Annabelle Annabelle (romance noire)
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Sahkti
AliceAlasmartise.
pachyderme
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Annabelle Annabelle (romance noire)
I- en allant vers les collines
Annabelle est morte aujourd’hui
L’été attend la pluie
Le volant de ma voiture brûle
Le goudron brille et fond
Le soleil et son plomb
Tombe en faussant nos calculs.
Je roule à fond, à cent cinquante
Sur le périphérique
Songeant à ma descente
Aux enfers. Ma vie illogique.
II- Annabelle au bord de l’eau
Je me rappelle Annabelle
La première fois que je t’ai vu
Tu faisais tremper tes pieds nus
Assise sur la margelle
Du bassin au parc et
Je t’ai aussitôt remarquée
Pourtant l’endroit était bondé
Mais le bombé de ton pied
Que tu sortais négligemment
De l’eau, régulièrement
Me jetait des éclairs dans l’œil
Reflets de ta peau de soleil.
Annabelle, ma merveille
Pour toi j’ai laissé mon orgueil
Tu ressemblais à une indienne
Tes longs cheveux noirs et sauvages
De maya ou de reine
Ont semé le ravage
Et m’ont brulé les veines
Annabelle, je revois la scène
De notre rencontre un peu folle
Moi j’étais déjà loin du sol
J’ai glissé sur ton sac à main
Je suis tombé dans le bassin
Tu avais un rire aérien
Et ta main, tes doigt fins
M’ont tirés hors de l’eau
Annabelle m’as-tu trouvé beau ?
Annabelle, irréelle
Et si exceptionnelle
Que j’ai cru à un don du ciel
Je te trouvais pareille
Aux rayons tombés du soleil
Tu étais la beauté
Annabelle, tu étais.
III- Annabelle sous les rideaux blancs
La météo prévoyais
Un été caniculaire
En ce début de juillet
Les gens disaient manquer d’air
L’herbe commençait à jaunir
On s’inquiétait pour l’avenir
Mais moi je m’en foutais
Et les après-midi passaient
Sous les grands rideaux blancs tirés
À sauvagement baiser
À tendrement baiser
À baiser et encore baiser
Sans pouvoir s’arrêter
.
Puis à la nuit tombée
Filer tous les deux en ville
Se promener le long des quais
Poser mes lèvres sur tes cils
Te sentir qui m’enlace
Aller manger des glaces
Trouver du vin et se soûler
Et voir le soleil se lever
T’écouter respirer
Et s’endormir à tes côtés.
IV- l’attente
Robe trouée sur sa peau bleue
Le ciel était nuageux
Et la lumière changeante
La foule avançait lente
Sur l’asphalte brûlante
Annabelle avait trente
Minutes de retard
Moi, en terrasse au bar
Je l’attendais, fébrilement.
Depuis huit jours maintenant
Que l’on se connaissait
On ne s’était jamais quittés.
Au travers des nuages
Le soleil avait reparu
Il frappa mon visage
Et me troubla la vue.
Il a éclaté dans mon cou
Ton baiser tout à coup
Il m’a rendu un peu moins lourd
Le son de ton bonjour
V- Daniel dit Dan
Mais la persistance d’une ombre
Encombrait ma rétine
Silhouette aux cheveux sombres
Longue étrangère et fine
Devant moi se tenait un homme
Aux traits sinueux comme
Les crénelures sombres du ciel
Il s’appelait Daniel
Se faisait appeler dan
Les portes condamnées
Ou les maisons hantées
Font songer à ce crâne
À ces longs yeux fermés
À cette obscurité
Qui émanait de dan
Comment l’avait-il rencontrée
Il gardait ce secret
Au tréfonds de son âme
Je n’aurais pas dû la laisser
Même une heure s’en aller
Qui dit la météo des drames ?
VI- étrangetés
Annabelle aimait que les rêves
Soient démultipliés
Soient des jungles liées
Des voiles qu’on soulève
Annabelle aimait les miroirs
Maudits qui nous transportent
À la manière des portes
Du réel au bizarre
Annabelle aimait les siamois
Et les gémellités
La double identité
Trouvait que dan et moi
Avions l’air de deux frères
D’ennemis héréditaires
D’hémisphères opposés
Ou d’un arche brisé
VII- inquiétude
Je n’ai jamais été jaloux
Et Dan avait toujours
L’air détaché de tout
Y compris de l’amour
Je n’ai jamais je crois
S’il faut parler de moi
Vécu que pour cela
Que pour un moment là
Dans les bras de cette femme
À la proue de mon âme
Quelque chose menaçait
Pour moi dan était fou
La chaleur de l’été
Me frappait tout à coup.
