Cavaliers de l'apocalypse

Cavaliers de l'apocalypse
soleils brouillés de ma mémoire
couchez vos ombres erratiques
sur les pavés du crépuscule

Soleils brouillés de ma mémoire
figure en creux peinte au pochoir
sur les pavés du crépuscule
je glisse parmi des reliques

Figure en creux peinte au pochoir
les mots se trompent de couleur
je glisse parmi des reliques
fuyants échos de vieux bonheurs

Les mots se trompent de couleur
blême poisson à la dérive
fuyant écho de vieux bonheurs
baudruche enflée de vacuité

Blême poisson à la dérive
j'erre l'œil terne et chaviré
baudruche enflée de vacuité
livrée aux couloirs de l'hospice

J'erre l'œil terne et chaviré
guettant l'éclat de vos galops
livrée aux couloirs de l'hospice
Crevez l'abcès de mon cerveau cavaliers de l'apocalypse !

Bravo pour ce pantoum très réussi.
L'absence de rimes accentue le côté exotique de cette forme poétique.

Je dis bravo aussi.

J’aime particulièrement la lecture d’un vers sur deux en commençant par le second.
Le pantoum est un art que je ne sais exercer sans tomber dans… le radotage, au mieux le bégaiement. Trop tard pour y remédier, je crois (je suis sur l’autoroute du genre commun quand il est classique).
Ici, je sens l'intensité croissante d'une supllique désespérée amenant la prière solennelle finale et brutale à en finir avec l'alzeimer par euthanasie (mais mon sentiment est peut-être trop lyrique ?).

J'ai généralement une aversion pour le pantoum ( je déteste la répétition) mais là, c'est tellement dans le sujet tellement ... apocalyptique !!!
Dis donc, il est temps que le printemps revienne, ton inspiration est bien sombre, belle dame !

Je regrette l'absence de rimes masculines et féminines qui fait que je lis un genre de pantoum mais qui n'en est pas un vraiment. De plus les deux distiques constituant un quatrain sont indépendants l'un de l'autre, le second vers devant impérativement se terminer sur une ponctuation forte : point, point d'exclamation, point d'interrogation. Dans le pantoum, le dernier vers est la répétition du premier vers et fait partie de la dernière strophe. Cette ponctuation est rendue impérative par la présence des deux thèmes qui ne s'enjambent jamais l'un sur l'autre.
Probablement que je lis une forme moderne de votre cru mais ce n'est pas un pantoum classique.

Les métaphores sont belles cependant bien que le ton s'imprègne du novembre tristounet.

Pantoum ou pas, qu'importe puisque ces reprises collent parfaitement au sujet de la mémoire en lambeaux mais récurrente, parfois par bribes, jusqu'à l'obsession, jusqu'au lâcher-prise.
"Les mots se trompent de couleur, excusez-les s'ils vous dérangent !

Encore un bravo, what else?

Alex vous avez dit: Mais Arielle n'a jamais revendiqué l'appartenance au genre « pantoum », il me semble ! Inutile de la taxer de vilaine dévoyeuse de formes classiques : je pense qu'ici, seul l'intéressait l'effet de ressassement rendu structurement par la reprise des vers.

Je n'ai jamais taxer personne et c'est pas aujourd'hui que je vais commencer. J'ai seulement dit que ce n'était pas un pantoum classique et c'est vrai. Que vous ayiez aimé, c'est votre droit mais j'ai aussi le droit de dire mon ressenti à qui que ce soit en toute respectabilité poétique. De toute façon, qui êtes-vous pour interpréter de cette manière mes propos?
Je vous trouve bien culotté, cher monsieur, et pas très impartial en plus. Suis-je sur un site de petits zamis...ou sur un site de poésie?

Note : fuyant écho , sonne bizarre à mon oreille.
Mais tout le reste me plait beaucoup, je trouve que la forme et le fond s'accordent parfaitement.

Plusieurs poèmes, sur ce site, parlent de la maladie d'Alzheimer.
Celui-ci me serre le cœur plus que tout autre.
La forme de ce "faux" pantoum traduit bien la manière chaotique, répétitive, de s'exprimer de ces malades qui, hélas, seraient bien en peine d'utiliser le même vocabulaire, "les mots s'étant trompés de couleur" !
Arielle a su pénétrer dans cet esprit perturbé, en a recueilli les impressions et nous les a traduites en langage poétique mais si véridique !
"Soleils brouillés de ma mémoire,fuyant écho de vieux bonheurs,j'erre l'œil terne et chaviré, baudruche enflée de vacuité"
Et le dernier vers, pour moi, exprime la souffrance, le ras-le-bol de devoir supporter l'insupportable.
Un écrit sensible qui me touche énormément. Merci Arielle.

Rien de trop dans cette " valse mélancolique ".

Faux pantoum mais vraie souffrance, merci à ceux et celles qui l'ont compris ainsi.
Denis j'aime bien ta lecture d'un vers sur deux, j'avais d'abord écrit ce texte sous cette forme mais les répétitions pantoumesques m'ont semblé ensuite traduire plus intensément la souffrance répétitive et le chaos de la pensée de ces malades que j'ai cotoyé de très près.
Promis, Coline, la prochaine fois je serai plus gaie !
Jean, écho fuyant te conviendrait mieux ? C'est l'inversion qui te gêne ? Dans cette quatrième strophe, moi, c'est l'accumulation d'adjectifs qui me gêne un peu.

c'est très beau, "soleil brouillé de ma mémoire"