L'instant rageur du bout de la nuit

L’instant rageur du bout de la nuit

Un éclat de métal dans la nuit matinale. Une main. Deux... Et une voix.
Un éclair orageux qui déchire le rêve et enfante dans les ténèbres de la nuit agonisante un infernal cauchemar.
Une? Deux? Trois minutes?
Pulsions malsaines de la main criminelle. Haineuses pensées. Fuite imperceptible du sentiment de la réalité.
Un éclat métallique au faîte de cinq doigts sur une gorge blanche. Une main frustrée voleuse de vertu qui se fraye un chemin entre les paroles qui font couler le temps en source.
Une étincelle subite et lumineuse dans l’âme égarée. Un déchirement, un cri profondément intérieurs. Le silence. Les mots. La peur, la crainte se sont fondues en un furieux courage inconscient. Instinct de survie. Amour de soi et amour propre. Folie.
Le coude du cygne dans le ventre béant des ténèbres qui l’enveloppent.
Deux fuites.
La pluie dans les yeux troubles.

_____________________________________________________________________

Poème extrait du recueil Fleurs de névrose, disponible sur www.edilivre.com

Ce poème, entre autres, a été écrit le 18/12/1999, dans les deux heures qui ont suivi l’agression sexuelle avec lame sous la gorge que j’ai subie. Il raconte cette agression. Une fois de plus, c’est la poésie qui m’a aidée à ne pas craquer ce jour là… merci à elle!

j'ai déjà lu ce poeme sur un autre site, je répète mon avis: très beau! tu écris très bien, même si je ne suis pas sure d'avoir vraiment tout compris, en tout cas c'est fort!

Les mots sont bien choisis, l'ensemble évoque une ambiance mais si on comprend globalement, le détail reste, il me semble, un peu trop flou et parfois peu compréhensible ou du moins, ne sonne un peu maladroit (à mes oreilles). par exemple, avec la phrase : "... un chemin entre les paroles qui font couler le temps en source ..." je visualise difficilement l'image.

La petite note de fin éclaire un peu plus certaines phrases mais pour moi, un texte doit se suffire sans notice explicative.

Et par rapport au commentaire de Emera (Bienvenue !), je ne vois pas en quoi c'est un poème ! c'est de la prose.

"poème", c'est Pauline qui donne ce mot là, et pas qu'une fois ! ;-) chacun y voit ce qu'il veut
pour ma part, sans l'explication je n'aurais jamais deviné quoi que ce soit, sauf qu'il s'agit bien de quelque chose de fort, mais il me manque un truc pour que j'accroche, que je sois touché
dommage car les mots, les phrases sont percutantes

Oui, c'est percutant, et somme toute assez clair. La note explicative me paraît dès lors superflue et risque à la limite de nuire à la bonne lecture de ce texte car, fatalement quand on parle d'agression sexuelle, on ne peut rester insensible et lire ce texte en toute objectivité.
Ceci dit, je trouve que tu te débrouilles mieux en prose qu'en alexandrins Pauline, tu devrais persévérer dans ce domaine, il te va bien. Tu arrives mieux à faire passer tes émotions, notamment grâce à des phrases courtes et fortes (enfin, c'est mon avis).

"Pulsion assassine de la main criminelle" plutôt que pulsion "malsaine"... Aurais-je mis pour faire plus fort.
Mais soit, c'est un détail !

Ton texte m'a vraiment ému ! Tu as une force d'expression tout à fait remarquable !
Le mieux c'est que tu arrives à mettre de la poésie dans ces lignes, c'est très baroque – c'est un compliment – ça crée une véritable sensation... ça crée un choc !

Mais, si je peux me permettre, tu ne devrais pas nous dire si c'est du vécu, c'est une vision personnelle, mais je pense que c'est mieux de garder ses distances vis à vis du lecteur.
Je comprends bien ton intention de faire partager le plus possible, mais enfin, le lecteur ne doit pas être un confident, me semble-t-il.
Ceci dit, tu as toute notre sympathie, évidemment. Et certainement, selon moi, un vrai talent d'expression alors tu fais bien d'exprimer ces choses.

