les enragés
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les enragés
Vanessa (les enragées) 1
De leurs museaux humides, naseaux souffletant, poils noirs et blancs mélangés, Pépite la rustique, Vanessa la câline, synonyment le paysage d'une tranquillité lancinante. En quête d'herbe fraîche, regardant à droite, puis à gauche, la distance qui les sépare de l'ombre à la lumière, elles paissent amicales, le trèfle en fleurs, le lotier corniculé et la fétuque éparse. Grosse, ventrue, pleine, Pépite chargée d'un petit, à naître cette semaine ou la suivante, sitôt le passage de la lune d'un cap à l'autre. Loin du monde bousculé, le torrent dans le fond de la gorge, alimente régulier, la musique des environs.
Barriques mouvantes sur pattes fines, leurs ongles trop longs attendent le travail du maréchal ferrant. Une camionnette verte sur le chemin de crête, écrase les cailloux que la pluie a déchaussés. Deux hommes sans paresse, approchent de la barrière hélant les ânesses. Oiseaux furtifs, rongeurs malicieux, la foule des curieux s'immobilise à l'abri, suspendue aux gestes des intrus. La main ferme de l'artisan taille de près, les quatre sabots vite remis à neuf.
Surprise par ses nouveaux aplombs, légèrement déséquilibrée, Vanessa la câline glisse lourde, contre la voiture. Bruits de tôle cabossée, mouvement d'effroi doublé d'une crainte subite, la grise asine rebondit d'un mur à l'autre du chemin. Une roche décelée, ne supporte pas assez, le poids de l'animal en nage. Dans une chute sans bruit, la buse vit, surprise, un mammifère planer le temps d'un soupir, accompagné par l'impuissance rageuse des hommes stupéfaits. Le torrent fougueux dans le fond, malmène les rochers, chahute la carcasse de Vanessa disloquée.
Pépite la rustique retourne à son pré. Elle ahane un moment, surveille le véhicule s'éloigner sur le chemin tout au bord du ravin.
A nouveau tranquillisée, la faune reprend doucement ses activités. Au coucher du soleil, Pépite la rustique brame longtemps, espérant une réponse à sa plainte solitaire.
Tête penchée, oeil battu, ainsi couché l'animal grégaire attend la venue de sa nouvelle fille, en son ventre bien lovée.
Ça se passe comme ça sur les hauts plateaux.(bertrand-môgendre)
De leurs museaux humides, naseaux souffletant, poils noirs et blancs mélangés, Pépite la rustique, Vanessa la câline, synonyment le paysage d'une tranquillité lancinante. En quête d'herbe fraîche, regardant à droite, puis à gauche, la distance qui les sépare de l'ombre à la lumière, elles paissent amicales, le trèfle en fleurs, le lotier corniculé et la fétuque éparse. Grosse, ventrue, pleine, Pépite chargée d'un petit, à naître cette semaine ou la suivante, sitôt le passage de la lune d'un cap à l'autre. Loin du monde bousculé, le torrent dans le fond de la gorge, alimente régulier, la musique des environs.
Barriques mouvantes sur pattes fines, leurs ongles trop longs attendent le travail du maréchal ferrant. Une camionnette verte sur le chemin de crête, écrase les cailloux que la pluie a déchaussés. Deux hommes sans paresse, approchent de la barrière hélant les ânesses. Oiseaux furtifs, rongeurs malicieux, la foule des curieux s'immobilise à l'abri, suspendue aux gestes des intrus. La main ferme de l'artisan taille de près, les quatre sabots vite remis à neuf.
Surprise par ses nouveaux aplombs, légèrement déséquilibrée, Vanessa la câline glisse lourde, contre la voiture. Bruits de tôle cabossée, mouvement d'effroi doublé d'une crainte subite, la grise asine rebondit d'un mur à l'autre du chemin. Une roche décelée, ne supporte pas assez, le poids de l'animal en nage. Dans une chute sans bruit, la buse vit, surprise, un mammifère planer le temps d'un soupir, accompagné par l'impuissance rageuse des hommes stupéfaits. Le torrent fougueux dans le fond, malmène les rochers, chahute la carcasse de Vanessa disloquée.
