Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
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Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
bonjour tout le monde
en seconde Alice ? mais je te voyais beaucoup plus petite !
en seconde Alice ? mais je te voyais beaucoup plus petite !
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
oh mais ce n'est pas si grand que ça
et j'aimerais encore sauter une classe, mais personne n'est d'accord
en attendant vais finir mes chafs, vite vite vite
à bientôt tout le monde !
et j'aimerais encore sauter une classe, mais personne n'est d'accord
en attendant vais finir mes chafs, vite vite vite
à bientôt tout le monde !
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
pas si grand que ça, non
mais dans ma tête tu étais une enfant, une petite fille
(pourtant je connais ton âge, c'était juste une impression)
mais dans ma tête tu étais une enfant, une petite fille
(pourtant je connais ton âge, c'était juste une impression)
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Bonsoir
J'aimerais dire des conneries ou des trucs profonds, mais je trouve pas
J'aimerais dire des conneries ou des trucs profonds, mais je trouve pas
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Je cherchais quelque chose à te répondre de drôle ou de profond et j'ai pas trouvé non plus
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Gobu, si tu me lis, toi qui m'a appris à faire des pâtes, ici, dans Billevesées, puisses-tu répondre à cette question :
on met le riz dans la casserole quand les oignons sont comment ? dorés, translucides ?
on met le riz dans la casserole quand les oignons sont comment ? dorés, translucides ?
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
lu-k a écrit:Bonsoir
J'aimerais dire des conneries ou des trucs profonds, mais je trouve pas
J'adore !!!!
Faut pas forcer, ça vient tout seul
euh, dans mon cas, surtout les bonneries
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
L'embêtant, c'est que j'ai jamais trouvé ce qu'il y avait au milieu.
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
lu-k a écrit:L'embêtant, c'est que j'ai jamais trouvé ce qu'il y avait au milieu.
m'oublie pas toi.
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
quand les oignons sont translucides, je pense qu'on peut éteindre le feu et les laisser peinards pendant que cuit le riz, et les incorporer ensuite...
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
histoire de gérer une chose après l'autre!
mais ça ira et après, c'est miam.
pour dire des conneries et des choses sérieuses, pas de souci je peux aussi
ha ha
mais ça ira et après, c'est miam.
pour dire des conneries et des choses sérieuses, pas de souci je peux aussi
ha ha
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Bonsoir tout le monde !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Ha je vois que ça cause bouffe, malin... je meurs de faim :-((
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
'soir Polixène et Alice (trop meugnon, l'avatar), et Sahkti...
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
bonsoir crapule
on m'a donné une autre recette : du beurre dans une poêle ; puis on met les oignons ; quand ils sont cuits, on rajoute le riz dans la poêle et un verre d'eau ; on mélange.
c'était pas mauvais.
on m'a donné une autre recette : du beurre dans une poêle ; puis on met les oignons ; quand ils sont cuits, on rajoute le riz dans la poêle et un verre d'eau ; on mélange.
c'était pas mauvais.
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
ça doit marcher aussi, c'est sûr
et crapule toua mem
oh yeah :-)
et crapule toua mem
oh yeah :-)
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
c'est bien, c'est très bien que tu te mettes à cuisiner!
tu vas voir, c'est top moumoutte...après on devient accro,
enfin, des fois!
tu vas voir, c'est top moumoutte...après on devient accro,
enfin, des fois!
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Bonsoir à tous, les apprentis cuisiniers et les affamés.
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
pas faux, Croisic (bonsoir Madame) j'ai hyper faim!
crois hic?
crois y qu'...?
pardon.
crois hic?
crois y qu'...?
pardon.
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
j'essaye de temps en temps de cuisiner, mais l'envie est très rarement là
bonsoir croisic !
bonsoir croisic !
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
sinon,
très chouette, le hibou !
(mais je l'ai déjà dit...)
très chouette, le hibou !
(mais je l'ai déjà dit...)
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
j'ai faim,
j'ai zite
entre rester là et cuisiner...
bon, j'y vais!
