L'ordre nouveau

L’ORDRE NOUVEAU

Ils ont fière apparence et de bonnes manières,
Ils sourient aux berceaux, pleurent aux cimetières,
Ils aiment bien les chiens, les marmots et les fleurs,
Le dimanche, à l’église, ils parlent au Seigneur,
Et qu’ils soient Auvergnats, Bretons ou Alsaciens,
Ce sont de bons Français, ce sont de bons chrétiens.
Mais quand, jetant le masque, ils hurlent dans la horde,
Il n’est point de pardon, point de miséricorde,
S’ils le pouvaient, ils dresseraient des piloris
Pour faire régner l’ordre, au nom de la patrie.

Ils incitent, front haut, à la haine raciale,
Tant vibre dans leur cœur la fibre nationale ;
Modernes chevaliers d’une fière croisade,
Ils pratiquent de nuit l’ignoble ratonnade,
Ils traquent l’immigré, l’intrus, le clandestin,
Comme d’autres le cerf, la grive ou le lapin.
Vénérant en secret le dictateur hurlant,
La croix gammée nazie et les trois K du Klan,
Niant la chambre à gaz et les fours crématoires,
Ils font de l’holocauste un détail de l’histoire.

Se campant dans les plis du drapeau tricolore
Que dans leurs défilés fièrement ils arborent,
Confisquant Jeanne d’Arc pour bouter hors de France
La puante racaille, la répugnante engeance,
Regrettant en secret la Sainte Inquisition,
Ils s’acquittent, sereins, de leur noble mission.
Partisans convaincus de la peine de mort,
Ils rêvent d’un état autoritaire et fort
Qui saurait démêler enfin le tien du mien,
L’étranger du Français, les parias des Aryens.

Ils gardent en leur cœur le souvenir gravé
Du guerrier conquérant, talons joints, bras levé,
Qui au nom de la race et de l’ordre nouveau,
Convoyait les wagons de Drancy à Dachau.
Prends garde ils sont partout, dans ta rue, ton village,
Sous un masque benoît camouflant leur visage,
Et moi qui les entends, et moi qui les connais,
Moi qui ne hais personne, je les hais, et je hais
La bête immonde en eux que l’on croyait vaincue,
Et qui sur les charniers, hideuse, a survécu.

C'est bien écrit l'ami et ce n'est pas sans style
Mais je n'aime pas cette gauche facile
Qui décrit, proscrit et qui le Mal annonce
Il est aisé d'exister à se trouver un ennemi qu'on dénonce
Mais bon sang à ce jeu on s'est amusé
Des années 50 à celles tristes et murées
des années 90, des lendemains roses qui déchantent.
Et aujourd'hui on est secs et l'on peine
A inventer un futur sans la haine.
C'est qu'en nous est l'ennemi
Lorsque l'on dénonce abandonnant la vie
Qu'on aime ce gris qui nous envahit
Qu'on le regarde et qu'il nous hante.

C'est au cordeau, jamais moralisateur comme on pourrait l'attendre, mais réfléchi.
Et en plus le rythme sobre coule de source

Beaucoup de souffle dans ces alexandrins
Un superbe et virulent mélange de panache et d'expressions populaires.
Tu n'y vas avec une pince à sucre, mais on n'est pas non plus dans un salon de thé.
Tu ne serais pas par hasard, un descendant caché de Victor Hugo ?

Ouf ! Quel écrit !!!
Un poème hugolien à la forme parfaite. J'apprécie la description minutieusement exacte de ce type d'individus.
" Sous un masque benoît camouflant leur visage " tellement vrai !
Moi aussi je ne hais personne et respecte tout un chacun, à condition tout de même que ce tout un chacun soit
" respectable ".
Merci Albert-Robert pour ce portrait saisissant.

C'est ma fois de la poésie énergique et c'est pas mal foutu, tu sais écrire.
Mais c'est aussi subtil je trouve que l'humour délicat du patriarche du Front National, avec ses Durafours crématoires and co.

"Modernes chevaliers d’une fière croisade,
Ils pratiquent de nuit l’ignoble ratonnade,
Ils traquent l’immigré, l’intrus, le clandestin,
Comme d’autres le cerf, la grive ou le lapin.
Vénérant en secret le dictateur hurlant,
La croix gammée nazie et les trois K du Klan,
Niant la chambre à gaz et les fours crématoires,
Ils font de l’holocauste un détail de l’histoire.

Ils gardent en leur cœur le souvenir gravé
Du guerrier conquérant, talons joints, bras levé,
Qui au nom de la race et de l’ordre nouveau,
Convoyait les wagons de Drancy à Dachau.
Prends garde ils sont partout, dans ta rue, ton village"

Bah ça représente qui ça ? Quel pourcentage infinétésimal de la population ? Moi yen avoir jamais rencontré des comme ça et pourtant dieu sait que y compris dans ma famille proche je cotoie des électeurs du Front National, des distillateurs de venin, des dépositaires et distributeurs de haine, des constipés de l'amour interracial et tutti quanti. Des gens trés différents venus d'horizons trés différents niveau de culture extremement varié et avec des motivations parfois dissemblables. Yen a même qui pourraient me sembler sympathiques si je ne connaissais leurs coupables penchants électoralistes. Rien à voir avec les chemises brunes que tu décris!
Ils ne ressemblent en rien à ce portrait. Dieu sait que j'en ai connu des névrosés de la race et des pourfendeurs de l'altérité, chez des blancs des jaunes des noirs des juifs musulmans ou cathos , pour ça c'est cool ma famille est multiculturelle, et mes amours le furent, ceux de mes enfants itou....j'ai bien observé la méfiance de part et d'autre , j'ai bien entendu les frilosités , apprécié les apriori and co dans tous les milieux que j'ai cotoyé. Puis le prêt à penser que chaque "tribu" s'érige en catéchisme....