Pépite la rustique retourne à son pré. Elle ahane un moment, surveille le véhicule s'éloigner sur le chemin tout au bord du ravin.
A nouveau tranquillisée, la faune reprend doucement ses activités. Au coucher du soleil, Pépite la rustique brame longtemps, espérant une réponse à sa plainte solitaire.
Tête penchée, oeil battu, ainsi couché l'animal grégaire attend la venue de sa nouvelle fille, en son ventre bien lovée.
Ça se passe comme ça sur les hauts plateaux.(bertrand-môgendre)
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: les enragés
Bravo Bertrand,
C'est doux, lancinant ,mais néanmoins vivant.
C'est parsemé d'intelligence, et ça, c'est un vrai bonheur.
Mon passage préferré: l'animal devenu solitaire ,mais qui reste grégaire par la présence dans son ventre et le souvenir d'un autre.
C'est de la belle plume. Merci :-)
pw
C'est doux, lancinant ,mais néanmoins vivant.
C'est parsemé d'intelligence, et ça, c'est un vrai bonheur.
Mon passage préferré: l'animal devenu solitaire ,mais qui reste grégaire par la présence dans son ventre et le souvenir d'un autre.
C'est de la belle plume. Merci :-)
pw
Invité- Invité
Re: les enragés
pandaworks, certes je suis touché par ta réflexion, mais je souhaite obtenir ici, une critique sévère et sans concession. J'ai un réel besoin d'intransigeance, vis-à-vis des textes que j'aimerai poster.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: les enragés
Salut Bertrand. J'ai aimé également. Tu sembles une jolie force de description et une certaine originalité de style.
Peut être pourrais tu mieux équilibrer le côté narratif et le côté descriptif. Ici, l'action, tout de même assez forte, est vraiment en arrière plan et c'est la description qui s'impose. ça marche bien car le texte est court mais s'il devait s'insérer dans quelque choses de plus long, peut être essayer d'étoffer l'action, la narration et laisser la description en fond même si très présente.
Ton texte m'a fait penser un peu à Mingarelli pour l'ambiance et au style de Pierre Péju dans la petite chartreuse pour les phrases "sans verbes" que tu utilises plusieurs fois. Attention à ne pas en abuser.
Voilà, j'ai essayé de chercher la petite bête comme tu l'as demandé ;-)
Peut être pourrais tu mieux équilibrer le côté narratif et le côté descriptif. Ici, l'action, tout de même assez forte, est vraiment en arrière plan et c'est la description qui s'impose. ça marche bien car le texte est court mais s'il devait s'insérer dans quelque choses de plus long, peut être essayer d'étoffer l'action, la narration et laisser la description en fond même si très présente.
Ton texte m'a fait penser un peu à Mingarelli pour l'ambiance et au style de Pierre Péju dans la petite chartreuse pour les phrases "sans verbes" que tu utilises plusieurs fois. Attention à ne pas en abuser.
Voilà, j'ai essayé de chercher la petite bête comme tu l'as demandé ;-)
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: les enragés
C’est bien ficelé, oui, voici (si ça peut t’aider) la réflexion que je me suis fait en terminant ma lecture : quel beau paysage mais. Mais les paysages ont ce je ne sais quoi d’absence qui me laisse quelque peu indifférent, ainsi si j’admire la qualité d’un Corot (par exemple), il me manque ce je ne sais quoi que l’on retrouve dans un Caillebotte (voir « Les raboteurs » par exemple toujours). La vie, me semble-t-il.
Ce que je veux dire c’est que ton texte mériterait d’être entrecoupé par un autre, une contre narration qui dirait la vie des hommes à proximité du paysage, celle d’un couple, d’une famille, que sais-je encore… Ou un dialogue… Ça rehausserait le premier texte et accrocherait davantage le lecteur. Cela dit, ce n’est qu’une piste parmi tant d’autres :-)
Ce que je veux dire c’est que ton texte mériterait d’être entrecoupé par un autre, une contre narration qui dirait la vie des hommes à proximité du paysage, celle d’un couple, d’une famille, que sais-je encore… Ou un dialogue… Ça rehausserait le premier texte et accrocherait davantage le lecteur. Cela dit, ce n’est qu’une piste parmi tant d’autres :-)
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: les enragés
Un détail: quand j'ai entamé la lecture de ton texte, j'ai pensé que tu parlais de vaches. Et puis je lis "hélant les ânesses". Sont-ce des ânesses ou bien tu utilises ce mot pour dire qu'elles seraient bêtes et dociles?
