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Exo réécriture : Ô rage mécanique

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Janis
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grieg
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Message  grieg Ven 23 Mar 2012 - 13:06

J’écoute la radio. Froisse le journal. Etrange sentiment. La pièce est blanche et claire. Il faut que je trouve une paire de ciseaux.

Par les journées chaudes, le matin était un moment privilégié. Fenêtres ouvertes, j’aimais laisser entrer la fraîcheur. J’éteignais la radio et écoutais la légère brise, dehors, glisser entre les arbres, bruisser les feuilles. Elle emportait enfin son combat nocturne contre la canicule et prenait place, victorieuse. Le jardin entier la fêtait. Courte liesse, répit salvateur. Les rideaux dansaient. Elle caressait le dos de mes mains tandis que mes paumes s’accrochaient à la chaleur de ma tasse de café. Tout prenait place en cette heure tranquille.
Et tout avait pris place en mon esprit.

Depuis plus d’un an maintenant, je ne travaillais plus. Accident de travail. J’étais heureux, à la maison. Presque heureux.
« Vous devez rester chez vous entre neuf heures et onze heures et entre quatorze et seize », m’avait dit la fonctionnaire débile, « ils peuvent passer à tout moment vous contrôler ».
Les premiers mois avaient été sereins, mais j’avais fini par redouter cette visite de contrôle qui ne venait jamais. Dès huit heures quarante-cinq je me préparais, fébrile. La sonnette du portail ne fonctionnait plus, j’avais peur de ne pas les entendre, de les rater, de la sanction. Impossible de lire, de regarder un film, de prendre un bain, j’avais ce poids ; taulard social, je guettais.
J’ignorais si cette attitude avait déclenché chez ma femme le mépris qu’elle s’était mis à afficher à mon encontre, ou simplement, si ma présence constante lui avait permis de réaliser qu’elle avait épousé un homme qu’elle n’aimait guère. Quoi qu'il en soit, elle était devenue ma geôlière. Regards torves, inquisition morale, elle pesait plus encore que l’administration entière.

Ainsi, aux heures d’avant l’heure, je baignais dans une félicité totale. Pas de M. le médecin conseil, pas de Mme mon épouse boulet. Mais cela ne durait pas. Comme le soleil chassait la brise, mes ennemis brisaient ma sérénité.
Je me devais de trouver une solution afin de me libérer de ces entraves. J’avais eu des mois pour y penser et étais arrivé à la conclusion que : Si l’administration me nourrissait, ma femme, elle, ne faisait que la cuisine. Et encore.
Je pouvais facilement diviser mes problèmes par deux.

Quand elle se réveilla, je l’entendis vaquer, toilettes, de l’eau, chambre, salle de bain, encore de l’eau. Je remis la radio, fermai la fenêtre. Un mec ne voulait pas se rendre. Moi non plus. J’attendis de sentir sa présence pesante dans mon dos. Le café était prêt. Je voulais qu’elle prenne sa dose. Paraître naturel, lui parler de choses et d’autres, d’autre chose. Elle me dégagea d’un geste las, quantité négligeable. Je la suivis, naturel. Elle ne prit que quelques gorgées de café, et sortit dans le jardin. Je la suivis encore, lui servis plus de café. Espoir. Mais elle me frappa. Je ne m’attendais pas à me recevoir ce coup vicieux de caillasse dans la gueule. Je ne savais plus quoi faire, quoi dire. Le second coup m’assomma presque. Je devais garder mon calme, ne pas laisser le doute s’installer. Elle allait me tuer. Elle pètait un plomb la baboochka.

Dans la salle de bain, je pansai la plaie ouverte, balafre béante… « Ce n’est pas lui qu’il nous faut, mais celui qui lui a fait cette balafre » disait le paysan mexicain à Yul Brynner dans « les sept mercenaires »… Je me demandais bien ce qu’ils auraient fait de ma femme.
J’ouvris la fenêtre pour voir si elle était encore à boire son café. Elle n’avait pas bougé. Je pris un cigarillo. John Wayne. Prêt à affronter la squaw. Mais je restai maître de mes émotions. Peter Parker, Clark Kent. Lui parler gentiment. Ma dernière pensée avant qu’elle ne m’explose la tête à coup de bûche fut chimique : La dose sera-t-elle assez forte ?

J’ai demandé à l’infirmière une paire de ciseaux. Je défroisse le journal. Le pose à plat sur mon lit d’hôpital. Je vais garder cet article.
« Drame familial : Elle se suicide après avoir battu son mari à mort ».
Magnifique.
La dose était bien assez forte et le café à peine amer.
Sourire. Je suis Malcom Mc Dowell.
Karacho.
Fondu au noir.