à toute à l'heure
maybe
j'ai zite
entre rester là et cuisiner...
bon, j'y vais!
à toute à l'heure
maybe
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Igloo... je m'étrangle de rire car je lis et je mange en même temps... beignets d'oignons et crevettes.
B'soir Remus, la cuisine demande de l'amour, ne pratiquer qu'avec beaucoup de "désirs" et un bon appétit.
B'soir Remus, la cuisine demande de l'amour, ne pratiquer qu'avec beaucoup de "désirs" et un bon appétit.
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
J'adore la cuisine, mais la plupart du temps c'est parce que j'ai un petit-frère accroché à la jambe qui hurle à la mort ;-)
pinaise l'est tard
bonuit tout le monde ! bon appétit
et dors bien Janis
pinaise l'est tard
bonuit tout le monde ! bon appétit
et dors bien Janis
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Ah Remus, cuisiner, c'est découvrir le monde et la façon d'en profiter ! C'est apprendre à jouir des bonnes choses, en les partageant pour les multiplier, c'est séduire et nourrir, c'est aimer et le montrer, c'est s'éduquer à la mesure, c'est un hédonisme... Et c'est joliment poétique en plus ! Le vocabulaire de la cuisine vaut un poème. ( si tu en veux confirmation :
Et bonsoir, les gens, affamés ou pas, cuisiniers ou non !
- Spoiler:
- Version déf.
Zup Sud. Douze jeunes monstres s’affairent. Ils ont quinze ans, chaussent du quarante trois, sentent la sueur, l’essence et le chewing-gum. Ils sont armés. Dans un fracas de techno, ils dépècent, coupent, tranchent, désossent. Leurs yeux de jeunes barbares resplendissent en regardant la pendule : ils ont mis dix-neuf minutes. Trois minutes de moins que la semaine précédente. Dans la roseur nacrée de la chair, ils piquent maintenant des étiquettes maladroitement calligraphiées : noix, jarret, carré, longe, flanchet… Les pièces de veau, proprement rangées sur les billots, attendent l’appréciation du chef.
Visite officielle, satisfecit et congratulations. Taillac n’écoute plus le discours laudatif du Ministre. Il contemple les arbres, étiques sur la cour pelée de l'EGA (Ecole de Gastronomie Appliquée), et la bouche soudain emplie d’une salive gourmande, songe aux frondaisons du Périgord.
« Affaire suivante… »
Le Juge balaie d’un coup d’œil le mince dossier, la pendule (midi moins sept, son estomac ne l’a pas trompé), pour s’arrêter sur le prévenu. Sans surprise : il vient de la banlieue sud, cité des Ogrets. Un jeune géant, orné de cornes et de piercings, avec un reste d’enfance dans la courbe des joues, et déjà des muscles de fauve.
Toute la matinée, le Juge Taillac s’est montré d’une sévérité sans faille. Une légère hypoglycémie l’incite à abréger : après tout, Gurwan D., mineur de dix sept ans, n’a mangé qu’une enfant. Et dans son quartier, ce qui est une circonstance atténuante.
− Cent coups de fouet ou six mois de travail éducatif, que choisissez-vous ?
Voilà, c’était réglé, aux éducateurs de faire leur boulot, et on pouvait passer à table ! Manger léger quand même : les clients de l’après midi venaient du quartier de la Monnaie, et seraient d’une autre pointure !
Par un hasard administratif, Gurwan échut à la seule personne qui ne croyait pas à la prédestination des quartiers. Qui en tenait pour la Culture. Qui pensait qu’on pouvait sublimer les mauvais penchants des barbares en éduquant. Dans le sens du poil.
Comment rééduquer un ogre ? Réponse : en lui enseignant la cuisine. Attention, pas le mettre à bosser dans une cantine ou une quelconque usine à bouffe industrielle : l'initier à l’Art du bien manger. Le jeune rebelle attendait un bagne ? On allait le désarçonner en l’expédiant dans l’antichambre du Paradis : en Périgord, chez dame Babette.
A Périgueux, les gourmets se repassent confidentiellement l'adresse de son restaurant au nom sibyllin : « Les Ducs Chefs », comme d'un bon coin à champignons.
