Courage, fuyons !

Albert-Robert, s’il vous plaît, pas de majuscules, de grâce, pas de gras (j’en ai si peu), j’ai l’impression qu’on me gronde…

Mon erreur fut de passer trop vite ici, non pas de passer ; d’y lâcher un commentaire trop bref, non pas de lâcher un commentaire.

Sachez que je n’ai pas voulu me la jouer tatillon, d’autant plus que ma source est vague, bien vague (un ouvrage du style Guide du BCBG ou je-ne-sais-quoi, livre dont l’intérêt est, j’en conviens, discutable, mais qui fait au moins passer le temps chez les fainéants de mon genre – je ne me rappelle ni du nom de l’auteur, ni de l’année de parution… Pratique, hein ?), et n’avais pour autre but que de pondre une remarque constructive – peux vous l’assurer –, non pas vous induire en erreur.

J’admets que j’aurais dû faire l’effort de vous expliquer le pourquoi de mon comment-aire, histoire de ne pas être mis comme-en-terre.

De ma lecture (‘savez, le guide du BCBG machin truc), un petit souvenir demeure : le terme de « beauf » est correct pour désigner le beau-frère mais utilisé à tort pour définir ce qui est en fait le B.O.F., acronyme d’abord utilisé pour les commerçants opportunistes pendant l’occupation allemande mais aussi, par extension, pour qualifier les personnes aux attitudes vulgaires et de mauvais goût ; car les B.O.F. n’étaient, aux yeux des cols blancs (pour ainsi dire de la v(i)eille), que des parvenus et gens de mœurs exécrables.

Jean Dutourd aurait apparemment participé de cette image négative et extension avec son Au bon beurre ; Cabu, ah le salaud… serait responsable de cette nouvelle orthographe, bancale, du B.O.F. en beauf ; voyez, ces deux derniers points, je ne les connaissais pas ; vous m’avez obligé à faire des recherches sur l’internet, et c’est tant mieux.

Autre chose que je ne savais point : votre dictionnaire vous donne raison, et le mien aussi – vous donne raison. Revoyez, vous m’avez obligé à fouiner dans mon Robert (mais il aime ça, moi aussi), et c’est toujours tant mieux.

Y a un petit gars qui, n’étant pas seulement destiné à balancer des galoches, déclarait à peu près ceci à propos de l’orthographe française : elle est un précieux trésor dans lequel il est possible de retrouver notre histoire commune. J’apprécie cette vision de la chose.

Ne suis pas fermé pour autant (Albert, aviez-vous remarqué la délicatesse de mon « je crois » ?), et un autre a dit : faudrait être con pour croire qu’il n’y a qu’une orthographe, qu’une norme ; le langage n'est, bien sûr, pas un système monovalent, encore moins homogène. En plus le dictionnaire vous approuve, ne s'agirait pas pour moi de faire le malin, n'est-ce pas...

N’empêche que je vous refais la même : je crois qu'on n'écrit pas (qu'on ne devrait pas écrire, si vous préférez) le beauf, mais le B. O. F. ou BOF (acronyme de Beurre Œuf Fromage). Je suis aussi de ceux qui pensent que changer certaines conventions, c'est tout juste changer les futures fautes d'orthographe, n'en déplaise aux dictionnaires et à Cabu.

Libre à vous de prendre ou non cette remarque. Libre à vous, enfin, de la trouver constructive ou non, je ne m'en tiendrai pas pour responsable. Pour ma part, j'ai appris que beauf, dans le dico, désignait aussi les petits bourgeois (ce qui, j'avoue, me déçoit un peu), et que Cabu était à l'origine de cette orthographe, l'un d'entre nous a au moins trouvé son compte.