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Barbie tue Rick

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Barbie tue Rick Empty Barbie tue Rick

Message  Jon Ho Mer 23 Mai 2012 - 10:00

Profitant de l’absence de son plantureux mari Ken, la blonde décide de se débarrasser de son amant Rick. Celui-ci n’existe à ses yeux que pour rendre Ken jaloux, mais ce dernier n’en ayant absolument rien à foutre, sa présence devient extrêmement gênante… Ce bougre de Rick pouvait débarquer à n’importe quel moment et faire intrusion dans son couple déjà bancal. Cette incoercible envie de tuer la ronge depuis de nombreuses années. Agacée par cette image de poupée désarticulée à l’extrême, jusqu’au summum de la souplesse, Barbie n’en peut plus de ces mains d’enfants qui la tripote. Elle aimerait bien montrer d’elle une image moins angélique, et par l’élaboration d’un plan machiavélique, prouver au monde qu’un peu de matière grise se cache sous la matière blonde. Rick est une vieille connaissance, fade, à la conversation plus que laborieuse. Tout l’opposé de Ken qui lui, est tout aussi fade, mais adore parler, où plutôt se raconter. Le détail de ses palpitantes activités quotidiennes, les heures de brushing en salle de bain, le lustrage des jantes de la Barbie-car à la brosse à dent… Rick n’arrive pas à la cheville de Ken, qui lui-même n’atteint pas le mollet du plus crétin des humains. Mais c’est sans importance. Sur le plan intellectuel, Barbie-Land se situe quelque part entre le néant et le vide absolu, là où le soleil de la connaissance est masqué à jamais par les cumulonimbus du consumérisme. Et c’est Mattel qui s’en met plein les poches, avec des accessoires qui sentent le poney mais paraissent indispensables dans le regard des petites filles bien sages.
Barbie a pensé à sa manière d’entrer en scène dans l’univers du crime. Pas d’objets contondants (elle a déjà du mal à planter un clou), ni tranchants (le sang ça tâche), pas de coup du lapin (c’est Barbie pas GIJoe) ni coup de flingue, ni coup de mascara (dans un objectif de meurtre, même Barbie se doute que c’est totalement inefficace). Un crime propre sans contact direct avec la victime. Qu’elle agonise loin, dans un laps de temps raisonnable et si possible sans gémir ou jouer une scène de tragédie grecque. Le cœur s’arrête brusquement et l’affaire est dans le sac. Après mûre réflexion (tout au plus 25 secondes de concentration pure pour Barbie) elle s’en remet à une dose mortelle de barbituriques diluée dans un verre de Knokando sans glace (la boisson favorite de Rick). 3 petits tours de touillette et puis Rick s’en ira en titubant tel un ivrogne dans un roman irlandais. Rick, l’instrument de la vengeance de Barbie, au-delà du simple geste, la symbolique de l’acte. Des décennies de maltraitance. Attendre noël dans l’humidité d’un placard, se faire coiffer sans ménagement jusqu’à 10 fois d’affilée, regarder ce gros con de Ken sourire uniquement pour faire briller ses dents. Plus jamais cette vie. Plus jamais forcée à faire le grand écart ou se retourner le bras, tordre sa tête à 380° comme dans l’exorciste, elle qui en plus n’a absolument pas envie de hurler à la face d’un prêtre un bon gros « Jésus te baise ».
Son nouvel idéal de mec, ce n’est plus le pseudo beau gosse aseptisé mais plutôt une machine de guerre dans le genre de Ken le survivant. Qui échappe à la mort non parce que le ridicule ne tue pas, mais en massacrant toute forme d’hostilité. Un warrior capable en un souffle de tuer une vingtaine de ces sales gamines qui l’ont tant fait souffrir. Elle veut juste refaire sa vie dans un Barbie-land un peu plus hardcore. Le sentiment d’oppression a muté en une profonde animosité, il était grand temps d’agir avant d’étouffer.
Barbie aime bien le monde homosexuel. Cependant, c’est plutôt dans un bar bi qu’elle donne rendez vous à Rick. Ce dernier tenant parfois des discours frôlant l’homophobie, il serait dommage que son plan tombe à l’eau pour ce genre de détail foireux.
« L’Anti-cortex, samedi à 21h ça te va ? Il me tarde de te revoir, Ken ne rentre pas avant lundi, on aura le week-end pour nous tout seul mon amour. Oui, tu viens seul, c’est mieux. Non ne ramène pas tes amis, c’est ni une partouze ni une réunion post-travail, juste un rendez-vous galant autour d’un verre. Un verre qui nous fera apprécier les joies sans fin de la simplicité d’être seulement tous les deux. Le bar sera sûrement plein à craquer, mais je ne verrais que toi, dans ma ligne de mire, exulter en un dernier jet tes incontestables capacités au bullisme, dans un élan de… Comment ? Tu ne comprends rien à ce que je te dis. C’est pas grave, retiens juste Samedi à 21h. Bonne soirée chou. »
Rick est ce genre de personne avec qui il ne faut pas trop tortiller autour de l’information principale. Éviter d’utiliser des mots de plus de 2 syllabes et bien articuler. Ce n’est pas qu’il soit totalement crétin mais presque. Tuer ce genre d’abruti c’était presque trop facile, mais pour une entrée en matière, cette proie fleurait bon le pain bénit. En fait, Barbie tue Rick parce que Ken n’est pas là quand lui prend cette irrépressible poussée de violence (et puis Barbie tue Ken c’est beaucoup moins drôle car ça ne veut rien dire).
Rick est un genre de businessman même s’il ne sait pas vraiment comment ça s’écrit. Quasi analphabète, il part le matin et rentre le soir, avec une vague impression de journée de travail accomplie. Son compte bancaire est copieusement crédité, il ne se pose pas plus de questions. Il ne sait pas vraiment s’il vend des voitures de luxe ou s’occupe des portefeuilles d’actions des hommes les plus riches de la planète. A Barbie-land, personne ne branle grand-chose mais tout le monde est riche, un genre de fantasme éveillé pour les smicard-pantouflard planqués au dernier étage d’une ANPE conciliante. Rick a dans ses jeunes années, joué au football américain mais ce n’est pas la violence des chocs au niveau cérébral qui peut expliquer la profondeur de sa débilité. C’est plus sournois, ça prend à la naissance et ça germe, ça se propage mais on survit. Du moins jusqu’à Samedi… Il me semble que Barbie-Land est aux États-Unis à équidistance de Santa Barbara et de Honolulu, quelque part sur la carte une petite croix rose, et des jouets qui allaient bientôt, enfin, s’amuser.

Barbie tue Rick, Roman publié aux éditions PUBLIBOOK, disponible depuis le 18 Mai 2012




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