Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Je m'appelle Paul

+2
midnightrambler
Carat
6 participants

Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Je m'appelle Paul

Message  Carat Mer 20 Juin 2012 - 22:30

18/01

J’ai pris une douche chaude et me suis préparé une bonne tisane. Je n’arrive pas à dormir. Quelque chose en moi se débat violemment comme la queue d’un lézard qu'on vient de sectionner. Pourtant, hier j’ai fait du sport. Hier, j’étais bien. J’ai même envoyé un petit mot à mon ex pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, sans aucune arrière-pensée, ne serait-ce que ce rêve de la croiser un jour au paradis et lui dire tout le bien que je pense d’elle. Pas de réponse. Notre relation s’est terminée par un « mais qui es-tu, qui es-tu ? »
Parfois, j’ai l’impression de m’être vu quelque part avant.
Mes parents dorment dans la chambre d’à côté. Dehors, la nuit. Dehors, des voix. Dehors, des chats.
Mon père s’est levé pour manger du fromage. La nuit, il mange du fromage pour avaler du prosac juste après. Je suis une copie de lui, mon père. Les gens disent qu’on se ressemble comme deux gouttes d’eau. Le même nez, la même voix, le même sourire. La même manière de prendre les gens pour des cons. Je n’ai jamais pu comprendre comment fonctionnait le monde. Toujours cette impression, cette certitude que tout cela pourrait aller autrement, toujours autrement. Un sous-monde, un sur-monde, un à-côté monde. Les gens ne se doutent de rien. Ils ne se doutent pas que la mort n’est jamais loin. Les gens ignorent bien trop la mort. Moi, j’ai jamais arrêté de la côtoyer, la mort, de longer avec elle, main dans la main, les murs de cette vie absurde. Non que je sois atteint d’une maladie létale, non, dieu merci, j’ai une santé de fer, un excès de santé même. Je suis tout simplement né avec la mort dans le sang.
Va t-il se coucher ce vieux con ? Va-t-il enfin se coucher ? Il me fatigue avec le bruit de ses pas pantouflés qui traînent. Va-t-il crever un jour ? Il est dans le salon à manger du fromage et à roter. Ces intestins de merde, ses trippes malades. Trop sensible, le pépère. Va-t-il se coucher, va-t-il se coucher et laisser mes doigts rouler tranquillement sur le clavier ? Va-t-il se coucher ? Vas-tu te coucher, salopard? Et avec toi cette trouille et cette honte de te ressembler comme deux gouttes d’eau?

19/01

Aujourd’hui j’avais psy. Une femme cruelle, la psy. Elle a creusé en moi comme dans de la terre. Elle m’a vidé. Le sourire en plus. Et moi aidant, toujours avec cette lucidité dont je me targue. Je suis malade et je le sais, je peux en parler des heures et des heures de mon mal, avec brio, le sourire et tout le plaisir que peut donner la loquacité. J’ai beaucoup parlé aujourd’hui chez la psy. Elle m’a posé une ou deux questions en faisant semblant d’écouter, mais cette salope ne sait pas que je suis prêt à répondre à n’importe quoi pourvu que ça parle de moi! Je lui ai parlé de mon côté clair-obscur. Lumineux quand je suis avec les gens, et morbide, abattu, presque mort quand je suis seul dans ma chambre à ressasser le passé, à penser encore et toujours à mon ex que je n’ai jamais aimée tout compte fait.

25/01

A chaque fois que je déchire le visage d'une femme je libère une âme en détresse.
Carat
Carat

Nombre de messages : 37
Age : 44
Date d'inscription : 19/06/2012

Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  midnightrambler Mer 20 Juin 2012 - 23:07

Bonsoir,

Pas très réjouissant tout ça !
Comme un peintre qui balancerait des pots de peinture noire sur sa toile !
Gratuit aussi ...

Amicalement,
midnightrambler
midnightrambler
midnightrambler

Nombre de messages : 2606
Age : 70
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010

Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  lulli Jeu 21 Juin 2012 - 8:23

Texte intéressant, toutefois j’ai une peu de mal avec le titre, je ne comprends pas l’utilité de nommé ton personnage. Plus que cela, de le nommé exclusivement dans le titre, ça ne l’assied même pas, je trouve.


