Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
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Yoni Wolf
Janis
boudi
7 participants
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Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
oups, inattentif j'ai laissé une faute très vilaine possibilité de remplacer par ce texte ci :
Je me suis souvent imaginé acteur de théâtre avec cette vie entière pour scène et entendant dans tous les bruits ordinaires une rumeur de public. Dans les grands éclats de voix des trains le bavardage des critiques. Si au dernier jour, parlant de ma vie, on pouvait inscrire sur mon front-épitaphe « Quelle mauvaise pièce, mais quel acteur ! ». A tout le dramatique je me suis essayé, toutes les voix dans ma bouche je les ai portées et pour ce faire tant de lèvres goûtées. Des sucrées comme si elles avaient dix ans, des amères comme de l'aubépine en fleur, des austères aussi qui jamais n'avait pu dire « je t'aime » autrement que par les mains. J'ai goûté des bouches mutines et des marines si belles que je les appelais coquillages fabuleux. Tant j'ai vécu, tant ma vie a suivi sa route à sa déroute. A faire quoi d'autre que ce grand chant longtemps, toutes cette matière sonore à inventer dans le grand rire content que mon cœur battant. Toujours dire « vivant » à chaque pas, à chaque fois que la démesure devait remplir mes paumes de frémir et de cédilles. J'ai gardé les mains ouvertes pour accueillir tous les visages, tous les yeux de cruautés. Tous ces orphelins de la beauté par mes phalanges désunies leur faire demeure. J'ai bu un vent si pur que je l'ai oublié comme un alcool trop gai. Vivre, vivre, vivre toujours et partout, j'ai suivi mon destin compliqué jusqu'à son terme, je me suis élevé bien haut et j'ai retenu la leçon, le ciel est rigide comme une paume sévère; aimer est l’extrémité de mon balbutiement.
C'est fait boudi, mais c'est mieux de faire ses demandes ici : http://www.vosecrits.com/t6789-pour-les-demandes-a-la-moderation-modifications-catalogue-vos-ecrits-c-est-ici (dans Conversations).
Merci.
La Modération
Je me suis souvent imaginé acteur de théâtre avec cette vie entière pour scène et entendant dans tous les bruits ordinaires une rumeur de public. Dans les grands éclats de voix des trains le bavardage des critiques. Si au dernier jour, parlant de ma vie, on pouvait inscrire sur mon front-épitaphe « Quelle mauvaise pièce, mais quel acteur ! ». A tout le dramatique je me suis essayé, toutes les voix dans ma bouche je les ai portées et pour ce faire tant de lèvres goûtées. Des sucrées comme si elles avaient dix ans, des amères comme de l'aubépine en fleur, des austères aussi qui jamais n'avait pu dire « je t'aime » autrement que par les mains. J'ai goûté des bouches mutines et des marines si belles que je les appelais coquillages fabuleux. Tant j'ai vécu, tant ma vie a suivi sa route à sa déroute. A faire quoi d'autre que ce grand chant longtemps, toutes cette matière sonore à inventer dans le grand rire content que mon cœur battant. Toujours dire « vivant » à chaque pas, à chaque fois que la démesure devait remplir mes paumes de frémir et de cédilles. J'ai gardé les mains ouvertes pour accueillir tous les visages, tous les yeux de cruautés. Tous ces orphelins de la beauté par mes phalanges désunies leur faire demeure. J'ai bu un vent si pur que je l'ai oublié comme un alcool trop gai. Vivre, vivre, vivre toujours et partout, j'ai suivi mon destin compliqué jusqu'à son terme, je me suis élevé bien haut et j'ai retenu la leçon, le ciel est rigide comme une paume sévère; aimer est l’extrémité de mon balbutiement.
C'est fait boudi, mais c'est mieux de faire ses demandes ici : http://www.vosecrits.com/t6789-pour-les-demandes-a-la-moderation-modifications-catalogue-vos-ecrits-c-est-ici (dans Conversations).
Merci.
La Modération
Re: Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
Je suis à chaque fois séduite par cette façon d'écrire, ces images inattendues, cette poésie.
Je ne sais vraiment pas pourquoi tes textes restent si longtemps sans commentaires...
Je ne sais vraiment pas pourquoi tes textes restent si longtemps sans commentaires...
Invité- Invité
Re: Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
Je trouve grandes, fortes, belles, exaltantes les premières (jusqu'à "acteur !") et dernières (à partir de "J'ai bu un vent") lignes de ce texte. Non pas que entre les deux ce soit mauvais, c'est juste un tout petit degré en-dessous.
Invité- Invité
Re: Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
boudi, tu fais partie de ceux que je lis systématiquement, même si je reste souvent silencieuse (commenter n'est pas facile), et je visite aussi ton site.
