L'Ange Gabriel (Intro 2)

O Toi.

O Toi envoûteuse, ô noueuse de sortilèges plus emberlificotés qu’une pelote de spaghettis, ô touilleuse de fumants chaudrons de soupe de mandragore, ô prophétesse de complications, ô manieuse émérite des cornues où se mijotent les plus performants des philtres, ô impitoyable tireuse de tarots, ô experte pilote de balais de Minuit, ô cuisinière de bouillons d’onze heures, ô marchande de grigris, ô dealeuse de stupéfiants pour l’âme, ô pourvoyeuse d’hypnose, ô infatigable liseuse de boules de cristal, ô maîtresse des Quatre Eléments et même d’autres dont Toi seule détient le brevet, ô archère au carquois bourré de flèches au curare, ô Toi qui tire juste et loin, ô fileuse du rouet des songes, ô messagère de stupeur, ô voleuse de quiétude, ô sourcière capable d’une baguette distraite de faire jaillir les eaux du Léthé, ô sphinx d’ambiguïté, ô semeuse de fleurs carnivores, et la main verte, avec ça, ô sectatrice de Ta propre divinité, ô conductrice de rongeurs en cortège, ô soliste dans le chœur des imprécatrices, ô incendiaire dont les flammes se gardent bien d’effleurer Ta peau de miel, ô danseuse d’étoiles, ô saupoudreuse de sel sur la queue des comètes, ô Grande Prêtresse des pêcheurs de galaxie, ô paradoxe de ténèbres et de lumière, ô égareuse d’esprits sans défense, ô semeuse de petits cailloux sur les routes transversales, ô mangeuse de sommeil, ô comploteuse d’absolu, ô bergère de troupeaux de tarasques, ô meneuse de revue de dryades, ô tambour-major de la fanfare des chimères, ô duègne aux mille ménines en mantille de satin, ô insouciante effeuilleuse de fleurs du mal, ô insensible ravageuse de certitudes (là où passe Ton souffle jamais ne repousse l’herbe de la tranquillité) ô nébuleuse de soleils à cramer les yeux d’un aveugle, ô perverse de pureté, ô infiniment jalouse de Tes pouvoirs, ô accoucheuse de passions, ô fautrice de chikayas mythologiques, ô muse persifleuse, ô tricoteuse de voûte céleste, ô fornicatrice du sacré, ô joaillière de diadèmes de mots, ô familière des possédés, ô croqueuse de pommes en toute impunité, ô Toi petite chouchoute des Muses, ô caresseuse de tigres, ô charmeuse de dragons, ô enjôleuse de Léviathans, ô mercenaire du Destin, ô chamade, ô tocsin, ô alarmes, ô sirène à la queue dépourvue d’écailles pour son monde mieux tromper, ô Minotaure et labyrinthe en même temps, ô Ariane sadique reprenant son fil à mesure qu’il se déroule et qu’on se débrouille tout seul comme on peut, ô vorace d’hommages, ô gloutonne d’extase, ô gourmande de prodiges, ô tabernacle d’indécentes jubilations, ô geôlière au trousseau tintinnabulant de clés d’or, ô miracle de naïve duplicité, ô épineux buisson d’ardeurs, ô dompteuse d’ouragans, ô benjamine des fées et pas pour autant la moins fière, ô cœur d’obsidienne, ô regard dans la tombe, ô toi pluie de silex, déluge de feu, trombe tropicale et cataracte de vent, le tout brassé dans l’athanor où tu concoctes tes redoutables rituels alchimiques, ô démiurge blasé, ô figure de proue de vaisseau fantôme, ô courtisane aux pieds ailés, ô insolente fontaine de Ta propre Jouvence, ô coureuse de sentiers crépusculaires, ô biseauteuse de lames de tarot, ô faussaire d’horoscopes, ô pipeuse de dés sans faces, ô captatrice de Voie Lactée, ô fumeuse d’herbe à chats, ô droguée d’infini, ô devineresse sans pitié, ô impudique de chasteté, ô Toi baignée d’aurore boréale, ô Toi empanachée de poussière de diamant,

O Toi, sorcière, que m’as-Tu fait ?

(Bien bien, aurait-Elle soupiré en touillant d’une cuillère distraite le marc du café oriental au fond de la tasse, y a du progrès même si la chute est encore faible. Encore mille fois mille bénédictions de cette eau-là et tu seras peut-être absout)

A suivre...
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Ha ha!! Quel exercice dis-donc! Trouver autant de qualificatifs, bravo! Tu aurais pu jouer la carte de l'anachronisme, en glissant quelques exemples bien contemporains d'une diseuse actuelle d'oracles, ça aurait pimenté encore davantage l'ensemble, je crois (mais ce n'est qu'une suggestion perso).
J'aime en tout cas beaucoup comme tu fais monter la sauce et puis hop, la chute, l'air blasé de celle qui touille... j'ai ri, apprécié et admiré!

Sahkti a écrit:Ha ha!! Quel exercice dis-donc! Trouver autant de qualificatifs, bravo! Tu aurais pu jouer la carte de l'anachronisme, en glissant quelques exemples bien contemporains d'une diseuse actuelle d'oracles, ça aurait pimenté encore davantage l'ensemble, je crois (mais ce n'est qu'une suggestion perso).
J'aime en tout cas beaucoup comme tu fais monter la sauce et puis hop, la chute, l'air blasé de celle qui touille... j'ai ri, apprécié et admiré!

Merci bien, Sahkti.

Question nanachronismes (corrige pas, steuplait, c'est voulu) et exemples contemporains, n'oublions pas que ceci n'est que la 2ème partie de l'intro de l'Ange Gabriel. Dès le prochain népisode (ibid) nous entrerons dans le gras du récit, je le jure.

Gob

PS : Oserais-je te demander de rajouter "à suivre" à la fin du texte ?

< Fait ! (Mentor) ;-) >

ô Décapsuleur vivant, ton texte m'a remis l'humeur à l'endroit.
Merci GÔbU

:-)

pandaworks a écrit:ô Décapsuleur vivant, ton texte m'a remis l'humeur à l'endroit.
Merci GÔbU

:-)

Secoue bien, ô Chef : faut décoller la pulpe du fond !

C'est trop, c'est dingue, j'adôôôôre... !!!

ninananere a écrit:C'est trop, c'est dingue, j'adôôôôre... !!!

A propos, merci, Nina !

Gobu, tu m'énerves, tu m'énerves, tu m'énerves !
Tu es trop bon. J'ai rien à dire et je l'écris. Ah si : à quand la suite ?

Ein bedit pichou! Ja, ja

O Cohen inventeur d'improbables petits vieillards à calotte et parapluie, aux balancements de shamash dans la yeshiva, ô chantre des matins à Corfou, des matins glacés au nord de l'île, quand souffle le petit vent du matin, ô descripteur de l'attendrissante bonté du petit Salomon....