Flâneries

[Calvin]

Si je prends une main, je dois y faire tenir les parcs où flâner midi et les dents blanches de tinter, les baisers sous les portes mauves et les yeux abandonnés au soir.
J’imagine un sentier où sont sagement couchées les têtes rondes des galets. Les fleurs sur le bord de la route pour indiquer sa frontière à la modernité. Le soleil de midi ne se penche jamais sur moi.
Les yeux, qu’ils soient bleus, noirs ou verts, seront toujours ces cascades d’où se coule le concret : celui des secondes à venir. Le présent les yeux me le font fuir. Je lui préfère le sentiment de ces croisements de lumière, comme quand on sent s’approcher le feu d’un miroir, soudain.
L’existence, c’est de la mauvaise chair pour mon mauvais squelette.
Je préfère embrasser toutes les lèvres cachetées d’être imaginaires.
Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses.
Tous les trajets du présent dans l’espace entre deux bouches.
Le songe est d’une gestation lente, laborieuse dont le matériau n’est pas ami au corps. Pourtant, ils finissent par se confondre ; comme une ombre difficile où la couleur s’abandonne.
Finalement, je préfère mes yeux et mes mains à vos yeux, vos mains. Je préfère le bonheur qu’il y a dans le jeu de mes choses.
Attention : mes choses, ce sont les vôtres.
Quand vous fermiez les yeux je me suis glissé dans les herbes pour les ensemencer de mes signes.
Elles ont le feu de ma joie.
Moi je sais, que quand vous regardez ailleurs, les objets rient. Que le temps se découvre.
Qu’il y a une robe à chaque paire de jambes.
J’attends.
Je peux attendre longtemps. Je peux aller plus vite que le sens. Mon regard a des mains infinies. Il peut effleurer les dieux. Entrer dans les peintures. S'allonger dans l'espace contre une table d'idée.
Un jour tout ne sera plus que rêves. Et je ne sentirais plus contre ma langue le goût poivré de l'erreur. Une erreur ça n'existe pas, ce n'est qu'une image mal formulée, finalement une rupture dans les côtes bien courbées du silence.
Ma vie, je ne sais pas ce que c'est. Je l'ai laissée quelque part dans les yeux d'un passant. L'écuelle d'un clodo. Une pièce où ça sent la pisse. Un hôtel de luxe; qu'importe. Ma vie ne m'a jamais appartenu. Je suis multiple et sur les deux revers d'une pièce. Je suis une suite d'humeurs, mais surtout d'angoisses et de joies. J'ai suffisamment dit l'inanité de la chair...
J'ai surtout la responsabilité d'avoir un corps, et de veiller à ce qu'y vienne éclore tout ce qui se peut sentir de beau au monde;

j'aime bien prendre les filles par la main pour écrire

[Frédéric Prunier]

... avec toute cette poésie
on pourrait écrire une histoire

[Calvin]

Je suis doublement. Triplement amoureux. Dans mon cœur il y a autant de cloisons que de réalités. Elles sont séparées par une membrane fine, et s'entre-influencent. Oui, ici les ressentis communiquent. Et se forment l'un-l'autre.
Il y a autant d'amours, autant de réalités que de filles à aimer ; c'est à dire de filles à écrire. Voilà comment j'aime : voilà comment j'écris. Si je prends une main, je dois y faire tenir les parcs où flâner midi et les dents blanches de tinter, les baisers sous les portes mauves et les yeux abandonnés au soir.
J’imagine un sentier où sont sagement couchées les têtes rondes des galets. Les fleurs sur le bord de la route pour limiter la modernité. Le soleil de midi ne se penche jamais sur moi.
Les yeux, qu’ils soient bleus, noirs ou verts, seront toujours ces cascades d’où se coule le concret : celui des secondes à venir. Le présent les yeux me le font fuir. Je lui préfère le sentiment de ces croisements de lumière, comme quand on sent s’approcher le feu d’un miroir, soudain.
L’existence, c’est de la mauvaise chair pour mon mauvais squelette.
Je préfère embrasser toutes les lèvres cachetées d’être imaginaires.
Il y a une couleur de regret à connaitre la nudité des choses.
Tous les trajets du présent dans l’espace entre deux bouches.
Le songe est d’une gestation lente, laborieuse dont le matériau n’est pas ami au corps. Pourtant, ils finissent par se confondre ; comme une ombre difficile où la couleur s’abandonne.
Finalement, je préfère mes yeux et mes mains à vos yeux, vos mains. Je préfère le bonheur qu’il y a dans le jeu de mes choses.
Attention : mes choses, ce sont les vôtres.
Quand vous fermiez les yeux je me suis glissé dans les herbes pour les ensemencer de mes signes.
Elles ont le feu de ma joie.
Moi je sais, que quand vous regardez ailleurs, les objets rient. Que le temps se découvre.
Qu’il y a une robe à chaque paire de jambes.
J’attends.
Je peux attendre longtemps. Je peux aller plus vite que le sens. Mon regard a des mains infinies. Il peut effleurer les dieux. Entrer dans les peintures. S'allonger dans l'espace contre une table d'idée.
Car un jour tout ne sera plus que rêves. Et je ne sentirais plus contre ma langue le goût poivré de l'erreur. Une erreur ça n'existe pas, ce n'est qu'une image mal formulée, finalement un éclat dans les côtes bien courbées du discours.

[Modération]

La question est posée (à l'auteur et aux lecteurs) : s'agit-il de poésie ?
Prière de répondre en toute franchise.
Merci.

[Janis]

ben... That is the question
franchement ?
Pour moi, non, mais je suis peut-être un peu restreinte, classique, que sais-je dans mon approche de la poésie.

