Souvenirs de vacances
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Souvenirs de vacances
Donnez-moi du coeur, de la terre, donnez-moi du souffle et de l'eau de pluie et puis du lait, des trucs de gosses tirés au pis des cumulus. Je veux sentir la vie jusque sous la langue, de la gorge à la tripe au fin-fond de ma couenne, jusqu'au sommet de mon crâne où trône, béante et caquelée de boue, ma fontanelle de demi-môme.
Oh et puis excusez-moi du peu si je pleure à l'envers. Excusez-moi si je vous dis que, sans moi, que sans moi que sans moi. Et que le monde cessera timidement de battre, dans un petit couinement de douleur - alors j'ai vu l'horizon ! - et ça va crever vite, vite, puis ramassera ses pattes sous lui, soudain mignon comme la mort, sucré-salé, païen comme on peut l'être lorsqu' on se sent trahi.
Le monde posera son museau froid sur le pied du Diamantaire, et ouvrira grand ses océans, tristement bleus, calmement bleus, les pupilles pleines de bâteaux endormis, d'îlots invertébrés. Posera son museau terreux, la peau affreusement craquelée.
Les rides sont des falaises.
Voilà.
Regardez-le à présent. Regardez-le, ce monde, sachez l'écouter et donnez-lui, s'il vous plaît, un peu de coeur à vous. De terre. Et beaucoup d'eau de pluie. Enfin, promettez-lui que vous reviendrez bientôt, embrassez-le doucement sur le front, levez-vous, élevez-vous, et puis naissez.
Oh et puis excusez-moi du peu si je pleure à l'envers. Excusez-moi si je vous dis que, sans moi, que sans moi que sans moi. Et que le monde cessera timidement de battre, dans un petit couinement de douleur - alors j'ai vu l'horizon ! - et ça va crever vite, vite, puis ramassera ses pattes sous lui, soudain mignon comme la mort, sucré-salé, païen comme on peut l'être lorsqu' on se sent trahi.
Le monde posera son museau froid sur le pied du Diamantaire, et ouvrira grand ses océans, tristement bleus, calmement bleus, les pupilles pleines de bâteaux endormis, d'îlots invertébrés. Posera son museau terreux, la peau affreusement craquelée.
Les rides sont des falaises.
Voilà.
Regardez-le à présent. Regardez-le, ce monde, sachez l'écouter et donnez-lui, s'il vous plaît, un peu de coeur à vous. De terre. Et beaucoup d'eau de pluie. Enfin, promettez-lui que vous reviendrez bientôt, embrassez-le doucement sur le front, levez-vous, élevez-vous, et puis naissez.
Re: Souvenirs de vacances
Bonjour.
J'ai aimé ce côté "mystique", j'ai eu l'impression d'une espèce de genèse, une longue métaphore filée entre un nouveau-né et la planète terre, avec un message écolo à la clé. J'ai tout faux ? Bon, tant pis.
En tout cas c'est poétique et ça interroge... Mais personnellement, j'aime l'hermétisme jusqu'à un certain point, aussi j'aurais aimé avoir un peu plus de clefs pour piger ce texte. Peut-être que deux ou trois phrases ou tournures qui guideraient le lecteur, sans changer la nature du texte. Bref. Pas compris qui est le Diamantaire, entre autres, et je suis un peu frustré d'être peut-être passé à côté...
J'ai aimé ce côté "mystique", j'ai eu l'impression d'une espèce de genèse, une longue métaphore filée entre un nouveau-né et la planète terre, avec un message écolo à la clé. J'ai tout faux ? Bon, tant pis.
En tout cas c'est poétique et ça interroge... Mais personnellement, j'aime l'hermétisme jusqu'à un certain point, aussi j'aurais aimé avoir un peu plus de clefs pour piger ce texte. Peut-être que deux ou trois phrases ou tournures qui guideraient le lecteur, sans changer la nature du texte. Bref. Pas compris qui est le Diamantaire, entre autres, et je suis un peu frustré d'être peut-être passé à côté...
