Manifeste
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CROISIC
Jano
Lucy
Yoni Wolf
8 participants
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Manifeste
vous êtes devant moi, tirant sur la gauche, vers l'ouest, vous avez la bouche perpétuellement tordue en une grimace de douleur, vos mains posées sur vos genoux et votre buste très droit m'évoquent un ancien état de grâce, du temps où vous aviez le contrôle sur ma vie, où vous aviez envie de me plaire, mère, votre Règne fut une tentative désespérée de me draguer, votre existence un bourbier infâme et absolument stellaire, une galaxie misérable et terne, un infime éclat d'étoile.
Vous êtes devant moi et moi je fixe le radiateur, et j'ai peur, et je suis terrifié à l'idée de ne plus fixer le radiateur, le radiateur est la seule chose réelle en ce monde soudainement réapparu, un désert sauvage, inavouable, un état de blanc abrupt, le radiateur est mon salut, ma honte et ma gloire, vous êtes ma défaite, mon orgueil et mes tares, vous êtes mon visage, vous êtes mes mains tremblantes, vous êtes ma première image de moi, j'ai été en vous neuf mois durant, combien de fois avez-vous joui ? Eh oui mon ange ! j'ai envie de vous baiser, de vous prendre comme on prend une baffe, j'ai envie de vous voir grimacer encore, de te presser contre le lit, de torturer ton corps, j'ai envie de renaître mais à l'envers, de rentrer chez moi, dans mon domicile premier, j'ai envie de te violer là, à l'instant, de dévaster ta chatte, mère, mère, je veux ta rédemption ! je te pardonne, je t'oblige à m'écouter, à supporter l'inceste, à déverser ta bile, j'ai la haine de toi, l'amour inconditionnel de tes entrailles, et tes pas déposés sur le sable humide sont autant de témoignages muets, de traces tues, tes cheveux gris et tes yeux écarquillés, et moi qui fait claquer ton con, tes yeux suppliants, tes yeux de chienne, tes yeux superbes immenses opalins insoutenablement tristes, tu accouchas d'un dieu, de moi, de moi, de moi qui commande aux étoiles, qui veille sur la mer, qui s'étiole peu à peu, de plus en plus proche d'être néant, anti-matière, atteinte secrète à la pudeur, sais-tu pourquoi j'ose écrire cela ? eh bien tout simplement parce que tu es moins qu' humaine, tu es malade, sale schizophrène au coeur tâché,
je crache sur la morale,
je pisse sur la bienséance,
je décharge mon foutre sur ma mère, allez, regarde-moi dans les yeux à présent, le pourras-tu ? la folie me guette; j'outre-passe la frontière entre conscient et inconscient, entre le dire et le taire, je suis absurdement intègre, Pierre Anselmet hurle dans mon dos, un enfant coincé entre deux branlées, je suis ton fils, oui, et je pleure à présent, et je ris, et tout se mélange, et je suis d'une irréalité nouvelle, le radiateur ne peut plus rien pour moi, j'ai passé la frontière, il n'y a pas de retour possible, je viens de me condamner à mort, de me sacrifier sur l'autel du dégoût généralisé, génétiquement taré, malade moi aussi, j'ai la nausée, je hais l'humanité, je me dresse contre toi, mère, mère, je me presse contre toi, je veux tes bras, pitié, pitié, allo? hein? es-tu là? dis-moi, regarde-moi dans les yeux et dis-moi si tu m'aimes, je suis pitoyable, digne rejeton d'une famille dépossédée, enfant de la démence et du chaos, je veux crever la bouche ouverte, les tripes à l'air et les yeux révulsé. Je mérite au moins ça.
Vous êtes devant moi et moi je fixe le radiateur, et j'ai peur, et je suis terrifié à l'idée de ne plus fixer le radiateur, le radiateur est la seule chose réelle en ce monde soudainement réapparu, un désert sauvage, inavouable, un état de blanc abrupt, le radiateur est mon salut, ma honte et ma gloire, vous êtes ma défaite, mon orgueil et mes tares, vous êtes mon visage, vous êtes mes mains tremblantes, vous êtes ma première image de moi, j'ai été en vous neuf mois durant, combien de fois avez-vous joui ? Eh oui mon ange ! j'ai envie de vous baiser, de vous prendre comme on prend une baffe, j'ai envie de vous voir grimacer encore, de te presser contre le lit, de torturer ton corps, j'ai envie de renaître mais à l'envers, de rentrer chez moi, dans mon domicile premier, j'ai envie de te violer là, à l'instant, de dévaster ta chatte, mère, mère, je veux ta rédemption ! je te pardonne, je t'oblige à m'écouter, à supporter l'inceste, à déverser ta bile, j'ai la haine de toi, l'amour inconditionnel de tes entrailles, et tes pas déposés sur le sable humide sont autant de témoignages muets, de traces tues, tes cheveux gris et tes yeux écarquillés, et moi qui fait claquer ton con, tes yeux suppliants, tes yeux de chienne, tes yeux superbes immenses opalins insoutenablement tristes, tu accouchas d'un dieu, de moi, de moi, de moi qui commande aux étoiles, qui veille sur la mer, qui s'étiole peu à peu, de plus en plus proche d'être néant, anti-matière, atteinte secrète à la pudeur, sais-tu pourquoi j'ose écrire cela ? eh bien tout simplement parce que tu es moins qu' humaine, tu es malade, sale schizophrène au coeur tâché,
je crache sur la morale,
je pisse sur la bienséance,
je décharge mon foutre sur ma mère, allez, regarde-moi dans les yeux à présent, le pourras-tu ? la folie me guette; j'outre-passe la frontière entre conscient et inconscient, entre le dire et le taire, je suis absurdement intègre, Pierre Anselmet hurle dans mon dos, un enfant coincé entre deux branlées, je suis ton fils, oui, et je pleure à présent, et je ris, et tout se mélange, et je suis d'une irréalité nouvelle, le radiateur ne peut plus rien pour moi, j'ai passé la frontière, il n'y a pas de retour possible, je viens de me condamner à mort, de me sacrifier sur l'autel du dégoût généralisé, génétiquement taré, malade moi aussi, j'ai la nausée, je hais l'humanité, je me dresse contre toi, mère, mère, je me presse contre toi, je veux tes bras, pitié, pitié, allo? hein? es-tu là? dis-moi, regarde-moi dans les yeux et dis-moi si tu m'aimes, je suis pitoyable, digne rejeton d'une famille dépossédée, enfant de la démence et du chaos, je veux crever la bouche ouverte, les tripes à l'air et les yeux révulsé. Je mérite au moins ça.