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Message  mentor Ven 23 Mar 2012 - 14:06

Je ne retrouve pas trop ici ton style si reconnaissable. Tu as besoin de travailler un peu. Laisse un moment le scrabble de côté :-)))

Eh bien, originalité : le mort s'en sort. 2 assassins sur le terrain, résultat 1 à 0, la Sécu est fichue.
Bonne idée ;-)

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Message  Janis Ven 23 Mar 2012 - 14:42

se faire étriller avec tant de grâce, ça donnerait presque envie

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Message  anotherday Ven 23 Mar 2012 - 15:09

bon, je manque sans aucun doute de références, j'ai vu orange mécanique voilà bien longtemps, mais je n'ai pas été convaincu, j'ai trouvé la construction un peu pataude, cette espèce d'énorme flash-back encadré par deux courtes parties au présent, c'est assez artificiel comme procédé, la première partie me semble inutile, autant démarrer direct par la narration du souvenir et conclure par la scène d'hôpital. De même, pour la narration, je la trouve un peu appliquée, plus dans la démonstration que dans la relation du fait par elle-même. Ce n'est que mon ressenti, hein, je me plante peut-être du tout au tout.

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Message  Invité Ven 23 Mar 2012 - 16:48

Oh toi, tu nous couves quelque chose !

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Message  Lunatik Ven 23 Mar 2012 - 19:08

Je pense aussi que le texte gagnerait à commencer par : "Depuis plus d'un an, je ne travaillais plus etc".
Essayer de coller au début du dernier paragraphe : "J’écoute la radio. Froisse le journal. Etrange sentiment. La pièce est blanche et claire. Il faut que je trouve une paire de ciseaux." et supprimer carrément le paragraphe commençant par "Par les journées chaudes..". Ça donnerait plus de patate, je trouve.

Et j'ai pas trop compris pourquoi il s'étonne de se faire caillasser : c'était pas le plan dès le départ ?

Et sinon, mon sentiment général : ça me plait. J'aime l'écriture, l'idée et la manière de la traiter.
Mention spéciale pour ce passage, vraiment excellent : Je remis la radio, fermai la fenêtre. Un mec ne voulait pas se rendre. Moi non plus.
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Message  Rebecca Dim 25 Mar 2012 - 8:29

ben non c'était pas le plan dés le départ...ce qui est sur c'est que ça tombe bien...pourtant ça me semble limpide...
je ne trouve rien de trop perso dans ce texte.
il se souvient ... explication de l'incipit
dans quelles circonstances il avait projeté de la tuer...elle lui gâchait les petits matins caressants car caressante elle ne l'était pas...necessité de parler de la douceur puis de la necessité d'anihiler la meurtrière de la douceur de vivre
son plan semble contrarié...elle aussi le hait... sans mesurer à quel point le timing est serré,elle le sent, la meilleure défense c'est l'attaque
happy end pour lui elle ne l'a qu'estourbi
mais elle mourra car elle a bu son café
empoisonné héhé
j'adore
que le desir de meurtre de la femme se retourne à l'avantage du mec en l'innocentant de son forfait à lui
car maintenant elle semble avoir un mobile de suicide...le remords

j'adore sauf la référence du narrateur qui se compare à l'acteur d'Orange mécanique à la fin c'est paradoxal je trouve lui n'a pas fait dans le meurtre sauvage et sanguinolent mais dans l'arsenic et vieilles dentelles , le crime civilisé
le titre suffisait en jeu de mot et référence à elle
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Message  Lunatik Dim 25 Mar 2012 - 9:31

Rebecca a écrit:ben non c'était pas le plan dés le départ...
J'ai dû trop me laisser influencer par les autres textes, qui avaient choisi cette option, mea culpa.

Mais du coup j'émets une réserve quant à la crédibilité de l'intrigue.
Je trouvais un peu limite le suicide à coup de café empoisonné, qui me parait plus la signature d'un meurtre que d'un suicide, mais vu que le mari finissait à l'hosto, moribond, j'ai pensé que les inspecteurs ne le soupçonneraient pas trop, que ça lui faisait une sorte d'alibi. Et que, connaissant bien sa femme, ses limites, son point de rupture, il pouvait (en la poussant un peu) planifier le jour où elle pèterait les plombs et essaierait de l'occire.
Par contre, s'il avait seulement prévu de l'empoisonner sans se faire caillasser, je ne vois pas bien comment il comptait s'en tirer sans devenir le suspect numéro un. C'est pas comme si elle s'était ouvert les veines, qu'elle avait avalé deux tubes de Lexomil ou sauté d'un pont.

