Exo musique : Gnossienne 1, Erik Satie

ci-dessous le lien de la version par Alessio Nanni, qui est d'un bon tempo pour la lecture de ma version...

https://www.youtube.com/watch?v=oOTpQpoHHaw

.Gnossienne 1, Erik Satie

c'est une goutte suspendue, une flamme qui vacille
écarlate et brûlante, comme éclate un fruit mûr
reflétant dans les airs, aux ombres, sa lumière

c'est une danse ronde danse, qui ondule de chair
à quelques millimètres, au bout d'une chandelle
où des larmes de cire se figent doucement,

….......cet inaccessible désir que je ne peux toucher
….......il me paraît si doux, et pourtant je le sais
….......je ne dois en aucun cas, plus près, m'en approcher

….......je ne dois en aucun cas, plus près m'en approcher

c'est un frisson de vie, quelque part dans l'univers
qui fait trembler ma peau, et mon souffle animal
c'est là et maintenant, qu'il s'offre à mon plaisir
de sa courbe soyeuse, en caresse furtive
quand je ferme les yeux, j'enveloppe mon sort
dans un temps déjà loin, est-ce que je rêve encore ?

….......cet inaccessible désir que je ne peux toucher
….......il me paraît si doux, et pourtant je le sais
….......je ne dois en aucun cas, plus près, m'en approcher

….......je ne dois en aucun cas, plus près m'en approcher

à cette lueur, si vive et fragile
qui semble se dérober et se refuser à moi
le silence tout autour, paraît comme impassible
la nuit sait qui gagnera, tout à la fin du jeu

….......cet inaccessible désir que je ne peux toucher
….......il me paraît si doux, et pourtant je le sais
….......je ne dois en aucun cas, plus près, m'en approcher
….......je ne dois en aucun cas, plus près, m'en approcher

je me laisse guider, à la chance passagère
voyageant au hasard, dans ce vent qui m'emporte
et mon falot me protège, des angoisses légères

l'instant est suspendu,quand la flamme vacille
en flottant dans les airs, des ombres et la lumière
au bout de ma chandelle, qui doucement s'épuise

….......inaccessible désir que je ne veux pas toucher
….......et qui paraît si doux, bien sûr que je le sais
….......je ne dois en aucun cas, plus près, m'en approcher

….......je ne dois en aucun cas, plus près, m'en approcher

Quand Frédéric devient phalène et tourne autour de la flamme fragile et dangereuse du rêve inaccessible ... Jolie danse des ombres jouant de la lumière.

Texte très agréable.

je ne dois en aucun cas, plus près m'en approcher


Y aurait-il une double négation dans la première partie du vers ?

je ne dois en aucun cas, plus près m'en approcher

j'aime bien !

beau et vibrant avec "cet inaccessible désir" qui revient en boucle, ces phrases qui reviennent en spirales avec un léger détail changé déplaçant oh à peine le propos
beaucoup aimé ce côté mélopée et ritournelle enlacées
et l'architecture de ce texte
vraiment agréable à lire avec la musique en fond

Plus tard, avec la musique. Je ne suis pas seule. Pff !
Une bien belle interprétation, tout en verve et en élégance !

La lecture dure le temps du morceau.

J'ai aimé les alexandrins, regretté qu'il ne le soient pas tous la mélancolie qui se dégage de ce poème, les reprises de certains mots, comme les notes de musique qui reviennent, ce "refrain" qui va de l'espoir à la résignation.

Je l'avais loupé ce texte. C'est bien vu, c'est vrai qu'on dirait un papillon attiré par la lumière, et les répétitions, comme dans le morceau, sont bien pensées.

J'aime beaucoup, c'est délicat comme la gnossienne, j'ai le sentiment de l'eau et le sentiment de la flamme, d'une chaude dentelle qui berce et d'une nostalgie, d'un art de penser et d'un art de vivre. Il y a beaucoup de dits dans ce bain de non-dits : l'évanescence, la vie, l'amour, la mort, le destin suspendu, la sensation d'éternité.

Delicatessen ! Osmose !

"et mon falot me protège, des angoisses légères"

Magie de la musique, magie des mots,
Magie des sons, magie de l'image.


Beau ressenti Frédéric !

j'ai décidé de poursuivre.....



