donc pour mes aventures « fumeuses » d’hier soir. Ce n’est que ce matin que j’ai pu vraiment connaître la douzaine d’individus qui composent cette communauté. L’un d’entre eux, d’ailleurs, a déjà eu affaire avec Maître Théodule de la Croupe, l’inquisiteur qui est à mes trousses : un certain Johann « les nonnes », ancien herboriste et alchimiste de renom.
Johann fut mis à l’index autrefois à cause de ses œuvres jugées érotiques, hérétiques, ésotériques ou sans éthique, telles que son exégétique de la Genèse, un travail passionnant, que je vais essayer de résumer brièvement sur ce carnet. Voilà, il est écrit qu’au tout début du monde Adam et Eve, après avoir croqué la pomme, se trouvèrent tous deux très trognons. Ensuite, comme chacun sait, vinrent les gros pépins. Or, Frère Yohan, a réussi à réfuter, de manière extrêmement scientifique, que le pêcher originel ne pouvait en aucun cas être une pomme, mais qu’il s’agissait plutôt d’un brugnon, d’une nectarine, ou à la rigueur d’un abricot.
Mercredi 22 mars. Crépuscule.
Je reprends mon carnet pour y noter cette terrible nouvelle : les hommes d’armes de Théodule de la Croupe encerclent notre colline. Ce sont deux sœurs cénobites-nique, Johanne Baise et Laide Zépeline qui les ont aperçus tandis qu’elles cueillaient le chanvre indien dans la prairie. Les soldats seront là demain dans l’après-midi, au plus tard. Nous sommes faits comme des rats, et pas juste à cause du tabac des indes orientales.
Toute la communauté vient de se réunir pour réfléchir à une stratégie commune.
« Bah, s’il nous met à l’index, nous on n’a qu’à se le mettre au majeur, cet inquisiteur, s’est écrié un des frères.
-Pax et amor, Frère Daniel Con Béni, nous les cénobites-nique, refusons d’employer la violence ! a répondu Yohann « les nonnes », avant d’ajouter : J’ai peut-être une idée… »
Nous avons ensuite écouté, en silence, le stratagème de l’herboriste, que nous avons approuvé à l’unanimité. Je recommande mon âme à Saint Doux, patron des moines cochons, et plante un cierge entre les deux gros orteils de Sainte Frigide, pour que son plan fonctionne. Et j’en profite pour inscrire sur ce calepin le nom de l’épice susceptible de nous sauver : « claviceps purpurea ».
J’aurais aimé pouvoir relater des faits hilarants, truculents ou filous au sujet de ma première nuit passée chez les cénobites-nique trop coule, malheureusement, j’ai bien peur de n’avoir grand-chose à raconter. En effet, à peine entré dans la maison bleue, hier soir, un des hôtes, débraillé et hirsute, m’a dit, un grand sourire aux lèvres :
« Pax et amor, mon frère ! Une petite pipe ou un gros bâton capiteux ?
-Les deux ! » me suis-je empressé de répondre à la fois ravi et surpris par cette complète absence de préliminaires. A mon grand dam, l’homme, aussi sec (pas de jeu de mots, ici), m’a collé dans la bouche un calumet fumant et un cigare verdâtre. Comme je n’avais jamais goûté au tabac, j’étais à mille lieues d’imaginer que le produit dont j’inhalais la fumée provenait des Indes orientales et non occidentales, et qu’il s’agissait en réalité d’une plante nommée « cannabacea sativa », ou plus communément « herbe qui rend nigaud ». Bientôt, je me suis mis à rire comme un bossu avant de m’endormir. Entre deux, je ne me souviens de rien. Il paraîtrait que j’aurais, à plusieurs reprises, dégorgé mon fiel dans le pot de Fleur à l’entrée de la maison, mais je viens de demander à Fleur si c’était vrai, et elle ne se rappelle pas non plus.
Voilà donc pour mes aventures « fumeuses » d’hier soir. Ce n’est que ce matin que j’ai pu vraiment connaître la douzaine d’individus qui composent cette communauté. L’un d’entre eux, d’ailleurs, a déjà eu affaire avec Maître Théodule de la Croupe, l’inquisiteur qui est à mes trousses : un certain Johann « les nonnes », ancien herboriste et alchimiste de renom.
Johann fut mis à l’index autrefois à cause de ses œuvres jugées érotiques, hérétiques, ésotériques ou sans éthique, telles que son exégétique de la Genèse, un travail passionnant, que je vais essayer de résumer brièvement sur ce carnet. Voilà, il est écrit qu’au tout début du monde Adam et Eve, après avoir croqué la pomme, se trouvèrent tous deux très trognons. Ensuite, comme chacun sait, vinrent les gros pépins. Or, Frère Yohan, a réussi à réfuter, de manière extrêmement scientifique, que le pêcher originel ne pouvait en aucun cas être une pomme, mais qu’il s’agissait plutôt d’un brugnon, d’une nectarine, ou à la rigueur d’un abricot.
Mercredi 22 mars. Crépuscule.
Je reprends mon carnet pour y noter cette terrible nouvelle : les hommes d’armes de Théodule de la Croupe encerclent notre colline. Ce sont deux sœurs cénobites-nique, Johanne Baise et Laide Zépeline qui les ont aperçus tandis qu’elles cueillaient le chanvre indien dans la prairie. Les soldats seront là demain dans l’après-midi, au plus tard. Nous sommes faits comme des rats, et pas juste à cause du tabac des indes orientales.
Toute la communauté vient de se réunir pour réfléchir à une stratégie commune.
« Bah, s’il nous met à l’index, nous on n’a qu’à se le mettre au majeur, cet inquisiteur, s’est écrié un des frères.
-Pax et amor, Frère Daniel Con Béni, nous les cénobites-nique, refusons d’employer la violence ! a répondu Yohann « les nonnes », avant d’ajouter : J’ai peut-être une idée… »
Nous avons ensuite écouté, en silence, le stratagème de l’herboriste, que nous avons approuvé à l’unanimité. Je recommande mon âme à Saint Doux, patron des moines cochons, et plante un cierge entre les deux gros orteils de Sainte Frigide, pour que son plan fonctionne. Et j’en profite pour inscrire sur ce calepin le nom de l’épice susceptible de nous sauver : « claviceps purpurea ».
Invité- Invité
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Frère Yohan, a réussi à réfuter démontrer
Invité- Invité
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
si la parodie est un peu poussée pour que je goute vraiment l'humour
j'apprécie le plaisir que tu dois prendre à te laisser aller ainsi
et si trois siècles ne les séparaient j'aurais aimé que le moine de Chanzy vienne mettre un peu d'ordre dans tout ça
j'apprécie le plaisir que tu dois prendre à te laisser aller ainsi
et si trois siècles ne les séparaient j'aurais aimé que le moine de Chanzy vienne mettre un peu d'ordre dans tout ça
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
Un long voyage en train en ta compagnie, ça me brancherait assez, car j'imagine que tu parles comme tu écris.
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
J'aurais pu en lire comme ça jusqu'à plus soif.
A bientôt j'espère Vincent
A bientôt j'espère Vincent
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo journal : Le calepin de François Gravelaid, moine défroqué aux temps de l'inquisition
T'es le dernier que je lis : je suis épuisé. C'est roboratif tout de même, mais pas assez pour me remettre complètement sur pied après un WE pareil !
Invité- Invité
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