Bref, s'il s'agit d'une coïncidence qui tombe à pic (idée que je préfère à la préméditation, je dois avouer), je me laisserais mieux convaincre s'il avait prévu un "suicide" plus crédible (évidemment bien plus difficile à mettre en scène pour l'auteur qui doit aussi trouver comment sauver son narrateur...).
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Message  Rebecca Dim 25 Mar 2012 - 9:47

"Les premiers mois avaient été sereins, mais j’avais fini par redouter cette visite de contrôle qui ne venait jamais. Dès huit heures quarante-cinq je me préparais, fébrile. La sonnette du portail ne fonctionnait plus, j’avais peur de ne pas les entendre, de les rater, de la sanction. Impossible de lire, de regarder un film, de prendre un bain, j’avais ce poids ; taulard social, je guettais."

Peut être un indice. La vraie taule ne lui fait pas peur peut être au final.
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Message  Rebecca Dim 25 Mar 2012 - 9:49


Renforcé par ça :

"Pas de M. le médecin conseil, pas de Mme mon épouse boulet. Mais cela ne durait pas. Comme le soleil chassait la brise, mes ennemis brisaient ma sérénité.
Je me devais de trouver une solution afin de me libérer de ces entraves."

Maintenant je reconnais que la psychologie du mec qui est prêt à aller en taule pour se débarasser de ses geoliers c'est limite :-)))
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Message  grieg Dim 25 Mar 2012 - 9:55

Lunatik a écrit:Par contre, s'il avait seulement prévu de l'empoisonner sans se faire caillasser, je ne vois pas bien comment il comptait s'en tirer sans devenir le suspect numéro un. C'est pas comme si elle s'était ouvert les veines, qu'elle avait avalé deux tubes de Lexomil ou sauté d'un pont.
je ne sais pas ce qu'en pense celui qui a écrit ce texte,
mais je crois que le mec ne pensait pas s'en sortir
il était lui aussi sur le fil... Las
donc, oui coïncidence ; donc, oui : attention à la crédibilité
"tu crois aux coïncidences, toi ?" demandent systématiquement les inspecteurs à leurs collègues dans tous les polars, séries tv... Et les autres de se marrer doucement.

et pour répondre à rebecca, la référence à "orange mécanique" est essentiellement visuelle... Cette dernière scène, ce sourire, quand il retrouve son être vrai, à l'insu des autres, avant le rêve sadique...
Pour le reste, le mec n'est qu'un type ordinaire qui aurait aimé être autre, d'où la succession de référents, héros archétypaux
Il choisit le dernier, le pire, et se leurre encore... Il reste ce mec moyen, moins que lui.

c'est marrant comme on peut inventer plein de concepts sur un texte qui, somme toute, n'est pas plus que ça


Louis... Dessine-moi un commentaire


j'en profite pour remercier tous les commentateurs et leur dire que je suis d'accord avec eux
(non, coline, ça va)

PS: Pardon ! c'est l'heure qui manque qui me fait dire n'importe quoi


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Message  grieg Dim 25 Mar 2012 - 9:59

Rebecca a écrit:
Renforcé par ça :

"Pas de M. le médecin conseil, pas de Mme mon épouse boulet. Mais cela ne durait pas. Comme le soleil chassait la brise, mes ennemis brisaient ma sérénité.
Je me devais de trouver une solution afin de me libérer de ces entraves."

Maintenant je reconnais que la psychologie du mec qui est prêt à aller en taule pour se débarasser de ses geoliers c'est limite :-)))
oui, mais le mec n'est pas vraiment prisonnier : il se sent prisonnier
une vraie prison, lui donnerait peut-être au moins l'impression, d'avoir un truc vrai dans sa vie... Une certaine liberté

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Message  Rebecca Dim 25 Mar 2012 - 10:02

sans que ça ne soit remis en question :

"l’administration me nourrissait"

:-)))
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Message  Janis Dim 25 Mar 2012 - 10:17

non mais c'est fini ?
laissez moi reposer en paix
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Message  elea Dim 25 Mar 2012 - 10:59

J’adore l’idée, et la chute, rien à supprimer pour moi, tout se tient.
Un plus pour le paragraphe sur la brise, et un tout petit moins sur les références finales, un peu trop nombreuses à mon goût en quelques lignes.

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