Gnossienne n°2, Erik Satie



j'avais décidé de faire un long voyage
et mon bateau s'était perdu

alors j'étais comme un homme en cage
de la quille au mat, culbuto suspendu

plein de courage, à l'assaut de l'inconnu

je ne savais plus où aller, je m'étais enroulé au vent
entortillé dans ma voilure, j'étais là, piètre survivant

et le monde semblait arrêté, juste au milieu de l'océan

tout plein de bleu du ciel, le crâne devenu vide
qui ressemble au désert, coque de noix inutile
enfermé dans le silence, d'une barque immobile
que je suis devenu, déboussolé et stupide

je rêve d'être un cadavre échoué sur la plage
une sorte de coquillage, après un beau naufrage

je rêve d'être emporté dans l'écume
au salut des marins et des cornes de brumes

je rêve d'un beau voyage
mais je ne suis qu'un homme en cage

Gnossienne 3, Erik Satie

il est bien connu que les sirènes
sont amoureuses, mais bipolaires,
et leurs baisers, des plus vulgaires

et certains clowns, emplis de haines
ont des habits si grands de prince
et pour un corps, dix fois trop mince

certaines âmes, sont comme des algues, elles poussent à l'état sauvage
et au hasard, elles se déposent, et se transforment, en paysage
…
il me faut donc croire à ces mystères
au plus profond de mon univers
ainsi de ma pensée, qui ne ressemble à rien

sauf qu'elle a vu cet arbre, enraciné, face au vent
et ce vent racontait le pays des géants
aux caresses du feu des magiciens,
aux caresses du feu des bohémiens …

quand les branches crépitent, et que le vent les frôle,
que le plaisir est si fort, on dirait qu'il se mange
au souffle parfumé des anges
et d'un frisson de bonheur, il se consume et s'envole

il n'y a pas que les hommes, pour s'inventer des rumeurs
quelques sirènes, et l'enchantement des profondeurs

elles se promènent, ondulantes, de forêts en présage
où des arbres poussent, encore, à l'état sauvage


il se raconte
qu'existent des cris sans ressemblance
que des poètes traduisent, en parlant d'importance
avec des mots bien trop grands
pour des habits d'enfants

il se raconte, de toutes façons
qu'il en est certains
qui ont entrevue, la toute fin
et que ce serait bien …


une queue de poisson

Attends, Frédo, je vais y revenir plus tard (la gnossienne t'emballe). Eh, dis-nous un peu, tu parles des autres gnossiennes ou de la même première que tu aurais déclinée en plusieurs versions ?

En tout cas l'esprit des gnossiennes est bien vu puisque Fred termine par... "une queue de poisson" !


;-)

... en Avril !

Quatrième Gnossienne, Erik Satie
…
j'ai surement dépassé les chemins de l'orient
son désert
où la mue du serpent est une renaissance d'enfant

j'ai surement exploré les chemins parsemés
de caravanes
guidées par les étoiles, aux dessins que je flâne

j'emporte avec moi des présents
des mirages
des images, qui défilent sur un écran de lumière
où je m'agite et vous montre, que je suis bien vivant

j'ai surement dépassé une planète-village, une oasis berbère

exploré il y a déjà longtemps
par quelques expéditions punitives
qui voulait, elle aussi, vous forcer à les suivre
enchainés que vous êtes, esclaves incroyants

la nuit est belle à voir, même si elle est toute noire, la nuit est belle à voir

…

j'ai surement oublié quelque chose,
empressé de partir
quelque chose en plus, de vous écrire
j'ai surement oublié, les portes bien fermées

il fallait bien accrocher ce vent
qui se lève pour l'orient
pour m'embarquer tout droit devant

il fallait bien ne pas manquer ce vent
vent de sable, doucement surement

il fallait bien, la nuit si belle à voir, la nuit toute noire






Cinquième gnossienne, Erik Satie


j'aime ce cliquetis des roues de la chance
quand aujourd'hui est si beau et qu'il n'a plus d'échéance
et me perdre en route au chemin de nulle part
de rive en rive, où je me cogne au hasard

je frôle l'eau qui s'écoule
je frôle mon ciel qui s'écroule
et je me laisse emporter dans la roue
d'un temps d'ivresse, je m'en fous

en laissant trainer mes doigts
sur la rambarde d'un pont de bois

une autre main viendrait me dire
c'est aujourd'hui, sans réfléchir

je suis comme un personnage de lanterne magique
qui laisse trainer son corps dans l'océan tragique
au fil de l'eau, feuille qui dérive
je ressemble au radeau, c'est facile, je suis ivre



j'aime ce cliquetis des roues de la chance
quand aujourd'hui est si beau et qu'il n'a plus d'échéance
un moment suspendu, dans un temps où la danse
me retourne à contre sens

aux souvenirs, de quelques tours éphémères
des carrousels, et des chants de limonaires
mélodies tournoyantes d'ombrelles et d'amour
que des chanteurs de rues tournent toujours

ah ! qu'elles étaient belles ces romances
brillantes de larmes, sans grandes importances

voyageant cet étrange élixir enivrant du sommeil
et ma bouteille à la mer, au pays des merveilles

mais il y a des petits et des grands manèges
tout comme des tables, avec, ou sans les chaises,
et s'assoir peut être un jeu
quand il manque une chose, mais pas deux