Ton texte est percutant. Ce que j'aime c'est le fait de comprendre que quelque chose de fort, de violent, c'est produit, sans forcément savoir quoi exactement. Une lame, une gorge, c'est percutant.
Je trouve dommage ta phrase explicative, parce que du coup, on éprouve forcément de la compassion, et ça me gêne.
J'avais un sentiment fort à la fin de la lecture de ton texte et ton nota bene en a gâché l'effet...

je vous remercie pour ces commentaires; si j'ai expliqué de quoi il s'agissait, c'est parce que, comme l'a dit mentor, sans ça il n'est pas _ je crois _ évident de le comprendre. Si c'est si flou, Mentor, c'est parce que sur le moment, je n'avais pas la force d'utiliser les mots désignant les choses, je trouvais ça trop horrible, j'ai du passer par des images symboliques pour faire sortir ça, un peu comme l'inconscient dans les rêves, tu vois ce que je veux dire?
Une autre des raisons pour lesquelles j'ai expliqué le sujet du texte, est que je sais qu'en poésie, surtout quand c'est un peu hermétique, il est facile de faire des interprétations du sens totalement fausses; j'avais seulement peur que ça arrive pour ce texte-ci...

ok, mais je reviens sur un truc, parce que les autres en parlent aussi, même si c'est pas vraiment essentiel par rapport au sujet, c'est que tu insistes pour faire passer tout ça pour de la poésie
et moi aussi je trouve que ça y ressemble vraiment assez peu, pour ne pas dire pas du tout ! ;-)
c'est quoi la "poésie" pour toi ? en forme et en fond ? ça m'intéresse
ça m'intéresse, mais juste parce que je me rends compte que j'aurais bien du mal à définir ce mot ! ;-)

J'aurais bien du mal à définir la poésie! Le plus souvent, j'écris en vers, surtout en alexandrin, alors on reconnaît immédiatement la forme "poétique". Ici c'est de la prose. Je considère que c'est quand même un poème, un poème en prose, parce que c'est un texte bref, chargé d'images "symboliques", même si ces symboles peuvent m'être personnels, que dire d'autre... Définir la poésie, c'est une question bien difficile, on pourrait y répondre sur des centaines de pages! Après il y a différents types de poésie, différents niveaux, différents degrés... Et puis en fonction du style ou des poèmes, on aime ou on n'aime pas! Enfin, j'ai toujours considéré que j'écrivais de la poésie, mais après tout, peut-être me trompé-je?

Je préfère nettement ce texte-ci à tes autres poème. déjà, j'aime beaucoup le titre: L'instant rageur du bout de la nuit.

Encore beaucoup de redondances à mon goût: "infernal cauchemar", "le ventre béant des ténèbres", etc. Trop de qualificatifs, beaucoup trop.
Tu appuies trop sur les mêmes sensations et finalement tous ces adjectifs ou groupes de mots qui vont dans le même sens annulent leur effet, tu vois ? Il serait plus adéquat me semble -t-il de sugérer ces images plutôt que de les répéter.
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

pauline sous-titre

Ce poème, entre autres, a été écrit le 18/12/1999, dans les deux heures qui ont suivi l’agression sexuelle avec lame sous la gorge que j’ai subie. Il raconte cette agression. Une fois de plus, c’est la poésie qui m’a aidée à ne pas craquer ce jour là… merci à elle!

D'en parler, de l'écrire a du, je pense, t'aider.
As-tu depuis, ré-écrit cette scène, avec le recul ?

oui, sur le coup, ça m'a vraiment libérée; je n'ai jamais réécris sur ce sujet plus tard, aujourd'hui ce serait plus une façon de ressasser un passé doulouleux de manière un peu masochiste qu'une libération;
et pour répondre aux critiques plus "littéraires", en réalité, sur le coup, je me suis vraiment pas posé de questions sur la qualité de ce que j'écrivais, je ne savais même pas ce que j'écrivais, il fallait juste que ça sorte...