C'est la faute au soleil
+4
Frédéric Prunier
Albert-Robert
Maryse
Marvejols
8 participants
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Re: C'est la faute au soleil
Il est trois heures de rien
La chaleur mord dans les chiens
Et des cohortes de mouches
Me piquent les mots de la bouche
Le soleil darde des flèches
Qui fauchent mes rêves en plein vol
Ça c'est très fort, vraiment bien. Notamment les trois heures de rien et la chaleur qui mord dans les chiens. Le reste du poème est très bien, un peu long peut-être. J'enlèverais la première strophe ou du moins la raccourcirais à deux vers maximum.
L'atmosphère me fait penser à cette chanson sévillanne dont je ne trouve pas une bonne version sur Youtube:
Son las cuatro de la tarde,
la Calzada en su gran fiesta
y Pilatos a Jesus al mismo barrio lo entrega.
¿Qué lo maten?... ¿Quién lo ha dicho?,
que ni lo toquen siquiera...
Calle oriente, martes santo,
tarde de sol, primavera..."
Primera
Yo salgo el martes santo
de penitente
voy detrás de mi Cristo
subiendo el puente
Como la nieve
mi capa es blanca, almidoná
San Benito con su gente
del barrio de la Calzá
Segunda
"El puente te está esperando
Para sentirte tan cerca
Como el costal que se hermana
A su fiel trabajadera"
Con la cruz en el hombro
Voy caminando
Detrás de un manto rojo
Clavel y llanto
Ay! Como llora,
Qué Dolorosa! mi Encarnación
Que la consuele Sevilla
con piropos de fervor
Tercera
"El puente te está esperando
Para llevarte hacia fuera
Donde Te espera Sevilla
Para cantarte saetas
Para decirte piropos y oraciones
Palmas, vítores, promesas..."
La hermandad de mi barrio
tiene tres pasos
Presentación y Sangre
y un lindo palio
Crucificao, voy a Tu lao
Voy junto a Ti
para secarte la sangre
con claveles carmesí
Cuarta
"El puente Te está esperando
para contarte sus penas
y decirte que Tu barrio
que ya no es barrio siquiera
se reunen para verte
calle oriente, martes santo
tarde de sol, primavera..."
Cuando murió mi padre
dejó de herencia
un costal y una faja
de penitencia
Y yo los llevo
todos los años, con mi hermandad
rezando el santo rosario
a la voz del capataz.
Estribillo:
Y mi tierra en primavera
se viste de costalera
de promesa y Pasión
nazareno sevillano
por los caminos de Dios.
La chaleur mord dans les chiens
Et des cohortes de mouches
Me piquent les mots de la bouche
Le soleil darde des flèches
Qui fauchent mes rêves en plein vol
Ça c'est très fort, vraiment bien. Notamment les trois heures de rien et la chaleur qui mord dans les chiens. Le reste du poème est très bien, un peu long peut-être. J'enlèverais la première strophe ou du moins la raccourcirais à deux vers maximum.
L'atmosphère me fait penser à cette chanson sévillanne dont je ne trouve pas une bonne version sur Youtube:
Son las cuatro de la tarde,
la Calzada en su gran fiesta
y Pilatos a Jesus al mismo barrio lo entrega.
¿Qué lo maten?... ¿Quién lo ha dicho?,
que ni lo toquen siquiera...
Calle oriente, martes santo,
tarde de sol, primavera..."
Primera
Yo salgo el martes santo
de penitente
voy detrás de mi Cristo
subiendo el puente
Como la nieve
mi capa es blanca, almidoná
San Benito con su gente
del barrio de la Calzá
Segunda
"El puente te está esperando
Para sentirte tan cerca
Como el costal que se hermana
A su fiel trabajadera"
Con la cruz en el hombro
Voy caminando
Detrás de un manto rojo
Clavel y llanto
Ay! Como llora,
Qué Dolorosa! mi Encarnación
Que la consuele Sevilla
con piropos de fervor
Tercera
"El puente te está esperando
Para llevarte hacia fuera
Donde Te espera Sevilla
Para cantarte saetas
Para decirte piropos y oraciones
Palmas, vítores, promesas..."