Il y a aussi une légère difficulté à assimiler le fait que le travail du maréchal-ferrand se soit effectué à côté de sa voiture, que la vache/ânesse aurait rué et que blam, bosses à l'appui et lourde chute. Me semble que ce genre de travail se fait dans un enclos ou bien pas à côté des voitures, mais je n'y connais rien dans ce domaine, certes. Juste que ça paraît un brin caricatural, lu comme ça.
Autre chose, mais je chipote, je sais: l'âne brait, la vache meugle mais bramer, je verrais plutôt cela du côté des biches :-)
A part ces petits riens techniques, j'ai aimé comme tu as planté ton décor et ton ambiance, de manière fluide, douce et agréable.
Il y a aussi une légère difficulté à assimiler le fait que le travail du maréchal-ferrand se soit effectué à côté de sa voiture, que la vache/ânesse aurait rué et que blam, bosses à l'appui et lourde chute. Me semble que ce genre de travail se fait dans un enclos ou bien pas à côté des voitures, mais je n'y connais rien dans ce domaine, certes. Juste que ça paraît un brin caricatural, lu comme ça.
Autre chose, mais je chipote, je sais: l'âne brait, la vache meugle mais bramer, je verrais plutôt cela du côté des biches :-)
A part ces petits riens techniques, j'ai aimé comme tu as planté ton décor et ton ambiance, de manière fluide, douce et agréable.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: les enragés
J'adore ce texte! Moi même je vis à la campagne (à coté de Nancy) et dès que je le peux, j'aime courir les champs et les bois. C'est peut-être pour cela que ce texte me plaît ;-)
Non, plus sérieusement, ton texte est très poétique, simple et fluide (des qualités à conserver). C'est appaisant. Mais bon, comme tu veux une critique sans concessions, je vais tenter de trouver la petite bête ;-)
Dans la description, j'ai l'impression que tu favorises la vue, et les autres sens sont comme en retrait; c'est dommage car un des sens qui aurait pu être plus développé serait l'odorat, qui me semble essentiel pour décrire la nature.
Sinon, contrairement aux autres, j'aime bien que la description prenne le pas sur l'action. Ton texte ressemble beaucoup à un poème en prose, je me trompe ?
Non, plus sérieusement, ton texte est très poétique, simple et fluide (des qualités à conserver). C'est appaisant. Mais bon, comme tu veux une critique sans concessions, je vais tenter de trouver la petite bête ;-)
Dans la description, j'ai l'impression que tu favorises la vue, et les autres sens sont comme en retrait; c'est dommage car un des sens qui aurait pu être plus développé serait l'odorat, qui me semble essentiel pour décrire la nature.
Sinon, contrairement aux autres, j'aime bien que la description prenne le pas sur l'action. Ton texte ressemble beaucoup à un poème en prose, je me trompe ?
Re: les enragés
Comme Sahkti, la fin du 2ème paragraphe nous apprend qu'il s'agit d'ânesse, c'est beaucoup trop loin, les images se sont déjà formées. Dommage.
Et puis : "le lotier corniculé et la fétuque", heureusement qu'il n'y avait que ça, sinon j'abandonnais le texte vite fait ! ;-)
Quant au déroulement de l'action, j'ai trouvé un peu de confusion, que c'était plutôt chaotique, j'ai eu un peu de mal à visualiser.
Cela dit, tes descriptions sont belles
Et puis : "le lotier corniculé et la fétuque", heureusement qu'il n'y avait que ça, sinon j'abandonnais le texte vite fait ! ;-)
Quant au déroulement de l'action, j'ai trouvé un peu de confusion, que c'était plutôt chaotique, j'ai eu un peu de mal à visualiser.
Cela dit, tes descriptions sont belles
Re: les enragés
merci pour vos remarques, pointues.
pandaworks, tu es un interlocuteur aussi valable que les autres, car ta sensibilité permet à un texte de fonctionner.