Je suis sensible à la beauté un peu douloureuse de ton écriture, et aux images qu'elle fait naître
Je suis sensible à la beauté un peu douloureuse de ton écriture, et aux images qu'elle fait naître
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
J'ai plutôt aimé, même si certaines métaphores (j'ai bu un vent) ne m'évoquent rien et me semblent superflues. Comme si tu sacrifiais l'évidence au nom de l'originalité. Je pense donc qu'il faudrait tailler dans le vif.
Re: Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
Il y a évidemment de très belles choses, un rythme, un balancement qui épouse l'image et la renforce, des formules qui font sens. Mais un côté absolu qui ménage quelque chose d'agaçant pour moi, une manière d'énumérer et de parler de tout, de la vie, des actes, comme un besoin de réunion assez surfait parce qu'il échafaude une poésie qui n'est que ça, poésie. Une espèce de retour sur soi dont l'inconditionnalité ne se légitimerait que par son intégration dans le processus poétique ; voilà comme je l'ai perçu.
C'est plutôt dans la tonalité générale, mais cette phrase me semble symptomatique :
« Tant j'ai vécu, tant ma vie a suivi sa route à sa déroute. »
C'est plutôt dans la tonalité générale, mais cette phrase me semble symptomatique :
« Tant j'ai vécu, tant ma vie a suivi sa route à sa déroute. »
Invité- Invité
Lyrique.
C'est lyrique. On finit par s'y perdre, étourdis, comme par ce vin vite oublié dont tu parles.
Et on sort de là en ayant oublié, justement, de quoi ça parlait.
Du style, des images, de la métaphore...
J'avoue me sentir mal équipé cognitivement, peu qualifié pour juger de ce genre de textes. Je ne porterai donc pas d'appréciation ( déjà qu'en temps ordinaire, ça n'a rien d'évident )...
Au plaisir,
Ubik.
Et on sort de là en ayant oublié, justement, de quoi ça parlait.
Du style, des images, de la métaphore...
J'avoue me sentir mal équipé cognitivement, peu qualifié pour juger de ce genre de textes. Je ne porterai donc pas d'appréciation ( déjà qu'en temps ordinaire, ça n'a rien d'évident )...
Au plaisir,
Ubik.
Re: Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
Ta poésie a la préciosité (non péjorative), l'amplitude, la profondeur, ce lyrisme dont parle Ubik, d'un Supervielle -dans un tout autre style évidemment-. Ne t'étonne pas d'être, comme lui, mal compris.
Et Lu-k a pointé une chose importante aussi : l'égocentrisme des propos . C'est dans cette perspective que le vieillissement effraie, vu comme un éloignement du centre, du soi-source de sensations pures.
Vivre , se risquer sur d'autres voies, c'est accepter de co-naître. L'altérité. Devenir l'autre soi-même, infiniment, comme des feuillages. Bienvenue au club...
Tarissement? Résurgence!
Et Lu-k a pointé une chose importante aussi : l'égocentrisme des propos . C'est dans cette perspective que le vieillissement effraie, vu comme un éloignement du centre, du soi-source de sensations pures.
Vivre , se risquer sur d'autres voies, c'est accepter de co-naître. L'altérité. Devenir l'autre soi-même, infiniment, comme des feuillages. Bienvenue au club...
Tarissement? Résurgence!
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
Mais c'est délibéré, ça change tout, cette critique m’apparaît plus éthique qu'esthétique, le comédien songe plus à se mettre en valeur qu'à se sacrifier pour le drame, il s'isole d'un tout, toute la lumière est concentrée sur sa seule personne, c'est oui irréel, injuste peut-être, mais le beau s'y trouve, je trouve que c'est assez, je trouve cool un mégalo, un mytho qui s'assume, artistiquement parlant bien sûr...lu-k a écrit:une manière d'énumérer et de parler de tout, de la vie, des actes, comme un besoin de réunion assez surfait parce qu'il échafaude une poésie qui n'est que ça, poésie.
Sith- Nombre de messages : 13
Age : 30
Date d'inscription : 31/07/2012
Re; Aujourd'hui la vie...