Le début est un peu lent, autant j’aime l’image de la queue de lézard, autant le reste sur l’ex ne me parle pas et manque de force… Après, l’image du paradis est pas vraiment pour me plaire surtout dans se contexte, mais c’est personnel. La répétition est-elle indispensable pour appuyer ton propos ?

« Parfois, j’ai l’impression de m’être vu quelque part avant. »

Cette phrase me plait mais elle n’ouvre rien, on ne sait pas où tu veux en venir. Dédoublement ? Méconnaissance de lui-même ?

« Dehors, la nuit. Dehors, des voix. Dehors, des chats. »

J’aime cette construction, même si le « des chats » m’a amusé.

« Mon père s’est levé pour manger du fromage. La nuit, il mange du fromage pour avaler du prosac juste après. Je suis une copie de lui, mon père. »

Parfois les répétitions me semble lourdingue, ici tu dit « mon père » et ça sonne pas terriblement bien je trouve. Dotant plus qu’ici tu dépeins un père de façon assez drôle avec du recul : on imagine bien le type allez bouffer du fromage. La chute sur l’idée de copie est bonne et fonctionne mieux avec la redite tout de suite après.

« La même manière de prendre les gens pour des cons. Je n’ai jamais pu comprendre comment fonctionnait le monde. Toujours cette impression, cette certitude que tout cela pourrait aller autrement, toujours autrement. Un sous-monde, un sur-monde, un à-côté monde. Les gens ne se doutent de rien. Ils ne se doutent pas que la mort n’est jamais loin. Les gens ignorent bien trop la mort. Moi, j’ai jamais arrêté de la côtoyer, la mort, de longer avec elle, main dans la main, les murs de cette vie absurde. Non que je sois atteint d’une maladie létale, non, dieu merci, j’ai une santé de fer, un excès de santé même. Je suis tout simplement né avec la mort dans le sang. »

J’avoue ne pas suivre tout à fait le résonnement qui fait passer de « on prend les autres pour des cons » à « on sais pas comment fonctionne le monde » pour finir sur « la mort je la connais »
Le mot mort est un peu trop dit, mais j’aime bien cette partie. C’est un peu le nœud de ton texte, se qui le fait basculer dans plus violent… La formulation ne suis pas tout à fait, tu pourrais peu être être plus abrupte… plus violent déjà… pour en arriver à la suite.

« Va t-il se coucher ce vieux con ? Va-t-il enfin se coucher ? Il me fatigue avec le bruit de ses pas pantouflés qui traînent. Va-t-il crever un jour ? Il est dans le salon à manger du fromage et à roter. Ces intestins de merde, ses trippes malades. Trop sensible, le pépère. Va-t-il se coucher, va-t-il se coucher et laisser mes doigts rouler tranquillement sur le clavier ? Va-t-il se coucher ? Vas-tu te coucher, salopard? Et avec toi cette trouille et cette honte de te ressembler comme deux gouttes d’eau? »

J’aime et j’aime pas. J’aime l’idée mais là encore tu ne va pas au bout… soit vraiment plus violent, bascule… ton personnage il en a pas après son père mais après lui-même, c’est plus violent, plus trash. L’insulte je suis pour mais dans la construction tu peu encore être plus violent pour en arriver à la conclusion : la haine de soit et cette ressemblance.

La partie sur la psy : je ne voie ni le lien avec le début, ni l’intérêt réel quand au sujet du texte. Finalement ça apporte peu de chose, la tension retombe mais il l’insulte à un moment (ce qui fait bizarre puisque la tension du texte est retombée comme un soufflet).
C’est un peu ça que je reprocherai à se texte : il monte, il monte en sauce pour retomber presque de suite. A quoi bon monter en pression si ce n’est pas pour une fin en apothéose ?

« A chaque fois que je déchire le visage d'une femme je libère une âme en détresse. »

Cette phrase est une fulgurance, c’est de loin la plus belle de tout ton texte… mais là encore : tu ne l’amène pas. Elle tombe là, n’est pas la suite de quoique se soit, n’est pas non plus une conclusion… Alors qu’elle pourrai être un pivot, une force, une résultante de la haine…

Je ne sais pas si je m’exprime clairement. Personnellement j’aime les textes violents dans ce qu’ils ont d’extrême. Ici, il m’a manqué de la force, il m’a manqué un fil directeur, il m’a manqué de la violence pur (je veux dire de la violence amené non par le fond mais par la forme).