La hermandad de mi barrio
tiene tres pasos
Presentación y Sangre
y un lindo palio
Crucificao, voy a Tu lao
Voy junto a Ti
para secarte la sangre
con claveles carmesí
Cuarta
"El puente Te está esperando
para contarte sus penas
y decirte que Tu barrio
que ya no es barrio siquiera
se reunen para verte
calle oriente, martes santo
tarde de sol, primavera..."
Cuando murió mi padre
dejó de herencia
un costal y una faja
de penitencia
Y yo los llevo
todos los años, con mi hermandad
rezando el santo rosario
a la voz del capataz.
Estribillo:
Y mi tierra en primavera
se viste de costalera
de promesa y Pasión
nazareno sevillano
por los caminos de Dios.
Re: C'est la faute au soleil
C'est vrai c'est fort..
Bien aimé
Bien aimé
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 81
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
C'est la faute au soleil
Je pense avec Marvejols que le texte pourrait être amputé de la première strophe.
Cette remarque étant faite, j'ai bien aimé cette lecture
Cette remarque étant faite, j'ai bien aimé cette lecture
Albert-Robert- Nombre de messages : 492
Age : 82
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 21/04/2012
Re: C'est la faute au soleil
je verrai bien le refrain comme çi
je fais intrusion,je fais comme chez moi, comme si vous ne répondiez pas
il est
Trois heures, Trois jours, Trois ans mon amour
trois heures de rien c'est la faute au soleil
je veux partir et toi mon amour
tu ne dis rien c'est la faute du ciel ?
alors, amicalement
je fais intrusion,je fais comme chez moi, comme si vous ne répondiez pas
il est
Trois heures, Trois jours, Trois ans mon amour
trois heures de rien c'est la faute au soleil
je veux partir et toi mon amour
tu ne dis rien c'est la faute du ciel ?
alors, amicalement
Re: C'est la faute au soleil
Ah, j'ai beaucoup, beaucoup aimé
« Il est trois heures de l'été
Et dans les rues pas un chat
Ou alors des chats crevés
Bouffé par les cancrelats
Qui crépitent dans les poubelles
Aux coins des places avachies
Et grignotent dans ma cervelle
Mes ardeurs et mes envies »
J'aime ce ton nonchalant qui emporte dans son rythme de 7 ou de 8 syllables, très court et haché, une démarche « avachie » et nonchalante. Mais derrière cette nonchalance ou peut-être à côté il y a une grande nervosité, un énervement qui peut-être est dû à mon humeur du moment ; le début me fait penser à la fameuse chanson d'Oldelaf (le café : ). Une sorte de trépignement, de fureur de ne pouvoir rien faire, de fureur écrasée sur elle-même dans la chaleur et qui bout à l'intérieur même du corps du poète. Énervement renforcé par l'allitération en « -r ».
«La chaleur mord dans les chiens
Et des cohortes de mouches »
Superbe hypallage dont je me souviendrai !
« Qui fauchent mes rêves en plein vol »
Ce vers-là est pas génial (cliché) et un peu long
« Cela fait depuis toujours
Que je ne dors plus mon amour
Cela fait très exactement
Trois heures, trois jours, trois ans
Que j’entends
Ce putain d’orage éclater
Mon amour, en plein cœur de l'été. «
Je retrouve dans cette strophe l'agressivité de la première, cette tension, cette ambiance doucereuse très très particulière qui me plaît et me prend quelque part aux tripes quand je lis le poème, dans une sensation bizarre, assez ineffable. « Cela fait depuis toujours/Que je ne dors plus mon amour » me fait penser pour le ton à celui de Jack Nickolson souriant étrangement à Wendy dans Shining quand elle vient le déranger à la machine à écrire et que d'une seconde à l'autre on s'attend à une explosion de violence et de haine - qu'on a ici avec « putain ».
