Le jardin de mon alphabet

J’ai écrit ce matin
À haute voix
A basse altitude
Comme s’ouvre le corps dans le vide
Ou le fuyant désir éparpillé
Cette sorte de voix sourdine
Allège les bruits

Quand les théories marchent à reculons

C’est cela écrire
En se reposant longtemps
On trouve les possibles
A l’ombre de la mode
Et des soirées qui battent le plein

On frappe avec ses belles dents
Sur le bitume encore chaud
A côté de la maison
Sur le chemin qui mène
Au jardin de mon alphabet

J’ai desserré les nœuds d’avant
Les liens qui me faisaient peur
Pour un oui pour un non
Dans la cacophonie de la haine
Une escale à Terre Neuve
A changé mon Sexe en Nom
Mon corps à l’endroit
Le va et vient incessant des nuages
A rendu le ciel comestible

C’est cela écrire
En se reposant longtemps
Nos yeux changent de couleur
Et notre cœur aussi

Huit tentatives de commentaires pour ne parvenir qu'à te dire : bravo! ...Ce texte sonne juste, n'est pas replié .
La première strophe, très ample, reste ma préférée .

Très beau, très positif.
Oui, l'écriture est une "Terre neuve" qui nous permet de mieux digérer notre Terre.

"C’est cela écrire
En se reposant longtemps
Nos yeux changent de couleur
Et notre cœur aussi"

Pas d'accord, mais alors pas d'accord du tout ! En se reposant, on n'écrit pas, on rêve qu'on va écrire. Mais il faut s'y mettre, et souvent.

Les mots ont gagné en simplicité. Ils portent juste ce qu'il faut de déshabillé sans l'indécence des baveux.

"On trouve les possibles
A l’ombre de la mode"

Très intéressant. Riche. Juste les dents sur le bitume que je n'ai pas aimé et aussi le aussi final: pas indispensable.