[Calvin]

Si c'est de la poésie? Euh bah... Y'a des images ? De belles images même ? Un discours particulier ? Donc oui ? Merci ? Mais de rien.

[Calvin]

"Car un jour tout ne sera plus que rêves. Et je ne sentirais plus contre ma langue le goût poivré de l'erreur. Une erreur ça n'existe pas, ce n'est qu'une image mal formulée, finalement un éclat dans les côtes bien courbées du discours."

C'est pas de la poésie ça ? Moi je vous dis que si

[Modération]

Si c'est de la poésie? Euh bah... Y'a des images ? De belles images même ? Un discours particulier ? Donc oui ? Merci ? Mais de rien.

Si, si : Merci, c'est bien noté.

[Invité]

Bien sûr que c'est de la poésie.
De la poésie en prose comme en ont écrit Aloysus Bertrand, Chateaubriand et tant d'autres
De transgressive cette forme est d'ailleurs devenue quasi académique?

[Calvin]

Non mais, je serais le premier à concéder à ce texte tous les défauts du monde, encore faut-ilque j'entende ce que vous voudriez dire par "poésie" et par "si ça en est ou non" ; plutôt que de lancer une sorte de sondage général dont j'ignore le pourquoi, le comment, tout l'entier présupposé... un commentaire quoi ! voyez.

[Tollelege]

Ce ne serait pas jeter l’opprobre sur ce texte que de dire que c'est avant tout de la prose.
J'y trouve beaucoup de fantaisie, et c'est sûr que ce n'est pas du Bossuet.
Pour moi la poésie est versifiée.
mais à chacun ses goûts n'est-ce pas ?

[Janis]

d'ailleurs, je viens de le relire vraiment (j'avais j'avoue un peu survolé et m'étais plutôt arrêtée sur la question) et c'est beau, imagé, charnel, prose ou poésie.

[Lisa Decaen]

C'est une prose poétique, donc de la poésie... de la bonne poésie à mon sens.

Mon petit bémol "les dents blanches de tinter" cette image m'échappe un peu.

[Modération]

Non mais, je serais le premier à concéder à ce texte tous les défauts du monde, encore faut-ilque j'entende ce que vous voudriez dire par "poésie" et par "si ça en est ou non" ; plutôt que de lancer une sorte de sondage général dont j'ignore le pourquoi, le comment, tout l'entier présupposé... un commentaire quoi ! voyez.

Il ne s'agit ni de trouver des défauts à ce texte ni d'imaginer des "présupposés" quelconque induits par une question basique entraînée uniquement par la FORME dudit texte. Rien de plus.
Bien malin qui pourra définir ici ou ailleurs ce qu'est vraiment la poésie par rapport à la prose, et toutes les variantes comme le prosédie et j'en passe.
Ce n'était donc qu'une question à laquelle vous avez répondu et qui permet de laisser ce texte dans cette partie du forum et non dans l'autre.
Merci encore.
Cela dit, le débat, déjà abordé, peut se poursuivre ailleurs, par exemple dans la partie CONVERSATIONS, ici : https://vosecrits.1fr1.net/t7665-texte-prose-et-poesie

[JI]

Je prends le texte comme il vient, et il me plaît. Ji.

[Calvin]

Mon petit bémol "les dents blanches de tinter" cette image m'échappe un peu.

comme le cristal qui blanchit de résonner dans l'air

[Calvin]

Comme le cristal qui blanchit de résonner dans l'air. Comme la plume qui tombe au moment de l'envol. Comme la robe qui se transparente d'être regardée. Comme le regret de l'amante après l'étreinte... Comme un cri que l'on s'arrache à soi-même. Cette couleur de mystère qui abandonne l'objet qui fut touché.

[Calvin]

En fait (j'arrête après) c'est des propriétés physiques du verre de blanchir après l'avoir heurté contre du verre.

[Carmen P.]

J'aime bien te lire, Louis. Pour moi c'est de la poésie pure, je prends les images comme tu les écris et je ne veux rien toucher. Je ne suis pas une bonne critique.

[Philippe]

Bonjour
Perso, je trouve qu'il y a trop de mots, trop de métaphores, et qu'à vouloir trop en faire, on fusille les plus belles images.
Est-ce de la poésie? Bien malin celui qui peut-en décider, cependant, pour moi comme pour beaucoup de poètes ce qui définit l'art poétique ( entre autres) c'est la concision, la symbiose des mots, et non la profusion.
Votre texte est tellement émaillé de métaphores, qu'à la lecture on à l'impression de jouer à saute-mouton.
Prenez un auteur comme Giono dont je trouve la prose très poétique, cela peut lui prendre des pages pour décrire Un paysage, mais ce faisant, il nous emmène « ailleurs » La profusion des mots n'est donc pas à elle seule une contre-indication, mais dans ce texte vous cumulez simultanément mots et idées à un tel rythme que l'on se retrouve comme un gosse devant une grosse botte de pochettes surprise que l'on devrait ouvrir à toute vitesse.
Encore une fois ceci n'est qu'un avis parmi d'autre, mais cette riche écriture gagnerait à se simplifier, et les idées à se synthétiser, en gardant à l'esprit que si vous publier, c'est pour être lu, y compris par des incultes dans mon genre.
J'ajouterais que j'ai eu l'impression d'un texte écrit très vite, sans réelle cohérence, j'ai plus eu le sentiment de lire des maximes, que de me plonger dans une flânerie.
Mais je suis certain que vous pouvez faire mieux, alors donc, au plaisir de vous lire encore.

Amicalement
Philippe

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