« Puis tout là haut sur la colline
J'irai porter mon corps en terre
Dans l'ombre fraîche et longiligne
D'un des cyprès du cimetière. »
Ici l'humour noir dans le style « Pauvre Martin, pauvre misère », qui creuse sa propre tomne
Le cyprès rajoute une dimension poétique qui renforce encore mon impression de « doucereux »
Aigre/doux peut-être, très noir, en fait, assez cruel et cynique
« C'est pas ma faute
C'est la faute au soleil »
Et le titre, ce refrain qui m'évoque tellement de choses
Le soleil de la Peste, de l'Etranger, de Camus en général, ce soleil de la mort, de la désertification, de l'absurde et de la cruauté
Le même soleil qu'à Argos dans « les Mouches » (d'ailleurs votre vers 11...!)
Un soleil existentialiste qui traîne derrière lui son angoisse ontologique
Le rythme lancinant du « si » en anaphore qui me plaît beaucoup également
Un petit regret, une frustration du côté visuel, si j'ai senti l'ambiance je n'ai pas assez vu le soleil
Malgré la fin de la deuxième strophe qui est bien à ce niveau-là
Mais bref votre poème pour moi est un petit chef d'oeuvre !
« Il est trois heures de l'été
Et dans les rues pas un chat
Ou alors des chats crevés
Bouffé par les cancrelats
Qui crépitent dans les poubelles
Aux coins des places avachies
Et grignotent dans ma cervelle
Mes ardeurs et mes envies »
J'aime ce ton nonchalant qui emporte dans son rythme de 7 ou de 8 syllables, très court et haché, une démarche « avachie » et nonchalante. Mais derrière cette nonchalance ou peut-être à côté il y a une grande nervosité, un énervement qui peut-être est dû à mon humeur du moment ; le début me fait penser à la fameuse chanson d'Oldelaf (le café : ). Une sorte de trépignement, de fureur de ne pouvoir rien faire, de fureur écrasée sur elle-même dans la chaleur et qui bout à l'intérieur même du corps du poète. Énervement renforcé par l'allitération en « -r ».
«La chaleur mord dans les chiens
Et des cohortes de mouches »
Superbe hypallage dont je me souviendrai !
« Qui fauchent mes rêves en plein vol »
Ce vers-là est pas génial (cliché) et un peu long
« Cela fait depuis toujours
Que je ne dors plus mon amour
Cela fait très exactement
Trois heures, trois jours, trois ans
Que j’entends
Ce putain d’orage éclater
Mon amour, en plein cœur de l'été. «
Je retrouve dans cette strophe l'agressivité de la première, cette tension, cette ambiance doucereuse très très particulière qui me plaît et me prend quelque part aux tripes quand je lis le poème, dans une sensation bizarre, assez ineffable. « Cela fait depuis toujours/Que je ne dors plus mon amour » me fait penser pour le ton à celui de Jack Nickolson souriant étrangement à Wendy dans Shining quand elle vient le déranger à la machine à écrire et que d'une seconde à l'autre on s'attend à une explosion de violence et de haine - qu'on a ici avec « putain ».
« Puis tout là haut sur la colline
J'irai porter mon corps en terre
Dans l'ombre fraîche et longiligne
D'un des cyprès du cimetière. »
Ici l'humour noir dans le style « Pauvre Martin, pauvre misère », qui creuse sa propre tomne
Le cyprès rajoute une dimension poétique qui renforce encore mon impression de « doucereux »
Aigre/doux peut-être, très noir, en fait, assez cruel et cynique
« C'est pas ma faute
C'est la faute au soleil »
Et le titre, ce refrain qui m'évoque tellement de choses
Le soleil de la Peste, de l'Etranger, de Camus en général, ce soleil de la mort, de la désertification, de l'absurde et de la cruauté
Le même soleil qu'à Argos dans « les Mouches » (d'ailleurs votre vers 11...!)
