Prise de pouvoir poétique

[Calvin]

A l’heure où l’on considère que chacun doit rester à sa petite place bien déterminée, à l’heure où il est d’usage d’entretenir dans un peuple sot toute la vulgarité de ses opinions, à l’heure où l'on vante la nivellation par la bêtise, où l’on chéri la gerbe, où l’on fait l’éloge de la crasse et de la laideur ; à l’heure où la littérature est cette putain malfaisante régulièrement violée par une bande d’impuissants séniles, où l’analphabétisme s’étend comme une maladie incurable, où l’on érige la satisfaction de sa propre médiocrité comme le Souverain Bien, une poignée de gens honnêtes MAIS DÉTERMINÉS TOUTEFOIS A LA PLUS EXTRÊME VIOLENCE décide, en ce solennel jour et cette heure, d’agir contre tout ce misérabilisme intellectuel ambiant, en vue de renverser les idoles fausses de votre modernité stérile pour établir la dictature du Beau, rendre à la poésie sa justice divine, par le biais de notre bras implacable et vengeur. C’est pourquoi :

NOUS, sacrificateurs dionysiaques, NOUS, les derniers dotés de vue dans ce pays d'aveugles, NOUS, toujours guidés par la lumière, NOUS LE BRAS IMPLACABLE, nous la lance tâchée du sang des destinées étroites, nous nous accaparons ces espaces mornes pour les filer à notre étendard ; NOUS, passionnés, NOUS, vivants, NOUS, les yeux ouverts criant désespérément "conscience!", NOUS poètes, NOUS DÉCLARONS :

1. NOUS REFUSONS VOS RHÉTORIQUES BLÊMES, votre dialectique désaxée de l'impuissance du verbe, où la synthèse n'harmonise que deux imbécilités étroites et pareilles ; NOUS AFFIRMONS la puissance éternelle du Logos : nous sentons et expérimentons à travers lui notre éternité. Dans cette humanité comme un troupeau à la vue barrée de sang, nous posons la première pierre du discours à la manière d’un berger prophétique.

2. JE étant la bastille des compris, l'analphabète de l'écriture orgasmique et la potence des corbeaux montreurs d'étoiles nous bannissons sa prose hérésiarque dans l'enfer du tumulte vulgaire et synthétique d'internet la vile, nous refusons sa loi avilissante et rétrograde meneuse des prostitués du langage.

3. NOUS SUIVRONS DÉSORMAIS LE FEU VIVANT maitre des paroles folles ,celui qui nous submerge par les fraudes poétales du langage hors la loi, Celui qui nous indique le salut de l'humanité, salut du crime qui prend vos plumes pour les abattre enfin SILENCE!

4. CELUI qui viendra battre vos tempes du savoir météorologique, lire sur les paupières du ciel les vérités dissemblables, enfin acquises à vos cerveaux désatrophiés.

5. NOUS DÉCLARONS déféquer sur vos tronches aborigènes

6. PARFUMER à l'eau de rose vos visages neufs que la poésie mènera vers les nouveaux reliefs créateurs d'amour et de paix universelle

7. Envers nos ennemis NOUS DECRETONS UN ETAT DE VIOLENCE PERPETUELLE. Nos ennemis, qui sont-ils ? ; vous les connaissez : ils sont partout, ils trainent, cafards, cafards, tout un immense peuple de cafards qui s’étend à perte de vue. Ce sont les idiots, les banals, les imbéciles, les lâches, le gens qui disent « a chacun ses gouts », les gens qui se sentent dans l’existence comme dans un divan confortable, les vulgaires, les satisfaits, les professeurs, les flics, les moralistes, les niais, les crétins, les bien-portants, les français, les femmes, etc.

8. Nous affirmons une haine inextinguible envers ces tâcherons qui se disent écrivains, parce qu’ils souillent parfois une feuille de papier de leurs élucubrations idiotes et vulgaires, le visage constellé de toute la bêtise du monde, et, en fin de compte, satisfait : il s’agit de vous, raconteurs, tatillons, réalistes, amis de la rime bien coiffée, du verbe mol auquel l’on donne sa pâtée quotidienne. Messieurs ! ce que vous écrivez est bête. Ne dites rien, ne demandez rien, ne venez surtout pas nous voir. Si jamais nous venions à nous croiser sous la lueur propice d’une rue mal-famée, surtout, changez de trottoir ; IL EN VA DE VOTRE SALUT. Nous ne supportons pas la laideur.

