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Prélude

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Tostakyminut
Aoshi
CotyPeterlina
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Message  CotyPeterlina Lun 28 Mar 2011 - 14:38

Salut à tous, après le premier texte que j'ai posté et les difficultés que vous aviez eu à me lire, j'ai pris le temps de revoir la forme de mon écriture et j'espère avoir réussi à être plus lisible. Voici le début d'une nouvelle, bonne lecture.

Le train entra en gare peu avant l'aube, sous une pluie féroce. Il était six heures dix. Sur le quai luisant, comme recouvert par une couche d'huile fraîche, personne à part un vieux chef de gare en imperméable noir qui jetait des regards désolés à ses pieds. La structure de fer forgé laissait filtrer la moitié de l'eau du ciel qui venait s'écraser sur le sol dans un bruit étrange, presque tropical. Il semblait que la gare s'effondrait sur elle-même, des lambeaux de pluie chutaient dans la pénombre puis explosaient sur le quai brillant dans l'obscurité. Les cliquetis délicieux du panneau d'affichage des trains tournoyèrent un instant, Barcelone, 6h10, quai 7, le dernier clapet se stoppa sur le sept et l'on n'entendit plus dans la gare que la morne respiration du train à quai.

On arrivait au milieu du mois de décembre, l'automne avait depuis longtemps fait oublier ses charmes pour envelopper Paris de la triste lumière qui précède l'hiver ; grise, froide et uniforme. Les camaïeux de rouge et d'ocre accrochés aux platanes s'étaient peu à peu détachés des arbres pour venir tapisser les trottoirs du souvenir de leurs couleurs. Des branches solitaires portaient aux yeux des passants l'image mélancolique de squelettes de bois sombre aux cimes décharnées.
Tandis que se fracassait la triste litanie des derniers jours de l'année les portes s'ouvrirent dans un grincement caractéristique et des wagons s'échappèrent les visages somnolents des voyageurs de la nuit. Ces mines lasses et fatiguées se déversèrent comme des billes quittant leur bocal, fourmis pressées délaissant la fourmilière. La plupart en manteau, un parapluie à la main de l'autre tirant leurs valises, enfouissaient la tête dans leurs écharpes tout en pressant le pas pour regagner le sec. Il y eut une brusque agitation dans le silence pluvieux qui embuait la gare. Tous marchaient vite sans s'arrêter, les fumeurs repoussant la nicotine pour un endroit plus sec. La masse des voyageurs, multiforme, grouillante, s'écoula vers le Hall durant quelques minutes ; mais il n'y avait pas de retrouvailles à cette heure, et l'animation provoquée par l'arrivée du train de nuit fut de courte durée. Sans doute était-ce le fait de cette pluie battante qui s'infiltrait partout, trempant les chaussures et humectant les nez, où encore de l'étrange atmosphère qui venait d'envahir le lieu, mais bientôt la gare fut à nouveau vide, ne restant sur le quai que le chef de gare, abattu, sa casquette enfoncée jusqu'aux oreilles, le regard fixe.

C'est alors qu'il sortit, d'abord la jambe droite- le tissu du pantalon se moucheta en l'instant, puis la gauche, et enfin le corps tout entier. Son visage était dissimulé par le col de son manteau et les bords d'un vieux chapeau de feutre brun de telle manière que seuls ses yeux restaient visibles, deux fentes ourlées de longs cils noirs. Il portait dans sa main droite une sacoche de cuir élimée qu'une gigantesque tâche d'encre brune engloutissait. Un coup de vent vint décoller les pans de son col et apparut dans la pénombre un visage étrange, cabossé, dont les traits déformés exprimaient une angoisse sourde, lointaine ; de celle qui durcissant les traits les éloigne du monde vers les lieux secrets d'une conscience malmenée. Des yeux il était impossible de déterminer la couleur, elle se mélangeait si habilement aux troubles de son cœur qu'il n'en subsistait qu'une impression vague d'un bleu un peu éteint. On y lisait une inquiétude farouche que venait apaiser ses paupières brunes. Un tressaillement régulier au coin de l'œil, comme une décharge douloureuse alourdissait encore l'impression de malaise qui s'échappait de son visage. C'était comme si son âme avait déteinte à coup de larmes trop fréquentes dans chacun des interstices de sa peau.
Voilà un personnage étrange murmura le chef de gare en levant les yeux.

L'homme sorti de sa poche un paquet de tabac et se roula une cigarette mais la pluie qui lui fouettait le visage gratifia d'une de ses goutte la cigarette qui tomba sur le sol. Il sembla ne pas le remarquer et marchait d'un pas rapide, sans regarder autour de lui, avec une indifférence noble. En arrivant au bout du quai il manqua de bousculer une femme, si c'en était une. Elle était petite et vêtue d'un long manteau de laine gris. Il s'excusa dans sa barbe tout en détournant la tête. La vieille portait un café fumant à ses lèvres. C'est à peine s'il le remarqua pourtant quelque chose dans la réaction de la femme le poussa à lever les yeux, elle se mit à rire d'un de ces rires d'enfants qui coulent comme un ruisseau, et viennent lécher les collines du cœur. Cependant, il y avait dans ce rire trop de certitude, une faille à la pureté du son qui lui glaça le dos. Il avait cru déceler une malice singulière dans cet éclat soudain. Un écho métallique au fond de la gorge résonna en lui comme un avertissement diabolique. Ses yeux se portèrent alors sur son visage et il fut saisi à la vue d’une spectaculaire rangée de dents nacrées, éclatantes, tachetées sur les incisives. La mâchoire était proéminente, les gencives apparentes, la bouche engloutissait tout le visage d’un sourire malade et malveillant. Il tressaillit, et refusant de s’attarder d’avantage sur ce rictus terrible il pressa le pas, reportant ses pensées sur son triste sort de musicien sans mélodie. Il se sentait las et fatigué, ce voyage n’avait servi à rien. Il y avait mis ses derniers sous, espérant que la douceur du temps et l’architecture colorée de Barcelone lui donneraient un nouveau souffle. Rien n’était venu, il avait erré une semaine durant dans les rues, les cafés, fermant les yeux souvent à la recherche d’une sensation, d’un point de départ. La partition était restée vide.