Sahtki, l'histoire du nom de l'espèce animale arrivant trop tard, je vais rectifier ;
concernant la cohérence de la situation avec le maréchal ferrant, par habitude, je peux assurer qu'un animal attaché au pare-choc du véhicule, peut facilement être paré. Mon ânesse ahane.
Oui, mentor, pour le lothier, je n'étalerai plus ma science. Si tu as eu du mal à visualiser, alors j'ai tout faux ;
tristan pour la description olfactive, je suis loin d'atteindre la perfection de Süskind.
Yali, merci pour ta remarque, car tu as senti ce qui manquait dans ce secteur, justement c'est la vie. La nature est envahissante. L'homme dérange, et je ne voulais surtout pas entendre parler les ouvriers.
Charles, d'y trouver du Péju m'enchante, mais attention, je ne fais que du môgendre. Je ne connais pas Mingarelli. Peux-tu m'indiquer un livre de référence ?
J'ai du pain sur la planche. J'adore.
pandaworks, tu es un interlocuteur aussi valable que les autres, car ta sensibilité permet à un texte de fonctionner.
Sahtki, l'histoire du nom de l'espèce animale arrivant trop tard, je vais rectifier ;
concernant la cohérence de la situation avec le maréchal ferrant, par habitude, je peux assurer qu'un animal attaché au pare-choc du véhicule, peut facilement être paré. Mon ânesse ahane.
Oui, mentor, pour le lothier, je n'étalerai plus ma science. Si tu as eu du mal à visualiser, alors j'ai tout faux ;
tristan pour la description olfactive, je suis loin d'atteindre la perfection de Süskind.
Yali, merci pour ta remarque, car tu as senti ce qui manquait dans ce secteur, justement c'est la vie. La nature est envahissante. L'homme dérange, et je ne voulais surtout pas entendre parler les ouvriers.
Charles, d'y trouver du Péju m'enchante, mais attention, je ne fais que du môgendre. Je ne connais pas Mingarelli. Peux-tu m'indiquer un livre de référence ?
J'ai du pain sur la planche. J'adore.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: les enragés
Beaucoup de qualité à ton texte, vraiment.
Mais tu as demandé une critique sévère, hein ?
Donc:
Tu as beaucoup de vocabulaire mais pour moi, cela fait presque trop, je veux dire, comme si tu voulais en jeter plein la vue.
Il y a aussi pas mal de rerdondances comme ici: "mouvement d'effroi doublé d'une crainte subite" et là: "Une roche décelée, ne supporte pas assez, le poids de l'animal en nage.", "Ne supporte pas" suffit à la compréhension, pas besoin d'appuyer par "pas assez".
Tu passes du présent au passé simple ici "Dans une chute sans bruit, la buse vit, ..." sans raison apparente me semble-t-il.
"surveille le véhicule s'éloigner ..." : cette formulation ne me paraît pas heureuse. "surveille le véhicule qui s'éloigne ou en train de s'éloigner me semble plus correct.
Voilà.
Mais je redis: beaucoup de qualité, un style très personnel et attachant.
Mais tu as demandé une critique sévère, hein ?
Donc:
Tu as beaucoup de vocabulaire mais pour moi, cela fait presque trop, je veux dire, comme si tu voulais en jeter plein la vue.
Il y a aussi pas mal de rerdondances comme ici: "mouvement d'effroi doublé d'une crainte subite" et là: "Une roche décelée, ne supporte pas assez, le poids de l'animal en nage.", "Ne supporte pas" suffit à la compréhension, pas besoin d'appuyer par "pas assez".
Tu passes du présent au passé simple ici "Dans une chute sans bruit, la buse vit, ..." sans raison apparente me semble-t-il.
"surveille le véhicule s'éloigner ..." : cette formulation ne me paraît pas heureuse. "surveille le véhicule qui s'éloigne ou en train de s'éloigner me semble plus correct.
Voilà.
Mais je redis: beaucoup de qualité, un style très personnel et attachant.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: les enragés
Celui que je préfère : La beauté des loutres
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=2996
Tu verras que les avis sont partagés concernant Mingarelli, il y a ceux qui aime .... Mon avis, c'est celui que j'ai posté sous le pseudo Tophiv.