Un peu plus de simplicité. Pour dire quoi en somme ? Envie de vivre, hymne à... Gargarisme verbal parfois. Remplissage. "Grands éclats... grands rires...". Beaucoup de grandiose ! On aurait envie que tu serres ton propos, plus près de toi, en toi. Mauvaise pièce mais aussi mauvais, acteur qui se vautre dans l'artifice, la grandi-loquence. Va chercher davantage à la racine, à la source de tes émotions. Méfie-toi des mots. J'aime bien "le ciel est rigide et un peu sévère". Excuse la mienne de sévèrité... C'est difficile l'exigence envers soi-même. J'écris tout cela car moi aussi je passe par les mêmes tromperies, et je m'en veux. Je voudrais de faire bénéficier de mon "expérience", mon trajet... si possible en toute modestie, mais avec empathie. Plus tu chercheras le mots juste envers ton ressenti, plus tu seras heureux de cette honnêteté intime, et tu avanceras vers le lecteur. Continue, creuse, écoute, laisse venir... Merci à toi pour la remise en cause.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Aujourd'hui la vie a défait ses cheveux noirs
C'est toujours terrible de faire face à qui n'a pas compris qu'écrire ce n'était pas nécessairement dire. Que pour moi, même, ce ne devait jamais être dire. La voix si je l'admets c'est dans le chant. La parole n'entre pas ici. Il n'y a aucune place pour son minuscule bagage.
Dire je le fais tous les matins aux tribunaux d'habitude. Le bonjour à la boulangère dont je ne peux pourtant me souvenir du visage. Dans le "clic" de l'interrupteur. Dans le rire poli de qui je n'ai pas écouté.
Je ne veux pas raconter des histoires. Il y a des cinémas pour les regarder en 3 dimensions même, dolby surround, avec pop-corn qui fait dans la bouche un bruit de cœur brisé.
On peut ne pas aimer cette façon d'écrire, de chanter mais je refuse qu'on la "moralise" qu'on lui oppose un "bien". Non pas un "mieux faire" mais une façon toute différente. Je ne veux pas me convertir à ta religion, je ne veux pas de tes dents en ordre, de ta mèche raccourcie jusqu'à un Dieu minuscule et ordonné. Lis Paulhan "les fleurs de Tarbe ou la terreur dans les lettres". Même Artaud tous ceux là qui ont mis leurs pouls dans leurs cris et leurs cris au dessus de tout.
Priver quiconque de ses gestes, lui dire avec cet air d'être revenu de tout -mais parti les yeux crevés, Insensible à la lumière de n'y avoir rien vu- "tiens prends mes maladresses pour raison". Quelle horreur. Être interdit de soi-même ! Banni de sa propre voix.
J'ai parcouru à l'instant ce que toi tu dis.
Moi je crie. Et peut être le cri sonne faux -j'espère qu'au moins il crève des tympans mais dans un monde de sourd... Mais voilà je l'eructe comme ça, et le plus souvent comme j'ai pu. Je ne bavarde pas -je ne dis pas que parfois il arrive que s'interpose un glaire dans mon hurlement- et le lecteur est pour moi davantage un juge qu'un interlocuteur. Je ne lui dis pas "voilà une vérité, qui j'espère t'aidera". Mais "c'est tout ce que j'ai fait, maintenant décide".
Dire je le fais tous les matins aux tribunaux d'habitude. Le bonjour à la boulangère dont je ne peux pourtant me souvenir du visage. Dans le "clic" de l'interrupteur. Dans le rire poli de qui je n'ai pas écouté.
Je ne veux pas raconter des histoires. Il y a des cinémas pour les regarder en 3 dimensions même, dolby surround, avec pop-corn qui fait dans la bouche un bruit de cœur brisé.
On peut ne pas aimer cette façon d'écrire, de chanter mais je refuse qu'on la "moralise" qu'on lui oppose un "bien". Non pas un "mieux faire" mais une façon toute différente. Je ne veux pas me convertir à ta religion, je ne veux pas de tes dents en ordre, de ta mèche raccourcie jusqu'à un Dieu minuscule et ordonné. Lis Paulhan "les fleurs de Tarbe ou la terreur dans les lettres". Même Artaud tous ceux là qui ont mis leurs pouls dans leurs cris et leurs cris au dessus de tout.
Priver quiconque de ses gestes, lui dire avec cet air d'être revenu de tout -mais parti les yeux crevés, Insensible à la lumière de n'y avoir rien vu- "tiens prends mes maladresses pour raison". Quelle horreur. Être interdit de soi-même ! Banni de sa propre voix.
J'ai parcouru à l'instant ce que toi tu dis.
Moi je crie. Et peut être le cri sonne faux -j'espère qu'au moins il crève des tympans mais dans un monde de sourd... Mais voilà je l'eructe comme ça, et le plus souvent comme j'ai pu. Je ne bavarde pas -je ne dis pas que parfois il arrive que s'interpose un glaire dans mon hurlement- et le lecteur est pour moi davantage un juge qu'un interlocuteur. Je ne lui dis pas "voilà une vérité, qui j'espère t'aidera". Mais "c'est tout ce que j'ai fait, maintenant décide".
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