Mais tandis qu’il s’éloignait de la gare, inlassablement son esprit s’accrochaient sur les dents brillantes de la vieille au rire cristallin. Alors une mélodie vint frapper à ses oreilles. Elle avait la forme d’un demi cercle et se balançait en suivant la trace d’un sourire glacial et vulgaire.
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Message  Invité Lun 28 Mar 2011 - 14:56

Impression partagée d'une écriture riche, précise et assez fluide mais aussi d'une profusion de précisions inutiles. Impression d'un narrateur (auteur..) qui se regarde écrire, se plaît à la virtuosité d'écriture. Je trouve les descriptions vraiment trop fouillées, et parfois encombrées de clichés, d'affèterie, du style : "deux fentes ourlées de longs cils noirs" ou "Il sembla ne pas le remarquer et marchait d'un pas rapide, sans regarder autour de lui, avec une indifférence noble." ou "elle se mit à rire d'un de ces rires d'enfants qui coulent comme un ruisseau, et viennent lécher les collines du cœur"
N'empêche, c'est loin d'être désagréable à lire.
Cela dit, je suis aussi perturbée par le point de vue narratif qui me semble assez instable. En fait, tout semble aller bien (avec les réserves indiquées ci-dessus) jusqu'à la rencontre avec la vieille femme et là je trouve que ça devient confus, bancal, le texte perd son équilibre et par là-même en qualité.
Enfin, c'est comme ça que je le ressens...

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Message  Invité Lun 28 Mar 2011 - 15:04

Je relis... En fait j'aime beaucoup l'ambiance induite par les premiers paragraphes. La gare désertée, la pluie battante, les bruits, l'agitation puis un élément de mystère. Je pense que ce n'est pas loin d'être très bon, si seulement tu pouvais simplifier un peu l'écriture...

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Message  Aoshi Lun 28 Mar 2011 - 18:39

Le genre de texte que j'aime beaucoup, très riche en détails qui créent une ambiance particulière.
C'est assez réussi ici, bien que je partage l'avis d'Easter concernant certaines descriptions qui en font parfois un peu trop. Cependant on se prend au jeu de ce décor triste et humide, et la fin conclut bien le texte.

J'ai noté une faute : "son esprit s’accrochaient"
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Message  Tostakyminut Lun 28 Mar 2011 - 20:28

Ce texte, c'est un tableau. Une grande fresque. Tout est dessiné au pinceau fin. C'est un peu lourd à lire, parce qu'en fin de compte, au bout de toutes ces lignes, il ne s'est rien passé. Il pleut, un homme descends du train, il bouscule une femme. C'est tout. Pourtant, c'est vraiment très intéressant. Les formules descriptives sont, pour la grande majorité, très bien trouvées. Cette gare est déprimante et on y est.
Alors, sur 20 pages, je ne supporterais pas. Mais sur ce format, c'est un régal.
Mes respects
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Message  elea Lun 28 Mar 2011 - 21:07

Un texte en deux temps pour moi.
Au début il y a de belles images, les descriptions sont léchées et pas ennuyeuses, cette gare est à la fois connue et un peu mystérieuse. J’ai beaucoup aimé ce temps de respiration avant que la foule ne se déverse comme des billes, cette ambiance qui m’avait laissé penser à une suite plus prenante, comme un suspens.
Et puis l’homme arrive et les descriptions se font plus lourdes pour moi, moins originales aussi et l’histoire ne tient pas les promesses de ce début. Elle pourrait, parce que c’est intéressant cette musique inspirée par un sourire, et cette idée que partir n’inspire pas forcément, que ce sont les rencontres fortuites qui le peuvent. Mais c’est un peu noyé dans beaucoup de détails, je pense qu’il faudrait raccourcir un peu pour donner plus de force à la fin, un écrin plus simple mais mettant plus en valeur.

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Message  midnightrambler Lun 28 Mar 2011 - 21:42

Bonsoir,

Désolé, je n'aime pas du tout !
C'est lourd et confus et certaines phrases ne veulent tout simplement rien dire !

Amicalement,
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Message  CotyPeterlina Lun 28 Mar 2011 - 22:53

Bonsoir, merci à tous pour vos réponse. J'avais aussi la sensation de certaines lourdeurs et vos commentaires vont bien m'aider pour retravailler le texte. La nouvelle est en fait un peu fantastique, la mélodie que lui a inspiré la femme agira comme un envoûtement pour ceux qui l'écouteront, comme s'il avait vendu son âme. Je vais tenter de rendre ce début plus inquiétant et plus accrocheur, et d'en aérer la construction
Bonne nuit à tous
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Message  jeanne75 Mar 29 Mar 2011 - 7:55

écoute, si ta crainte est de ne pas être lisible, comme tu le dis au début de ton message, elle n'est pas du tout justifiée!
je rejoins les autres commentaires. j'aime beaucoup tes descriptions...je trouve ton style fluide, mais parfois peut être un peu ampoulé.
bon courage pour ta suite

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Message  bertrand-môgendre Dim 3 Avr 2011 - 5:02

"lever les yeux", semble être une action récurrente. Comment le barbu qui "marchait d'un pas rapide, sans regarder autour de lui" peut-il lui aussi le faire devant cette femme " petite et vêtue d'un long manteau de laine gris" s'il n'est pas à genoux devant elle ?
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