Exo "Nuit d'Halloween" : Le jour nuit aux fantômes

Ah merde, j’allais oublier.
J’ai souvent écrit pour calmer ma douleur ; maintenant j’écris parce que ça me fait rire.
Ce qui est embêtant avec la mort, ce n’est pas de n’être plus rien, mais de ne pas s’en rendre compte.
C’est ce qu’il y a de bien avec les « vivants-morts » ; ils se regardent exister tout en n’ayant pas la douleur du pincement sur la peau.
Ils détalent à chaque mot, se préservent de la pleine lune, s’intensifient quand la nuit est noire, se racornissent au jour.

J’ai connu comme ça un fantôme, résurgent à la Toussaint, et qui venait ce jour des vivants, ce jour de tous les saints, emmerder les gisants en les tirant par les pieds.

En octobre 2009, il fit un impair.

Madeleine portait un imper ; il pleuvait ce mois de novembre.
Déjà le matin elle avait accusé un « avis de réception » lui annonçant la mort d’un vieil oncle qu’elle savait à peine et qui vivait, avant son décès, dans le Périgord noir.
Elle se préparait de loin au deuil, essayait de reconstituer son visage, car les morts ont un visage, si l’on y prête attention de leur vivant.
Espérait-elle sans doute un lointain héritage, elle qui était au chômage, mais ne s’en formalisait pas, entendu qu’elle rentrait dans les subtiles statistiques des « personnes sans formation ».

Madeleine n’était pas formée ; je laisse à l’imagination de quiconque le loisir de visualiser la chose (car Madeleine étant du sexe féminin, beaucoup de mauvais esprits laisseront leur imagination divaguer).

Le fantôme n’avait rien à faire ; un fantôme n’a pas d’imagination ni de vie antérieure, plus de vie postérieure ; c’est juste un drap animé avec deux trous à la place des yeux.
Il vaut mieux, et tous d’une voix concordante feront le chœur, avoir des trous à la place des yeux que des yeux à la place des trous, tous les fantômes vous le diront ; mais les fantômes ne parlent pas.
Certains reproduisent le bruit du vent avec le glissement de leur inexistence dans cet espace qu’ils n’occupent qu’une fois l’an.

Pour revenir à Madeleine, elle prenait son petit déjeuner ; Régis, son compagnon, finissait de boire son café-bière (un mélange inventé du temps de son service militaire), en se grattant négligemment la nuque ; on a su plus tard qu’il avait flatulé, mais à ces choses nous ne saurions nous attarder, sous peine d’être suspecté de ne brasser que du vent, dans un espace littéraire judicieusement borné.

Régis parti, Madeleine se sentait libre.

Le succube, son calendrier sous le suaire, s’approchait déjà, se préparant à franchir la cloison, comme son immatérialité le lui permettait.
Trouvant sur le seuil le journal local, il simula un siège pour s’interrompre quelques minutes, avant d’aller s’occuper de notre héroïne.
Bien sûr la rubrique mortuaire occupa un long moment sa lecture.

Madeleine sortait.

Il souffleta l’actualité qui retomba à son absence de pieds.
Madeleine distraite et pressée la ramassa et la jeta sur la table du vide-poches.

L’invisibilité fait le larron ; Calixte (je ne l’avais point dit le hanteur avait un nom, et il cumulait les variantes fantomatiques en succubant et incubant à la fois).

C’est dans l’ascenseur que Madeleine fut défaite ; l’incube l’incuba, alors que le succube la succuba.

En fait elle ne se rendit compte de rien, les contraires que sont la superbe mâle et l’intransigeant femelle ne firent rien d’autre que de s’annuler dans un râle que d’aucuns qualifieraient de rauque.

Au plus Madeleine ressentit-elle dans son bas-ventre un léger pincement qui lui rappela ce pauvre Régis.

Il pleuvait ce jour ; elle allait rejoindre son amant ; ils sauraient parler d’autre chose, pour rester dans la limite de la correction.
Ah comme elle l’attendait cette correction !

C’était en 2009 ; Calixte a trouvé enfin le néant.

Madeleine a rencontré un homme politique du centre gauche (avant on disait un socialiste).
Après les élections il sera peut-être … Mais il faut encore attendre trois ans, dans cet immeuble au rez-de-chaussée …

Je ne sais plus qui écrit ; le registre municipal dit que je suis définitivement mort en 1997.
Des enfants allument des bougies dans des citrouilles évidées et alors je me souviens .

… Pas très longtemps.

Oserai je dire que ça manque un peu de clarté à mes yeux...
Mais en même temps un revenant qui écrit ça fait plaisir aseptans :-)
moi je me suis un peu égarée dans les méandres du temps
faudrait lever certaines ombres du récit
sinon ya des trucs marrants d'autres sur lesquels je jetterai bien un drap non complaisant

Pas mieux
Je retrouve avec une joie non dissimulée la fine plume d'aseptans et ses trouvailles jubilatoires,
mais je me suis un peu paumé dans les méandres de l'intrigue.
Peu importe, je me suis bien marré
:o))

Bien. Si je récapitule, il s'agit d'une femme, Madeleine de son prénom, qui vit avec un qui flatule sans vergogne à ses côtés. Madeleine ne saurait se contenter d'un tel individu, aussi, pour se changer les idées, laisse-t-elle divaguer à ses côtés un fantôme nommé Calixte, lequel, désœuvré comme tout fantôme normalement constitué, ne répugne pas à s'occuper d'elle, pour passer ce temps dont il dispose à profusion depuis qu'il est passé fantôme.
Vous m'arrêtez si je me trompe.
Madeleine croit ressentir quelque chose qui lui ferait vaguement penser à ses ébats avec Régis, celui qui, je vous le rappelle, flatule ordinairement à ses côtés en toute impunité et légitimité puisque c'est son compagnon.
Non, Madeleine, réfléchis. il ne s'agissait pas de silure, voyons. Souviens-toi que ça t'est arrivé dans un ascenseur, un endroit où on a fort peu de chances de rencontrer de silures.
Pour rester dans les limites de la correction, parlons plutôt de son amant. Car Madeleine avait un amant.
Calixte, je vous rappelle que c'est le fantôme, a trouvé le néant. Euh... Le néant, est-ce la vacuité de Madeleine ?
Sur ce, Madeleine rencontre un socialiste. Bon. Cela peut arriver. Et la voilà qui rêve à un avenir meilleur. Bon. Cela peut arriver.
L'histoire ne dit pas ce qu'elle fait du flatuleur.
Aseptans, tu te dois de venir nous éclairer. J'ai fait ce que j'ai pu.

un peu comme mes illustres prédécesseurs, je n'ai pas tout compris, mais j'ai aimé beaucoup et l'éclairage d'Iris, magnifique !
quel plaisir de te lire encore malgré tout !

Oui, je me suis un peu amusée en écrivant mon commentaire stupide, mais je reviens pour souligner, tout de même, que la marque de fabrique des textes d'Aseptans, c'est l'humour au détour de chaque phrase. Et je pense que cela n'aura échappé à personne !

Un texte qui part dans tous les sens, pas évident de recoller les morceaux même avec l'aide précieuse d'Iris (dites donc Iris, vous ne vous moquez pas un peu de mon silure par hasard ? :-)
Certains jeux de mots sont bien trouvés mais tout ceci n'est pas assez sanglant à mon goût.

Un revenant pas facile à suivre... Des formulations qui rebondissent.

c'est pas clair, c'est pas clair

et pourtant, c'est réjouissant et super bien écrit, comme d'hab