La condition humaine ou la tombe fleurie

Circuits
Entre deux lacs
L’étincelle fatale

Un platane doré
Des oiseaux et des anges
Et le ciel infernal

La foule à zéro
Un monastère tendre
Mais le mazout commun

Elle écoute la violette
Et l’asphodèle rose

L’égo de Dieu

Indifférence constat
Et le cri cassé de la terre

Mélodieux murmures

Un joli poème qui ressemble fort à une succession de haïkus
Le second tercet est de saison.

Des images, des parfums, des sons... à lire en se laissant porter par ses sens.

Belles images entre autres, ce cri cassé de la terre...

Quelle belles successions d'images ! Oh, ce "cri cassé de la terre" ! Et comme un message qui découle de ces mots, du regret, peut-être bien une pointe d'amertume ...

Et oui... il est bien vrai...les romantiques ne sont pas tous morts (sourire). Un joli texte à faire pâtir plus d'un...
Au delà de la musique des mots, tu as su y ajouter une grande délicatesse et une certaine sensualité. Très beaux moments de lecture en compagnie de cette poésie comme un très léger sourire quand on est tout seul et content de l'être.

J'ai envie d'y associer ces tendres murmures de Paul Éluard qui, me semble-t-il, pourrait soulager le cri cassé de terre et enlever un peu d'amertume à la condition humaine... Comme il est bon de rêver!
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Je te l'ai dit pour les nuages
Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l'oeil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.

(Paul Éluard)
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Quel titre!!!
Un peu beaucoup défraîchie la pierre tombale, malgré la période...

La mélodie finale aurait pu être:
Mets l'odieux mur mûr... entre les Hommes, hors d'état de nuire.

J'aime.

Denis a écrit:Circuits
Entre deux lacs
L’étincelle fatale

Un platane doré
Des oiseaux et des anges
Et le ciel infernal

La foule à zéro
Un monastère tendre
Mais le mazout commun

Elle écoute la violette
Et l’asphodèle rose

L’égo de Dieu

Indifférence constat
Et le cri cassé de la terre

Mélodieux murmures

Je me suis raconté ma petite histoire en lisant tes vers, Denis. Celle d'un voyage (la vie) interrompu par la rencontre brutale avec un platane, ensuite les obsèques près d'un monastère, les fleurs, l'ego de Dieu (qui ne rate pas une occasion de se manifester ! ), le cri de la terre qui s'entrouvre sous la pelle et la pioche du fossoyeur et ces "mélodieux murmures" avec lesquels les vivants tentent de bercer leur peine ...
Je suis sans doute tout à fait hors-sujet mais je crois que pour l'auteur il est parfois intéressant de voir comment son texte peut être "lu"
Bien que je t'avoue, j'ai un peu de mal à avaler cette flaque de mazout un peu indigeste au milieu de la chaussée, je te remercie pour ce voyage qui aurait pu n'être qu'un fait divers mais qui, sous ta plume perd toute banalité, fleuri par l'asphodèle emblème de résurrection.

Oui, toute une histoire, comme un tableau brossé à grands coups de pinceau.
Je vois la terre béante sous la pioche du fossoyeur.

le mazout ???

Sous le choc, c’est le mot, Arielle ! Ton interprétation est exactement la mienne. J’ai tant de mal à interpréter ce que j’écris ou plutôt à écrire ce que j’interprète, que je vais t’engager comme interprète…quand je fais des devinettes.
La flaque de mazout, oui : bientôt – ou déjà – plus de Niger, plus de Congo…, grâce à nos charmantes compagnies à l’or noir (cela te convient mieux ? *sourire*). J’aurais voulu la 1° strophe explosive à l’idée de Fukushima, peut-être aurais-je dû écrire « entre lacs » plutôt qu’ "entre deux lacs » ?
Alors « Elle », « Elle » ? Peut-être Gaïa, peut-être une incarnation en elle ? Je ne sais pas très bien…à toi de voir.

Une méditation, un 2 novembre, en déambulant dans le cloître des Jacobins adossé à l’abbatiale de Saint-Sever qui abrite les enluminures de l’Apocalypse selon Saint Jean.

Spoiler:

Un deuil, Easter (coucou)

C’est peut-être vrai, gaeli : un rapport charnel à la mort…mais je n’ai pas très bien compris : «comme un très léger sourire quand on est tout seul et content de l'être ».
Merci pour Paul Eluard dont je retiens ;
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Et le dernier vers, bien sûr, pour penser la désespérance.

L’odieux mur mûr (prêt à tomber) : merci Terrains Vagues.

Merci aussi à vous, Tizef, Béatrice44, Maryse, Embellie, Frédéric et à tous ceux qui m'ont lu.

Je l'ai lu comme une promenade sereine avec nénmoins la conscience des souffrances sur cette terre-paradis (qui pourrait être un paradis)
"Le cri cassé de la terre" est fort, mais j'ai buté, et bute encore, sur "Indifférence constat".

Merci Carmen
L'indifférence constat est un constat d'indifférence puisque Dieu n'a pas voulu signer un constat à l'amiable au pied du platane

Le mazout ne glissant pas très bien finalement et l'étincelle étant par trop timide:

Personnellement, je préfère la première version. Car ce qui m'a réellement plu, c'est cette poésie 'par touches' qui permet à chaque lecteur d'assembler le poème à sa guise. Et dans ce sens là, je trouvait cela vraiment réussi.

Moi aussi je préférais la première version qui était à mon avis beaucoup plus musical et laissait la place à l'imagination du lecteur... Même le mazout avait sa place et devenait pour moi une résultante du cri cassé de la terre... Enfin! l'auteur a toujours le dernier mot...