Re: Manifeste
Bon, c'est quelque chose... On va ouvrir le bal.
Est-ce un choix de mettre autant de virgules et si peu de points ? Est-ce pour forcer une lecture chaotique, précipitée ?
Je passe sur le langage (même si la langue est bien tournée), ce n'est pas mon genre de lecture, mais comme cela ne m'a pas laissée indifférente, il est normal de commenter.
La dernière phrase, après un discours pareil, semble en trop.
Il y a une rage, contrebalancée par endroits, comme si le narrateur voulait se défouler en sentant qu'il va trop loin. Mais, vraiment, la rage domine et laisse peu de place au lecteur pour faire la moindre pause : comme la mère, on s'en prend plein la gueule. Suis heureuse que le texte ne soit pas plus long, même si pas mal écrit. Suis réfractaire à tant de colère même si je suis une boule de colère à ce moment de la vie : qu'est-ce qui fait qu'on bascule de l'autre côté ?
Je souhaite, seulement, que la "mère" soit purement symbolique. ^^
Est-ce un choix de mettre autant de virgules et si peu de points ? Est-ce pour forcer une lecture chaotique, précipitée ?
Je passe sur le langage (même si la langue est bien tournée), ce n'est pas mon genre de lecture, mais comme cela ne m'a pas laissée indifférente, il est normal de commenter.
La dernière phrase, après un discours pareil, semble en trop.
Il y a une rage, contrebalancée par endroits, comme si le narrateur voulait se défouler en sentant qu'il va trop loin. Mais, vraiment, la rage domine et laisse peu de place au lecteur pour faire la moindre pause : comme la mère, on s'en prend plein la gueule. Suis heureuse que le texte ne soit pas plus long, même si pas mal écrit. Suis réfractaire à tant de colère même si je suis une boule de colère à ce moment de la vie : qu'est-ce qui fait qu'on bascule de l'autre côté ?
Je souhaite, seulement, que la "mère" soit purement symbolique. ^^
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Manifeste
Allo maman, bobo ! Content de te revoir par ici Yoni, ton écriture rageuse nous manquait.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Manifeste
J'aime ta violence, j'aime comme tu passes du "vous" au "tu", j'aime le crescendo de ton texte.
J'aime que tu dépasses la mesure. Virtuel ou vécu, cet acte est un désir absolu d'humilier cette mère que tu as tant désiré et qui te désirait aussi... différemment peut-être, ou peut-être pas.
J'aime que tu dépasses la mesure. Virtuel ou vécu, cet acte est un désir absolu d'humilier cette mère que tu as tant désiré et qui te désirait aussi... différemment peut-être, ou peut-être pas.
Re: Manifeste
Contente aussi de te revoir par ici
Je n'arrive pas trop pour l'heure à lire ton texte
J'y reviendrai
Je n'arrive pas trop pour l'heure à lire ton texte
J'y reviendrai
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re : Manifeste
Salut Yoni, ravi de te relire. Ce silence préparait bien cette manifestation qui fait du bien. Dans beaucoup de tes fulgurances, je me retrouve. Je ne suis pas le seul. Patrice Chéreau (le metteur en scène) dit qu'on ne parle jamais mieux des autres qu'en parlant soi. Exemple réussi. Et maintenant que faire après l'avoir dit ? Le silence, le trou, le mutisme, un terrotisme intime... Ton style, c'est la pulsation de ton urgence. On ne peut chipoter sur un raz de marée. Bravo pour ce désordre contrôlé.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Manifeste
J'ai lu, Yoni mais je ne commente pas. D'une part parce que ça remue des choses personnelles que je ne souhaite pas mettre en avant ici. Et parce que, comme souvent avec tes textes, je ne conçois pas un commentaire unique et à sens unique, il y a tant à dire, ça appelle le dialogue, l'échange.
Mais tu es là. Et ça c'est bien.
Mais tu es là. Et ça c'est bien.
Invité- Invité
Re: Manifeste
C'est à peu près presque tout à fait ce que j'allais dire. Ravi de te revoir, Yoni.Easter(Island) a écrit:J'ai lu, Yoni mais je ne commente pas. D'une part parce que ça remue des choses personnelles que je ne souhaite pas mettre en avant ici. Et parce que, comme souvent avec tes textes, je ne conçois pas un commentaire unique et à sens unique, il y a tant à dire, ça appelle le dialogue, l'échange.
Mais tu es là. Et ça c'est bien.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 33
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Manifeste
c'est un peu ça aussi
j'ai écrit je ne peux pas lire, je voulais écrire je ne peux pas commenter
j'ai écrit je ne peux pas lire, je voulais écrire je ne peux pas commenter
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Manifeste
moi je ne te connais pas , mais ça je calcule pas, dans le ton, dans le fond, c'est très loin de ce que j'aime.
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