9. NOUS NE NOUS SOUMETTRONS A AUCUN DIKTAT, quel qu’il soit ; la violence est de nôtre côté. Nous ne tendrons notre cul pour personne, car nous sommes faits pour de plus fiers putains.

10. NOUS EXIGEONS QUE TOUS LES POUVOIRS NOUS SOIENT REMIS SUR LE CHAMPS. Une révolution est en marche et ses pieds sont les notre, et ses armes sont nos mots. La promesse d'un forum nouveau, débarrassé de ses immondices prosaïques et de ses imams de passage fleurit dans nos bouches, et rien ne pourra désormais l’arrêter. NOUS les poètes RENDONS LA LITTERATURE A LA LITTERATURE. Damnés de la bêtise fuyez. La bêtise ne s'éduque pas, elle est inscrit dans vos visages, elle est cette tâche de naissance, ce cancer inexorable sur lequel aucune médecine n'a prise.

11. NOUS NE NOUS ARRETERONS PAS tant que le monde ne portera pas le signe de notre violence poétique. Il nous faudra renverser les institutions, les conventions, gouverner impitoyablement par la misère du Mot, enferrer les ennemis de la révolution comme la syntaxe la phrase, DECRETER LE CHAOS GENERAL, afin que la poésie s’étende à toute âme humaine et relègue ses incapables au rang de bagnard, ses contemplateurs au rang de héros. Alors nous pourrons vivre dans un monde où la parole sera vraiment SUPRASENSIBLE.

12. ECOUTEZ NOS PROPHETES ! Notre style n’est pas même comparable à la mer. Il faut le comparer à toute l’immense campagne, des maisons de granit où nous aimons à nous perdre l’hiver, cherchant par leurs salles obscures les traces des ours anciens, le souvenir des sabbats, des luttes de mammouths et des mythes runiques, jardins démesurés où l’homme a mis le blé, mais où nous avons mis les bleuets, jusqu’aux murmurants cressons où viens boire la rousseur. Ce n’est plus l’éclair de l’écureuil. Notre style possède la pureté du rêve.




LA POÉSIE OU LA MORT !





LPC et LA.

[Calvin]

2. VE étant la bastille des... *

[bertrand-môgendre]

Cette prise de pouvoir poétique m'effraie.
5. NOUS DÉCLARONS déféquer sur vos tronches aborigènes. Par respect envers ceux qui ne cultivent pas leur différence mais vivent dans l'indifférence, je m'agenouillerai sans état d'âme, en tant qu'essuyeur de merde, qu'elle soit poétique ou non.

[Invité]

Désolé, mais tout comme Bertrand, ce texte a tendance à me hérisser.

Pourquoi ? parce qu'il se voudrait surréaliste, mais il colle trop à la réalité est finalement, et finalement véhicule des idées que personnellement je trouve tout à fait nauséabondes (désolé pour ce terme peut-être un peu fort, mais je le maintiens) : élitisme, intolérance, apologie de la violence et de l'intolérance, cynisme érigé en modèle, refus complet de l'humanisme, individualisme forcené, critique et dérision de l'engagement politique... Le passage sur les canaques m'a fait bondir : je sais que ce terme est tempéré par une remarque sur les français, un peu plus loin, mais le simple fait de vouloir choquer avec n'importe quoi, y compris le racisme, nous vend l'idée du "tout se vaut, toutes les idéologies sont semblables", ce qui est la porte ouverte à tous les dérapages, selon moi... Bref, un texte tout à fait dans l'air du temps, hélas...

Je sais, ce n'est qu'un texte "surréaliste et amusant à prendre au quarante-millième degré", mais n'empêche.

PS: cette critique assez frontale, je l'effectue sur le texte, bien entendu, pas sur son auteur.

[Calvin]

Vos opinions étroites ne seront pas considérées. Notre poésie a l'allonge d'une divine Justice, et son Purgatoire annonce votre Enfer. Nous vous tuerons tous.

[Invité]

Vos opinions étroites ne seront pas considérées. Notre poésie a l'allonge d'une divine Justice, et son Purgatoire annonce votre Enfer. Nous vous tuerons tous.

Rires...

Non, sérieux, si tu veux en causer, je t'invite à le faire sur "débats, bilevesées, etc", puisqu'ici on ne peut pas le faire.

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