Or si l'on veut débusquer les facheux et les fachos, et dans tous les camps ethniques , paske le politiquement correct parfois les circonscrit à une appartenance bien précise) et les empecher d'occuper le terrain , il faut pas se mettre des oeillères devant les yeux ni refuser d'observer les enjeux et réalités d'AUJOURD'HUI ( même si on peut considérer que la haine est un poison universel , et intemporel) . Quel intérêt de combattre des nazis aujourd'hui ? C'est pas eux qui distillent le venin le plus puissant. Ce sont des clowns des marionnettes. Le citoyen ordinaire, celui qui a peur,(et pourrait on se demander pourquoi il a peur, de quoi il a peur, comment il a peur?) est bien plus puissant que n'importe quelle brute adorateur de la croix gammée
Pour moi quand on a besoin d'évoquer Hitler, les nazis, le ku klux klan pour aborder les problèmes contemporains, c'est qu'on doit avoir une argumentation bien faible par rapport aux valeurs qu'on prétend défendre, je pense vraiment que cet argumentaire caricatural passéiste et complétement à côté de la plaque n'est qu'une démonstration de faiblesse. Quand on veut combattre un ennemi, quand on veut haïr efficacement, le minimum est de cerner l'adversaire.

Avant de réfléchir à : comment faire évoluer la situation. Parce que ça mange pas de pain d'assimiler "l'autre" à un nazi, c'est tellement un méchant qu'il y a qu'à l'assassiner personne ne le regrettera c'est un monstre , oui c'est pratique "la bête immonde" ça évite de se confronter à SOI et aux questions tellement plus compliquées à résoudre

Mais bon un poète reste un poète il n'est pas censé se contenter d' analyser la réalité avec justesse , on attend autre chose de lui, et s'il a du talent et de la conviction, on peut apprécier ce qu'il faut d'énergie pour envoyer ses mots comme un poing dans la gueule
(quitte à se tromper de tronche héhéhé)
Donc merci

Merci à la modération et à toi, REBECCA, d'avoir appuyé ma demande car, manifestement, nous ne nous sommes pas bien compris.
En effet, je suis parfaitement d'accord avec le début de ton intervention puisqu'il semble que nos points de vue convergent sur les sympathisants, sur les électeurs du Front National.

Le malentendu commence lorsque tu écris "rien à voir avec les chemises brunes que tu décris". Évidemment ! Ce n'est pas eux que je dénonce. Ceux-là votent Front National par désespoir, non par adhésion. Ils peuvent être dangereux à leur insu, sans avoir l'intention de nuire, en donnant du poids à des valeurs extrêmement nocives qu'ils ignorent. Loin de moi l'idée de les assimiler à des chemises brunes. Au contraire, je tente de les mettre en garde : "Prends garde, ils sont partout, dans ta rue, ton village / Sous un masque benoît camouflant leurs visages"

Plus loin, tu demandes "quel intérêt de combattre les nazis aujourd'hui ?" et puis "le minimum est de cerner l'adversaire" . Mais justement, il est là, l'adversaire, et ce qui, il y a peu de temps n'était que des groupuscules néo-nazis, devient peu à peu en Europe (pour rester chez nous) des mouvements structurés et de plus en plus influents. Ce sont ces gens-là qui ont organisé en Autriche, à visage découvert, les festivités auxquelles Marine Le Pen s'est empressé de participer, sachant pertinemment où elle mettait les pieds. Elle ne se revendique pas d'être néonazie, mais qui sont ses amis, ses alliés ? Et son père, condamné pour "complicité d'apologie de crimes de guerre et de contestation de crimes contre l'humanité", qui, récemment encore (pendant la campagne présidentielle), se réclamait de l’écrivain Robert Barcillach qui pronait "un fascisme à la française, qui soit allié au nazisme"
Ce sont toutes ces têtes que j'attaque, (et je ne me trompe pas de tronche) pas ceux qui les suivent sans savoir. Je ne les traite pas de "bête immonde", tu n'as pas bien lu : je parle de la bête immonde qui est en eux.

Nous sommes ici dans le virtuel, mais je t'assure que mon combat réel n'est pas "passéiste", que, s'agissant des têtes, il n'est (malheureusement) pas "caricatural", et qu'il est tout sauf une " démonstration de faiblesse"

Je crois donc pouvoir réaffirmer que je ne me "trompe pas de tronche" et que je ne suis pas "à côté de la plaque". J'ai les pieds en plein dessus.

Cordialement

bonjour,
je reste hermétique à ton écriture Albert-Robert, je ne sais pas pourquoi, ou plutôt si, c'est trop bien huilée... ça me fait penser à un char d'assaut... direct au but ! en avant toute !

Encore un écrit malheureusement très réaliste.
Il n'est que se rappeler toutes les dénonciations pendant la dernière guerre
contre les juifs ou autres.
Oui, hélas la bête est bien en nous réveillée par des tribuns qui en ont compris
l'intérêt depuis longtemps.

Cordialement

calijo