Dame Babette, Dame Tartine…Une ancienne éducatrice, une mère nourricière sans enfants qui mitonne avec sévérité des tendresses culinaires.
L’odeur le réveille. Il suit son nez qui, même pour un nez d’ogre, s’avère exceptionnellement sensible. Jamais il n’a senti pareille fragrance ! Cela évoque… voyons… le soleil, quelque chose de doré. Avec une sensation de légèreté, d’enfance, d’allégresse…un fatras de sentiments remisés depuis longtemps dans les oubliettes d’une mémoire ogresque. Il ne le sait pas encore : c’est le parfum du Périgord.
Il a faim. Il descend l’escalier. Il s’attend à trouver des gardes ou des barreaux, mais non, les portes sont ouvertes sur la longue clarté matinale, et la salle où il aboutit est vide. Une guêpe ivre bégaie le long de la vitre. Sur la nappe jaune, une pyramide de fruits violets s’offre. Gurwan en examine un, avec perplexité : c’est mou et ferme à la fois, comme un sein, avec une goutte laiteuse qui perle à l’ombilic. Il le flaire ; cela sent presque la fille. L’envie de mordre dedans, merde, pas le temps, il se redresse : quelqu’un entre, les bras chargés d’une panière.
− Ah, te voilà réveillé, dit Babette, je t’ai laissé dormir tard, pour aujourd’hui…
Tard ? Gurwan n’en croit pas ses oreilles : d’habitude, à cette heure là, je commence à me dire que je pourrais aller me coucher. Quand je suis capable de retrouver mon lit !
Méfiant, il observe la femme qui s’affaire. Une cinquantaine souriante. L’humour griffé au coin des yeux. Quelque chose de carré dans l’attitude. Fiable. Rigoureuse.
− Tiens, tu vas apporter le café et le lait, c’est par là, et tu mettras l’eau à bouillir pour le thé, pendant que je mets la table.
Il a grande envie de l’envoyer se faire voir. N’ose pas. Seul son estomac gronde.
La salle s’emplit tout à coup de bruits et d’odeurs : quatre jeunes gens y déboulent, affairés. En un instant, la table est couverte de brioches, rondes et légères comme des montgolfières, de croissants qui transpirent le beurre, d’éventails de fromages en fines lamelles odorantes. Miels et gelées, dans des coupelles transparentes jettent des éclats de pierres précieuses… La charcuterie occupe tout le bout de la table.
Enfin quelque chose à manger, se dit Gurwan, et saisissant le jambon par son manche, il mord dedans. Les jeunes gens le regardent.
Babette pousse un long soupir :
− Gurwan, les choses ici ne se passent pas tout à fait comme ça. Voyons : règle numéro un ?
− Manger n’est pas bâfrer, récitent quatre voix amusées.
− Il faut tout reprendre à zéro soupire dame Babette. Va te laver les mains et tu auras ta première leçon.
Gurwan obéit, en se demandant pourquoi.
− Comme tu peux le voir, la maison est accueillante, la nourriture excellente, le travail intéressant et la compagnie agréable. Il va falloir apprécier tout cela. Tu viens de manger − de façon fort malpropre et sans aucune politesse − mais qu’as-tu mangé ?
− De la barbaque, dit insolemment Gurwan. Toute éduc-chef qu’elle soit, cette vieille femme commence à le gonfler.
− Insuffisant. Qu’as-tu mangé ?
Elle n’a pas élevé le ton, pourtant le jeune ogre se sent nerveux.
− Du jambon.
− C’est mieux. Et que peux-tu me dire de ce jambon ?
− Cru.
− Oui ! Et puis ?
Et puis… ?
Dame Babette en tranche avec dextérité un mince chiffon qu’elle élève dans la lumière :
− Mais regarde : on dirait du satin ! Tout parsemé de fines veines grasses, pour rehausser sa couleur ! C’est un jambon de Lacaune. Tu vois le sel qui affleure encore sur sa couenne ? Tu sens ce fumet ? Il embaume… Et dans ta bouche ?
