On s'invente des dieux

On s’invente des dieux des radeaux de fortune
Le mien a de la gueule et même un certain style
Grand seigneur quand il glisse au devant de ma route
Une coque percée au parfum d’ammoniac

J’ai pour unique voile une étoile des rêves
Accrochée au grand mât elle travaille à ma cause
Garder longtemps chérie au plus profond de soi
Cette âme adolescente qui fait battre les cœurs

Combien n'ai-je compté de rendez-vous manqués
De rimes à l’abandon esseulées et bancales
Tant la passion me presse j’en oublie la raison
Ne reste du flacon qu’un souvenir d’ivresse

S’endormir sous la lune affamée ventre creux
La respiration courte et si désespérante
Si absente qu’elle imprime un goût de déjà vu
Une douce amertume sur ma langue vipérine

Mes yeux fixent à l’envers l’immensité nocturne
L’esprit à la dérive je vogue vers d’autres ciels
Je m’approche des rives d’où s’ébattent en rêvant
Des amants doux craintifs à la Paul Géraldy

« Je, tu, nous… » quelle histoire ! Maladies intestines
Amours délavées rose arrive la nausée
J'ai le souvenir féroce O combien déchaîné
D’un recueil au parfum de liaisons clandestines

On s’invente des dieux des radeaux de fortune
Le mien a de la gueule et même un certain style
Grand salaud quand il plante au hasard de mes doutes
Une épine qui s’endort dans le lit de mes veines

beau texte au rythme de parfaite poétique
j'adore l'image de s'endormir sous la lune affamé ventre creux... l'animalité est donc le plus beau des poèmes ???
... une pussicat dans un rond de lune...

amitié

Trés beau texte...
J'écris itou des poèmes...mais j'ai encore bcp à apprendre...
Cordialement
Lola

Très beau texte
J'ai aimé

Je vous remercie pour vos encouragements... c'est le premier texte que je poste ici, je viens de m'inscrire et, je pense qu'il faut que je prenne un peu de recul, c'est étrange, c'est la première fois que je donne à lire un texte et ce que je ressens est complexe... merci Frédéric !

Une poème qui possède un charme certain.
Quelques mots ou passages me paraissent déséquilibrer quelque peu la sonorité générale, la mélodie du poème : "ammoniac" (je trouve la sonorité de ce mot assez agressive, même si tu voulais justement donner un ton grave), "Garder longtemps chérie" ( expression que je trouve bancale je ne sais exactement pourquoi), "une toile des rêves" ( le "des" me gêne aussi par rapport à la musicalité du vers).
Autrement beaucoup d'images sont intéressantes et fonctionnent parfaitement. L'exercice de sauvegarder des alexandrins est bien maîtrisé et je suis très heureux que tu ne te sois pas attachée à produire des rimes .Cette liberté offre une vraie opportunité d'explorer un univers que j'ai certes des difficultés à comprendre vraiment mais dont j'ai l'intuition de la force (et l'intuition me convient bien davantage que la compréhension directe !)

Merci pour ce poème,

bonne route.

p.

J'ai utilisé "ammoniac" pour son image agressive en opposition au quatrain de fin ; dans la sonorité, c'est vrai que cela ne le fait pas.... "Garder longtemps chérie" : je ne sais quoi vous répondre, elle s'est imposée, « l'expression »... « une étoile des rêves »  : j'ai privilégié la répétition du son « oi », « voile, étoile »... « étoile des rêves » : « des » provoque une rupture, ce n'est pas faux ; j'ai, encore une fois, privilégié l'image : des rêves... des rives... dérive... je vous remercie de vous être penché avec autant d'acuité sur mon texte, vos remarques sont pertinentes.



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