VIII- dans l’ombre
Annabelle éteinte c’est
La langueur étouffée
De la mouche tsétsé
Quand la nuit tombe et fait
Hululer les clébards
Et grogner les clochards
Dan le soleil se terre
C’est une mise en bière
Oh vampire de lumière
Oh dieu des vers de terre
Dan damné tu l’hypnotisais
Dan damné tu la fascinais
Je me rappelle j’ai vu
Comme tu changeais Annabelle
C’est la vérité nue
Il te maintenait par les ailes
Dan damné tu l’hypnotisais
Dan damné tu la fascinais
IX- l’objet
Derrière les draps de rechange
Sur l’étagère du haut
Se trouve un objet que l’on range
Ou que l’on cache, plutôt
C’est à la fois noir et luisant
Dérisoire en un sens
Oui mais c’est mortel et ça lance
Des éclairs écrasants
Annabelle a un revolver
Qu’elle a trouvé par terre
Un matin dans la rue
Un peu de mort perdue
Ou laissée à dessein
Pour peindre en rouge un sein
Les armes m’inspiraient
Une terreur sacrée
À n’en plus respirer
J’ai refusé de le toucher
Annabelle a semblé déçue
Tant pis dit-elle, n’en parlons plus.
X- dans l’appartement de Dan
Dans l’appartement de Dan
Les murs couverts de tentures
Tombaient comme des lianes
Ou bien des chevelures
Les fenêtres ouvertes
Ombrées de rideaux lourds
Formaient la lame offerte
À la lumière du jour
Dans une pièce nue
Blanche et mieux éclairée
S’exposait à la vue
Dans un carré vitré
Des ciseaux et des lames
Toute une collection
Son unique passion
Son seul éclair dans l’âme
XI- aujourd’hui
C’était, je l’avais écouté
Dire à la météo
L’un des jours les plus chaud
Que l’on ai jamais éprouvé
Aujourd’hui trente-et-un juillet
Aujourd’hui trente-et-un juillet
J’avais laissé se consumer
Au fond du cendrier
Ma dernière cigarette
J’avais presque perdu la tête
Aujourd’hui trente-et-un juillet
Aujourd’hui trente-et-un juillet
Le soir serait semé d’éclairs
Et de pluie et de vent
Il y avait vraiment
De l’électricité dans l’air
Aujourd’hui trente-et-un juillet
Aujourd’hui trente-et-un juillet
Dans l’appartement d’Annabelle
J’ai cru devenir dingue
Dans l’appartement d’Annabelle
J’ai mis la main sur le flingue
Aujourd’hui trente-et-un juillet
Un sale pressentiment
Aujourd’hui trente-et-un juillet
M’a mené précipitamment
Aujourd’hui trente-et-un juillet
À rejoindre l’appartement
Aujourd’hui trente-et-un juillet
De Dan et de ses instruments
La porte était fermée
Cependant je savais
Où Dan avait caché
Un double de ses clefs
Je suis entré à l’intérieur
C’était il y a presque deux heures
Le ciel s’est couvert depuis
Bientôt, bientôt la pluie
XII- éblouissement
Il y avait ses grands
Très grands ciseaux d’argent
Et puis évidemment
Il y avait le vent
Le vent qui se soulève
Le vent qui se soulève
Qui joue dans les rideaux
Et l’argent des ciseaux
Frappé de jour alors
Brille comme de l’or
Il y avait haut placé
Un crochet découvert
D’où pendait mains en l’air
Annabelle enchainée
Et derrière elle Dan
Les ciseaux à la main
Voulant trancher le lien
Reliant l’épaule au crâne
De ma douce Annabelle
Il y a eu le vent
Soulevant comme une aile
Les rideaux ces géants
Il y a eu mon œil
Tranché par le soleil
Il y a eu mon œil
Tirant sur le soleil
Il y a eu ce rouge
Rouge au sein d’Annabelle
Cet autre corps qui bouge
Encore au-dessous d’elle
Voulant le tuer lui
J’ai blessé lui et elle
J’ai jeté l’arme, j’ai fui
Emmenant Annabelle
Mais arrivé dans la voiture
À peine avais-je fermé la porte
Qu’elle était déjà morte
Je suis parti à toute allure
XIII- Annabelle Annabelle
Annabelle est morte aujourd’hui
Et bientôt l’odeur de la pluie
Tombera sur la terre
Mais pas sur nous Annabelle
Nous je nous envois au ciel
Nous je nous envois en l’air
J’ai pris la route des collines
Et l’étendue citadine
S’écrase devant nous
Je défonce le garde-fou
Je nous envois en l’air
Mon Annabelle en l’air
Je nous envois au ciel
Mon Annabelle au ciel
Annabelle Annabelle
J’ai suspendu ton image
Au-dessus des nuages
Annabelle Annabelle
Pour te rendre la lumière
J’ai percé l’univers
Annabelle Annabelle
Ils sont finis les jours sombres
Plus d’éclairs mêlés d’ombre
Annabelle Annabelle
Suis-moi l’orage ne gronde
Jamais sur l’autre monde
Annabelle Annabelle
Je vois déjà briller d’un feu
Infini tes cheveux
Annabelle Annabelle
Annabelle Annabelle
Annabelle Annabelle
(on entend le tonnerre, la pluie commence à tomber)
Fin
pachyderme- Nombre de messages : 72
Age : 37
Date d'inscription : 10/12/2011
Re: Annabelle Annabelle (romance noire)
C'est dommage de l'avoir publié en une fois, car la longueur a l'air d'avoir découragé les lecteurs
Pourtant c'est un beau poème, et ça se lit facilement
Alors je le fais remonter, ce serait vraiment du gâchis de le laisser sans réponse
Allez, les pouèts, un peu de courage, sans les retours à la ligne, c'est plus court que bien des proses! :-)
Pourtant c'est un beau poème, et ça se lit facilement
Alors je le fais remonter, ce serait vraiment du gâchis de le laisser sans réponse
Allez, les pouèts, un peu de courage, sans les retours à la ligne, c'est plus court que bien des proses! :-)
Re: Annabelle Annabelle (romance noire)
Bien peu de commentaires pour un si joli texte ! Allez hop !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Annabelle Annabelle (romance noire)
La longueur n'est peut-être pas tout le temps l'alliée du texte, dommage mais en même temps, elle n'est pas inutile car elle permet de raconter une histoire. Je me demande tout de même si il n'y aurait pas moyen d'alléger quelques peu en supprimant certains vers, tout n'a pas besoin d'être narré par le menu (et en même temps, rien à faire, je relis et tout apporte quelque chose, pas facile de choisir quoi enlever, même si certaines explications ne me paraissent pas totalement indispensables).