Et moi aussi, j'adore quand des gens aussi sympas et ouverts que toi arrive sur le forum !
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=2996
Tu verras que les avis sont partagés concernant Mingarelli, il y a ceux qui aime .... Mon avis, c'est celui que j'ai posté sous le pseudo Tophiv.
Et moi aussi, j'adore quand des gens aussi sympas et ouverts que toi arrive sur le forum !
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: les enragés
je m'étais aussi dit ça en lisant, et finalement j'aurais mis : "le véhicule s'éloignant" pour éviter les "que, qui, en train de" etckilis a écrit:"surveille le véhicule s'éloigner ..." : cette formulation ne me paraît pas heureuse. "surveille le véhicule qui s'éloigne ou en train de s'éloigner me semble plus correct.
Re: les enragés
Tenant compte de vos remarques, suggestions et autres propositions, j'ai corrigé Vanessa (gentiment bien sur)
Vanessa (les enragées)
De leurs museaux humides, naseaux souffletant, poils noirs et blancs mélangés, Pépite l'ânesse rustique et Vanessa sa fille câline, synonyment le paysage d'une tranquillité lancinante. En quête d'herbe fraîche, elles regardent à droite, puis à gauche, la distance qui les sépare de l'ombre à la lumière. Elles paissent amicales, la fétuque éparse, le trèfle et le lotier en fleurs. Grosse, ventrue, pleine, Pépite chargée d'un petit, à naître cette semaine, sitôt le passage de la lune ronde. Loin du monde bousculé, le torrent dans le fond de la gorge, alimente régulier, la musique des environs.
Barriques mouvantes sur pattes fines, leurs ongles trop longs attendent le travail du maréchal ferrant. Une camionnette verte sur le chemin de crête, écrase les cailloux que la pluie a déchaussés. Deux hommes sans paresse, approchent de la barrière hélant les ânesses. Oiseaux furtifs, rongeurs malicieux, la foule des curieux s'immobilise à l'abri, suspendue aux gestes des intrus. La main ferme de l'artisan taille de près, les quatre sabots vite remis à neuf.
Surprise par ses nouveaux aplombs, déséquilibrée, Vanessa la câline glisse lourde, contre la voiture. Bruits de tôle cabossée, mouvement d'effroi doublé d'une crainte subite, la grise asine rebondit d'un mur à l'autre du chemin. Fuite écervelée du fol animal. Peur, vertige, une roche déscellée, ne supporte pas le poids de l'animal en nage. Dans une chute sans bruit, la buse voit, surprise, un mammifère planer le temps d'un soupir, accompagné par l'impuissance rageuse des hommes stupéfaits.
Le torrent fougueux dans le fond, malmène les rochers, chahute la carcasse de Vanessa disloquée.
Pépite la rustique retourne à son pré. Elle ahane un moment. Le véhicule s'éloigne sur le chemin, tout au bord du ravin.
A nouveau tranquillisée, la faune reprend doucement ses activités. Au coucher du soleil, Pépite rauque longtemps, espérant une réponse à sa plainte solitaire.
Tête penchée, oeil battu, ainsi couché, l'animal grégaire attend la venue de sa nouvelle fille, en son ventre bien lovée.
Ça se passe comme ça sur les hauts plateaux.
Vanessa (les enragées)
De leurs museaux humides, naseaux souffletant, poils noirs et blancs mélangés, Pépite l'ânesse rustique et Vanessa sa fille câline, synonyment le paysage d'une tranquillité lancinante. En quête d'herbe fraîche, elles regardent à droite, puis à gauche, la distance qui les sépare de l'ombre à la lumière. Elles paissent amicales, la fétuque éparse, le trèfle et le lotier en fleurs. Grosse, ventrue, pleine, Pépite chargée d'un petit, à naître cette semaine, sitôt le passage de la lune ronde. Loin du monde bousculé, le torrent dans le fond de la gorge, alimente régulier, la musique des environs.
Barriques mouvantes sur pattes fines, leurs ongles trop longs attendent le travail du maréchal ferrant. Une camionnette verte sur le chemin de crête, écrase les cailloux que la pluie a déchaussés. Deux hommes sans paresse, approchent de la barrière hélant les ânesses. Oiseaux furtifs, rongeurs malicieux, la foule des curieux s'immobilise à l'abri, suspendue aux gestes des intrus. La main ferme de l'artisan taille de près, les quatre sabots vite remis à neuf.
