On est pas malheureux quand on a soixante ans

[laconis]

Comme quoi.
A soixante ans, avec une femme et 2 enfants,
Moi j'pensais qu'on pouvait pas être malheureux.
Triste peut être mais pas malheureux quoi.
Ok opération du coeur, ok moins libre de ses mouvements.
Mais pas malheureux, merde !
Et puis y avait les p'tits enfants.
Ils sont trois bon sang !
Ils sont beaux et marrants.
Jeunes et vivants.
Et puis ils aimaient leur grand père quoi !
Toujours fourré dans ses pattes.
Un peu trop même !
Et puis c'est pas comme s'il s'était arrêté de fumer.
Il se l'était gardé ce plaisir là !
Merde ! Il avait connu pire.
Immigré dans un pays inconnu,
Sans le sous.
Sans parler la langue.
Sans rien quoi !
Qu'est ce qu'il avait besoin d'se fourrer d'l'acide dans l'gosier !!
Et d'se niquer les organes !
Il aurait pu au moins faire semblant !
Aller à l'hopital peu de temps après.
On aurait compris le message bordel !
Nan, lui, il dit rien.
Enfin si: “j'ai mal au ventre mais j'veux pas allez chez le médecin”.
Bref il est parti.
Pendant que j'suis au Brésil.
C'est que j'suis égoiste moi !
J'ai envie d'être heureux.
Pas d'être triste.
Surtout pas pendant l'expérience la plus enrichissante de ma vie.
C'est qu'j'veux pas d'venir alcoolique.
C'est qu'je fume moi aussi.
C'est qu'j'me pose des questions moi aussi.
Mais bon,
Rest In Peace mon Tonton.

[Poussetontraino]

c'est con la vie des fois ...

[Invité]

je suis un peu maladroit pour commenter ces textes qui sortent du bide.

Merde ! Il avait connu pire.
Immigré dans un pays inconnu,
Sans le sous.
Sans parler la langue.
Sans rien quoi !

c'est pas forcément le cas, il y a chez les migrants une solide force qui délivre le courage.
Le pire est bel et bien la fin que tu regrettes.

[Marvejols]

Beau texte, plus prose que poésie m'est avis. Un texte pour tréteaux peut-être. Ceci dit je crains malheureusement qu' il n'y ait pas d'âge pour être malheureux. Quoiqu'on surestime peut-être le côté psychologique de l'autodestruction par l'alcool (si c'est bien de ça dont il s'agit). Car c'est pratique, on culpabilise la personne, c'est un reste de la "faute" médiévale ou judéo-chrétienne ("s'il est pauvre / s'il est malheureux / s'il est faible ou malade, c'est bien quelque part de sa faute"). Mais il semble qu'il y ait des raisons parfois physiologiques (chimie du corps) à la dépendance à la molécule alcoholique. Quoiqu'il en soit ce texte est impecc.

Marvejols

[Maryse]

C'est fichtrement dit avec les tripes

[Invité]

Oh ! La rage de l'impuissance. Très très bien analysé, très très bien rendu.

[laconis]

Bonsoir à tous,

Merci pour ces critiques positives.
Je suis assez content de moi sur ce texte où je pense avoir reussi à marquer un certain style. Dommage que j'ai eu besoin de circonstances si tristes.
Peut être dois-je abandonner la poésie et me concentrer sur la prose. Ou faire de la poésie en prose.

[Marvejols]

Bonsoir,

Ne vous posez peut-être pas tant de questions, foncez (avec une certaine lenteur...), pondez. En prose, en vers et contre tout ou tous (facile, on l'attendait celle-ci). je ne pense pas que vous soyez perdus pour les vers : ça rime au début, ça rime à la fin, c'est parsemé de reprises, d'assonances et autres allitératurations. Ne choisissez pas ou pas encore, laissez-vous sans doute porter : je suis sûr (manière de dire, je me reprends: il est fort possible que ce texte, si vous vous étiez dit "je le fais en vers", n'aurait peut-être pas été aussi beau, aussi vrai.

On attend le prochain, dussions-nous languir 2,27 mois.

Marvejols



PS: c'est Laconis ou Jaconis ? (sonorité albanaise ou macédonienne me semble-t-il)

[Marvejols]

100 lectures en exactement 26 H beaucoup vous envient ici...

[Invité]

Un cri spontané, avec plusieurs angles de vue, j'ai apprécié.

[Rebecca]

C'est le genre de truc qu'on peut se dire bien sur dans ces circonstances...L'écrire aussi pour se faire du bien.
Mais proposer comme un objet littéraire une écriture aussi brute de décoffrage j'sais pas. Non pas que je sois contre le cri du coeur . Mais perso je ne vois rien ici qui me touche d'un point de vue littéraire.
C'est à dire du point de vue d'une recherche créatrice qui consiste à donner une forme , à imprimer un point de vue aux émotions qui nous traversent, avec un minimum d'invention. Et surtout quelque chose qui permette que ça puisse concerner le lecteur. Là ça me fait l'effet journal intime. Moi ton tonton et sa mort , pour que j'ai pas l'impression d'être juste une voyeuse en face , mais une lectrice en face d'un texte oeuvré , il eut fallu que tu me les balances avec un petit quelque chose de plus travaillé.
Le travail, oui.

[laconis]

Rebecca, je comprends tes critiques. Ce texte m'est venu comme ça et pas pour être publié ici et puis finalement j'me suis dit que c'était pas trop mal et je voulais avoir des critiques.
Ceci dit je pense avoir donné une forme et imprimé mon point de vu sur ce texte. Les critiques précédentes me confortent dans cette idée.
mais
Marvejols: tout à fait raison; ce texte n'est pas fait pour être en vers. Et Laconis est juste un anagramme de Nicolas ^^

[Yoni Wolf]

Eh bien ça ça me botte vraiment. Peut-être un peu trop de bordel et de merde mais il y a une vraie simplicité, banalité (et ce mot est très important pour moi car ce n'est pas facile d'écrire un vrai poème banal).

M'a fait penser à ce poème de Blaise Cendrars:

"Nous ne voulons pas être tristes

C'est trop facile

C'est trop bête

C'est trop commode

On en a trop souvent l'occasion

C'est pas malin

Tout le monde est triste

Nous ne voulons plus être tristes."

Et voilà. Tout est dit.

[Invité]

Brut de décoffr'âge, ça peut pas être un style ?
Je ne déteste pas.

[Loreena Ruin]

Je rejoins Rebecca, mais j'aurais surtout tendance à dire : dommage qu'un tel texte naisse en de telles circonstances, cela lui fait perdre quelque chose de son originalité... si tu arrives à garder le même souffle, sur d'autres sujets, si ce n'est pas juste l'effet "il faut que ça sorte" qui est du aux circonstances, alors je crois que tu auras effectivement trouvé un style d'expression assez personnel.

[loic]

une nouvelle forme de poésie: celle du battement de la vie, inconditionnelle,rapide comme les mauvais sentiments qui parfois nous traversent...

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