Le début est très alléchant, c'est froid, sec, ça intrigue et puis retour en arrière, une histoire se déroule sous nos yeux, avec ses joies, ses malheurs et ses mystères, ses drames surtout, ses crimes... ça me paraît bien mené et je ne regrette pas d'être allée jusqu'au bout.
Le début est très alléchant, c'est froid, sec, ça intrigue et puis retour en arrière, une histoire se déroule sous nos yeux, avec ses joies, ses malheurs et ses mystères, ses drames surtout, ses crimes... ça me paraît bien mené et je ne regrette pas d'être allée jusqu'au bout.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Annabelle Annabelle (romance noire)
C'est long mais ça vaut le coup.
Epuré de quelques longueurs, le cachet de ton stylo faisant foi...
Epuré de quelques longueurs, le cachet de ton stylo faisant foi...
Re: Annabelle Annabelle (romance noire)
Je l'ai lu deux fois,
la première fois une course folle.
La seconde pour voir s'il fallait enlever.
Rien.
Rien n'est à enlever.
C'est long, mais vraiment,
vraiment...
très bien.
chapeau.
la première fois une course folle.
La seconde pour voir s'il fallait enlever.
Rien.
Rien n'est à enlever.
C'est long, mais vraiment,
vraiment...
très bien.
chapeau.
Invité- Invité
Re: Annabelle Annabelle (romance noire)
Pachyderme semble vouloir renouer avec une coutume ancienne : toute une histoire, voire même tout un roman, en vers. Je pense à Mireille de Frédéric Mistral, Jocelyn de Lamartine, etc.
Ce qui fait peut-être paraître le texte très long, c'est la brièveté des vers.
Je pense qu'il mériterait d'être rendu plus concis, mais il se lit sans déplaisir.
Un peu de mort perdue
Ou laissée à dessein
Pour peindre en rouge un sein, j'aime bien.
Aux traits sinueux comme
Les crénelures sombres du ciel, là par contre, c'est une image que j'ai du mal à me représenter.
Quelques remarques orthographiques (ou fautes de frappe)
La première fois que je t'ai vu(e)
La météo prévoyais(prévoyait)
Ou d'un(e) arche brisé(e)
s'expose(nt) à la vue; au pluriel puisqu'il y a plusieurs sujets
Que l'on ai(t) jamais éprouvé
Je suis entré à l'intérieur (pléonasme)
Nous je nous envois(envoie)
Ce qui fait peut-être paraître le texte très long, c'est la brièveté des vers.
Je pense qu'il mériterait d'être rendu plus concis, mais il se lit sans déplaisir.
Un peu de mort perdue
Ou laissée à dessein
Pour peindre en rouge un sein, j'aime bien.
Aux traits sinueux comme
Les crénelures sombres du ciel, là par contre, c'est une image que j'ai du mal à me représenter.
Quelques remarques orthographiques (ou fautes de frappe)
La première fois que je t'ai vu(e)
La météo prévoyais(prévoyait)
Ou d'un(e) arche brisé(e)
s'expose(nt) à la vue; au pluriel puisqu'il y a plusieurs sujets
Que l'on ai(t) jamais éprouvé
Je suis entré à l'intérieur (pléonasme)
Nous je nous envois(envoie)
Invité- Invité
Annabelle Annabelle
Rien à ajouter au com. d'Embellie qui reflète très exactement ma propre appréciation
Albert-Robert- Nombre de messages : 492
Age : 81
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 21/04/2012
Re: Annabelle Annabelle (romance noire)
Quand la nuit tombe et fait
Hululer les clébards
quelle race les chiens, je m'en souviendrai
j'ai bien aimé
nouga- Nombre de messages : 329
Age : 71
Localisation : ou l'iode enivre
Date d'inscription : 30/05/2012
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