Surprise par ses nouveaux aplombs, déséquilibrée, Vanessa la câline glisse lourde, contre la voiture. Bruits de tôle cabossée, mouvement d'effroi doublé d'une crainte subite, la grise asine rebondit d'un mur à l'autre du chemin. Fuite écervelée du fol animal. Peur, vertige, une roche déscellée, ne supporte pas le poids de l'animal en nage. Dans une chute sans bruit, la buse voit, surprise, un mammifère planer le temps d'un soupir, accompagné par l'impuissance rageuse des hommes stupéfaits.
Le torrent fougueux dans le fond, malmène les rochers, chahute la carcasse de Vanessa disloquée.
Pépite la rustique retourne à son pré. Elle ahane un moment. Le véhicule s'éloigne sur le chemin, tout au bord du ravin.
A nouveau tranquillisée, la faune reprend doucement ses activités. Au coucher du soleil, Pépite rauque longtemps, espérant une réponse à sa plainte solitaire.
Tête penchée, oeil battu, ainsi couché, l'animal grégaire attend la venue de sa nouvelle fille, en son ventre bien lovée.
Ça se passe comme ça sur les hauts plateaux.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: les enragés
Ben alors bravo ! d'abord pour cette sorte de courage qu'il faut à reprendre un texte, tenant compte des commentaires, à cette réactivité, et au résultat !
Très bon ce coup là, chapeau
Très bon ce coup là, chapeau
Re: les enragés
Je n'avais pas donné d'avis sur le premier essai, car je rejoignais ce qui avait été dis (pfff, la concordance des temps...).
Tu as bien fait de le retravailler. Maintenant, ca coule, c'est plus fluide... On sait qui, que, quoi, où, pourquoi, et tout, et tout, chose qui ne m'était pas très claire sur la première fois. Il y a un côté Claude Michelet, je trouve, dans cette écriture, tu poses une ambiance, on voit la campagne, les silences...
Tu as bien fait de le retravailler. Maintenant, ca coule, c'est plus fluide... On sait qui, que, quoi, où, pourquoi, et tout, et tout, chose qui ne m'était pas très claire sur la première fois. Il y a un côté Claude Michelet, je trouve, dans cette écriture, tu poses une ambiance, on voit la campagne, les silences...
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 49
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: les enragés
merci. S'il te plait, ninananère, ne me rapproche pas de cet auteur là. Il me donne de l'urticaire. Son engagement politique (syndical), par ses idées productivistes, m'ennuie.
Je me tais. Ici, espace écriture.
Espérant vous rendre la pareille, je commentrai vos textes.
Je me tais. Ici, espace écriture.
Espérant vous rendre la pareille, je commentrai vos textes.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: les enragés
dois-je continuer à poster les petits textes, sur ce même fil (les enragés) ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: les enragés
si c'est une sorte de suite, oui, si c'est vraiment différent, une autre petite "nouvelle", non, mieux vaut ouvrir un nouveau sujetbertrand-môgendre a écrit:dois-je continuer à poster les petits textes, sur ce même fil (les enragés) ?
Re: les enragés
Bienvenue parmi nous Bertrand !
Merci pour ce texte, ta réaction aux commentaires, et bravo pour l'avoir retravaillé !
Je suis aussi d'accord pour dire que ton texte a beaucoup de qualité. J'ai pris plaisir à le lire. Plus que des critiques, voici quelques réflexions que je te soumets, et comme tu es demandeur, je chipote un peu. :
Je trouve que tu as un style très "pronominal" : tu utilises peu le verbe, y compris dans la description de l'action (par ex : fuite écervelée du fol animal"). Les verbes que tu utilises ne sont pas "forts", ils "synonyment" ce qui est par ailleurs fort bien décrit.
L'effet est plutôt intéressant : c'est une façon d'évoquer justement le calme lancinant ! Peut-être faut-il essayer de le varier et dans la phase d'action, justement, utiliser plus de verbes ? Ceci n'est pas une critique, mais une observation, à toi de voir ce que tu veux en faire !
