Mère sans vagues

Quand elle vous recevait, elle avait un air décidé, des yeux clairs et un franc sourire. Elle s’adressait à vous comme à ses fils et vous faisiez immédiatement partie de la famille.

Elle détestait se réveiller tôt et pouvait presque devenir désagréable si l’envie vous venait de lui téléphoner à ces heures-là.

Elle vous accompagnait volontiers à la plage, mais ce n’était pas son grand plaisir car, désormais, la moindre vague lui faisait peur et elle avait une allergie à l’eau de mer.

Elle nourrissait une passion pour les petits objets qui la ramenaient dans son enfance et surmontait ses problèmes de mobilité en créant des miniatures de plus en plus perfectionnées, des petites vitrines où rien ne manquait et des ribambelles de berceaux colorés, de landaus avec chacun son édredon moelleux.

Elle était d’un caractère merveilleusement égal. Qu’on la rencontre régulièrement ou après une absence, elle n’avait aucun grief. Toujours aussi chaleureuse.

Elle s’était créé un blog et avait lié des amitiés à travers le monde entier.

Elle adorait les fêtes de Noël et s’appliquait à décorer son chez elle jusque dans les moindres détails, Elle qui était moyennement attachée à son intérieur avait prévu des nappes chatoyantes et des napperons assortis pour la circonstance.

Il lui suffisait d’allumer une ou deux bougies et l’ambiance était là pour une rencontre amicale.

Elle accordait une importance particulière à des moments privilégiés. Elle nous réunissait tous les 16 novembre pour son anniversaire, tous les 8 mars on fêtait les femmes dans une taverne et, le 31 décembre, on ouvrait le champagne sur une colline dominant la ville et ses feux d’artifice.

En pâtissière émérite, elle régalait de gaufres et de tartes tatin toute sa maisonnée sur laquelle elle veillait d’un œil attentif.

Elle s’ouvrait peu sur ses difficultés, mais avait une oreille pour chacun.

Elle allait à reculons à ses séances de rééducation.

Quand elle vous raccompagnait, elle avait sa démarche fragile, un air décidé, des yeux clairs et un franc sourire.

On sent une grande émotion mais exprimée de manière aléatoire. Des répétitions 'Elle' 'Elle' alourdissent le texte. Il pourrait être retravaillé avec une progression et un rythme.

J'ai relevé par exemple ceci (pas de grande logique dans les idées qui se suivent, un peu fouillis, comme une chambre jolie mais mal rangée donc cela ne se voit pas qu'elle est jolie) :

Lieu (chez elle)
Temps (tôt)
Lieu (plage)
Sentiment, émotion (Passion)
Actions (ouvert un blog)
lieu (chez elle, nappes, berceaux)
Temps (moments privilégiés, 16 novembre)

Un beau portrait sobre et émouvant, Chrystie !
Cela sent l'hommage et la douleur...

Bonsoir,

Un imparfait un peu trop pesant à mon goût, on peut parler au présent des personnes qui sont mortes. Cela leur permet de continuer à vivre dans nos coeurs ou même de revivre, ici au sens strict, tellement on aurait envie de redonner à cette femme une vie à vivre à nouveau où les tsunamis - sans mauvaise allusion à ce qui se passe peut-être à nouveau en ce moment-même dans le Pacifique - ne se limiteraient pas à la célébration de la Journée de la Femme ou à sabler le champagne sur une colline le jour de la Saint-Sylvestre.

Amicalement,
midnightrambler

Très émouvant, ce texte.

Comme je préfère ne pas m'approcher trop près de l'émotion d'autrui quand elle est à ce niveau, de ce calibre, je me contenterai de faire une remarque de forme, sur l'utilisation répétée et donc à mes yeux trop voyante du "Elle".

Tu dévoiles tout de ton personnage principal dans ce premier chapitre (excepté son nom, mais un peu de suspense ne fait pas de mal). C'est bien, c'est même excellent. Je me demande où cette personnalité va mener ton héroïne. Je suis intéressé, je compte bien lire la suite, s'il y en a une. Mais ce texte sans suite serait comme un cadavre : sans aucune utilité. Excuse la métaphore glauque, mais il fallait que j'en trouve une. Et j'ai improvisé. Bref, bon courage pour la suite.

Un portrait touchant, pas vraiment structuré (si ce n'est le début et la fin, recevoir et raccompagner, comme une boucle) comme des bribes de souvenirs qui s’imposent à la mémoire, des flashs d’émotion et pas de raison. C’est parfait ainsi. Et les « elle » scandent bien le texte, illustrent bien aussi une ritournelle obsédante du souvenir de celle qui manque, ils ne me gênent pas dans ce contexte.