Vénus et Chloris au Café de Flore

Elle sortit de la bouche du métropolitain, station Saint-Germain-des-Prés, comme Vénus sortie des eaux.
La silhouette gracile, les hanches pleines, elle s'avançait lentement en direction du Café de Flore dans un déhanchement gracieux qu'accompagnait un geste de pudeur : sa robe de satin blanc traversée des épées de Sol dessinait un corps nu.

Ses pieds, ses chevilles rondes polis du marbre de l'écume antique semblaient surfer sur le bitume.
Ses longs cheveux ondulés roux flottaient follement dans l'air parisien, tantôt à droite, tantôt à gauche ;
Zéphyr empourpré n'en pouvait plus.

Affairé comme un marin dans un bouge, verre à la main – rhum bien sûr – à ferrer sa proie nouvelle (deux jeunes touristes cubains), Eros huma le parfum de la passante, belle inconnue. La fixant il fourbissait déjà ses armes.

Elle enjamba le carrefour, rue Bonaparte, rue de Rennes, fit quelques pas d'une grâce extrême pour se planter, Milo moderne, devant mon petit guéridon. Et là, comme par enchantement, dans une arabesque de gestes si tendres que j'en oubliai la façon, elle porta délicatement une cigarette à ses lèvres puis me lança, sous une pluie de roses :

Bonjour Chloris, ou veux-tu que je t'appelle Flore ? aurais-tu du feu ?

Je ne suis pas sûr d'avoir saisi toutes les subtilités de ce poème (ne connaissant pas assez les "légendes" du Café de Flore.
Mais j'ai beaucoup apprécié ce mélange ancien moderne, côté décalé du vocabulaire, anachronismes.

J'ai eu un peu de mal avec ce texte, Pussicat : j'ai trouvé le vocabulaire un peu trop recherché et surtout ce passage a pour moi un effet comique irrésistible :

Elle enjamba le carrefour, rue Bonaparte, rue de Rennes, ( faut des grandes jambes !!!)fit quelques pas d'une grâce extrême pour se planter, Milo moderne, devant mon petit guéridon. Et là, comme par enchantement, dans une arabesque de gestes si tendres que j'en oubliai la façon, elle porta délicatement une cigarette à ses lèvres

C'est dur pour une Vénus de Milo !!!

En fait, je cherchais la définition d'un mot dans mon Larousse... je suis tombée sur la reproduction d'un tableau de Botticelli : La naissance de Venus... je le connaissais mais, je suis tombée en arrêt... je suis restée, je ne sais pas, un temps ixe à regarder cette image, et j'en suis tombée amoureuse je crois... narcisse ? mais c'est toi, Pussicat, sur ce coquillage, St Jacques - ne me mangez pas !

Et je suis partie dans un délire en mélangeant mythe et réalité, comme tu l'écris éclaircie, mais il n'y a pas de ""légendes" du Café de Flore.", je ne connais pas ce Café ! sinon que c'est un lieu connu pour avoir été le QG de nombreux artistes...

coline Dé : il n'y a pas de "vocabulaire un peu trop recherché", simplement des héros de la mythologie qui se retrouvent dans le Paris d'aujourd'hui...

"Et là, comme par enchantement, dans une arabesque de gestes si tendres que j'en oubliai la façon, elle porta délicatement une cigarette à ses lèvres puis me lança, sous une pluie de roses :"

Selon certaines sources, une pluie de roses accompagne la naissance de Vénus...
Et dans l'oeuvre de Ovide, Chloris prend le nom de Flore, déesse des fleurs, après avoir été violée par le dieu du vent Zéphyr qui en fait sa femme...

D'où le clin d'oeil à la mythologie : Le Café de Flore (Le Café de Chloris...) Et puis, au dessus du Café de Flore, il y a toute une bordure de roses...

"...elle porta délicatement une cigarette à ses lèvres..."
Pour la "Vénus de Milo", c'est une prothèse poétique... elle n'a pas de bras, bien sûr ! mais d'autres Vénus - en sculpture - sont représentées avec leurs bras...

Et puis : "Elle enjamba le carrefour, rue Bonaparte, rue de Rennes" , "( faut des grandes jambes !!!)" écris-tu :
Vénus n'est pas comme toi et moi !
Vénus (Aphrodite) est une déesse, c'est la déesse de l'amour, elle fait ce qu'elle veut, et si elle veut enjamber un carrefour immense, elle le fait...

Merci pour votre lecture et vos commentaires, bises,