− Ça alors, s’ébahit Gurwan, ça n’a pas le même goût que tout à l’heure !
− Règle numéro onze, disent les jeunes gens : plus on coupe fin, plus l’aliment libère de saveur.
− Mais c’est tout de suite avalé !
Son air dépité les fait rire.
− Sa-vou-rer… dit Léna
− Et tu peux en reprendre, dit Babette.
Gurwan est troublé ; il se sent bizarre : la faim, peut-être ? Sur le point de saisir le manche du jambon, il regarde Léna et a envie de rugir. Elle a de petits seins timides blottis l’un contre l’autre…Il se taille une énorme tranche du Lacaune et tant pis pour la libération de la saveur !
− Du pain avec ?
Malgré le mépris dans lequel il tient cette denrée, Gurwan considère l’offrande d'Yvan avec curiosité : petites miches rondes, innocentes avec leur insolente pointe dressée, pains au lait bronzés comme des mollets d’enfant, tranches à la mie serrée, brun sombre et qui exhalent un parfum miellé, tresses rebondies… Il oriente son choix sur un pain aux lardons dont la croûte fendue laisse échapper une senteur grasse et fumée.
− J’aurais plutôt pris le pain aux noix, objecte Stéphanie, aux lardons, ça fait double emploi.
De quoi elle se mêle, cette cagette ! Il lui lance un regard furieux.
− Gurwan, s’il te plait, veux-tu passer les serviettes, demande Babette d’un ton mesuré.
En grommelant, il attribue à chacun une couleur différente. Babette plisse les yeux:
− Comment as-tu deviné à qui appartenait chaque serviette ?
Question idiote : Ça se sent, pas besoin de deviner!
Bon, d’accord, puisqu’il leur faut des preuves ! Il identifie un T-shirt anonyme (Trop facile, ça pue Julien a plein nez !), flaire les portes et désigne la chambre de chacun et, en bougonnant qu’il n’est pas un animal de cirque, retrouve les clés que Stéphanie a égarées.
Assez fier de les avoir épatés ! Du coup, tout en ingurgitant force charcuterie, il participe au rangement sans même y penser et se dit que ce n’est pas si nul, finalement, comme endroit.
− Eh bien, tu as quelques talents ! Tu verras, tu vas te plaire avec nous. Qui est de marché ?
Gurwan, heureux que ce soit Léna, ne se fait pas prier pour l’accompagner.
Le soleil encore jeune sculpte les monceaux de fruits et de légumes, allume les écailles des poissons d’éclats irisés. Un petit vent capricieux rebrousse les plumes des volailles, emporte aux quatre coins de la place, comme un écho, les odeurs fraîches des fruits, fait rouler les notes plus graves des senteurs animales…
Gurwan est surpris :
− Ça se mange vraiment, tout ça ?
Léna acquiesce.
− Non, tu rigoles ! Pas ça ?!
Il soulève un artichaut en armure vert cendré, le flaire : ça sent amer. Il flatte une aubergine : − Ca brille ! C’est une couleur qui va bien avec tes cheveux, Léna !
La jolie rousse lui sourit. Le jean de Gurwan devient un peu juste. Il a une énorme faim. Il la mange des yeux. Il a peur de ne pas se contrôler. Léna, inconsciente, lui tend la main :
− Arrive, il faut qu’on passe au marché à la volaille.
Il traîne derrière elle. Ne pas tomber amoureux. Une fois suffit. S’il n’avait pas trop aimé la petite Emilie, il ne serait pas ici ; il serait en train de tourner autour du centre commercial des Ogrets en mob trafiquée, avec ses copains, comme avant…
Cette évocation lui semble lointaine et curieusement terne, comparée à ce qui l’entoure : dans l’allée ensoleillée, le jaune et l’orangé triomphent. Les prunes ont des joues rose doré, piquetées de taches de rousseur. Une grosse citrouille s’éventre en exhibant ses graines plates. Les girolles montrent aux cèpes roux le plissé jaune d’œuf de leurs dessous, et là-bas au bout de l’allée, les cheveux de Léna allument un incendie miniature.
