Rue déserte

La colère assoupie au pied de l’arbre mort
Reste le somnambule agrippé à sa nuit
Dans le halo du réverbère la rue déserte
Remonte à son enfance par l’escalier si haut
Qu’aucun homme jamais n’atteindra le grenier
Et l’on ne sait plus voir le soleil au carreau
Pas plus qu’au miroir le dernier reflet
Que la lune a jeté épousant l’horizon
Pour tenter de renaître en une autre saison
Le pas déjà s’éteint sans même une empreinte
Au sable de la page où l’encre a disparu
.

J'aime bien l'ambiance mortifère de ce tableau mais si l'absence de ponctuation ne me gêne pas je trouve quand même qu'on manque un peu de repères pour reprendre son souffle entre chaque phrase.
Pourquoi ne pas utiliser les sauts de ligne et ne garder les majuscules qu'en début de phrase ? La lecture serait plus aisée il me semble.
J'aime beaucoup ce "somnambule agrippé à sa nuit"

Merci du conseil, je l'avais trouvé trop "serré" mais n'ai pas su l'alléger.
Donc le voici avec les modifications conseillées :


La colère assoupie au pied de l’arbre mort
reste le somnambule agrippé à sa nuit

Dans le halo du réverbère la rue déserte
remonte à son enfance par l’escalier si haut
qu’aucun homme jamais n’atteindra le grenier

Et l’on ne sait plus voir le soleil au carreau
pas plus qu’au miroir le dernier reflet
que la lune a jeté épousant l’horizon
pour tenter de renaître en une autre saison

Le pas déjà s’éteint sans même une empreinte
au sable de la page où l’encre a disparu
.

remonte à son enfance par l’escalier si haut
qu’aucun homme jamais n’atteindra le grenier

Ca alourdi le texte.

J'aime beaucoup les volutes bleuies qui restent en fin de lecture, j'aime beaucoup ce texte.

en plus des sauts de lignes, je ferais des retours à la ligne
des lignes moins longues, quoi, c'est peut-être ce qui ne m'a pas donné envie quand je l'ai survolé

sinon, j'aime bien, notamment l'escalier, le grenier
le dernier morceau me rappelle "et je nageais jusqu'à la page", le titre du livre de E. Bing

La colère assoupie
au pied de l’arbre mort
Reste le somnambule
agrippé à sa nuit

Dans le halo du réverbère (là, je coince un peu)
la rue déserte
Remonte à son enfance
par l’escalier si haut

Qu’aucun homme jamais
n’atteindra le grenier

Et l’on ne sait plus voir
le soleil au carreau

Pas plus qu’au miroir
le dernier reflet

Que la lune a jeté
épousant l’horizon
Pour tenter de renaître
en une autre saison

Le pas déjà s’éteint sans même une empreinte
Au sable de la page où l’encre a disparu

ouais, bon, désolée je n'y connais rien en fait, je ne sais pas que dire en général même si j'aime beaucoup lire la poésie et que ça résonne longtemps

Le texte me va bien ramassé comme il est. Je n'avais pas commenté car il est très urban grey nofuture et que je cherche toujours plutôt le soleil.

"Le pas déjà s’éteint sans même une empreinte
au sable de la page où l’encre a disparu"

En plein dans le mille !

Le propos, généralisateur ("aucun homme", "on"), est catégorique ("aucun", "jamais", "ne... plus", "pas... plus", "sans même") sur l'enjeu de ce poème : passer de l'obscurité ("assoupie",  "somnambule", "nuit") à la lumière ("soleil au carreau", "miroir", "reflet") s'avère une tâche irréalisable. Cette "rue déserte" qui donne son nom au poème figure, par le jeu de la personnification, l'image d'un être bloqué inéluctablement dans le passé ("si... que" marquant l'intensité de la conséquence). Le mouvement ascensionnel dessine cette fuite sans fin vers le "grenier". Un grenier recélant quoi ? Quelque utopie à visage humain ? L'"autre saison", elle, aurait le mérite de porter vers l'avant, d'offrir des perspectives giboyeuses ("renaître")... mais elle demeure lettre morte. C'est comme si l'histoire elle-même s'était arrêtée et, avec elle, tout ce qui pouvait porter témoignage ("empreinte") d'une suite aujourd'hui introuvable ("encre a disparu").

Merci pour le voyage !

éclaircie a écrit:Merci du conseil, je l'avais trouvé trop "serré" mais n'ai pas su l'alléger.
Donc le voici avec les modifications conseillées :


La colère assoupie au pied de l’arbre mort
reste le somnambule agrippé à sa nuit

Dans le halo du réverbère la rue déserte
remonte à son enfance par l’escalier si haut
qu’aucun homme jamais n’atteindra le grenier

Et l’on ne sait plus voir le soleil au carreau
pas plus qu’au miroir le dernier reflet
que la lune a jeté épousant l’horizon
pour tenter de renaître en une autre saison

Le pas déjà s’éteint sans même une empreinte
au sable de la page où l’encre a disparu
.

Ce poème sombre-obscur peut se lire aussi de façon métaphorique. Pour ma part j'y vois la défaite de l'espèce humaine et son incapacité à utiliser son intelligence pour reconstruire un âge d'or, renaître en une autre saison. La marée des temps géologiques engloutira jusqu'aux moindres traces de notre existence.

Youpi.

tiens, un nouveau qui date...
pas mécontente de cette remontée
moi qui suis fan de ton écriture
rien à dire de plus sinon que la forme ramassée épouse parfaitement le thème de ton poème.
tout est clair et c'est beau !

Bonjour Eclaircie,

J'aime beaucoup l'essence amère de votre poème.
Je trouve aussi que la forme est trop "strict". J'aurais aimé entendre les respirations, les non-dits, qui auraient rendu le ton moins neutre, mais plus intense. Mais le décor que je visualise n'en souffre pas, intimiste, il est en mouvement, avec des impressions d'ombres et de lumières.

Belle remontée !
Moi j'aime bien la toute première version, mais sans doute avec ponctuation.

"Qu'aucun homme jamais n'atteindra le grenier"
Celle là est quand même un peu dur à lire...

"Au sable de la page ou l'encre a disparu"
Celle ci j'aurais aimé la trouver ^^

Merci

Je regrette l'aspect un vers / une image qui pour moi ne fait du poème qu'une suite d'images sans que le lien entre les vers ni la cohérence générale soit suffisamment établis. J'aurais aimé plus de liant dans les analogies. Bien meilleur avec les modifications.