Exo « Que faire à manger ? » : Soirée pizzas

Dring ! dring ! dring !
Je m'étire, me lève et glisse tel un serpent sur l'eau jusqu'à l'entrée, je soulève le pan, regarde par le judas, ouvre et retourne au salon m'écrouler les bras en croix sur le canapé.

- Claque la porte derrière-toi Pierre.

Alors que je m'apprête à lui demander ce qui l'amène un dimanche, mon jour de repos, le souvenir me ranime.

- Tout est prêt Pierre : le pain, le vin, rien ne manque.
- Comment ça Rézous, c'est pas soirée pizzas ce soir ?
- Pizza bien sûr, où ai-je la tête !
- Dans ce cher Luc... hihi !
- Il te suffit pas de me barber des tickets de tromé, de me voler pour acheter ta manne, de m'mentir, voilà qu'tu donnes dans la blague salace !
- C'est pour rire.
- Chut !
- Quoi ?
- Va ouvrir, c'est le livreur de pizzas.
- Déjà !
- Qu'est-ce que tu bois ?
- Un thé.
- Vas chercher les tasses, pas les tasses fêlées.

Tout en découpant les pizzas, je lui raconte mon fait d'hiver dans la froidure de ce mois de mars.

- Devine qui je viens de croiser ce matin dans la petite épicerie arabe en bas de chez moi  ?
- Marie ?
- …
- Jo ?
- Je reviens.

Je pars dans la salle de bain, ferme la porte et me plante une aiguille n°6 dans les mains et les pieds. Ça me calme, je suis un peu tendu ces derniers jours.
Je reviens et lui sors d'un ton affable :

- Marie-Madeleine, 2M l'Anarchiste, not' copine de lycée.
- Ta copine oui !
- Je la croise, elle me reconnaît pas, elle me demande où sont les pois chiche, je lui réponds à droite et elle continue son petit bonhomme de chemin, tu me connais je pardonne tout...
- Pourquoi me tu regardes comme ça ?
- Comment ?
- Rien.
- Le temps de demander à Talep Niocep, c'est le nom de mon épicier, de mettre le tout sur ma note, plus de Marie-Madeleine. Envolée.
- Elle est p'têt partie à Sainte-Baume. A part ça Rézous, que fais-tu en ce moment ?
- Rien ou si peu.
- Tu as fermé ton cabinet ?
- Non je continue à soigner les pauvres, les exclus qui n'ont que la CMU ; je parle à mon père de temps en temps, et puis je me suis mis à écrire. Là, je travaille sur une nouvelle dont le personnage principal est un vieil académicien, un pape des lettres enchristé dans une affaire de pédophilie.
- Que vient faire l'Eglise dans tout ça ?
- J'ai parlé d'Eglise ?
- Non.
- Alors ?
- ...
- Non ! pas ces tasses, elles sont fêlées, je te l'ai dit.

Ouh que c'est bon !
Poussy l'évangéliste prêtant sa plume (brillante) au caïd.
Les voix du seigneur sont impénétrables.
N'empêche, tu tiens-là un filon d'enfer.
Bon je vais relire incontinent pour y dénicher quelque astuce qui m'aurait échappé.

La cène ne manque pas de piquant et se savoure à la relecture.

L'évangile selon sainte Pussy, un régal dont on se damnerait volontiers!

oh épatant ! encore meilleur à la relecture, bravo !

comme vous êtes indulgents ! j'aurais pu faire mieux, dans les détails par exemple (références, contrepèteries, anagramme...) mais le temps m'a manqué, et moins de 2000 signes, c'est hard, pas facile... je remarque une coquille :

Pourquoi me tu regardes comme ça ?
il faut lire :
Pourquoi me regardes-tu comme ça ?

Dies Dominicus ! je vous donne la bénédiction et que cette journée vous soit douce... vous pouvez partir prêcher la bonne parole de Pussie, soeurs et frères de VE.

que c'est chouette !

Je n'ai qu'une chose à dire : amen !

Bonjour la cène !

Narbah a écrit:Bonjour la cène !

dixit Narbah !

Pussicat a écrit:

Narbah a écrit:Bonjour la cène !

dixit Narbah !

C'est finaud hein, comme blague ? T'avais compris bien entendu. Finaud comme le renard dans le roman de renard, tu vois ce que je veux dire petit chat ? Èvidemment. Toi qu'est un spécialiste des finasseries langagières.

Je voulais te demander :
Pourquoi me tu regardes comme ça ?
il faut lire :
Pourquoi me regardes-tu comme ça ?
et pourquoi pas :
Pourquoi tu me regardes comme ça ?

J'ai l'esprit taquin de Monsieur Jourdain ce matin.
Mais je t'aime bien.

J'avoue ne pas avoir immédiatement compris. Mais, quand la brume s'est évaporée... chapeau !

Narbah a écrit:
J'ai l'esprit taquin de Monsieur Jourdain ce matin.
Mais je t'aime bien.

et un nouveau fan dans mon petit carnet rose, un !... mhum...

merci Albert-Robert, venant de ta part, j'apprécie le compliment.

Tu auras repéré les multiples références, jeux de mots, contrepèteries comme l'anagramme sur le nom de l'épicier arabe : Talep Niocep / Ponce Pilate.

Eh bien voilà pourquoi je suis athée : j'ai pas eu de Pussi pour m'apprendre le caté !
Encore, Pussi, que la grâce me touche, que la trace ge mouche ...