Invité- Invité
Re: Souvenirs de vacances
Je relève des tournures, des images qui me plaisent beaucoup.
La première, celle qui m'a frappée d'entrée :
"donnez-moi du souffle et de l'eau de pluie et puis du lait, des trucs de gosses tirés au pis des cumulus."
Et puis "demi-môme",
"excusez-moi du peu si je pleure à l'envers",
"Les rides sont des falaises.",
"Regardez-le, ce monde, sachez l'écouter et donnez-lui, s'il vous plaît, un peu de coeur à vous"
Un texte aux accents cosmiques, la fusion de l'être et de son univers, son indispensabilité au grand tout. Une prière, un cri pour vivre, exister.
Certains passages me sont obscurs, celui du Diamantaire en particulier, mais au bout du compte, je discerne quand même une célébration bouillonnante - quoique maîtrisée - de la vie, du désir de vivre.
La première, celle qui m'a frappée d'entrée :
"donnez-moi du souffle et de l'eau de pluie et puis du lait, des trucs de gosses tirés au pis des cumulus."
Et puis "demi-môme",
"excusez-moi du peu si je pleure à l'envers",
"Les rides sont des falaises.",
"Regardez-le, ce monde, sachez l'écouter et donnez-lui, s'il vous plaît, un peu de coeur à vous"
Un texte aux accents cosmiques, la fusion de l'être et de son univers, son indispensabilité au grand tout. Une prière, un cri pour vivre, exister.
Certains passages me sont obscurs, celui du Diamantaire en particulier, mais au bout du compte, je discerne quand même une célébration bouillonnante - quoique maîtrisée - de la vie, du désir de vivre.
Invité- Invité
Re: Souvenirs de vacances
lumineux,
le contraire de l'obscur,
et tout simplement magnifique.
rien à toucher à cela.
surtout pas!
(enfin je trouve)
le contraire de l'obscur,
et tout simplement magnifique.
rien à toucher à cela.
surtout pas!
(enfin je trouve)
Invité- Invité
Re: Souvenirs de vacances
Bonjoir à tous. Et pis bas mer si. Je veux dire: pour l'obscur, je préfère ne rien grossir, ne pas trop en montrer. Mais oui, c'est une célébration. De la terre et de l'homme.
Re: Souvenirs de vacances
Quelque chose me laisse en dehors au départ. Je pense qu'il y a des termes qui dénotent et qui au lieu de renforcer, me font ressortir. Je me demande si ce n'est pas aussi dû à l'interpellation directe au lecteur, qui m'agresse un peu :0)
Par contre, je trouve ça vraiment vraiment sublime :
Par contre, je trouve ça vraiment vraiment sublime :
Le monde posera son museau froid sur le pied du Diamantaire, et ouvrira grand ses océans, tristement bleus, calmement bleus, les pupilles pleines de bâteaux endormis, d'îlots invertébrés.
re : Belle fulgurance !
Oui, Yoni, c'est une épiphanie poétique rare. L'oxymore que tu emploies est si bien ouvragé qu'on en oublie le procédé. Ton appel à l'empathie est convaincant, sans mièvrerie, car il filtre à travers la souffrance et la peine à être de son narrateur. A travers les mailles serrées de la pesanteur des choses.
La volonté de fusion doit toujours se payer. Ici par le corps qui est aussi mental. Je pense à A.A. (le grand Artaud). En lisant ce joyau textuel, je me demande quel doit être l'état psychique de son auteur en l'écrivant ? Grâce ? Ivresse lucide ? Dépossession de soi (ou le contraire) ? Ce fragment ne peut que rester fragment, éclat, surgissement, frustration du sens et du discursif. Tant pis, tant mieux. Je ne te remercie pas, Yoni, de nous livrer une telle beauté, car ton texte est au-delà de toute politesse. il convoque seulement mon abandon pour y adhérer.