En contrepartie, tu utilises beaucoup d'adjectifs : il peut y avoir un certain effet de "lourdeur", presque chaque nom est qualifié. Ils sont plutôt bien choisis dans le sens où la plupart nous apporte des informations qui nous permettent de visualiser la scène, cependant, attention à quelques redondances (grosse, ventrue, pleine).
Je trouve que ceci : "accompagné par l'impuissance rageuse des hommes stupéfaits." est peut-être un peu vague. Je rejoins ce qu'a dit Yali, en notant que c'est l'occasion de mettre ici de la vie en disant plus précisément leur réaction (en la décrivant plus physiquement que psychologiquement). A voir ...
Un détail, il y a peut-être un peu trop de virgules, je pense qu'à quelques endroits tu peux ponctuer plus léger.
Je t'invite aussi à poursuivre les efforts que tu as fait pour "segmenter" les phrases : par exemple utiliser une phrase courte pour dire " Fuite écervelée du fol animal. ". Dans cette phrase :
Dans une chute sans bruit, la buse voit, surprise, un mammifère planer le temps d'un soupir, accompagné par l'impuissance rageuse des hommes stupéfaits.
j'aime beaucoup la prise de point de vue de la buse à ce moment. Mais il y a peut-être un peu trop d'informations (avec la réaction des hommes qui aurait méritée une autre phrase - peut-être ?).
J'espère que je n'ai pas été trop confus, ces remrques sont juste une invitation à t'interroger ! Bravo pour ce texte, au plaisir de te relire !
PS : Comme dit Mentor, si tu as un autre texte sur un sujet différent à nous faire lire, ouvre un autre fil !
Merci pour ce texte, ta réaction aux commentaires, et bravo pour l'avoir retravaillé !
Je suis aussi d'accord pour dire que ton texte a beaucoup de qualité. J'ai pris plaisir à le lire. Plus que des critiques, voici quelques réflexions que je te soumets, et comme tu es demandeur, je chipote un peu. :
Je trouve que tu as un style très "pronominal" : tu utilises peu le verbe, y compris dans la description de l'action (par ex : fuite écervelée du fol animal"). Les verbes que tu utilises ne sont pas "forts", ils "synonyment" ce qui est par ailleurs fort bien décrit.
L'effet est plutôt intéressant : c'est une façon d'évoquer justement le calme lancinant ! Peut-être faut-il essayer de le varier et dans la phase d'action, justement, utiliser plus de verbes ? Ceci n'est pas une critique, mais une observation, à toi de voir ce que tu veux en faire !
En contrepartie, tu utilises beaucoup d'adjectifs : il peut y avoir un certain effet de "lourdeur", presque chaque nom est qualifié. Ils sont plutôt bien choisis dans le sens où la plupart nous apporte des informations qui nous permettent de visualiser la scène, cependant, attention à quelques redondances (grosse, ventrue, pleine).
Je trouve que ceci : "accompagné par l'impuissance rageuse des hommes stupéfaits." est peut-être un peu vague. Je rejoins ce qu'a dit Yali, en notant que c'est l'occasion de mettre ici de la vie en disant plus précisément leur réaction (en la décrivant plus physiquement que psychologiquement). A voir ...
Un détail, il y a peut-être un peu trop de virgules, je pense qu'à quelques endroits tu peux ponctuer plus léger.
Je t'invite aussi à poursuivre les efforts que tu as fait pour "segmenter" les phrases : par exemple utiliser une phrase courte pour dire " Fuite écervelée du fol animal. ". Dans cette phrase :
Dans une chute sans bruit, la buse voit, surprise, un mammifère planer le temps d'un soupir, accompagné par l'impuissance rageuse des hommes stupéfaits.
j'aime beaucoup la prise de point de vue de la buse à ce moment. Mais il y a peut-être un peu trop d'informations (avec la réaction des hommes qui aurait méritée une autre phrase - peut-être ?).
J'espère que je n'ai pas été trop confus, ces remrques sont juste une invitation à t'interroger ! Bravo pour ce texte, au plaisir de te relire !
PS : Comme dit Mentor, si tu as un autre texte sur un sujet différent à nous faire lire, ouvre un autre fil !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
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