Un soleil existentialiste qui traîne derrière lui son angoisse ontologique
Le rythme lancinant du « si » en anaphore qui me plaît beaucoup également
Un petit regret, une frustration du côté visuel, si j'ai senti l'ambiance je n'ai pas assez vu le soleil
Malgré la fin de la deuxième strophe qui est bien à ce niveau-là
Mais bref votre poème pour moi est un petit chef d'oeuvre !
Re: C'est la faute au soleil
"J'irai porter mon corps en terre"
Plus cette expression que je trouve habile : non "j'irai m'enterrer" mais "j"irai porter mon corps en terre", ce fardeau du "moi" qu'on traîne, de ce corps impossible à tracter dans la chaleur, et la distantiation de soi-même, comme Mersault dans l'Etranger qui se voit du dessus, comme si ce n'était pas vraiment lui ;
Ah, vraiment, votre poème !
Je sens que j'y reviendrai encore
Plus cette expression que je trouve habile : non "j'irai m'enterrer" mais "j"irai porter mon corps en terre", ce fardeau du "moi" qu'on traîne, de ce corps impossible à tracter dans la chaleur, et la distantiation de soi-même, comme Mersault dans l'Etranger qui se voit du dessus, comme si ce n'était pas vraiment lui ;
Ah, vraiment, votre poème !
Je sens que j'y reviendrai encore
Re: C'est la faute au soleil
Superbe. Rien à dire.
Pascal-Claude Perrault- Nombre de messages : 5422
Age : 64
Localisation : Paris, ah Paris, ses ponts, ses monuments et ses merdes de chiens !
Date d'inscription : 20/02/2012
Re: C'est la faute au soleil
Je profite du fait d'être en haut
Eh ben merci, je ne m'attendais pas à si tant.
L'inspiration est assez facile à trouver, ici en Andalousie, il fait facilement plus de 40º à partir du mois de juin.
Une illustration du texte:
Eh ben merci, je ne m'attendais pas à si tant.
L'inspiration est assez facile à trouver, ici en Andalousie, il fait facilement plus de 40º à partir du mois de juin.
Une illustration du texte:
Invité- Invité
Re: C'est la faute au soleil
Un beau texte, à l'âme du lieu.
Dans certains endroits, au sud de l’Europe, il est toujours "une" heure quelque part dans l'après-midi.
Dans certains endroits, au sud de l’Europe, il est toujours "une" heure quelque part dans l'après-midi.
Invité- Invité
Re: C'est la faute au soleil
Emportée par cet été, ce soleil, cette écorchure au coeur, cette précision des trois heures, trois jours, trois ans...
C'est si long et c'est si tant... Précieux comme le souvenir, intemporel comme ce "si" exaltant.
Touchée par ce poème et son voyage intérieur criant d'amour en plein coeur, merci pour cette belle lecture que j'en ai faite.
C'est si long et c'est si tant... Précieux comme le souvenir, intemporel comme ce "si" exaltant.
Touchée par ce poème et son voyage intérieur criant d'amour en plein coeur, merci pour cette belle lecture que j'en ai faite.
Phylisse- Nombre de messages : 963
Age : 62
Localisation : Provence
Date d'inscription : 05/05/2011
Re: C'est la faute au soleil
Voilà ce que ça donne quand on échappe à l'insolation.
Un éblouissant lamento aux images fortes et enfiévrées, comme seules les femmes peuvent en inspirer
Un éblouissant lamento aux images fortes et enfiévrées, comme seules les femmes peuvent en inspirer
Tollelege- Nombre de messages : 194
Age : 83
Date d'inscription : 27/08/2011
Re: C'est la faute au soleil
vincent M, ton poème et son illustration me font penser à un autre Vincent qui a si bien traduit, mais pas avec des mots, l'écrasant soleil sur Arles. Grand plaisir de lecture, vraiment.
Invité- Invité
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