Diamantaire ? mais voyons ici, c'est l'allégorie de l'inaccessble, de l'ineffable (ce qui ne peut se dire). Alors, méditons avant les mots.
La volonté de fusion doit toujours se payer. Ici par le corps qui est aussi mental. Je pense à A.A. (le grand Artaud). En lisant ce joyau textuel, je me demande quel doit être l'état psychique de son auteur en l'écrivant ? Grâce ? Ivresse lucide ? Dépossession de soi (ou le contraire) ? Ce fragment ne peut que rester fragment, éclat, surgissement, frustration du sens et du discursif. Tant pis, tant mieux. Je ne te remercie pas, Yoni, de nous livrer une telle beauté, car ton texte est au-delà de toute politesse. il convoque seulement mon abandon pour y adhérer.
Diamantaire ? mais voyons ici, c'est l'allégorie de l'inaccessble, de l'ineffable (ce qui ne peut se dire). Alors, méditons avant les mots.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Souvenirs de vacances
Je ne sais par où tu es passé, mais quelque chose s'est ouvert en toi, et tu as viré du noir au bleu sans perdre une once de ta force poétique, au contraire.
Tu donnes envie de vivre à plein. Tu donnes de l'élan à la beauté, qui n'est plus "un rêve de pierre" mais gagne une majuscule !
Tu donnes envie de vivre à plein. Tu donnes de l'élan à la beauté, qui n'est plus "un rêve de pierre" mais gagne une majuscule !
Invité- Invité
Re: Souvenirs de vacances
yé braves gens ! Je dis merci et puis aussi que je vous aime, véliens, car, enfin oui je suis passé par le pire. Pas loin de me perdre pour toujours, à deux doigts de rejoindre l'autre côté du miroir. Bientôt 14 mois d'hospi. Qui auraient pu être insupportables si je n'avais pas filouté mon téléphone. Du coup, sans le savoir, vous avez vécu avec moi. Et je crois bien que vous m'étiez très chers. Vous étiez ma vie sociale, tout ce temps durant. L'un de mes seuls contacts avec l'extérieur.
Aujourd'hui je me sens tellement plus fort... je pense gagner peu à peu "le courage des oiseaux", "qui chantent dans le vent glacé." (Dominique a, sa plus belle chanson.)
Eh oui. Comme dirait mon pote le pachyderme (que je bisoute au passage, parce que "pier to pier tu peux pas pire")
Comme y dirait y a de moins en moins d'allez vous faire enculer dans mob stylo.
Ah! Bigre!
Hem.
À tout de suite.
P.
Aujourd'hui je me sens tellement plus fort... je pense gagner peu à peu "le courage des oiseaux", "qui chantent dans le vent glacé." (Dominique a, sa plus belle chanson.)
Eh oui. Comme dirait mon pote le pachyderme (que je bisoute au passage, parce que "pier to pier tu peux pas pire")
Comme y dirait y a de moins en moins d'allez vous faire enculer dans mob stylo.
Ah! Bigre!
Hem.
À tout de suite.
P.
Re: Souvenirs de vacances
Grandiose sans être grandiloquent, mystique païen (moustique pas chien), lyrique mais sincère, ya du bel et bon dans le Yoni nouveau. Du doux du chaud de l'arc-en-ciel.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Souvenirs de vacances
Oui c'est beau et apaisé, c'est vrai, sans être du tout plat et encore moins mièvre : ça vit toujours, mais à l'envers (d'avant), le même sentier d'écriture, les mêmes obsessions, mais avec le soleil en prime, ou je ne sais quoi.
Je mets la chanson de Dominique A, que j'affectionne aussi, la douceur de la voix et la guitare qui gueule
Je mets la chanson de Dominique A, que j'affectionne aussi, la douceur de la voix et la guitare qui gueule
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
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