Les lutins de la lande

Au chemin de la lande Azurés, Sphinx, Cuivrés
Noctuelles et Damiers volètent dans l’air tendre
Glissent sur leurs tracés mirobolants méandres
Des grâces de l’orée au travers du fourré

Satyres, Porte-queues rôdent dans l’herbe bleue
Vanesses, Nymphales souvent les accompagnent
Écailles, Citrons s’égaillent dans la campagne
Ils logent sur l’ajonc au sein des épineux

Au chemin de la lande un lutin facétieux
Aux plantes des taillis dissimule ses œufs
Dans le massif d’orties, la feuille d’églantier

Sylvains, Mars, Apollons font adieux aux chenilles
Décollent pour les cieux, survolent le sentier
S'en vont conter fleurette aux elfes des charmilles

Sympa comme tout (j'adore les papillons et les alexandrins)
Avec la chute on part dans une autre dimension
Merci pour ce joli sonnet.

Superbe texte où la connaissance approfondie des papillons se met au service de la poésie. Les noms eux-mêmes sont en soi des poèmes.
Je me vois bien, allongé dans une prairie de mon enfance (elles ont malheureusement été remplacées par des champs de maïs, adieu la biodiversité), une pâquerette à la bouche, observer toutes ses légères couleurs dans l'odeur de la farouche...
La construction sous forme de sonnet donne à ce poème une tonalité précieuse qui lui sied fort bien.

Mais, maniaque du classicisme, je ne lui donne pas le titre de sonnet comme le lui confère Tizef, et peu importe, l'ambiance champêtre avant tout.

Noc/tu/el/le/s et/ Da/miers/ vo/lè/tent/ dans/ l’air/ tendre = 13 p

Glissent sur leurs tracés , mirobolants méandres ,

Satyres, Porte-queues rôdent dans l’herbe bleue = pas très heureux à la césure
de même qu'au vers suivant: Vaness-es et Nymphal-es et la rime bleue (fem) et épineux (masc)

...

oups ! j'ai pourtant fait en sorte que toute ma phraséologie classique se fasse minuscule ???

Poème bucolique et plaisant à lire.

En ce moment (et depuis cet été) je vais à une chasse au papillon mais elle n'a rien de bucolique, et pratiquée sans filet :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paysandisia_archon

Un gros bébé (10 cm) adule et larve, importé d'Argentine via des palmiers infestés débarqués sur la Cote d'Azur. La larve perfore le tronc (stipe) des palmiers, dégâts impressionnants pour ce nouvel arrivant par ici (1ère année d'infestation majeure)(et bien que la plupart des gens ignorent encore que leurs palmiers sont touchés et qd ils s'en rendront compte ce sera souvent trop tard). Et comme il ne craint pas le froid, il va continuer de s'étendre vers le nord (là où il y a des palmiers tout du moins), façade atlantique surtout.

« Le tueur de palmiers », c'est son ptit nom .. il en fait de la bouillie.

j'espère qu'il ne changera pas de régime alimentaire (pinus maritimus, déjà mangé par la scolyte, ah...la nature...) !!

de Denis : " j'espère qu'il ne changera pas de régime alimentaire (pinus maritimus, déjà mangé par la scolyte, ah...la nature...) !! "

Plutôt que « ah la nature », je dirais « ah l'homme » !!, parce que dans milieu naturel et d'origine il n'est pas considéré comme ravageur, il est sans doute régulé par des prédateurs, mais pas ici, c'est une situation invasive fréquente.

Et quant aux scolytes, les cultures monospécifiques (pin en l'occurrence) n'ont rien de naturelles, il n'est pas surprenant que des dérèglements s'y manifestent.. ah l'homme !!

En fait le régime alimentaire du papillon a un peu évolué puisqu'il s'attaque à des espèces de palmiers non indigènes pour lui, mais cela en reste aux palmiers, heureusement.
Il vole peu, c'est pourquoi sa distribution est encore restreinte et sa progression lente, mais quand il est installé il se développe vite et fait de gros dégâts très vite (en qq mois), sachant qu'une larve fait la taille d'un doigt et qu'elle reste (creuse, vide) pendant 10 mois le tronc. On utilise des nématodes (en lutte bio) pour tuer les larves (ou une tronçonneuse quand c'est irrécupérable.. ce sera surtout pour l'année prochaine pour ceux qui n'ont pas vu, pas su, pas agit..)(ou qui ne m'ont pas appelé !?), et malheureusement, ce n'est pas sur la réactivité légendaire des pouvoirs publics et autres informateurs qu'il faut compter.

Je vois, Arnaud,
On ne sait trop si la colonisation par le cameraria ohridella, ce chancre qui dessèche les marronniers, est anthropique, mais, c'est vrai, il y a des dangers plus tsunamiques...

on va prendre toute la place

et pate à tarte, la pate de mots.

J'avoue jaloux sans vous
Que je n'aime point trop
Ces glutins de la glande
Et que c'est fort galère
D'avoir pour poésie
Telle liste énurésie
Qui porte sur les nerfs
Et pour finir qu'il nous faille
Avaler ainsi un dictionnaire.

La femme n'existe pas, amis poètes, vous savez : elle n'est qu'une image narcissique - virtuelle - et pourtant Ô combien réelle ?! Alors, nous soutenons cette fiction-là : la vérité, la poésie, l'amour, la dame et les lutins de la langue.