Après Emilie, Gurwan s’est juré de ne jamais recommencer, mais il a une envie dévorante.
Il a seulement dix sept ans.
Excepté Babette, ici, personne ne sait rien de son passé.
Il apprend. Laborieusement. Avec étonnement. Avale des découvertes. Accepte de renoncer aux préjugés. Il passe de la répugnance à la réticence, puis à la curiosité, et se laisse lentement aller au plaisir de goûter. Avec des soubresauts de barbare qui regimbe et retourne parfois à ses instincts sauvages, aux coutumes du quartier dont il est issu. Qu’il s’en veut de renier. Il sent bien que cet éveil est une trahison. Que le raffinement qu’on lui inculque va l’éloigner à jamais de ceux des Ogrets. Mais ce qui le pousse est plus fort que la fidélité à son passé. Il a seulement dix sept ans. Il apprend. Passionnément.
Coupe et tranche, épluche, émince…
Blanchir, foncer, dorer, brunir…
Barder, napper.
Brunoise. Julienne. Léna.
Léna, Léna, Léna…
Ses mains s'habituent à être moins grandes, moins sauvages. Son nez distingue, sous l’odeur de fille, des subtilités inédites : cette fille-là sent un tout petit peu la bière rousse. Et la cannelle. Peut être aussi le bébé.
Il s’éprouve grand, gauche et attendri.
Elle le bouscule sans hésiter, avec des rires indulgents. Elle n’a pas peur de lui. Il ne fait rien pour. Et pourtant, au fond, tout au fond de lui, muselée mais puissante, la sauvagerie a faim.
De jour en jour, elle se renforce.
De jour en jour, il ajoute des chaînes de savoirs, de plus en plus fines, de plus en plus solides.
Chiqueter, mijoter, mariner.
Ferrer. Saisir. Abaisser, trousser. Braiser.
Luter, brider, émonder.
Décanter, clarifier.
Détendre.
Ciseler.
Il ne sait plus si on lui parle d’amour ou de cuisine. Il ingurgite le tout avec le même bonheur.
Léna reste au jardin avec lui le soir, pour bavarder. Et tout surpris, Gurwan découvre qu’il goûte aussi cela. Il la déguste du regard. Les paroles de Léna s’infiltrent en lui, le nourrissent. Elle évoque son enfance difficile, son refus de manger, son dégoût. Elle raconte comment elle a retrouvé l’équilibre : ici, en apprenant. Ce n’était plus un acte répugnant, proche de la sauvagerie animale, mais un art, plein de poésie et de raffinements.
Les mots chantent. Le plaisir s’éduque.
Gurwan entend cela comme une promesse. Cette fille-là le fait cuire à tout petit feu. Il a conscience de s’attendrir, mais c’est une volupté inédite. Il s’épanouit.
− Avant, je me sentais grand, mais je n’étais qu’un gnome… Maintenant, je deviens un gastrognome !
Faire rire Léna est presque aussi important que la régaler.
Il a mis les bouchées doubles pour l’examen et se sent prêt. L’anniversaire de Léna est une occasion impatiemment attendue de tester les savoirs acquis : chacun doit réaliser seul un plat de son choix,
Gurwan a opté pour le dessert.
Tard dans la nuit, il a caressé une boule de pâte d’amandes jusqu’à lui donner les traits de Léna, sa peau laiteuse, ses yeux d’angélique. D’écorces d’oranges confites, il a allumé le brasier de sa chevelure. Le corps, habillé d’une ganache de chocolat noir, s'agrémente au col d’une dentelle de chantilly. Dix-sept bougies s’inscrivent dans une couronne de caramel filé.
Un extraordinaire gâteau pour rendre hommage à la grâce juvénile de Léna. Un gâteau fourré de tous les mots qu’il est encore incapable de dire.
Dans un noir total, le plat auréolé de lumière semble voler vers la table, accompagné d’un silence stupéfait ; puis les cris d’admiration, les lumières, les papiers froissés des cadeaux, les embrassades se bousculent dans un joyeux méli-mélo où explosent les bouchons de champagne.