J'ai beaucoup aimé gnossienne 1, j'ai apprécié gnossienne 2, mais 3, 4, 5 ... c'est, à mon avis, beaucoup en une seule fois

Albert-Robert

Sixième gnossienne, Erik Satie


…
quand de célèbres archéologues, méticuleux et sérieux
balayerons toute la ville de ses poussières
nous vous dévoileront nos rites impérieux
et nos quelques statues, d'élégantes douairières

ce fût un beau jour, quand le sablier s'est ouvert
nous offrant la surprise de sa liberté nouvelle
d'une caresse immense, d'une brise légère
et de cendres de volcan, neiges éternelles

…

ce fût donc une fin, apparemment cruelle
un coup de feu de terre, comme un monstre effrayant
et nos croyances barbares, elles aussi bien mortelles
étaient devenues futiles, oubliées en criant

la peur aussi grosse qu'un torrent
où nos vies englouties
seront enfermées dans ses bras, et ce couple d'amants
qui s'embrassaient si fort, l'un contre l'autre blottis
…
au ciel devenu blanc et qui s'est rétréci
en pesant de tout son poids au passage
enroulé comme un moule sur un gâteau de vie
qui brûle et se durcit d'informe paysage

le silence est devenu marécage
une autre terre est de nouveau plus belle
que ce pays ancien où nous vivions sauvages

quand il pleut, que les sillons ruissellent
des reflets de lune s'abreuvent, mystérieuse

lueur, vacillante, d'une bougie tremblante

Hé ! Ho ! Satie lui-même il en a écrit que trois, des gnossiennes ! Stooop !

Lol ! Je plaisante...

Fabuleuse inspiration dis-moi ! Je conçois qu'on ait des atomes crochus avec Erik Satie ! Bon, ben, si le coeur t'en dit? nous on ne s'en lasse pas.

Bravo à toi !

:-)

bonjour,
je me remonte les bretelles Satiniennes
parce que
grâce à la patience et la gentillesse de Easter
et aussi la patience et la gentillesse de PHONEAMANDRE mais aussi sa collaboration technique !!!!!!!!!!!!! c'est lui le mixeur en chef !

..........est ajoutée sous chacune de mes six gnossiennes
ma voix de canard déguisé en récitant !!!
sur fond musical de Satie bien sûr...

alors pardonnez les parasites... enregistrement en direct juste à côté d'un poêle à bois charbon.... et oui, moije, au bouclard,
si on veut profiter du chauffage central, faut mettre des chaises autour... ))

bonje
je me tais
et vous cliquez sur le bouton qui ressemble à votre vieux magnétophone à cassettes... (là j'parle pour les vieux pouèts de la vieille école...)

merci encore phoena, et merci aussi easter !!!

ça m'f'ra un beau souvenir pour mes vieux jours !

Mr Prunier... Tes mots sur les Gnossiennes qui m'accompagnent depuis tant d'années, quelle riche idée et quel talent est le tien.
ça y'est, c'est gravé dans le marbre... si, si

ça m'dit quelque chose cette musique...
c'est pas Satie, Erik ?
et les mots ?
c'est pas Prunier
Frédéric ?

J'ai cliqué par curiosité, parce que je n'ai jamais vraiment apprécié la lecture de poèmes mis en musique, et c'est pas faute d'avoir essayé. Souvent cela m'ennuie, ou ne correspond pas à la lecture que je fais seule dans mon coin.

Et là, surprise ! Je ne sais si ça tient à ta voix Frédéric, au rythme, à la musique de Satie - que j'aime - mais tout cela mis ensemble et bien je trouve ça très élégant. Alors je n'ai pas tout écouté, juste deux gnossiennes, par peur de me lasser, j'y reviendrai un autre jour, je sais que c'est là maintenant.

Quelle belle idée, merci à toi, et donc à Easter et Phoneamandre de nous offrir cette jolie harmonie de poésie musicale.

une bien belle idée de mettre des mots sur ces notes intemporelles qui jouent avec le temps en l'étirant comme un pâte de guimauve pour en faire des bonbons que les lecteurs viennent piocher en rêvant.

J'ai mixé ces mélopées et les mots, chambre d'écho intéressante...