Mon toi d'hiver

Mon toi d'hiver

Le matin de décembre a gratté au carreau
Et de son doigt bleu vif sur les joues du soleil
T’a dessiné pour moi comme enfant de mes rêves
En faisant de ton cœur le corps de mon enclos

Comme à l’été, l’hiver me braillait comme un sourd
Le nom que les anges m’offriraient pour amour
Je descendis par deux les marches des enfers
Les sols étaient plafonds et mon sang à l’envers

Dans une flaque du Styx je croisai ton visage
De ta bouche et ton nez j’embrassai le mirage
Redevenu conscient je n’étais plus si sage

Les Dieux n'ont pas voulu que tu saches mon nom
Pourtant, reine étrange, du palais de tes yeux
Du château de tes bras je voulais être Roi.

J'aime beaucoup les quatrains, surtout le premier.

"Pourtant, reine étrange, du palais de tes yeux"

Me semble que la virgule après étrange te fait perdre pied, je compte 11.

La mise en scène ressemble au sonnet mais il n'y a pas de rimes au premier quatrain ni au deuxième tercet, des masculines qui se touchent, bref tout pour rendre un "barbu" stressé.
Pour tout dire, j'ai tellement "plongé" (surtout grace aux premiers vers) dans ton texte que je me suis rendu compte que tout ne rimait pas au bout de plusieurs lectures. :-)

Nonobstant la rectitude littéraire,
un écrit qui me plaît à ravir...

Joyeuses Fêtes!

amitiés kébécoises,
André, épervier

C'est étonnamment maîtrisé et complexe pour un poème d'adolescence. J'en suis abasourdi et les quelques images baudelairiennes sont finement amenées (le styx, la reine étrange).
(Je n'aime pas jouer les correcteurs, d'autant plus que je me trompe aussi de temps en temps, mais là il s'agit d'une chose qui pourra te resservir et d'une erreur qui n'est pas un oubli ni une faute de grammaire : dieux au pluriel - ou au singulier, tant qu'on ne désigne pas le Dieu des religions monothéistes, pour qui le terme est en fait un nom propre - s'écrit avec une minuscule.)
Bonne continuation. C'est très intéressant.

...Comme à l’été, l’hiver me braillait comme un sourd
Le nom que les anges m’offriraient pour amour

pour écrire cela a 16 ans
je crains que tu sois la réincarnation
de quelque gloire de génie* poétique

! ! !

* et persoje
j'ai toujours préféré les génies aux anges


bravo !

Comme à l’été, l’hiver me braillait comme un sourd
Très beau ça.
Par contre, la répétition du "comme" gâche un peu.

Sinon je trouve que ça ne fonctionne pas trop, beaucoup de choses me semblent forcées, et il y a un "formatage" dans les images, "visage/mirage…" l'expression un peu maladroite, convenue, alors que tu as tellement de talent pour les images fortes et percutantes par ailleurs.

En fait, tu as une très grande maturité, surtout en prose, que je ne retrouve pas dans cet écrit-là, qui me semble un peu bateau. Les anges, le styx,…

Mais bon, quand je lis certaines images (et le superbe ville-acouphène que je viens de lire ailleurs), je me dis que dans quelques temps, ce sera extra.

Un toi d'hiver étincelant ! Le premier quatrain est une pure merveille avec ou sans rimes, il tient tout seul sur ses images et ses sonorités.

Le deuxième souffre un peu de la répétition de "comme" déjà utilisé plus haut mais surtout, à mon avis, du fait que le e de anges à l'hémistiche oblige à une prononciation artificielle qui nuit à la fluidité (même chose pour reine étrange du 13e vers).

Enfin, Dans une flaque du Styx je croisai ton visage comporte 13 syllabes.

Petits défauts techniques qui ne sont que broutilles faciles à corriger dans ce sonnet que je trouve éblouissant par ailleurs.

Marine. Tu as 16 ans!
Tu es extraordinaire. C'est superbe.

toujours intéressant de te lire, même si je préfère ta prose.
Ce poème me parait décousu alors que le thème de l'amour naissant devrait éviter cette improbable descente aux enfers.

J'apprécie le choix de la forme fixe,
et le sonnet est très réussi, même s'il n'est pas parfait - oui, toujours ces fichus E muets...
La 1° strophe est irréprochable et les images bien venues: pour le doigt bleu vif du froid et les joues du soleil, un grand bravo.


Ensuite les images sont moins originales: les anges, l'enfer, le Styx! Même si le roi et la reine me renvoient à Nerval
"Car es tu reine, ô toi ! la première ou dernière ?
Es tu roi, toi le seul ou le dernier amant ?.."

j'aurai préféré rester terre à terre, avec ses couleurs!

Je ne sais pas comment j'ai pu rater ce texte, merci Annie de l'avoir fait resurgir !

C'est formidable, je partage complètement l'avis de Frédéric Prunier.

C'est marrant je croyais avoir déjà commenté ce texte. J'ai l'impression d'en être familier. Je le relis avec grand plaisir. Impeccable, vous va droit au coeur. En lisant ce poème on se dit qu'on est devant un auteur.

J'apprécie beaucoup les deux quatrains, leurs images et la force qui s'en dégage.
Merci pour cette lecture.