Mi heureux, mi inquiet, Gurwan semble en attente.
− Très beau travail, apprécie Babette.
− Et sûrement délicieux, complète Julien, approchant le plat, couteau à la main. A toi l’honneur, Léna, donne-moi ton assiette.
Mortellement pâle, Gurwan se fige lorsque Julien dépose devant lui un morceau du bras avec sa manche de chocolat. D’un élan, il lui arrache le couteau, et s’enfuit avec un sanglot animal.
Le temps flotte, lourdement. Babette va se servir un fruit pour se donner le temps de se recomposer un visage. Elle a gagné : celui-là aussi, elle va bientôt le perdre. Bon boulot, l’éduc-chef ! Elle se retourne, sourit, pèle paisiblement son fruit et annonce :
− Il va falloir revoir la numérotation des règles.
Les règles…? L’incompréhension marque les jeunes visages.
− Règle numéro Un, dit Babette, et son œil se plisse, on ne mange pas ceux que l’on aime.
Le juge Taillac trempe un troisième financier dans son café en terminant la lecture du rapport de Babette. « Intéressant, songe-t-il. Il faudra que j’en fasse part au ministre. Un épineux problème, la Banlieue. Le succès d'écoles culinaires pourrait bien contribuer à mon avancement... »
Il ouvre la bouche. Le biscuit détrempé se rompt… le juge a taché son pantalon.
La robe, heureusement, va couvrir les dégâts.
Et bonsoir, les gens, affamés ou pas, cuisiniers ou non !
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Lu-k, la profonde connerie est pleine d'enseignements ( mais on la trouve rarement, elle est oblitérée par la connerie ordinaire dont nous faisons tous un usage immodéré, en petits humains fatigués !).
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
bonsoir, Coline...du lourd que tu nous as mis là, ça envoie...!
ah là là, les papilles comment dire...
il faut que cela exulte
ah là là, les papilles comment dire...
il faut que cela exulte
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
http://www.vosecrits.com/t5619-projet-d-edition-1-les-ducs-chefscoline Dé a écrit:Je te l'ai mis en entier, parce que je ne me souviens plus sous quel titre je l'avais posté !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Oh merci Coline ! Plus que faim, ça donne envie, ça donne envie de mettre les mains à la pâte surtout.. J'aime la bonne cuisine en plus :-)
Remus- Nombre de messages : 2098
Age : 34
Date d'inscription : 02/01/2012
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Merci ! J'ai été au catalogue pour retrouver, mais la page était trop à droite, j'arrivais pas à faire défiler les titres... t'as un remède contre ça Marielle ?
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Bien contente si je t'ai donné envie, Remus !
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
tu y es allée via le site ou via le lien catalogue ? J'ai pas ça donc je sais pas trop quel conseil donner...coline Dé a écrit:Merci ! J'ai été au catalogue pour retrouver, mais la page était trop à droite, j'arrivais pas à faire défiler les titres... t'as un remède contre ça Marielle ?
(ceci dit, ce texte ne figure pas tel quel au cata parce que je me souviens qu'à l'époque, vu que c'était pour un recueil, on ne les avait pas inscrits mais vrai que je pourrais le faire maintenant, ça fait longtemps !)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Heu... j'y suis allée en cliquant sur catalogue et ensuite sur mon nom. J'ai pas tiré assez l'écran vers la droite ? ;-))
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Oui, je veux bien que tu le mettes au catalogue dans cette version allégée
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Allez, je vais lire " Eucalyptus"
Goudnaïte evribodi
Goudnaïte evribodi
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
pas tarder à plopper aussi...
bonne nuit aux marchands de sable, aux sucres en poudre, aux somnolents repus, aux éveillés de la nuit...
bref!
;-)
...
bonne nuit aux marchands de sable, aux sucres en poudre, aux somnolents repus, aux éveillés de la nuit...
bref!
;-)
...
Invité- Invité
Re: Débats, billevesées et causette (Des babils & co)
Bonjour toutes et tous,
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
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