Contrairement à ce qui est dit au dessus, je ne le vois comme étant gratuit, finalement la haine ne me semble jamais inutile, mais plus comme étant trop faible.
lulli
lulli

Nombre de messages : 194
Age : 37
Localisation : de Paris je fus, de Paris je suis.
Date d'inscription : 25/05/2009

http://lulli.blog4ever.com/blog/index-88112.html

Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  mentor Jeu 21 Juin 2012 - 16:53


le journal intime de Paul
décousu certes, mais qu'est-ce qu'on demande à un diary ? de supporter les mots qui viennent comme ils viennent, jour après jour, même avec des trous de dates, et ce quel que soient la forme et le fond
et ce fond est terrible
la narration me semble bien faire remonter un malaise d'une profondeur que même les mots ont du mal à exprimer
pour ma part j'aimerais avoir l'avant 18 janvier et l'après 25
tout le journal, quoi ;-)
belle écriture

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  mentor Jeu 21 Juin 2012 - 16:55


j'ajoute :

sans connaitre la psy de Paul, je dirais que par rapport cette phrase :

cette salope ne sait pas que je suis prêt à répondre à n’importe quoi pourvu que ça parle de moi!

je suis bien persuadé du contraire !
:-))

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  Invité Lun 25 Juin 2012 - 12:52

Ce qui me plaît le plus dans ce texte, c'est paradoxalement son déséquilibre : le plus important est dit en une phrase à la fin. Tu fais monter la sauce en commençant par la tisane, avec d'habiles révélations sur le personnage mesurées au compte-goutte pour aboutir à cet inquiétant ange de la mort qui " libère"...
Un seul passage ne me parait pas à la hauteur du reste, c'est la série de questions à propos du père : trop de répétitions qui ne font pas vraiment progresser le ressenti, pas assez de gradation dans la violence de l'affect...
Mais j'ai beaucoup aimé, belle maîtrise de la plume, bienvenue ici, Carat !
Petite faute : Tripe, avec un seul p

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  Invité Lun 25 Juin 2012 - 12:53

Ah, oui : le titre n'est pas terrible ! Si tu n'avais pas été nouveau, je faisais l'impasse sur ce texte...

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  Remus Lun 25 Juin 2012 - 14:59

Bonjour,

Rien à rajouter par rapport aux commentaires précédents ; le titre, idem, j'ai lu parce que tu es nouveau.
Les questions au père m'ont embêté et ennuyé, comme dit Lulli cette partie pourrait avoir plus de poigne, plus de force. La partie sur la psy est excellente, mais pareil, elle pourrait être écrit avec plus de force et j'aurais aimé un peu plus d'explications peut-être ? Va-t-il chez cette psy parce ce qu'il est uniquement égocentrique et aime parler de lui ou parce qu'il aurait envie qu'elle découvre vraiment ce qu'il est, ce qu'il fait ?
La dernière phrase est la meilleure du texte.

Remus
Remus
Remus

Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012

Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  Janis Lun 2 Juil 2012 - 10:18


J'avais mis de côté ce texte, pour le commenter le moment venu.

J'aime bien aussi le déséquilibre, la lente montée d'une forme de haine, de violence, une espèce de dédoublement - de la tisane au désir de mort - jusqu'à la phrase finale, forte, qui appelle une suite.

donc, j'aime bien, et j'attends.
Janis
Janis

Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011

Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  Invité Mar 3 Juil 2012 - 6:57

Pour commencer en se débarrassant des encombrants, j'ai envie de dire qu'après avoir lu "Blonde" et ce texte ici, je note qu'entre la blonde reliée à "garce", et la psy reliée à "salope", ce n'est pas que je sois puritaine et encore moins chienne de garde mais honnêtement cela me fait tiquer.

Bon, le titre se justifie par le fait que c'est un journal, cela ne me gêne pas.

J'ai bien aimé cette lecture.
La dernière phrase est forte et révèle une facette, un filon intéressant à remonter...la suite?


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  Invité Mar 3 Juil 2012 - 6:58

combien de carats, au fait...?
joke.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Je m'appelle Paul Empty Re: Je m'appelle Paul

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum